Exclu : Naturalisé français, Maks Van Dyk veut jouer avec le XV de France !
Maks nous a envoyé cette photo : passeport, Genève et ONU dans le même cliché.
Après sa demande direct au président de la République, Maks Van Dyk nous a accordé une longue entrevue pleine d'amour et de French love autour de son nouveau passeport.

Il y a presque une semaine, Maks Van Dyk, pilier droit du Stade Toulousain, s’affichait grand sourire devant le Capitole, passeport français en main. Lui qui avait interpellé, quelques mois plutôt, le président de la République en personne à l’occasion de la finale opposant son équipe à Clermont. "Je peux avoir la nationalité française s'il vous plaît ? Je serais très fier d'être Français", avait demandé le natif d’Afrique du Sud à Emmanuel Macron. Nous sommes donc allés à sa rencontre pour en savoir un peu plus sur ce que représente pour lui cette nationalité française.

WTF - Ce moment où Maks Van Dyk a demandé la nationalité française au président Macron [VIDÉO]WTF - Ce moment où Maks Van Dyk a demandé la nationalité française au président Macron [VIDÉO]

Rendez-vous pour le café

Nous sommes lundi, il est 11 heures 30, nous avons rendez-vous avec Maks à la brasserie du Stade. "J’aurai un peu de retard, j’avais une séance", nous avertit-il. On s’installe au comptoir, deux cafés serrés pour digérer le lundi. Dans la salle, ça s’agite déjà pour recevoir les clients qui viendront se restaurer à deux pas des terrains d’entraînements du Stade Toulousain. Au menu du jour, le plat signature d’Alban Placines, un "marmitako", un ragoût de thon typiquement basque. Une voix se fait entendre montant les escaliers qui mènent au restaurant. Cette voix, c’est celle de notre hôte du jour, Maks Van Dyk qui s’exclame : "VIVE LA FRANCE !" À peine arrivé et c’est déjà une première déclaration d’amour à la France. On lui laisse cinq minutes pour reprendre son souffle, après une dure séance physique qu’il vient de subir. Juste le temps de bavarder sur l’équipe de France, l’équipe sud-africaine, Cheslin Kolbe, commander une Badoit et on est fin prêts pour commencer l’entretien.

Stade Toulousain - Comment Maks Van Dyk peut-il devenir Français ?Stade Toulousain - Comment Maks Van Dyk peut-il devenir Français ?

De Johannesburg à Toulouse

Comment es tu arrivé au Stade Toulousain ?

Je jouais pour les Cheetahs, en Super 18. Mon entraineur était Dan Humaan qui a joué ici pendant 8 ans, il a entendu que le Stade Toulousain cherchait un pilier. À l’époque, c’est Fabien Pelous qui l’avait contacté pour savoir comment j’étais, ils étaient intéressés par moi, c’était en 2015. J’avais 23 ans et je ne me sentais pas prêt pour partir, pour moi c’était trop jeune. Un an après ils étaient encore intéressés, on a discuté, on a trouvé un accord, j’ai signé un premier contrat de trois ans et je suis arrivé avec ma femme. Depuis, j’ai vécu une très bonne expérience !

Ton meilleur souvenir depuis ton arrivée ?

Bien sûr, ça reste la période que je vis en ce moment, avec le bouclier de Brennus, le passeport, tout est arrivé en même temps. C’était une année très intéressante avec des moments très hauts et des moments très bas. Une année 2019 riche en émotions.

La demande au Président de la République, c’était un coup préparé ou à l’improvisation ?

On avait monté un dossier en août 2018 déjà, mais on a eu des problèmes pour trouver un rendez-vous avec un an d’attente au minimum pour en avoir un. J’ai passé un certificat en langue française pour avoir le niveau B1 (ndlr : B1 est un niveau du cadre européen de référence en langues), on avait tout préparé, mais il nous fallait attendre ce rendez-vous. Je ne voulais pas le demander au président de la République, je voulais montrer ma conviction de devenir français, ce n’était pas pour faire rire, c’était une demande sérieuse. Ça peut paraître bizarre pour certains, mais il y a une fierté autour de ce passeport, je suis très fier d’être français quand je vois la qualité de vie. C’était un moment très spécial pour moi. On a fait une blague le lendemain avec Romain (Ntamack) et des gens ont râlé. Mais c’est Français d’être râleur, parfois, je me trouve moi aussi à râler beaucoup (rires).

