Je suis allé voir pour vous ... TCMS VS Les Louves du SB en Rugby féminin
TCMS VS Les Louves : Le choc de la poule. Crédit photo: Marine Rudaniecki
Tu faisais quoi ce dimanche ? Tu décuvais de ta soirée de la veille ? Figure-toi qu’en ce jour du seigneur je suis allé voir voler la balle ovale. Ce 3e volet va te plonger au cœur du rugby féminin.

J’aurais pu me rendre à Saint-Sulpice-sur-Lèze qui attendait de pied ferme son concurrent de Blagnac. J’aurais pu vivre ce jour de fête et j’aurais pu manger un bon cassoulet. J’aurais pu voir un derby qui sentait la poudre. Et bien non. J’ai préféré me tourner vers le Rugby Féminin.

Une après-midi au Stade Surcouf :

Un match me tendait les bras. Le Toulouse Marengo Cheminots Sports recevait les Pyrénéennes du Stade Bagnérais. Dans le coin rouge et bleu le TCMS. Dans le coin noir et blanc, les Louves de Bagnères de Bigorre. Allez viens.

Je décide de me rendre en transports en commun au Stade Surcouf car moi aussi je contribue au respect de notre bonne vieille planète. Me voilà assis dans le métro, bonnet vissé sur la tête et écouteurs aux oreilles. On ne sait jamais, des fois qu’il faudrait se sociabiliser. « Roseraie » prononce le haut-parleur du wagon. C’est ici que je descends, le reste du parcours se fait à pieds, sur un petit kilomètre au détriment de mes jambes meurtries par la tentative de footing de la veille. Il y a vraiment des personnes qui font de la course leur passion ? Parce que moi je trouve que ça fait mal. Ça y est j’arrive devant, là-bas je rejoins Marie, a.k.a « Le Zèbre », la locale de l’étape. Elle me propose un vin chaud préparé avec amour par les filles qui ne jouent pas cet après-midi. L’intention est louable, mais je digère encore (mal) les quelques pintes ingurgitées pendant le match des Bleus la veille. Et celles ingurgitées après. Je m’installe côté « cahutes », proche de l’action.

Le Stade Surcouf est un grand complexe sportif qui accueillait jadis une équipe masculine de rugby. Mais il se trouve qu’il n’y a pas de tribunes dans ce stade. Une simple table fait office de buvette, mais de gentilles jeunes filles se dévouent pour vous rendre les minutes confortables avec du café, du vin chaud donc et des crêpes. Le TCMS sait accueillir. Je suis arrivé à l’avance pour une fois, je peux regarder le match des cadettes qui sont battues par les Bigourdanes. C’est du rugby à 10 comme il en sera le cas pour le match suivant. Je suis stupéfait. Je connaissais le rugby à 7, le rugby à 12, le rugby à 5 du Rugby No Limit. Le rugby à XV évidemment, mais pas le rugby à 10. Ça reste le même sport mais avec moins de joueurs pour le même terrain. C’est apparemment très répandu en Australie avec le fameux Brisbane Ten’s. Tournoi où participent de nombreuses équipe du Super Rugby. Et le RC Toulon lorsque les gars de la Rade roulaient sur le monde. Une autre époque.

DU JEU, DU JEU, DU JEU

Je vois les joueuses pointer le bout de leur nez au fond. Le pas est lent mais déterminé. Elles ont hâte d’en découdre. Elles font leur entrée sur la pelouse dans un stade en ébullition. 5 avants et 5 arrières, il manque la troisième ligne, une centre et une arrière pour que ça soit du XV. Je commande un café, pour me réchauffer. Le vent souffle diaboliquement aujourd’hui, l’arbitre siffle le début du match. Mon hôte du jour, Marie, m’explique les spécificités. Il s’agira d’une partie en 4 temps. Quatre fois dix minutes. Cela représente 40 minutes au total pour ceux qui n’ont pas la tête à faire un calcul. Je m’interroge. Une mi-temps ? Cela fait peu. Je me ravise dès les premières actions, ça court de tous les côtés. Je suis pris de sueurs froides rien qu’à m’imaginer à leur place. 20 joueuses au lieu de 30 sur une même surface. Ça en fait du mètre carré par personne.

