XV de France - Anthony Bouthier : « Je n'étais pas dans les 75 au départ... »
Anthony Bouthier, l'homme fort du MHR en ce début de saison. Bientôt celui du XV de France ? Crédit photo : Fabrice Chort.
Après seulement six mois en Top 14, Anthony Bouthier va découvrir l'équipe de France, grâce notamment à un joli coup de pouce donné par Xavier Garbajosa.

Félicitations Anthony pour ta sélection, où as-tu appris la nouvelle ce mercredi ? 

J'étais au stade quand j'ai écouté le message vocal de Raphaël Ibañez entre deux entraînements. Je l'ai donc appris dans le vestiaire avec tous les autres joueurs. J'étais surtout avec Gabriel (Ngandebe) et Arthur (Vincent) puisque on est les trois arrières du MHR retenus et on l'a su quasiment tous en même temps. C'était vraiment un moment très sympa ! 

XV de France - La liste de 42 avec Macalou et Jalibert, sans MédardXV de France - La liste de 42 avec Macalou et Jalibert, sans Médard

Le chambrage a dû suivre rapidement...

(Il rigole). Oui, on nous a mis la Marseillaise pour que l'on chante dessus...

Quel était le contenu du message de Raphaël Ibañez ?

Il m'a tout simplement expliqué que j'avais été retenu parmi les 42 et m'a dévoilé ce qui allait se passer ensuite avec le stage à Nice qui va arriver. 

Lors de ton entretien avec le staff du XV de France, qui avais-tu rencontré et quel avait été le discours porté envers toi ?

Il y avait Fabien Galthié et Karim Ghezzal, mais à la base, ils ne devaient pas me rencontrer. Je n'étais pas parmi les 75 au départ. Ils m'ont avoué plus tard que c'était Xavier Garbajosa qui leur avait dit que ça pouvait valoir la peine de faire ma connaissance. Je me suis donc présenté face à eux et ils m'ont expliqué tout le projet qu'ils voulaient mettre en place, le cadre de vie qu'ils voulaient instaurer et le projet de jeu. Ça a été assez rapide au finale, car ça n'a duré que 30 minutes. 

Est-ce que, de ce fait, tu t'attendais dernièrement à une sélection, surtout quand on sait que ton nom revenait souvent dans les médias ?

Malgré tout, je ne m'attendais pas à une convocation. Je m'étais dit que si je n'étais pas dans les 75 prévus au départ, ça allait être très difficile d'être dans les 42. Et puis, je suis en Top 14 depuis six mois seulement, certains sont là depuis des années. Si dans les médias, mon nom était souvent évoqué, il y avait celui de beaucoup d'autres joueurs aussi. C'était donc une vraie surprise d'apprendre la nouvelle mercredi matin.

Pro D2 - Vannes : la valise d'Anthony Bouthier pour le superbe essai en solitaire face au SA XV [Vidéo]Pro D2 - Vannes : la valise d'Anthony Bouthier pour le superbe essai en solitaire face au SA XV [Vidéo]

Tu le disais, seulement six mois en Top 14, quelles sont tes impressions aujourd'hui sur ce championnat que tu as découvert ?

L'intensité et la rapidité sont bien plus importantes qu'en Pro D2. C'est également un championnat beaucoup plus tactique. Pour ce qui est des contacts et des rucks, en revanche, ça tape aussi fort. Personnellement, je me suis bien senti d'entrée dès les premiers matchs, car mes coéquipiers m'ont bien aidé. 

Quand tu as été recruté par Montpellier, que t'avais dit le staff sur le rôle que tu allais jouer au sein du club ?

Lorsque j'ai signé à Montpellier, c'était par le biais de Vern Cotter. J'ai appris plus tard que Xavier Garbajosa allait le remplacer, et je l'ai rencontré seulement lors du premier jour de préparation. La coïncidence, c'est que j'étais aussi en contact avec la Rochelle, et il se trouve que son coach est venu ici. Donc tant mieux pour moi ! Par la suite, que ce soit Xavier ou Julien Tomas, ils m'ont très vite mis en confiance pour jouer les premiers matchs. Sachant que Benjamin Fall et Henry Immelman étaient blessés, ils voulaient que je sois prêt et serein pour attaquer la saison, et disputer mon premier match de Top 14. 

Que t'ont-ils dit mercredi ?

Ils étaient super contents pour nous 5 forcément. Même si les coachs sont toujours partagés, car ils perdent cinq joueurs pendant une certaine période. 

Tu es un joueur polyvalent, formé en 10, mais évoluant aujourd'hui principalement à l'arrière. Tu alternes souvent les deux en club, est-ce une possibilité qui a été évoquée avec toi par le staff du XV de France ? 

Ils ne m'en ont pas parlé. Et puis, avec le nombre de 10 qu'ils ont à leur disposition, je pense que dans un premier temps, ça sera uniquement pour le poste de 15. Même si le poste en lui-même, on ne l'a pas évoqué pendant notre entrevue. Ils étaient vraiment concentrés sur leur projet. 

« Le RC Vannes, c'est ma deuxième famille »

Tu es le premier joueur passé par Vannes à atteindre le XV de France. Le RC Vannes et la Bretagne, qu'est-ce que ça représente aujourd'hui pour toi ?

Le RC Vannes, c'est ma deuxième famille. J'ai appris énormément de choses là-bas. C'est le club qui m'a fait découvrir le rugby professionnel. J'y ai passé tout de même cinq ans et j'ai vécu des moments forts comme la montée en Pro D2, avec des vrais amis que je me suis fait. Je leur suis vraiment reconnaissant pour toutes ces années et les émotions partagées avec le club et la ville. Vannes restera toujours un moment particulier dans ma vie.

