''Un exploit n’est plus impossible'', les Diables Noirs à 80 minutes de la plus grande page de leur histoire
Bruno Verscheure, journaliste rugby en Belgique, livre son regard sur les performances récentes de cette sélection, qui est à 80 minutes de son premier Mondial. ©Benoît Musch
Journaliste belge et rédacteur pour Sportkipik, Bruno Verscheure nous offre son regard sur le développement du rugby dans le Plat Pays et l'hypothèse d'une CDM.

Il est l’une des figures du site Sportkipik.be. Bruno Verscheure n’est pas du genre à manquer de justesse lorsqu’il s’agit de parler des Diables Noirs. Pour Le Rugbynistère, il est revenu sur le parcours des Belges lors du tournoi de qualification à la Coupe du monde 2027, ainsi que sur le développement de cette sélection depuis quelques années. Et surtout sur la possible qualification des Diables Noirs au mondial 2027.

''On peut analyser cette victoire à l’arraché de deux manières''

Pour rappel, la Belgique vient d’enchaîner deux victoires face à la Namibie (22-15) et au Brésil (30-27). Mardi, elle défiera les Samoa pour décrocher le ticket d’or en direction de l’Australie.

On a vu un match plutôt compliqué face au Brésil, alors qu’on imaginait que la Belgique l’emporterait facilement…

En effet, après la performance face à la Namibie, on pouvait penser à un scénario moins stressant. Staff et joueurs avaient d’ailleurs insisté qu’ils ne prenaient pas ce match à la légère. Le Brésil était aussi un peu notre bête noire ces dernières années et ne manque pas d’arguments (Deux défaites en trois matchs face à eux, NDLR.). Ça s’est confirmé sur le match. Les Brésiliens se sont aussi peut-être montrés plus fins tactiquement que les Namibiens.

Cette victoire en fin de rencontre est-elle un bon ou un mauvais signal selon vous à l'approche de cette "finale" face aux Samoa ?

On peut analyser cette victoire à l’arraché de deux manières. Soit, se dire que cela risque d’être très compliqué face aux Samoa, a priori d’un niveau supérieur que celui du Brésil. Soit, se dire qu’avec une telle force de caractère, de telles ressources, tout est permis. Les Belges ne lâcheront en tout cas rien.

Sur les deux matchs, on constate que les Diables Noirs démarrent fort avant de connaître un énorme trou d’air vers la demi-heure de jeu. Est-ce toujours le cas ?

Non, pas spécialement. Je n'ai pas trop d’explication. Contre le Brésil, les remplaçants ont pu redonner un peu vie à l’équipe dans les 20 dernières minutes. Je me demande si ce ne sont pas plutôt la Namibie et le Brésil qui ont été surpris par l’intensité mise d’entrée par la Belgique, avant d’y répondre dans un deuxième temps.

''Il faut souligner ici le travail fourni par la fédération belge et les deux ligues, francophone et flamande''

Comment s'est constituée cette sélection et quelles sont ses forces ? 

C’est un groupe qui s’est construit logiquement dans le temps. On retrouve ainsi des anciens, présents en sélections depuis 15 ans pour certains (Julien Berger, Maxime Jadot,…), des valeurs sûres habituées à la ProD2 (William Van Bost, Charlesty Berguet,…) et des jeunes déjà très performants (Siméon Soenen, Matias Remue,…). En réalité, la force de l’équipe actuelle est de pouvoir compter sur l’essentiel de ces forces vives. Par le passé, nous avons rarement réussi à réunir tous les joueurs, suite au problème de la mise à disposition par les clubs français notamment. Le staff actuel emmené par Laurent Dossat a su fédérer et rassembler autour d’un projet sportif et humain, pour que les planètes s’alignent davantage que par le passé.

Quelle place occupe ce sport dans votre pays ? 

Il ne faut pas se voiler la face. Le rugby demeure un sport de niche en Belgique, avec un peu plus de 13.000 licenciés. La Belgique n’est pas un pays de sport. Difficile pour une discipline de se faire une place au soleil derrière le football et le cyclisme.

Grâce à quels acteurs le rugby tend à se faire une place dans le paysage sportif belge ? 

Il faut souligner ici le travail fourni par la fédération belge et les deux ligues, francophone et flamande. Depuis quelques années, les trois entités travaillent davantage main dans la main, avec pour leitmotiv « One Belgium Rugby ». Cela porte ses fruits, tout le monde pousse davantage dans le même sens que par le passé. Le soutien de la Loterie Nationale s’avère aussi très importante. Pour schématiser, le rugby belge essaye de s’inspire du hockey sur gazon, sport qui a explosé depuis 15 ans en Belgique, avec à la clé un titre de champion olympique et des titres mondiaux et européens.

''Si les Samoa nous prennent de haut...''

Comment imaginez-vous la rencontre face au Samoa ? 

Si vous m’aviez posé cette question il y a quelques mois, voire quelques semaines, je ne nous aurais pas donné beaucoup de chance, pour ne pas dire aucune. Mais ces Diables Noirs m’étonnent depuis un peu moins d’un an, avec de belles victoires aux Pays-Bas au printemps et au Canada cet été. Avant la doublette historique à Dubaï. Si les Samoa nous prennent de haut, si la Belgique affiche son meilleur visage, je me dis qu’un exploit (car cela en serait un énorme) n’est plus impossible.

Si la Belgique décroche son billet pour l'Australie, quel effet cela fera-t-il dans le pays ? 

Là, je vais peut-être être plus pessimiste et grincheux. La prochaine Coupe du Monde se déroulant en Australie, les matchs se disputeront la nuit ou en matinée, ici en Europe. Le « grand public », pas encore connaisseur de rugby, ne se lèvera pas ou n’allumera pas sa télé ou son ordinateur pour suivre les matchs. D’autant que l’on se prendra sans doute quelques déculottées, logiques. Mais là aussi, le grand public ne le comprendra sans doute pas et se dira « on est nul en rugby »…

Pensez-vous que cette équipe a les armes pour évoluer au plus haut niveau du rugby mondial ?

Pour le moment, l’équipe ne peut bien entendu pas rivaliser avec les pays du 6 Nations ou du Rugby Europe Championship. Et cela ne sera peut-être jamais le cas. Mais vu la qualité de la formation chez les jeunes en Belgique, et l’élargissement à 24 nations en Coupe du Monde (pourvu que ça dure), participer à la Coupe du Monde doit devenir la norme dans le futur. Et petit à petit continuer à combler l’écart par rapport aux grands et devenir l’une des meilleures nations du deuxième monde du ballon ovale.

 

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Oui, l'histoire pourrait être belle, mais cela fait bien longtemps que je ne crois plus aux comptes de fées...

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