Le premier quart temps est dominé par les Louves, qui marqueront un essai après une relance depuis leurs 22 mètres. C’est la numéro 4 longiligne, casque rose sur la tête, qui s’écroulera en Terre promise après une chevauchée de près de 50m. Prise d’intervalle, vitesse, tout y est, c’est un régal. Essai transformé. 0-7. L’arbitre siffle la pause. Pas parce qu’il a envie d’aller boire un coup, c’est juste la fin du premier quart. Le temps passe vite, c’est dingue. A peine le temps d’aller à la buvette que ça a repris. L’équipe locale ira aussi de son essai. Un essai marqué grâce aux valeurs. En gros, du jeu d’avants resserré. Deuxième arrêt, 7-7. J’ai encore assez de doigts pour faire les comptes.

« ALLEZ LE TC ! » 

Les filles de l’équipe 1 sont venues nombreuses soutenir les copines.

ENCORE, ENCORE DU JEU

Nous en sommes à la moitié du match, les filles s’envoient de tous les côtés, tout le monde y met du sien ! La numéro 6 des noires doit en être à son 82e plaquage en 20 minutes de jeu. Et quand je dis plaquage je veux parler du bon tampon dans les côtelettes. Heureusement que l’arbitre a un maillot différent. Le score, lui, est nul contrairement au match où les équipes se rendent coup pour coup. Pour la troisième phase de la partie, c’est le TCMS qui va faire gonfler ses points avec un autre essai survenu après une sortie de mêlée. Un lancement de jeu parfaitement joué avec la percée de leur centre. Mais une avance qui ne durera pas puisque les visiteuses vont y aller d’un essai elles aussi par leur numéro 9 qui va prendre tout le monde de vitesse pour plonger dans l’en-but 40 mètres plus loin. Pour parler de cette joueuse, elle a été très en vue cet après-midi, en attaque, en défense et une meneuse hors pair. Si ça se trouve, elle a même conduit le bus pour rentrer. Le monsieur en jaune siffle la fin du pénultième acte. Ça veut dire avant-dernier. J’ai le droit de me la pétér aussi hein.

J’assiste à un véritable chassé-croisé comme on dit dans les journaux. Je demande le score à mes voisines. Il semblerait que le chargé du planchot se soit endormi. Ou alors il a oublié les plaquettes pour afficher le résultat. Ou alors il a oublié de venir. 12 – 12 donc.

J’en profite pour faire un tour d’horizon des lieux en reprenant un café. C’est quand même un joli complexe. Les supporters locaux font du bruit pour soutenir leurs joueuses. Les trompettes sont de sortie, ça braille. S’il ne faisait pas froid, on aurait pu croire à un match de phases finales. On assiste à une rencontre de qualité, les filles nous montrent que le rugby est un jeu d’évitement. On en apprend tous les jours tiens. Elles pourraient se contenter de se rentrer dans la courge pour éviter de courir autant, mais ce n’est pas le cas. Moi, c’est ce que j’aurais fait pour éviter d’être dans le rouge dès la 2e minute de jeu. C’est sans doute pour ça que je n’ai jamais percé avec mon cardio de moineau asmathique. Je prends mon 3e café pour ne pas mourir de froid. Sans sucre, healthy life.

Je ne succombe toujours pas au vin chaud. Le dernier acte, celui du dénouement, débute.

La tension plane sur les lieux, il faut dire que le TCMS et le Stade Bagnérais occupent les deux premières places du classement. Le gagnant pourrait prendre un début d’ascendant sur son concurrent direct. Personnellement, un match nul ne me déplairait pas. Les deux équipes font jeu égal, c’est bonnard. Je suis content d’avoir payé ma place gratuite. Les Louves prennent le score par une pénalité. 12-15. Moment choisi par un supporter pour adresser une liste de gentillesses à propos de l’arbitre. C’est vrai quoi, depuis quand un arbitre doit siffler des fautes sans déconner ? Il reste quelques minutes, quelques secondes même pour que les Bagnéraises rapportent une victoire sur la place des Coustous. Leur numéro 12 fait ce qu’elle veut de ses pieds et nous gratifie de jolis coups de pompes dans le cuir. Pendant que toi tu arrives à peine à lacer tes chaussures.

