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''Ce n'est pas Fabien Galthié qui a rendu l'équipe de France comme cela''
Pierre Salviac analyse le Tournoi.
Fabien Galthié, Shaun Edwards, Tournoi des 6 Nations, XV de France, Teddy Thomas, Corona virus, Top 14 ou encore Christophe Urios. Tous ses sujets et bien d'autres sont évoqués avec Pierre Salviac

Lors des trois premières journées du Tournoi des 6 Nations, le XV de France mené par Fabien Galthié a connu trois belles victoires. La première contre l'Angleterre 24-17, le seconde contre l'Italie 35-22, et le dernière aux Pays de Galles 23-27. Cette série de victoires s'est soldée par une défaite en Écosse 28-17. "C'est un parcours ordinaire réalisé par la France. Dans la mesure où les deux premiers matchs à domicile ont été remportés. Battre l'Angleterre et l'Italie à la maison ne relève pas de l'exploit. En revanche aller battre les Gallois à Cardiff, ça c'est un événement. Mais il est en quelque sorte gâché par une défaite sans contestation possible face à l'Écosse. Cela nous indique que l'équipe de France n'est pas en progrès au niveau des résultats. Cependant elle est en progrès sur le plan de la défense. Celle-ci est très bien organisée par Shaun Edwards. La France est également en progrès sur la communication. Elle fait croire qu'elle a réalisé des choses anormales, en ayant fait des choses normales. Puis à l'issue de la troisième journée, avant le match en Écosse, on parlait déjà de Grands Chelem pour la France. On avait vendu la peau de l'ours avant de l'avoir tué. On s'est comporté comme si il était écrit que la France gagnerait à Murrayfield."

Il est possible malgré tout de constater un changement du jeu proposé par ce XV de France, depuis l'arrivée de Fabien Galthié à la tête de la sélection. "Ce n'est pas Fabien Galthié qui a rendu l'équipe de France comme cela. C'est Shaun Edwards, le spécialiste qu'il est allé chercher au Pays de Galles, qui a amené sa méthode. Sur les trois premiers matchs cette méthode a très bien fonctionné. En revanche, lors du quatrième en Écosse ce fût déjà plus compliqué. La France a rendu de belles copies défensivement. Mais offensivement, je pense pas que l'on est retrouvé le french flair. Donc en ce qui concerne Galthié, je me contenterai de penser qu'il a fait la bonne pioche en recrutant j'imagine à prix d'or, Shaun Edwards. On a déshabillé Galles pour habiller France."

Avec cette défaite à Murrayfield, les Bleus se retrouvent à égalité avec l'Angleterre. Le XV de la Rose se déplacera en Italie tandis que la France recevra l'Irlande, le 31 octobre. Les Bleus ont peut-être perdu le Tournoi contre l'Écosse. "Je pense que la France s'est tirée une balle dans le pied pour la victoire finale dans ce Tournoi. Mais elle ne peut s'en prendre qu'à elle même. Elle a considéré l'Écosse comme l'Italie. À l'heure actuelle, on est dans une configuration où la France peut tout gagner comme tout perdre. Elle peut gagner le Tournoi avec une victoire contre l'Irlande et une contre-performance de l'Angleterre. Mais elle peut également finir troisième en perdant sans bonus défensif contre l'Irlande. Mais dans ces 6 Nations, on s'est vu trop beau trop vite. La France reste malgré tout une formation en convalescence. La planète médiatique, qui sert Galthié, s'est emballée. Seuls les vrais connaisseurs du rugby, du Tournoi et de l'histoire du XV de France ne se sont pas emballés. J'ai lu et entendu des journalistes disant qu'après ses trois victoires la France pouvait déjà faire le Grand Chelem. J’ai remarqué que l’environnement du XV de France, à commencer par la presse spécialisée, avaient envie de faire table rase du passé et ont prétendu avoir retrouvé une équipe de France compétitive. Mais ça c’est la méthode Coué. On pourra juger le XV de France à la fin du mandat Galthié. C’est à dire dans 4 ans, lors de la Coupe du Monde, s'il reste jusqu'au bout."

  Pour préparer ce Tournoi des 6 Nations, Fabien Galthié avait concocté un groupe de quarante-deux joueurs. Un choix qui a fait couler beaucoup d'encre. "Pourquoi pas aller plus loin est en prendre soixante-quatre ? Ou quatre-vingt ? Je trouve cela anormal. Jusqu'à preuve du contraire, une feuille de match ne contient pas quarante-deux joueurs. Je ne comprends pas comment on peut prendre vingt joueurs au club pour faire office de "sparring partner" aux titulaires du XV de France. Pendant cinq semaines les clubs n'ont pas pu jouir de tout leur effectif. Pour quel résultat ? Un Grand Chelem perdu et pas de victoire finale dans le Tournoi pour l'instant. Donc je n'en vois pas l'intérêt. Et puis encore une fois pourquoi quarante-deux ? Peut-être pour embêter la FFR. Ou alors pour alléger la masse salariale des clubs concernés. Mais au point de vu des résultats qu'elle est la différence ? Est-ce que sans les quarante-deux joueurs la France aurait perdu ses matchs à domicile ? Je ne pense pas."

