L'interview entre poteaux : Sofiane Guitoune
Qui es-tu, Sofiane Guitoune ?!
Un titre plutôt ringard, mais un article qui va vous plonger dans l’univers du rugby. Ces quelques lignes sont destinées aux amateurs comme aux initiés.

Aujourd’hui, c’est Sofiane Guitoune qui a bien voulu se prêter au jeu. Nous nous sommes donné rendez-vous à la Brasserie du Stade Toulousain, la salle est comble, joueurs et partenaires partagent un moment convivial. Il m’attend au comptoir. A ses côtés, je vois une armoire qui se tient dos à moi. Il se retourne et me glisse un grand sourire, c’est juste Matthew Clarkin qui passait par là. Je les laisse s’échanger des politesses entre Bordelais, je commande un café. Je me brule, ça commence bien.

Direction les tribunes du Stade Ernest Wallon avec donc Sofiane. Lenny, son fils et probablement future pépite de la balle ovale est là aussi. Nous nous installons, l’ambiance est détendue. Le toulousain est rayonnant, on peut commencer. On démarre tranquillement, avec des questions classiques.

SOYONS SERIEUX DEUX MINUTES !

Peux-tu te présenter brièvement ? On n’est pas sur Wikipédia…

Je m’appelle Sofiane Guitoune, trois quarts du Stade Toulousain, j’ai 29 ans.

Quelles sont tes mensurations ?

1m86 et 95kg.

Comment on commence le rugby à Vierzon ?

En fait, avec mon grand frère et ma grande sœur, on est nés en Algérie. Je suis arrivé en France à 3 ans, et mon grand frère 10 ans. Il faisait du foot, donc en arrivant à Vierzon il a voulu continuer, ça ne s’est pas très bien passé, du coup mon oncle déjà en France qui faisait du Rugby lui a dit : "viens en faire, ça va être sympa." Moi j’ai suivi et au premier entrainement, ça m’a plu et je n’ai pas bougé.

Un souvenir marquant dans ta carrière ? Un souvenir à effacer ?

Il y en a pas mal ! En pro, on va dire mes premiers matchs à 18 ans avec Agen. Il y avait une belle équipe avec François Gelez, Mathieu Barrau, Lucho Lafforgue, Mirande, Arnaud Mignardi… Quand t’as 18 ans, jouer avec eux puis Caucaunibuca, j’étais comme un ouf !

Dis pas de bêtises ! Avertit Matthew Clarkin avec clémence, en passant devant nous.

Ce que j’aimerais effacer, ce sont ces deux années de galères, ça a été très très dur, ce n’est pas vraiment ce que j’ambitionnais en arrivant à Toulouse. C’était deux années très difficiles.

Comment on passe son temps pendant deux ans de pépins physiques ?

C’était compliqué mais aujourd’hui, ça m’a fait grandir. Je me suis appuyé sur ma famille et ça m’a fait beaucoup de bien.

Dans ta panoplie, as-tu des gestes techniques favoris ? Bannis ?

J’aime bien le jeu d’appui ou les offloads. C’est ce que j’apprécie dans le rugby. Les rucks je n’aime pas trop ! (rires) Ce n’est même pas une question d’être guerrier ou pas. En fait aujourd’hui pour être efficace dans un ruck, il ne faut pas appliquer la règle. Et pourtant je déteste faire des fautes ! Il faut venir comme les Blacks ou les Boks, venir sur le côté, en planche. Sauf qu’eux, ils ont le droit. Du coup moi, pour ne pas me faire sanctionner, j’arrive un peu mi-figue, mi-raisin, et souvent ce n’est pas bon quoi !

A la manière de Zizou, tu as des rituels d’avant match ? Un porte-bonheur ?

J’évite de me mettre des rituels, j’essaie de changer un peu tout le temps. Ce que je ne change pas c’est, juste avant le speech du capitaine, je fais ma petite prière, j’enlève les bijoux et feu. Comme porte-bonheur, j’ai mon alliance et les bracelets que m’ont fait mes enfants pour la fête des pères.

Comment tu te sens à Toulouse ?

J’en suis à ma troisième année, je me sens très bien, ma femme est toulousaine donc c’est top. Le Stade Toulousain c’est un rêve de gosse, ce sont ceux qui m’ont contacté les derniers lorsque j’étais en partance de Bordeaux et ça s’est fait en quatre jours. Montpellier et Toulon m’avaient contacté aussi, de grosses écuries, mais ça s’est fait avec Toulouse, au dernier moment.

