L'Immonde du Rugby N°38
L'Immonde du Rugby se rend à Toulouse pour répondre à cette question fondamentale : le doublé est-il possible ? Réponse avec Maître Guy Novès...
Pour cet Immonde du Rugby N°38, Ovale Masqué a voulu ENFIN justifier son salaire mirobolant de [censuré] par mois et de vous offrir un vrai travail journalistique. Pour cela, il s'est déplacé à Toulouse, la ville rose, la ville du rugby, la ville de [censuré]. A quelques jours du crucial quart de finale entre Edimbourg et le Stade Toulousain, notre reporter sans manières est allé observer l'initiation de Jean-Baptiste Elissalde par le grand sage Guy Novès... une initiation au cours de laquelle une question fondamentale se posera forcément pour notre Padawan rochelais : Le doublé est-il possible ?

Les aventuriers du doublé perdu (d'avance)

L'Immonde du Rugby N°38

(montage par Marcel Caumixe)

Pelouse du Stade Ernest Wallon, 11h. Un jeune homme en kimono trop grand pour lui, et portant un bandana rouge et noir, se tient debout au milieu de la pelouse. Quelques mètres plus loin, assis en tailleur, se trouve Guy Novès. Le manager toulousain observe son protégé avec attention.

- C'est une situation dramatique. On marche sur la tête. Et on parle de professionnalisme... un championnat où on ne peut même pas faire jouer les joueurs qu'on paye à la fin du mois. Et la santé des joueurs, quelqu'un y pense ? Et après, on nous reproche de recruter étranger et d'appauvrir le réservoir de joueurs sélectionnables. Mais comment faire autrement si on ne peut pas compter sur nos internationaux français ? Et ça parle de faire un Top 16... ils sont tous devenus fous. Le rugby français court à sa perte et tout le monde se tait.

- C'est bien Jean-Ba, très bien. Tu apprends vite. Ça manque encore un peu d'intensité dramatique. Mais tu progresses.

- Merci, Maître...

- Qu'y a t-il Jean-Ba ? Je te sens perturbé aujourd'hui.

- Oui... Maître Guy... en fait, je voulais vous demander...

- Oui ?

- Je voulais vous en parler depuis longtemps mais je n'osais pas aborder le sujet... voilà, je voulais vous parler du doublé.

- Pauvre fou ! Ne prononce pas ce mot !

- Mais... mais je sais qu'il existe !

- C'est faux.

- Je sais que vous l'avez fait en 1996. Je sais que c'est possible. Apprenez moi...

- Non... tu es jeune, tu ne sais rien. C'était une autre époque. Il n'y avait pas d'Anglais. Pas de Nigel Owens. Pas de doublons. Pas de barrages. Même pas de championnat de France, juste 3-4 équipes qui se battaient pour venir regarder le Stade Toulousain en représentation au Parc des Princes. Ils avaient même le droit de rester sur la pelouse pendant le spectacle, à nous regarder faire des redoublées, des croisées, à marquer des essais de 80m. C'est un temps révolu. Un autre sport.

- Mais Maître, nous pouvons battre le Racing, le Stade Français ou Montpellier chez eux, en envoyant les Espoirs. On peut aller gagner à Agen juste en jouant seulement les 5 dernières minutes. On peut même faire marquer nos ailiers en alignant une paire de centres David – Fritz. Rien ne peut nous arrêter. Nous en sommes capables, je le sais !

- Tu ne sais pas ce que tu dis, Jean-Ba. Si nous réussissons l'exploit de terrasser les terribles Ecossais d'Edimbourg, qui à eux seuls ont failli déclencher une révolution dans les Hauts de Seine – imagine ! - nous irons ensuite jouer notre demi-finale en Irlande. Tu sais ce que ça veut dire ? 7 Richie McCaw rouquins excités comme au jour de l'ouverture de la piscine municipale. À Thomond Park, quand Paul O'Connell te piétine la gueule et te plante ses doigts dans les yeux, c'est toi qui es convoqué en commission de discipline et qui dois t'excuser de l'avoir énervé. Et si c'est l'Ulster qui passe, je préfère carrément déclarer forfait, c'est un coup à se prendre 70 semaines de suspension. Ce Stephen Ferris, c'est une telle pourriture que même Yannick Jauzion pourrait avoir envie de le castrer avec ses dents dans un ruck.

