Guy Novès : « Le championnat espoirs est nul à ch... Je n'ai jamais vu aussi minable »
Guy Novès est remonté envers les dirigeants actuels du rugby français. / Crédit Photo : Alain THOMAS (licence Stade Toulousain a vu évoluer la discipline en France. Il est aujourd'hui très critique envers le comportement des dirigeants actuels quant au calendrier ainsi que sur le retard accumulé par la formation française au fil des années par rapport aux nations du Sud. Un constat qui prend aujourd'hui une toute autre valeur alors que le XV de France vient une nouvelle fois de s'incliner face aux All Blacks malgré une belle d'ébauche d'énergie. Une défaite presque logique pour le technicien tant le mal prend ses racines à la base même du rugby : la formation. « Il est obligatoire que le deuxième-ligne, une fois en finale de la Coupe du monde, joue les deux contre un à la perfection, et pour ça il en a fait entre six à seize ans. Le virtuose au piano : c'est celui qui a du talent et qui, entre trois et seize ans, a joué tous les jours. C'est comme ça qu'il devient un génie », confie Novès dans l'Equipe. Et pour le moment, les génies, ce sont bien les Blacks.

La formation néo-zélandaise est connue depuis des lustres et elle continue de faire rêver alors que la France pourrait faire de même. Et c'est justement ça qui semble particulièrement agacer l'homme fort du Stade : « Nous sommes le seul sport à vouloir rivaliser avec des gens dont on dit qu'ils ont le rugby dans la peau. Mais pour l'avoir dans la peau, il faut le pratiquer dès le plus jeune âge. » Novès en appelle donc à une « énorme réflexion sur la formation ». En prenant pour exemple la natation, où les champions d'aujourd'hui (Agnel, Muffat, etc) sont les jeunes qui ont passé des heures dans l'eau dès l'enfance, il préconise le même style de cadence. « On prend danse sur danse avec les jeunes. Le Championnat Espoirs, il est nul à ch... Je n'ai jamais vu un Championnat aussi minable. » La déclaration est forte, mais elle symbolise bien le sentiment de colère qui habite l'entraîneur toulousain. Une colère dirigée en partie vers ceux qui veulent « des résultats immédiats ». Mais il sait que ça ne changera pas du jour au lendemain : « Il faut attendre que les vieux dirigeants passent la main. » .

Aussi, il patiente et espère « une refonte totale du calendrier ». Une évolution nécessaire au rugby pour qu'il devienne « professionnel dans le vrai sens du terme. » D'aucuns seront certainement déçus de voir le rugby à l'ancienne s'évaporer petit à petit, mais si la France est aujourd'hui un peu plus compétitive par rapport au Sud, reste qu'un cap doit être franchi pour véritablement faire la différence. « Il faut des plages de récupération, de match, de travail, de compétition. » Les choses pourraient cependant évoluer dans ce sens, du moins en ce qui concernent le XV de France, alors que la LNR et la FFR discutent actuellement de la mise à disposition par les clubs des internationaux français dans le cadre de la convention qui lie les deux entités. Mais pour que la sélection nationale progresse, cela passera forcément par une meilleure formation. « Quand les grands présidents ou Le président ou La Fédération auront compris qu'il faut donner de l'argent aux clubs pour qu'ils investissent dans les structures, peut-être qu'au lieu d'aller chercher des joueurs étrangers à 500 000 euros, ils mettront cette somme dans la formation ».