Une tension palpable 

Malheureusement pour elles, le bonheur sera de courte durée. Et c’est le TCMS qui aura le dernier mot sur un bel enchainement des lignes arrières. Prise d’intervalle, offload, percée, belote et rebelote en quinte flush et c’est la numéro 15 qui aplatira l’essai de la victoire. Ou plutôt, qui s’effondrera la truffe la première après une jolie cuillère d’une Louve bien décidée à sortir les griffes pour sauver son équipe. C’est beau non ? J’ai fait L. 17-15 score final. Je lève mon chapeau à ces filles qui se sont données tout le match là ou d’autres auraient fait un infarctus à cause du rythme soutenu.

Avant de rentrer aux vestiaires, gagnantes comme perdantes se resserrent et nous offrent une belle envolée mais lyrique cette fois.

BAGNERAISES, BAGNERAISES ! OUUUUUUUH !

Quelle que soit l’issue de la rencontre l’esprit de camaraderie (et probablement de bringue) est présent. Elles se séparent après de belles accolades et une haie d’honneur, applaudies par les spectateurs accoudés sur les talanquères. J’applaudis également cette superbe prestation. Pas longtemps, je concède. De peur de perdre mes doigts pétris par le froid. Vite, direction le club house.

Là-bas, ça débriefe à chaud, ça se congratule mais toujours avec l’objectif de dilapider le stock de vin chaud. Il y en avait combien de litres ? De son côté « Ruda », responsable de l’image du TCMS sur les réseaux sociaux, mène une véritable quête du hashtag parfait. Facebook, Instagram, tout y passe. Pas facile le métier de Community Manager. D’ailleurs n’hésitez pas à y aller de votre pouce bleu sur leurs pages respectives et suivre de près leurs exploits. La fête continue ? Bien sûr, Place Saint Pierre pour les unes et Fête de village pour les autres. Probablement pour souder l’esprit de groupe et consolider cette cohésion déjà bien présente de part et d’autre. J’imagine déjà toutes ces farandoles de mousses posées sur les comptoirs. J’ai le tournis.

Bon ce n’est pas tout, mais j’ai un métro à prendre moi. Je laisse les deux équipes au 48 rue Louis Plana. Je remercie Marie pour l’accueil et la belle après-midi passée. J’aurais peut-être dû goûter le vin après tout, avec les 2 litres de café qui circulent désormais dans mon corps, je ne vais pas fermer l’œil. 

C'était bien. On va où dimanche prochain ?

Dans leurs têtes à elles

Dans la tête de l’équipe qui reçoit :

Ce match, on l'a appréhendé. Jamais battues, et ancienne équipe à XV de fédérale 2, on savait qu'il y avait du niveau en face. Pendant la préparation, stress et tension pouvaient se sentir. Début du match, pression, on a du mal à rentrer dedans, on ne les connait pas en face. Et là le drame, Bagnères passe notre défense et marque le premier essai, et en plus le transforme ! On se serre les coudes, on y croit et au deuxième quart-temps, on va chercher notre essai par un jeu d'avants, un jeu serré. Mi-temps, on se parle, on doit plaquer, on doit y aller, on doit y croire. Retour sur le terrain, motivées comme jamais, on écarte sur une sortie de mêlée, petite traversée du terrain par notre centre et essai ! On est devant, on tente de rester concentrées mais quelques minutes plus tard, Bagnères nous rattrape et essai sur l'aile.... Heureusement pour nous, elles ne le transforment pas. 12 / 12. On est tendues. Le 4ème quart-temps arrive, on se regarde, on est occises... Bagnères prend une pénalité, la tire et la réussit. 15/12. Coup dur. Il reste quelques minutes : il faut y croire. On est là ensemble, entre copines, on s'entraine deux fois par semaine, on s'est toutes levées dans le même but ce matin. On peut le faire ! Pour elles, pour ses copines, pour ces filles qui donnent tout autant que nous sur le terrain. La balle est chez nous, la centre perce, l'ailière la suit. Montée d'adrénaline... l'ailière sort ses cannes... ESSAI ! Pas transformé, malheureusement, mais fin du match 17/15. On a gagné, on l'a fait ! Et on l'a fait pour nous, pour cette bande de potes, cette bande de filles un peu folles qui ont pris le défi de gagner ce jour-là, ensemble. Parce que le TC c'est ça, c'est la famille ! 