Un autre choix fort à lui était très soutenu. C'est celui de sélectionner beaucoup de joueurs très peu expérimenté en sélection mais aussi en clubs. "J'ai bien entendu la communication faite à ce sujet. C'est la communication de Galthié relayé par les médias spécialisés, qui n'ont pas pris la peine de regarder leurs archives. Bien avant Galthié d'autres l'ont fait. En 2008, Marc Lièvremont a commencé son mandat de sélectionneur, qui s'est terminé par une finale perdue de justesse en Coupe du Monde, avec des joueurs comme Trinh-Duc, Ouedraogo, Élissalde, Vermeulen, Faure, Malzieu ou encore Brugnaut. Autant de joueurs qui n'avaient pas plus d'expériences que ceux sélectionnés cette année. Galthié a simplement appliqué une recette souvent utilisée qui est, lorsque l'on débute son mandat, de créer un nouveau groupe. Groupe qui par la force des choses est plus jeune que le précédent. La solution n'appartient donc pas à Galthié comme on nous l'a fait croire. Si on remporte la Coupe du Monde, je serais le premier à dire : "Bravo Galthié !". En attendant je n'ai pas l'assurance qu'il fera mieux que les autres."

  Titulaire lors des trois premières rencontres, et non-retenu pour le quatrième, Teddy Thomas, l'ailier du Racing 92 n'a pas su convaincre en défense. Ce qu'il lui a valu de nombreuses critiques sur les réseaux sociaux mais également dans la presse. "Thomas est comme Blanco, un cas particulier. Ces deux là, peuvent faire gagner l'équipe de France à eux seuls avec un exploit personnel. Mais Teddy Thomas a ses limites. On sait que c'est un attaquant mais que la défense n'est pas son point fort. Dans le passé, Jacques Fouroux (ancien sélectionneur du XV de France de 1981 à 1990 ndlr) avait son Teddy Thomas. C'était Serge Blanco. Il mettait Bérot à l'aile ou à l'arrière pour doubler Blanco. Bérot avait pour rôle de rattraper les erreurs défensives de Blanco. Alors si on admet que Thomas est similaire à Blanco. Alors il faut le prendre avec ses avantages et avec ses inconvénients." 

Le coronavirus a chamboulé le Tournoi des 6 Nations mais aussi tous les championnats nationaux. En effet le Top 14 et la Pro D2 ont été suspendus jusqu'au 30 avril à minima. Plusieurs solutions sont à l'étude pour organiser la fin du Top 14. Des quarts de finales à huit, des barrages ou des demi-finales avec le classement actuel, des matchs à éliminations directes organisés en fonction du classement actuel avec toutes les équipes, rattraper tous les matchs en repoussant la fin de championnat, et bien d'autres. "Je pense qu'il faut dans un premier temps annuler la phase finale de la Coupe d'Europe. Et dans un second temps reformuler les phases finales du Top 14. Dans l'état actuel des choses, il y a un groupe de huit qui se détache d'un groupe de six. Et on fait se disputer le Bouclier de Brennus en quarts, demis et finales. C'est la seule solution pour retomber sur nos pattes en fin de saison."

Une solution est en revanche non envisageable pour Pierre Salviac. "Pour moi il n'est pas possible d'annuler la tournée d'été pour jouer le Top 14 ou la Coupe d'Europe. Dans la mesure où l'on a, lors du Tournoi, favorisé le XV de France au Top 14 en accordant quarante-deux joueurs à Fabien Galthié."

Avant l'arrêt du championnat à cause du Covid-19, Bordeaux-Bègles emmené par Christophe Urios était un solide leader avec huit points d'avance sur Lyon, second, et quinze sur le Racing 92 troisième. "Je constate que si Bordeaux est premier, c'est parce qu'il a le meilleur entraîneur. Celui-ci n'a soit dit en passant, jamais été sollicité par la Fédération pour être sélectionneur. Alors moi, je juge un entraîneur selon son palmarès. Et Christophe Urios a gagné la Pro D2 avec Oyonnax. Qu'il a amené en barrages deux saisons plus tard. Puis, trois ans après, il est champion de France avec Castres. Et maintenant qu'il est à Bordeaux, l'UBB domine le Top 14 matchs après matchs. Tandis que Fabien Galthié, lui n'a jamais rien réussi de sa carrière d'entraîneur que ce soit à Montpellier ou à Toulon."

Merci à BaptistePiquel pour cet article ! Vous pouvez vous aussi nous soumettre des textes, pour ce faire, contactez-nous !

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Vaut mieux lire ça que d'être aveugle... Pitié le confinement est déjà assez dur n'en rajoutez pas svp. Je coupais le son de ma télé quand il commentait tellement c'était insupportable pour moi de l'entendre sortir toujours les mêmes répliques.

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