Tu nous fais un début de saison en fanfare, quelle a été ta préparation ?

J’ai bossé à Muret, à l’ITEPS, avec Laurent Arbo. Déjà en fin de saison dernière j’avais moins de douleur et j’ai pu me préparer. Du coup, je ne suis pas parti beaucoup en vacances, juste une semaine en Espagne avec les enfants et après j’ai bossé tout le mois de juin avec Laurent pour revenir en forme. En revenant, j’ai pu faire les meilleurs tests de ma carrière.

Tu sors de deux grosses performances en Champions Cup avec le numéro 13 ? Pourquoi ce replacement ?

Parce qu’il y a pas mal de blessés et on en avait parlé avec Ugo en fin de saison, il avait besoin de moi à ce poste et c’est un poste que j’aime bien. J’ai pu y jouer quand j’étais à Bordeaux ou à Albi pendant deux ans, j’ai fait tous les matchs. On me demande souvent ce que je préfère, moi ce que je veux c’est jouer.

Si tu persistes au centre, quels sont tes axes de travail privilégiés ?

Faire un peu plus jouer les autres, le deuxième centre ça doit être un puncheur mais il faut faire jouer aussi ses ailiers et ses arrières donc essayer de bosser là-dessus.

La Coupe du Monde est dans un an, tu as déjà visité le Japon ?

(Rires) Je n’ai jamais visité le Japon, mais je vais te dire la vérité, c’est loin sans l’être. Quand j’ai commencé la saison, mon objectif c’était de ne plus avoir de douleurs et de pouvoir enchainer les matchs. Aujourd’hui je me sens bien comme rarement j’ai pu l’être alors on verra. Je sais que l’Equipe de France, ça vient quand tu fais de bonnes prestations aussi, il y a déjà un groupe en place depuis trois ans et qui bossent ensemble. Ça va être compliqué de bousculer cette hiérarchie mais pourquoi pas.

On te sait en fin de contrat en 2019, où en es-tu de ton avenir ?

Je suis en fin de contrat, mais c’est un peu comme l’Equipe de France, t’attends de rejouer pour savoir où tu en es. Maintenant on verra.

Le rugby à 7, tu pourrais y revenir ?

Le rugby à 7 j’adore, il y a tout ce que j’aime : des espaces, des cad-deb, des offloads… Mais c’est très contraignant, c’est beaucoup d’entrainements pour peu de matchs. Si tu pars en Equipe de France à 7, tu te prépares 15 jours pour un tournoi et ça ne suffit pas. Tu vas pouvoir briller sur une ou deux actions mais pour être performant sur un tournoi il te faut au moins un mois. Et les clubs ne sont pas prêts à nous lâcher un mois et demi. Mais sinon j’adore ça ! Quand j’ai fait la préparation physique pour les Jeux Olympiques, j’étais en forme parce que j’avais pu y consacrer du temps.

Quelle règle peut-on mettre en avant pour favoriser des joueurs d’évitement comme toi ?

Je ne sais pas trop. Être plus à cheval sur les rucks et les contests. La différence entre le Top 14 et la Champions Cup c’est qu’en Coupe d’Europe, un troisième ligne qui met la main dans un ruck c’est parce qu’il est sûr d’avoir le ballon, il ne fait pas ça pour ralentir le ballon. C’est ce qui fait qu’il y a des sorties rapides ou pas.

ALLEZ ON RENTRE DANS LE LARD UN PEU

Une anecdote croustillante à nous faire partager pour commencer ?

J’en ai une bonne, c’est sur Gaël Fickou. Il fait des allergies, mais quand il éternue il balance des huitres énormes. Un jour à l’entrainement, il y a Flo Fritz qui le plaque et Gael se trouve au dessus de lui, il éternue, et lui envoie une huitre énorme sur le visage. C’était drôle.

Est-ce qu’aux entrainements les appuis de Cheslin Kolbe font beaucoup de victimes ?

Il est franchement incroyable là-dessus, il a un crochet à gauche et un crochet à droite. Tu sais que tu vas le prendre à chaque fois, mais tu ne sais pas quand. Et tout le monde y passe !

