Le Stade français, ses objectifs, le ‘’grand frère’’ Maestri, le garage de Macalou… Entretien avec Ryan Chapuis !
Le Stade français, ses objectifs, le ‘’grand frère’’ Maestri, le garage de Macalou… Entretien avec Ryan Chapuis !
Entretien avec le troisième-ligne du Stade français avant le départ d’une saison qui peut lui permettre de définitivement s’imposer en Top 14.

Rendez-vous pris avec Ryan à Jean Bouin, à la sortie d’une journée de travail avec le Stade français. Les cheveux ras sont d’actualité après être passé sous la tondeuse de Julien Arias, au stage d’Angoulême. Pendant plus d’une demi-heure, le Stadiste s’est confié, à quatre jours de l’ouverture du Top 14, que les soldats roses démarreront à Gerland.

Pourrais-tu te présenter pour commencer ? 

Je m’appelle Ryan Chapuis, j’ai 21 ans. Je suis né en 1997, à Neuilly-sur-Seine dans le 92 et j’ai commencé le rugby à l’âge de 10 ans à Domont, après la Coupe du Monde 2007. J’y ai joué jusqu’en minimes, j’ai fait les sélections départementales, les tests pour les pôles et c’est ainsi que le Stade m’a recruté à l’âge de 14 ans. 

Donc tu as commencé le rugby après avoir regardé la Coupe du Monde ? 

C’est ça. En fait, mon père y jouait un peu à l’époque, avec les pompiers notamment. J’allais voir le stade quand j’étais petit, à Jean Bouin, on allait aussi au Stade de France. Mais je n’avais jamais essayé, et la Coupe du Monde a été l’élément déclencheur.

Quelles sont tes mensurations ? 

Je fais un mètre 89 pour 105 kilos. 

Ton meilleur souvenir rugbystique ? 

En Crabos, on est arrivé en 1/8e de finale contre Montpellier. On avait vraiment une générations de potes avec les 98, de bons coachs avec lesquels on s’entendait vraiment bien. On avait créé quelque chose, une histoire. Montpellier terminera ensuite champion de France mais on avait fait une grosse année. 

Il y a aussi, ma première en Top 14, à la U Arena, en mars 2018, avec Baptiste Lafond, un bon ami. 

Et le pire ? 

(Il réfléchit). J’en ai pas encore, en fait (sourire). 

Tu as un geste préféré dans ta panoplie de joueur ? 

Le plaquage, la défense. 

Et t’as toujours aimé ça ? 

Non, au contraire. Quand j’étais jeune, j’étais plus axé sur l’attaque. On va dire de cadets jusqu’en Espoirs, j’étais beaucoup sur l’offensif, essayer de mettre des steps, jouer les deux contre un. Et d’un coup, je me suis rendu compte que je n’étais pas le plus puissant sur le terrain, ni le plus rapide. Donc je me suis dit qu’il fallait trouver autre chose pour me démarquer. Au fur et à mesure, je me suis mis dans ce truc ‘’plaquer, se relever, plaquer, se relever’’, être plus dans l’agressivité, le ‘’chocolat’’ entre guillemets. 

Comment se déroule la préparation estivale ? 

On a repris le premier juillet, et récemment on a eu trois jours de repos. Sinon, on n’a pas eu de coupure. Au début, des tests, comme tous les clubs. Pour voir où on en est, et pouvoir ensuite évaluer notre progression. Mais aussi du ballon. On a joué notre premier match amical fin juillet contre Nevers, avant d’affronter Bayonne, ensuite nous sommes allés en stage à Angoulême puis à Aurillac pour un dernier amical et on est remonté sur Paris. Donc, on a joué trois matchs amicaux pour trois victoires et là on bascule sur le Top 14.

Satisfait des matchs amicaux ? 

Le principal, c’est de gagner. Ces matchs sont toujours compliqués, il y a beaucoup de nouveaux joueurs, de jeunes. En général, tu as deux équipes différentes par mi-temps. Il faut essayer de mettre les bases, de trouver les automatismes. De toute façon, on va se juger sur le premier match de championnat mais on s’est rassuré en s’imposant.