Pro D2 : l'ambiance dingue pour l'avant-match du RC Vannes au son de la cornemuse [VIDEO]Pro D2 : l'ambiance dingue pour l'avant-match du RC Vannes au son de la cornemuse [VIDEO]

Si un jour le club venait à monter à Top 14, y retournerais-tu sans te poser de questions ?

(Il rigole). Ça sera à réfléchir ! On verra déjà quand est-ce qu'ils arriveront à monter et où j'en serai de mon côté. Peut-être aussi qu'ils auront leurs joueurs et qu'ils ne voudront pas de moi à ce moment-là ! Mais forcément, ça sera toujours un plaisir d'y retourner. Même si aujourd'hui, je suis ravi ici à Montpellier. Je découvre autre chose, une autre ville, une autre région, et c'est aussi ce qui est intéressant dans le sport de haut-niveau. 

Des messages venus de Vannes, tu as dû en recevoir un sacré paquet...

Effectivement. J'ai reçu énormément de messages de la part des joueurs, des entraîneurs, des supporters, des dirigeants et même du maire de Vannes ! J'étais tellement bombardé par les messages ! J'ai dû poser mon téléphone à un moment et je me suis dit que j'allais le reprendre plus tard quand ça se calmerait. Je ne savais pas par où commencer... Mais bon je ne vais pas m'en plaindre ! (il plaisante).

« Un match dans le Tournoi des Six Nations, ça serait énorme ! »

As-tu également reçu des messages de la part de Dax, même si tu n'as probablement pas la même affinité avec ce club qu'avec Vannes ?

J'ai reçu des félicitations de la part de Dax aussi. J'ai gardé tout de même pas mal de contacts avec des personnes là-bas. Après, je ne veux pas dire aujourd'hui que ça s'est mal passé, le staff de l'équipe professionnelle avait ses joueurs au poste de demi d'ouverture et les entraîneurs n'avaient pas besoin de quelqu'un comme moi, donc le club ne m'a rien proposé. Maintenant, je ne sais pas si je serais au niveau auquel je suis aujourd'hui si j'étais resté là-bas...

Justement, comment s'était passé ton départ pour Vannes ?

J'avais envoyé un message à Pierre Tarance (ancien joueur de Vannes resté proche du club après être devenu tétraplégique après un match en 2010). Il venait de mon village, à Pouillon, dans les Landes. Il travaillait autour de la cellule de recrutement à Vannes et je lui ai demandé s'il ne cherchait pas quelqu'un pour le poste de 10. Il se trouvait que parmi les deux joueurs que le club possédait, un demi d'ouverture partait et l'autre arrêtait. C'était donc le timing parfait. J'ai ainsi envoyé des vidéos au RCV et j'ai rencontré les entraîneurs peu de temps après. Ça s'est fait très vite ! Au bout d'un mois environ, j'ai signé. Jusque-là, je jouais 10, mais la première année, les deux arrières Théo Platon (Rennes, Fed 1) et Jérémy Malzieu (arrêt après une dernière saison au Rheu en Fédérale 2) s'étaient blessés. Je suis donc passé en 15 et depuis, j'y suis resté. 

Aujourd'hui, quel poste préfères-tu ? 

Je dirais 15, car j'ai plus de liberté en jouant à l'arrière. Mais j'aime bien aussi le poste de 10, car la charnière doit gérer le jeu et c'est quelque chose que j'apprécie également. Le fait de pouvoir avoir les rênes de l'équipe. 

Que de chemin parcouru en tout cas depuis ton départ de Dax en 2014 et le métier de maçon que tu exerçais à l'époque... 

J'ai en effet travaillé en tant que maçon il y a quelques années, mais aussi en tant que magasinier-livreur à Vannes, lors de ma deuxième année. Car je n'étais que semi-professionnel à ce moment-là. Je travaillais le matin, cela me permettait d'être libre l'après-midi et le soir pour aller m'entraîner avec le club. J'ai gardé le contact avec ces personnes-là et forcément, j'ai également reçu des messages de leur part hier. 

Du chantier à Marcoussis, le temps passe vite parfois...as-tu déjà été au CNR ?

J'y suis juste allé une fois avec Vannes lorsque l'on était allé jouer à Massy. Mais là, ça sera un autre contexte...Même si pour le moment, Marcoussis viendra plus tard. Le premier rendez-vous, c'est le stage à Nice.

Que peut-on te souhaiter pour la suite ?

De continuer à performer avec Montpellier pour pouvoir aider le club à aller chercher une place pour les phases finales. Et, pour l'équipe de France, participer à un match dans le Tournoi des Six Nations, ça serait déjà énorme !

Vous devez être connecté pour pouvoir participer aux commentaires

Très intéressant.
Pour moi, et j'aimerais que quelqu'un du rugbynistere, de lequipe ou du midol fasse une enquête poussée là dessus, cela pose la question de Marcoussis et de la détection française:
- il échappe à toute détection et cartonne => ça peut arriver
- par contre ce qui me saute aux yeux, c'est qu'il affiche un plaisir, une envie de jouer, une prise d'initiative qui me semble supérieure à celle de jeunes passés par Marcoussis.
Est ce que Marcoussis avec son côté "cocon formato-castrateur" n'est pas un semi échec? On le voit, galtoche et ibanesse font leurs entraînements dans le lot et les landes, proche du terroir.

Derniers articles

News
News
News
News
News
News
News
News
News
News
News