Si un jeune qui débute veut devenir le nouveau Sofiane Guitoune. Que ne doit-il pas faire ?

Être timide. Il faut vraiment arriver avec la banane et ça ira.

Tu es passé par l’USAP, pour fêter leur retour dans l’élite tu peux nous dire quelques mots en catalan ?

Oh putain ! BENVINGUTS ! (Rires)

Qui est le mieux doté au Stade Toulousain capillairement parlant ?

Yoann Huget, il pourrait faire des trucs pas mal avec ses cheveux, il en prend très soin avec du shampoing et de l’après shampoing. Un peu comme Lucas Pointud.

Sur une échelle de 1 à 10. Le 1 correspond au sans gluten et le 10 au cholestérol. Tu te situes où ?

Je suis à 7… J’aime bien manger, même si depuis cet été j’ai fait pas mal d’efforts et de concession pour essayer de revenir au meilleur niveau.

Si on regarde tes vidéos Youtube on te voit casser les reins de Juan Martin Hernandez mais aussi te faire déposer à la course par Diaby. Comment expliques-tu ce décalage ?

Je m’en rappelle de ce match, c’est une bonne action de Grenoble, ils jouent très bien le coup. Je me retourne pour prendre l’autre défenseur qui fait la passe et je le vois arriver, du coup je me jette parce que je tente un plaquage désespéré, mais Diaby c’est une machine… Par contre pour Juan Martin Hernandez, c’est kiffant ! (Rires)  

Tu connais bien Vincent Etcheto qui t’a entrainé à l’UBB. Il est bon bringueur ?

Bon bringueur, bon mec et bon entraineur mais c’est un malade mental. Il s’aime beaucoup, il pense qu’il est costaud et qu’il nous plie tous à la muscu mais ça va, c’est un bon mec.

Aimes-tu le bruit blanc de l’eau ? Si tu n’as pas la référence, tu dois balancer sur un coéquipier. Si tu l’as, tu peux balancer aussi.

Le bruit blanc de l’eau ? Je ne l’ai pas. Je vais balancer sur Antoine Dupont alors. Quand il est dans le couloir, tout seul, et qu’on l’appelle « Petit prodige » il se retourne. C’était OSS 117 la référence ? Pas mon kif.

Après Moscato, cite-nous un joueur capable de remporter Danse Avec Les Stars.

Moi ! J’ai des qualités en danse, t’as vu les appuis sur le terrain aussi ? Salsa, Hip-Hop, je fais de tout…

Qui est le chouchou au Stade Toulousain ?

Max Médard ! C’est l’enfant du club, c’est les rouflaquettes, c’est tout ça quoi. C’est le chouchou d’Ugo Mola, du président, du stadium. Ça marche pour lui visiblement, il revient bien.

Quel est le joueur que tu bades ? Celui dont tu as peur ?

Ouais, j’en ai eu plusieurs, notamment Titou Lamaison quand j’étais jeune. Après quand je suis passé ailier/arrière c’était Cédric Heymans et au poste de centre ça serait Sonny Bill Williams. J’aurais eu peur d’affronter Jonah Lomu. Quand tu regardes les vidéos sur YouTube, tu ne sais pas comment le prendre.

Le 24 octobre 1795, la Pologne est effacée de la carte. Qu’est ce ça t’évoque ?

Franchement ? Rien ! (Rires)

Pour clore cet entretien. Je te propose de me poser une question à laquelle je répondrai sincèrement. Je suis bon joueur.

Qu’est-ce que tu te disais sur moi en arrivant ? Qu’est-ce que tu pensais de l’interview ?

Pour moi Sofiane Guitoune c’était la fameuse coupe blonde à Albi, quelqu’un de très avenant comme on te voit sur les réseaux sociaux. J’apprécie l’opportunité que tu me donnes.

Un mot pour la fin ?

Merci, c’était cool et au plaisir !

RIDEAU LES GARS !

L’entretien se termine comme il a commencé, dans la bonne humeur. Sofiane il est beau à la télévision mais en vrai il est aussi très beau. Nos chemins se séparent après une poignée franche, il me glisse quand même le nom d’un futur candidat. « Petit prodige » … Vous reconnaissez le sobriquet ? Si non, concentrez-vous et retournez au début du deuxième chapitre. Merci.

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Appeler son fils Lenny, c'est ne pas avoir vu Narco.
Sinon, c'est totalement impossible.

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