Fier d'être Français

Pourquoi c’était important pour toi d’obtenir ce passeport ?

En tant que rugbyman professionnel, j’ai besoin de visas partout, mais ça c’est le côté logistique. La culture française me plaît beaucoup, les gens ici, je me suis intégré à la vie française et ils m’ont adopté. Le passeport n’est qu’un petit livre, mais c’est tout un symbole. Ce qui me plaît ? La bouffe bien sûr, on mange bien oui (rires) ! Mais c’est surtout la qualité de vie, c’est la sécurité pour moi, ma femme et mes enfants un jour, c’est le plus important. Il y a aussi la musique. Vous avez vraiment un beau pays ! Il y a de belles régions, c’est magnifique.

Est-ce que le fait d’avoir atterri à Toulouse a joué ? Si tu avais atterri à Clermont...

C’est grâce à ça que j’ai pu ressentir tout ça. Toulouse est une ville vivante avec beaucoup d’énergie, tu peux tout faire, tu peux aller partout, tu as la mer, l’océan ou la montagne pas loin et des gens vraiment gentils. J’ai été accueilli pour mon premier jour en France par Jean Pascal, un ami de Daan Human qui travaille à Airbus. Il m’a beaucoup aidé, c’est devenu mon meilleur ami, il est comme un père pour moi en France. Il est vraiment spécial, ce n’est pas quelqu’un qu’on peut rencontrer tous les jours.

Tu avais quelle image des Français et de la culture française avant d’arriver en France ?

Je n’avais pas d’attentes particulières sur le pays. Tu ne peux pas te créer une image avant d’expérimenter quelque chose. On avait l’esprit ouvert, on a bien accepté la manière de vivre des Français. Tu peux dire que la langue est difficile, que les gens ne sont pas toujours gentils avec toi, mais tu es en France et il faut l’accepter. J’ai découvert l’administration française. Ce qui était fascinant pour moi, c’était toutes les enveloppes. En Afrique du Sud, tout est électronique avec Internet et tout ça. Ici, tout est écrit, tu fais des chèques de banque et tout ça. Ça fait partie de le France. Pour être Français, il faut vivre ça aussi.

Et pour le passeport ?

Pour le passeport français, c’était plus rapide grâce au bureau d’Emmanuel Macron. À partir du moment où le dossier part, il faut que ça passe entre les mains de tous les ministres et chacun doit signer. Je ne sais pas ce qu’il s’est passé en haut, mais ça a fait un aller/retour ! Je crois qu’il a pris les choses en main. J’ai été seulement en contact avec son bureau par contre, j’aimerais le contacter mais je ne sais pas comment. Ça serait un bon contact à avoir (rires) !

Maks peut être fier de ce "petit livre", comme il aime l'appeler.

Tu as passé des tests pour pouvoir faire une demande ?

Oui, ils m’ont posé des questions sur l’Histoire de France. Moi je suis très intéressé par la 1e et la 2nde guerre mondiale, ils m’ont interrogé dessus. C’est mon dada. Ils m’ont aussi posé des questions sur les lois françaises et sur la devise "Liberté, Égalité, Fraternité". Je connaissais quasiment tout par cœur. Les questions étaient difficiles, mais quand tu es vraiment intéressé ça devient plus facile, la culture et tout ça, ça m’intéresse beaucoup. Je ne connais pas bien les paroles, mais j’ai vu que ça parlait beaucoup de guerre. Je suis quelqu’un de très curieux sur la langue aussi, dès qu’il y a un mot que je ne connais pas je n’hésite pas à demander aux personnes qui m’entourent, au stade ou dans la rue.

Est-ce que tu as vécu la cérémonie de naturalisation ?

Non, car il me fallait un passeport avant les déplacements en Coupe d’Europe, j’avais juste besoin d’un certificat de nationalité française. Mais j’aimerais y participer, ça serait comme un symbole, pour marquer le coup et que ça soit carré.

