VIDEO. Rouen, Mexique et Rugby : la belle histoire de Julien, professeur d'EPS à Mexico
Los Gallos de Mexico.
Julien Lattes a 40 ans. Professeur d'EPS au Lycée franco-mexicain de Mexico, il nous raconte son parcours, où le ballon de rugby ne l'a jamais quitté.

Salut Julien ! Tout d'abord, est-ce que tu peux nous en dire plus sur ton parcours ?

J'ai passé toute ma modeste carrière de joueur à Rouen, et suis passé sous les ordres de Karl Janik (ancien manager de l'équipe de France féminine), de Daniel Hourcade (actuellement entraineur de l'équipe d'Argentine), et ceux de Richard Hill (ancien demi de mêlée du XV de la Rose) quand le Rugby Club de Rouen est devenu le Stade Rouennais. J'ai eu l'immense chance de côtoyer Marius Tincu, qui s'est révélé au talon à l'USAP, et Julio Farías Cabello, un super pote argentin qui a disputé quatre matchs de la Coupe du monde 2011, inscrivant un essai face aux Blacks en 1/4 de finale. 

Entre-temps, tu es également devenu éducateur pour le club de Rouen.

Ça s'est fait naturellement. En passant mon BE1 Rugby, j'ai eu l'immense plaisir de former des mecs comme Jérémy Maurouard, actuel talonneur à La Rochelle en Top 14, et plusieurs joueurs qui évoluent aujourd'hui en Fédérale 1 comme Fabien Vincent (Rouen), Thomas Guéry (Villeurbanne) ou Julien Barbé (Chambéry). J'ai pris en responsabilité une section sportive rugby au Lycée Marcel Sembat de Sotteville-les-Rouen en 2004. "Professeur d'EPS référent rugby" comme on nous appelait à Marcoussis, j'ai participé avec un très grand plaisir aux stages pour former les collègues profs d'EPS à enseigner le rugby à l'école, avant et après le Mondial 2007. 

Julien, à gauche, sous le maillot de Rouen

Julien, ici à gauche, sous le maillot de Rouen.

Associé à un pote ancien joueur de Rouen qui arbitre actuellement en Fédérale 1, Guilhem Capdevielle, nous avons continué de former des collègues profs d'EPS au rugby en Normandie, ou des étudiants en STAPS. Dans le cadre du sport scolaire, l'UNSS, j'ai été responsable de l'arbitrage sur les championnats de France Élite, l'occasion de croiser Guy Novès quand il exerçait encore en tant que prof EPS sur Toulouse.

Après tout ça, tu tentes une nouvelle aventure, au Mexique. Pourquoi ce départ, et quand a-t-il eu lieu ?

Je suis arrivé exactement le 12 août 2014 pour prendre mes fonctions de prof d'EPS à la rentrée scolaire de septembre 2014. Nous sommes sur le calendrier de l'hémisphère nord. Je suis parti au Mexique car j'étais arrivé au bout d'un cycle avec ma section sportive à Sembat, et que l'évolution du club de Rouen - qui n'a pas pu accéder cette année à la poule élite en Fédérale 1 - n'évoluait pas. Alors que le club a dominé sportivement Limoges et Saint-Nazaire l'an passé, perdant seulement contre Chambéry, le futur champion. Et je n'ai pas besoin de te faire un dessin sur l'évolution de cette poule élite...

Je connaissais bien le Mexique... et ma compagne est mexicaine.

Tu es professeur au Lycée Franco Mexicain de Mexico. Et tu n'as pas laissé tomber l'Ovale. Tu peux nous en dire plus ?