Quels sont tes objectifs cette année ? 

Faire mieux que la saison dernière au terme de laquelle j’ai totalisé 22 feuilles de match (dont cinq en Challenge Cup). Pour une première saison en étant membre à part entière du groupe pro, j’étais le premier surpris, j’avais des objectifs élevés mais je ne m’attendais pas forcément à jouer autant. Maintenant, j’espère faire plus car l’année dernière, j’ai eu un passage à vide pendant l’hiver au cours duquel j’ai moins joué donc je voudrais encore plus croquer, peut-être atteindre trente feuilles et peu à peu m’installer sérieusement au sein du groupe. 

Comment vois-tu la concurrence à ton poste ? Et les profils de joueurs ? 

Pour l’instant, on peut dire que je suis le seul joueur dans mon ‘’profil’’ car Sékou (Macalou) est blessé (NDLR : hanche). Après Sékou est un profil unique, je ne me compare pas à lui, mais je suis plutôt aérien, actif, coureur et il l’est aussi. En comparaison, Tala (Gray), Willem (Alberts), Loïc (Godener, arrivé de Grenoble) sont plus costauds, plus puissants, capables de faire des différences sur des portées de balle. Il y a aussi Charlie Francoz, on est assez proches mais il veut plus se diriger sur un poste de huit. De mon côté, je me vois plutôt comme un six.

Tu as eu un entretien avec le staff pendant l’été ? Vous avez eu l’occasion de parler temps de jeu ? 

J’ai eu un entretien récemment oui. Il ne nous donne pas de garanties sur le temps de jeu. On a plutôt discuté des attentes, des objectifs, du ressenti sur notre préparation. Mais il ne t’assure rien, c’est à toi de prouver. 

Tu es Parisien, qu’est-ce que cela représente pour toi de jouer au Stade ? 

Depuis petit, je vais au stade et j’étais comme un fou. Donc déjà, quand le club m’a recruté, c’était quelque chose. J’avais le choix entre Massy et le Stade. Longtemps j’ai hésité mais je me suis dit qu’en faisant mes classes en équipe jeunes, j’aurais peut-être plus de chance de jouer en pro au SF. J’ai réussi à rester, c’est une grande satisfaction surtout que j’ai vu des internationaux français jeunes ne pas être gardés et j’ai vu des types comme moi, comme Lucas Da Silva, partis de rien et qui arrivent à jouer en pro. C’est une très grande fierté. 

Qu’est-ce qui t’a marqué à ta découverte du Top 14 ? 

Ça va vite. Physiquement, ça tape plus mais tu te prépares tellement à prendre des coups, c’est tellement dans ta tête que finalement tu es prêt. C’est plus la répétition des tâches, la vitesse : par exemple, tu es en retard sur le fait de fermer en défense, tu te fais percer, c’est immédiat. 

Heineke Meyer a apporté quoi dans le fonctionnement du club ? Tu as remarqué qu’il y avait des différences ? 

Je ne connaissais pas trop avant car mine de rien j’ai intégré l’effectif pro à 100% l’année où il est arrivé. Mais je pense qu’il a apporté une certaine rigueur, c’est une autre culture, à l’anglo-saxonne, plus carrée. Sur le travail, nous les Français, on est des latins, on est tranquilles. Lui et son staff ont beaucoup joué sur cet aspect. 

Où en es-tu contractuellement ?

Je suis en contrat Espoirs, c’est ma dernière année. J’ai signé pour deux ans en juin dernier donc il me reste une saison. Actuellement, on est en négociations avec le club pour voir si on continue ensemble. 

Tu as déjà eu des contacts avec d’autres clubs ? 

Il y trois, quatre ans, j’avais des contacts en PRO D2 car ça n’avançait pas trop avec le Stade, j’avais failli partir mais finalement je suis resté.

Il y a eu un déclic pour que tu arrives chez les pros où ça s’est fait palier par palier ? 