Un avenir en Bleu ?

Tu étais supporter des bleus pendant la Coupe du Monde ?

En fait pour le match contre le Pays de Galles, bien sûr la France. Mais pour Afrique du Sud/Japon c’était l’Afrique du Sud. En cas de demi-finale France/Afrique du Sud ? Compliqué. Pour l’arbitre (rires) ! Mais bon, c’est mon pays maintenant et je veux vraiment jouer pour l’équipe de France un jour. Si c’est le cas, ça sera vraiment l’étape supplémentaire.

Tu te projettes déjà sur France 2023 ?

C’est une possibilité ! Je suis encore jeune, j’ai encore beaucoup à apprendre par rapport à un pilier parce que le poste de pilier en France est important. La mêlée fait partie de la culture du rugby français. Il y a un pilier sud-africain qui a joué 50 matchs pour le XV de France, c’est Pieter de Villiers, il était très fort. Si lui a pu le faire, je peux le faire aussi. Il y a la possibilité.

Tu retrouves une grosse différence entre jeu Sud-Africain et le jeu Français ?

En Top 14, le jeu ne va pas aussi vite qu’en Afrique du Sud, c’est plus lent. Là-bas, on joue beaucoup. Mais maintenant on a créé un environnement qui tend plus vers le jeu avec plus de passes, c’est ce qui a fait notre saison l’an dernier. Par rapport à la mêlée, c’est beaucoup plus technique en France, en Afrique du Sud ça passe plus vite. Les mecs ici sont plus costauds donc ça va jouer plus lentement. Ce n’est pas aussi rapide qu’en Super Rugby, mais je peux m’adapter aux deux styles. En France, la mêlée c’est vraiment un point de combat, c’est la guerre, ce n’est pas 50%, c’est un ascendant psychologique sur l’adversaire et pas un simple lancement de jeu. Moi j’aime la mêlée, mais ici, si tu joues pilier et que tu n’aimes pas la mêlée, ça devient compliqué.

Est-ce que des personnes t’ont marqué pendant ces dernières années ?

Il y a beaucoup de joueurs qui m’ont beaucoup apporté. William Servat en tant qu’entraineur m’a appris beaucoup de choses, pas seulement au niveau du rugby, mais aussi autour de la vie en général. On a passé de bons moments ensemble, c’est un bon vivant. Il y a aussi Charlie Faumuina, Cyril Baille ce sont des mecs de mon poste. Des piliers comme Gurthrö, Vasil Kakovin, Census Johnston. Quand je suis arrivé en 2016 il y avait de grands joueurs ! J’ai pu jouer avec Titi Dusautoir, Luke McAlister, Florian Fritz, des gens qui ont joué dans les grandes périodes du Stade. Nous, on fait partie de la nouvelle génération du Stade Toulousain. C’est à nous de marquer le coup.

How French are you ?

En tant que bon Français, tu vas acheter ton pain tous les jours à la boulangerie ?

Bien sûr ! Depuis que je suis arrivé, il n’y a pas eu trois jours où je n’ai pas acheté de baguette. On a une bonne boulangerie dans le coin, ils ont la baguette "pétrissane", on en prend tous les jours, c’est trop bon ! Avant on n’avait pas l’habitude, maintenant ça devient important pour nous, si on part ailleurs le pain me manque. C’est devenu quelque chose de normal. C’est très français.

Tu t’y connais aussi en vin et en fromage ?

En trois ans, on a goûté suffisamment les vins, surtout, et mangé beaucoup de fromage aussi. On a bien profité de la vie ici ouais ! Je préfère le vin, en Afrique du Sud, on a aussi de très bons vins dont une région très connue pour ça.

Tu as eu l’occasion de visiter la France du coup ?

Oui on a visité les deux côtés (ndlr : Ouest et Est). Moi j’adore Hossegor, pas pour le surf, mais c’est très tranquille, il y a de grandes plages et il fait quasiment toujours beau. C’est top. De l’autre côté on a visité Florensac, Cap d’Agde, Sète, on a pu manger des choses différentes comme des huîtres. Il y a aussi une tarte un peu rouge avec des fruits de mer dedans (la tielle), c’est bon aussi. Cette après-midi on va à Genève, visiter les fameuses montagnes et Montreux.