C'est la plus grosse communauté éducative française à l'étranger ! Quand je suis arrivé, j'ai vite pris contact avec la Fédération Mexicaine de Rugby (FMRU), d'autant que son président est un ancien élève du LFM, il est francophone. Il y a plusieurs clubs de rugby au Mexique, avec une grande diversité de joueurs issus de toute l'Amérique latine (Mexicains mais aussi Argentins, Chiliens, Uruguayens). L'équipe nationale, "Los Serpientes", progresse d'année en année et ils vont tenter de se qualifier pour le Japon

Nous avons refait vivre l'équipe de rugby du lycée, "Los Gallos". Forts de nos premiers résultats, les équipes scolaires M16 et M19 ont été invitées à participer au championnat fédéral civil et jouent maintenant toutes les semaines contre les équipes de la Ciudad de Mexico. L'année dernière, nous avons fini sur le podium en perdant en demi-finale contre la grande université autonome de Mexico, la UNAM. 

Crédit vidéoLiceo FrancoMx

Tu as aussi un projet de développement pour los Gallos.

Le Consul mexicain, qui siège à Miami, a son fils qui joue au Key Biscayne Rugby Rats. Je l'avais invité à faire un match avec nous lors d'un tournoi. Aussi, nous allons essayer de créer un partenariat et d'effectuer des échanges et des tournées entre Los Gallos de Mexico et les Rats de Miami. Mais la politique d'obtention des visas pour les USA, notamment en provenance du Mexique, risque de se durcir et je vais sûrement devoir lutter pour mener à bien ce projet...

Quid du niveau du rugby local en général ?

La première division correspondait, quand je suis arrivé en 2014, à une bonne Fédérale 2. L'équipe nationale correspondait elle à une bonne Fédérale 1, mais le niveau monte d'année en année. J'ai assisté il y a peu à Mexico - USA, et c'était un niveau du haut de Fédérale 1, bas Pro D2. Cette année, le Mexique 7s a participé au tournoi qualificatif pour les Jeux de Rio, à Monaco. En vain, puisque c'est l'Espagne qui a été repêchée. Les petites nations progressent dans la perspective du Japon et c'est la lutte ici entre la Colombie, l'Uruguay, le Chili et le Mexique pour se qualifier.

Tu as quelques anecdotes à nous raconter sur ton aventure ?

Je n'ai jamais joué au Mexique, je suis arrivé trop vieux (Rires) ! Mais j'ai eu l'immense surprise de croiser un joueur de rugby que je connaissais, Thomas Farges, membre de l'équipe des Wallabies (Mexique). Je l'avais coaché en juniors à ...Rouen! Small World. Thom joue maintenant au rugby pour l'équipe du Barça, à Barcelone. Sinon, niveau anecdote croustillante, je risque de te décevoir ! On dira pour la carte postale que les horaires de début de match ne sont pas toujours respectés, compte tenu des incroyables bouchons sur Mexico, que les terrains sont souvent des terrains de foot américain et que l'INSEP mexicain a un terrain de rugby où l'on joue avec des poteaux placés sur la ligne...de ballon mort !

L'association Rugby French Flair, avec Francis Ntamack, est également venue l'année dernière avec du matériel pour aider des écoles pauvres.

La suite, c'est quoi ? 

Le lycée franco-mexicain est privé, mon contrat s'arrête en 2019. La question d'y rester ou de voler vers de nouveaux horizons ne se pose pas encore et va dépendre du renouvellent du contrat ou non, on en discutera avec ma compagne. Après, l'idée d'aller enseigner aux USA me tente bien mais l'élection de Trump me fait réfléchir... Je tiens à saluer tous ceux que j'ai côtoyé sur le pré, et à remercier mes différents directeurs de lycée : Monsieur Le Brun à Mexico, Monsieur Le Hir à Sembat qui permettent aux équipes scolaires d'exister. C'est un vivier important, qui pousse des jeunes à s'inscrire en club. Mais également Grégoric Bouly, actuel entraîneur des avants du Stade Rouennais et figure emblématique du club, passé un temps à Aurillac. Et un dernier clin d'œil à mon père Michel Lattes, prof EPS retraité avec qui j'ai vécu mes premiers championnats de France scolaire de rugby à Bourgoin-Jallieu !

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Malheureusement le Mexique est déjà hors de la course pour la CDM 2019, battu par la Colombie 29-11 fin octobre.

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