En mars 2018, j’ai donc joué mon premier match à la U Arena et à partir du mois de décembre, j’avais commencé à intégrer l’effectif pro à l’entraînement. Je n’étais pas prévu mais à l’époque, tous les vendredis, on faisait des oppositions Espoirs-Pro en touche. C’était Olivier Azam le coach et j’étais capitaine de touche avec les Espoirs. Je ne m’en sortais pas trop mal sur les oppos. Et un jour, Azam a parlé de moi à Papé : au départ j’ai eu droit à deux semaines d’entraînement, ça s’est bien passé et depuis je suis resté avec le groupe.

Tu as un mentor en dehors du terrain ? Et rugbystiquement ?

J’ai toujours été fan de Sergio Parisse. Je ne dis pas ça car j’ai joué avec lui mais c’est quelqu’un à part, j’aime beaucoup sa façon de jouer. Et Sylvain Nicolas qui a arrêté sa carrière cette année. Il me donnait beaucoup de conseils en dehors du terrain parce qu’on a un profil assez similaire. Il m’aidait beaucoup sur la compréhension de la touche notamment. Maintenant, il est en reconversion au club, il travaille sur l’administratif. 

Il y a aussi Rémi Bonfils qui a tout de suite été là pour moi, il m’a rassuré, il a une certaine expérience et un parcours proche du mien finalement : il est parti de rien, peu de gens mettaient de pièces sur lui. Et aujourd’hui, Rémi a une belle carrière. Il m’a dit de continuer à bosser, que c’était cool ce qui m’arrivait mais que ce n’est que le début. Il n’y a rien de fait encore, la preuve je n’ai pas encore de contrat pro, à tout moment ça peut se terminer. 

Et Yoann Maestri. Avec lequel, je m’entends très bien, il m’a pris sous son aile, c’est comme un grand frère pour moi au club. Tout le groupe bien sûr mais c’est eux que je nommerais particulièrement.

C’était comment de jouer avec Parisse ? 

J’étais comme un gosse. C’est des joueurs que tu allais voir au stade comme Julien Arias. C’est énorme. 

Quels sont les objectifs du groupe cette année ? 

Clairement c’est le Top 6. Il y a un propriétaire qui met de l’argent donc c’est normal d’avoir de l’ambition. Surtout, le Stade français est un grand club et depuis 2015, on ne s’est pas qualifié, c’est problématique. L’année dernière, on est passé à peu et cette année, ce serait vraiment un échec de ne pas voir les play-offs. 

Coupé-décalé, mais surtout décalé.

En 1vs1 à l’entraînement, tu préfères croiser Maestri ou Vuidrawalu ? 

(Rires). Maestri. Parce que Wais’, il est dur vraiment, c’est un bout de bois. 

Qui s’habille le mieux dans le vestiaire ? 

Sékou. C’est un américain dans sa tête, il est sur la lune (rires). 

Et le moins bien ? Celui à qui c’est égal ?

Je pourrais dire moi franchement. Je viens avec l’ensemble du stade, les gars me disent ‘’arrête de t’habiller en sapes du club’’. Ils arrivent bien habillés, en jean mais je leur dis : ‘’les gars, on va à l’entraînement’’. 

Qui est le joueur le plus drôle du vestiaire ? 

Fatou (Danty). Quand il rigole t’es mort de rire, il est vraiment drôle. Tu peux taper de bonnes barres avec lui.

Qui a les meilleurs goûts musicaux ? 

J’aime bien les sons de ‘’Kyky’’ Hamdaoui. Chez nous les avants, c’est souvent Mama (Maestri) et Rémi Bonfils mais en général ils mettent de l’électro, ils cassent la tête. Et Charlie Francoz, il ambiance bien. 

Le meilleur danseur ? 

Lionel Mapoe est un très bon danseur et Kyky aussi danse bien.

Tu as un rituel d’avant-match ? 

Mon maillot de Domont que j’ai depuis minimes est sous mon maillot à chaque fois. Il ne ressemble plus à rien, déchiré, mais je ne peux pas jouer sans, même quand il fait quarante degrés. Et la prière aussi avant le match. 

Est-ce que Bonfils aura un jour une statue dans le vestiaire ?