Quel avenir pour tes enfants ?

Je n’en ai pas encore. J’aimerais en avoir juste avant ou pendant la fin de carrière, pour avoir du temps à leur consacrer. Ah bon qu’ils naîtront français (rires) ! Ça aussi c’était important pour nous que nos enfants naissent français. Parce que parfois, c’est compliqué avec le passeport sud-africain. Ce n’est pas toujours facile, du coup, c’est mieux pour leur avenir. Pour le prénom ? Jean Michel (rires) ! Mon prénom à moi c’est Maks et lui ça sera peut-être Maxime du coup. Mon père s’appelait François-Daniel Van Dyk. Donc peut-être Maxime-François Van Dyk.

Ta femme aussi se plait ici ?

Elle s’y sent bien. À partir du moment où on est arrivés, on a commencé une nouvelle vie, on ne regarde pas derrière. Ce n’est pas recommencer quelque chose, parce qu’on n’avait pas une mauvaise vie en Afrique du Sud, mais on a vraiment accepté la vie française et on pense à l’avenir maintenant. C’est notre vie. Elle devra attendre 5 ans pour faire sa demande par contre. Il y a aussi une grosse communauté sud-africaine ici, j’ai un pote qui est arrivé en 2016 et qui joue à Blagnac (Stian Van Blerk), il y a aussi Gurthrö Steenkamp qui est une star ici. C’est aussi important de parler Afrikaans pour ne pas oublier ses racines.

Comment tes coéquipiers ou tes amis sud-africains ont vécu ta naturalisation ?

Ils étaient contents pour moi, même maintenant on reparle souvent de cette histoire, même les gens en Afrique du Sud ils sont très contents pour moi, ça a fait un peu de buzz et en ce moment ça ne passe pas bien là-bas. C’est quelque chose qui donne de l’espoir, donc c’est positif !

On a entendu dire que tu avais un chien ? On espère que c'est un épagneul breton !

Oui, mais c'est un Jack Russell. Elle dort 90% de la journée, elle n’a pas d’énergie, ce n’est pas une vraie. Elle dort, elle râle, elle est très française en fait (rires) ! Je n’ai pas de chien de chasse, je n’aime pas trop ça, à vrai dire, je suis plutôt dans la protection de l’environnement.

Est-ce que le passeport t’apporte de nouvelles envies ou de nouvelles ambitions ?

Oui bien sûr. Trouver un travail comme un Français, avec le rugby ça va être beaucoup plus facile. Je pourrais dire maintenant "Je suis français, je cherche un travail." Ca va faciliter plus de choses pour l’après-carrière. Moi je suis plus un mec des bureaux,  j’aimerais travailler dans le financier, pour aider les joueurs professionnels à économiser leur argent. Je trouve que les rugbymen n’économisent pas assez et ils arrivent en fin de carrière sans savoir comment faire après. Si tu commences tôt, ça te facilite l’après carrière, j’aimerais aider les jeunes joueurs dans cette gestion financière. Et si ce n’est pas avec les joueurs ça peut aussi être avec les grands publics, pour créer de bonnes habitudes en fait. Je vais commencer une formation avec Airbus, je serai stagiaire à la prochaine trêve, juste pour voir comment ça se passe. Si je trouve un travail là-bas, je serai Français et très Toulousain (rires).

On conclue ce débat sur une discussion autour du manger. Ces derniers échanges résument parfaitement bien la personne avec qui nous avons eu à faire, un bon vivant, curieux et qui s’est parfaitement intégré à la vie française. La naturalisation française faisant partie d’une étape de vie, nous lui souhaitons le meilleur dans ses prochains objectifs, que cela soit avec son club du Stade Toulousain mais aussi avec le maillot bleu qu’il pourrait vêtir très prochainement !
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Un modèle d' intégration. Tous ceux qui crachent sur la France devraient s' en inspirer.
Ici il fait bon vivre. Un hymne à l'identité française. En gros je résume pour les pleureuses soit disant mal intégrés "si t'es pas content change de pays. Tu verras l'herbe est plus verte ailleurs... Ou pas..."

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