- Vous exagérez Maître. On a une grosse mêlée. Un gros buteur. Un banc monstrueux. Puis on a Yves Donguy ! Le gars il touche un ballon par match, il marque deux essais. Pire que Vincent Clerc avant son congé maternité, un chacal, un tueur, qui marque que des essais de raccroc aussi laids à voir qu'un match du CA Brive, mais qui marque putain ! Tout l'inverse de Cédric Heymans qui se tapait des slaloms de 80 mètres dans la défense pour finir par une passe au juge de touche à 5m de l'en-but.

- Mais ce fameux ballon, il l'aura même pas ! Rien que contre Edimbourg. On verra pas le jour. Les Ecossais c'est les champions du monde de handball : ils gardent le ballon, ils se font des passes devant la défense, ils avancent pas. Du coup tu t'endors. Et là tu as un grand blond qui surgit, Denton, une sorte de Rougerie scottish, mais un Rougerie qui prend des intervalles ! Il te transperce sur 30m, met un cad'deb à ton arrière et c'est fini. Surtout si Poitrenaud est rétabli samedi, tu as bien vu contre le Pays de Galles, Cuthbert a réussi à le paralyser rien qu'en le fixant dans les yeux. Un vrai champion de 1-2-3 soleil ce Clément.

- Vous exagérez Maître. On leur a mis une taule aux Ecossais dans le Tournoi. En plus ils ont peut-être Denton à Edimbourg, mais ils ont pas Richie Gray. Du coup leur paire de centres est incomplète. Puis si on marque pas d'essais, on peut les enfoncer en mêlée, récupérer les pénalités et là à moins de 60m, on a Bernardo qui mitraille.

- C'est une blague ? Je te rappelle qu'à chaque fois que le Lémurien se sait filmé par France 2, il se fait dessus. Je sais pas ce qu'il a, il doit savoir que Mathieu Lartot va encore parler de son « coup de pied de mammouth » ou de conneries comme « le Wilko français », du coup il stresse à mort. En plus il a pas passé un drop depuis 3 mois, il doit être démoli. C'était pareil quand on avait Byron : quand il arrivait pas à pécho trois fois de suite en boîte, il se mettait à gamberger, à déprimer et à picoler.

- Bon au pire, on a Luke...

- Tu parles. La vérité, c'est que Luke aussi il déprime. On lui avait dit qu'il jouerait le meilleur championnat du monde, qu'il affronterait le gratin de l'Ovalie chaque week-end. Il y a cru au début avec le match contre le Racing, parce que les arbitres avaient trop tapé dans le buffet à midi ce jour-là et qu'ils avaient décidé d'arbitrer façon Super 15. Depuis il a compris ce que c'est le Top 14. Pire, il a partagé sa chambre d'hôtel avec Florian Fritz qui lui a raconté ses sorties en boîte à l'époque où il jouait à Bourgoin. Le gars est changé à jamais, la France sera son Vietnam à lui. Aux dernières nouvelles il postait des photos de lui sur Twitter avec des caniches, c'est dire s'il a pété un boulon.

- ...

- Tu vois, tu commences à l'admettre. La vérité, c'est qu'on n'a aucune chance. On va gagner le Bouclier de Brennus, comme d'habitude : de toute façon avec la demie au Stadium et la finale au Stade de France on jouera tous nos matchs à domicile. On va encore battre Clermont. Rougerie va chialer. Vern Cotter me féliciter et m'inviter à la chasse cet été en espérant pouvoir me tirer dans le dos et faire passer ça pour un accident. Vous allez encore déconner comme des mongoles, chanter les Oies sauvages, faire du skate sur le Bouclier de Brennus, et puis finalement vous irez vous coucher à 23h parce que bon, à force, gagner des Boucliers ça vous blase un peu. Voilà ce qui va se passer. Tel est notre destin, nous sommes appelés à vivre ça encore et encore jusqu'à la fin des temps.

- D'accord, d'accord Guy... bon, qu'est-ce qu'on fait maintenant, on va se boire une bière ?

- T'es malade ou quoi ? Rendez vous avec tous les joueurs et le staff à la salle vidéo à 14h. J'ai préparé un montage de 6h sur le jeu d'Edimbourg et j'ai besoin de toi pour appuyer sur la télécommande pendant la séance.

- Oui Guy...

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  • Flo
    30 points
  • il y a 12 ans

Si Clermont tape le doublé, on a le 2° épisode ?

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