C’est vraiment possible. 

Quels sont les joueurs qui représentent pour toi cette génération ‘’rose’’, de stadiste ? 

Il y a Bonfils mais aussi Paul Gabrillagues. Il représente beaucoup, a de l’attachement pour club. À l’époque de la fusion, c’était un des premiers à s’être levé pour dire non. Paul est ancré au club et a le coeur rose.

Arthur Coville parle beaucoup de la Bretagne

Tout le temps, il casse la tête. Avec Vannes. Même là, Rennes a gagné contre le PSG en Ligue 1, il rend fou. 

Où est-ce que l’on peut trouver Sékou Macalou ?

Au garage (rires) pour modifier son T-Max et son Audi. 

Le Stade français est le spécialiste des maillots originaux, lequel serait-t-on préféré ? 

J’aimais bien celui de l’époque, bleu avec les éclairs rouges et le blanc aussi, celui du dernier titre de champion. 

Tu peux dire quelques mots en afrikaans ? 

Non, pas du tout. On dirait de l’allemand, c’est pas agréable à l’oreille.

Qui gère les barbecues au club ? 

Willem Alberts, Morne (Steyn), tous les Sud-Afs. Tu n’as pas le droit de toucher, ils ont le tablier, les couteaux. 

J’ai une question à te poser, si tu ne trouves pas la réponse, il faudra raconter une anecdote sur un coéquipier : en quelle année, le Stade français a-t-il remporté son premier titre de champion de France ? 

Ça date… 98 ? 

1893 !

Je suis un fou, ça fait longtemps, c’est vrai. Pour l’anecdote (il réfléchit) : Paul Alo-Émile fait très bien les cafés, avec des trucs stylés dessinés. Vraiment.

L'Australien Nick Cummins a fait l’émission ''The Bachelor's'', tu verrais quel joueur faire ça au Stade ?

Clément Daguin (rires) direct. Avec que des filles autour (rires). 

Et une émission de survie, type Koh-Lanta ? 

Lucas Da Silva ! Sinon Willem Alberts. Deux bûcherons.

Une soirée dans Paris, c’est quoi le programme

En général, on se pose chez les potes. Et après, on va tout le temps au Café Oz. C’est notre repère. On n'est pas trop ‘’Soif’’ au Stade. 

Si tu devais miser sur un joueur que tu connais qui évolue en Espoirs ou en Fédérale et qui va exploser, ce serait lequel ?

Karim Qadiri (ailier) déjà qui joue à Beaune en Fédérale 1. Et Antoine Frisch (demi d’ouverture) de Massy. Karim il a tout pour exploser : des qualités physiques impressionnantes, il est très grand pour un ailier, va très vite et est très puissant avec un gros raffut. C’est un joueur qui peut faire de grosses différences, on a joué ensemble en Espoirs. 

Et Antoine Frisch, je le vois comme un génie du rugby. Techniquement il est au-dessus du lot, il sent bien les coups. Après il est un peu fou-fou et à un certain niveau, il faut respecter la stratégie. Je ne veux pas m’avancer mais c’est peut-être cela qui lui a porté préjudice. Maintenant, il est à un bon niveau à Massy, à Tarbes il a été très fort apparement, donc je pense qu’il a les capacités pour s’imposer plus haut encore. 

Quelle est ta spécialité culinaire ? 

Pâtes aux crevettes. 

Le lieu de vacances que tu conseilles ? 

La Tunisie, chez moi (rires). Tu te reposes, tu manges bien, il y a la mer et tu peux faire pas mal d’activités. 

Avec qui tu formerais ta troisième-ligne idéale ? 

Kieran Read ! Et Charlie Francoz (rires). 

Et tu mets qui en huit ? 

Kieran Read, Charlie il se démerde (rires). 

Un dernier mot ? 

C’était avec plaisir que j’ai répondu à tes questions. C’est cool ce que vous faites au Rugbynistère, d’interviewer des jeunes, de mettre beaucoup de contenu, franchement c’est bien. 

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Lucide, serein et honnête. Un régal!

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