Du côté de l’équipe qui a été reçue par l’équipe qui recevait :

Il faut savoir qu’on est une équipe jeune et indépendante de l’équipe masculine, on s’autofinance, on va nous-même se chercher les sponsors et c’est ça depuis trois saisons. On partage quand même les locaux mais le budget rugby, on le paie de notre poche. La veille de ce match s’est préparée avec un Tacos/Coca. Rien d’extraordinaire donc. Pour l’anecdote, notre bus a été bloqué par les gilets jaunes, l’attente était longue on a poussé la chanson avec les cadettes, on a mis la musique. Et on chantait aussi fort à l’aller qu'au retour. On est arrivées au vestiaire sans vraiment de stress, on voulait surtout prendre du plaisir. On sortait d’une trêve d’un mois et sur le début du match ça s’est senti. Ça a été pénalisant. Il fallait se remettre dans le rythme. On a quand même pu récupérer des filles. Sachant que nous n’avons pu aligner que 11 filles sur la feuille sur un groupe de 14 licenciées dont un ligament croisé, un genou dans la boite à gant et une cheville à 10. trois filles qui ont joué sur une jambe et une en attente d’une opération d’un doigt. Pas fou pour préparer cette rencontre. Le rythme a été intense d’emblée, du "à toi à moi", il fallait trouver le second souffle. On marque un bel essai depuis notre camp, on s’est rassurées. On prend un essai un peu à la con derrière, on se fait déborder sur le second également. Derrière on marque une jolie pénalité. Notre 9 marque également un joli essai. Le niveau était intense et similaire avec du gabarit de leur côté. Beaucoup de gâchis de main il faut le dire aussi. On ne concrétise pas assez nos occasions d’essai mais on a assuré en conquête. Le match est positif quoi, mais très déçues de prendre cet essai à la fin. Notre numéro 12 a lâché la charrette pour essayer de rattraper la numéro 15 adverse. Dommage. Satisfaites de notre prestation malgré la déception, on n’a pas démérité, c’est dû à une cohésion d’équipe qui s’est développée au fil des saisons en se débrouillant seules. C’est la belle bande de copines quoi ! On s’est remotivées tout de suite après pour les prochains matchs, mais cette défaite nous fera rebondir. Le retour en bus était cool, on s’est amusées et on a été au bal à Hitte. Beau match et belle réception en gros.

La stat

160. Le nombre de kilomètres qui séparaient le Stade Marcel Cazenave de Bagnères et le Stade Surcouf. Ça en fait des pauses pipi !

La décla 

Ce n’est pas cette semaine qu’on a inventé le rugby, nos leveuses ne sont pas devenues sauteuses et notre souci principal était de savoir qui avait acheté les bières pour le retour.

 D'après une Louve, visiblement honnête.

Le geste 

La magnifique tentative d’une joueuse du TCMS qui souhaite tenir le ballon à sa buteure à cause du vent. Mais qui se place du mauvais côté. Le cagolin on appelle ça ?VIDÉO - La tentative de pénalité la plus WTF de l'histoire

Tu es arrivé jusqu'au bout ? Alors merci. Mais n'oubliez pas que " l'alcool est dangereux pour la santé, à consommer avec modération".

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