Rugby à 7 - Du Kenya à la France en passant par l'Afrique du Sud, découvrez l'histoire de William Iraguha
William Iraguha a connu ses premières minutes sur le circuit mondial avec France 7.
William Iraguha a accepté de revenir pour nous sur sa première participation à un tournoi du World Series et sur son parcours assez atypique. 

Il n'est pas le plus solide, mais sa vivacité est souvent très remarquée sur les terrains. William Iraguha, 22 ans et pensionnaire de Massy, a disputé à Singapour son premier tournoi en World Series avec l'équipe de France de rugby à 7. Il a notamment marqué son premier essai sur le circuit mondial, servi sur un plateau par son coéquipier Tavite Veredamu. Retour sur le tournoi et le parcours de ce joueur d'origine rwandaise, qui a passé la majeure partie de son enfance en Afrique du Sud. 

Tu as vécu ton premier tournoi en World Series, quelles ont été tes premières impressions ?

Avant et pendant le tournoi, tu ne rends pas forcément compte de ce qu'il se passe. Mais le lundi, quand c'est fini, tu sais que tu viens de participer à quelque chose d'extraordinaire. Quand j'envoyais des messages à mes parents, j'étais en pleurs. 
Pour ma part, j'ai rejoint l'équipe à Singapour en début de semaine. Lorsque je suis arrivé là-bas, l'agent de liaison m'a récupéré à l'aéroport, j'avais limite l'impression d'être une star, c'était très bizarre (rires) !  J'ai rejoint le groupe à l'hôtel, sûrement le plus beau dans lequel je n'avais jamais été. J'ai alors croisé les Fidjiens que je vois à la télé habituellement. Quand tu te dis que tu vas peut-être jouer contre eux, tu es comme un fou !

Comment se sont déroulées les premières minutes du tournoi pour toi ?

J'étais plutôt dans ma bulle, je ne me suis pas mis de pression. Et puis, je connaissais déjà bien les gars pour passer mal de temps avec eux à Marcoussis. Je me suis vraiment bien senti. Les joueurs m'ont aussi bien aidé pour ça, ils m'ont donné beaucoup de conseils. Je n'ai pas commencé le premier match contre Hong Kong, donc ça m'a permis de rentrer sans pression dans la compétition. Je savais que si jamais je rentrais, j'allais tout simplement faire ce que je savais faire. 

En termes de niveau, tu t'attendais à ça ou tu as été surpris ?

C'était vraiment dur... Et encore, on a joué l'Argentine et l'Australie. Ce sont deux très belles équipes, mais elles ne font pas partie du Top 4 mondial. J'imagine que ça, c'est encore autre chose ! Collectivement, on perd vraiment les deux matchs de poule sur nos fautes, je ne les ai pas trouvés au-dessus de nous. Après, personnellement, je me sentais prêt, car je connaissais très bien le groupe. Même si contre le Canada, j'ai fait tout le match et j'étais explosé à la fin ! Mais c'était une superbe expérience et j'étais vraiment content de commencer tous les matchs lors de la seconde journée. Car lors de la première journée, je rentrais seulement 2-3 minutes par match, donc je voulais voir si j'étais capable de tenir une mi-temps, voire tout un match. Finalement, j'ai eu le retour des coachs, et même de Thierry Janeczek qui commentait. Ils étaient plutôt contents de mes performances. 

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Combien de temps cela fait-il que tu t'entraînes avec France 7 ?

Ça fait environ deux ans. J'avais effectué la préparation d'été de la saison 2017-2018. Seulement, je me suis blessé à l'épaule. J'avais donc déjà mis un pied dedans, mais je n'ai pas pu revenir ensuite à cause de ma blessure. Cette année, j'ai participé à plusieurs tournois avec l'équipe Développement. On a fait un stage en Afrique du Sud et ensuite, on a affronté l'Angleterre Développement à Marcoussis. J'ai enchaîné la préparation avec le groupe professionnel pour la tournée asiatique. Je devais aller à Hong Kong, mais j'ai eu un problème de passeport. Du coup, je suis resté au CNR pour m'entraîner avec le préparateur physique. Le samedi 6 avril, ils m'ont rappelé pour me dire qu'ils allaient me faire venir à Singapour. 

« Je me sens chez moi en France »

Tu as un parcours plutôt atypique puisque tu as grandi en Afrique du Sud...

Effectivement, j'ai grandi en Afrique du Sud, mais je suis né au Kenya à Nairobi. Mes parents sont Rwandais et j'ai vécu toute mon enfance au Cap. Pendant treize ans, car je suis arrivé en France le 4 janvier 2011. 

Du coup : Afrique du Sud ou France ?

Je me sens quand même plus chez moi en France. Et puis le mode de vie est meilleur...Si je devais faire un choix pour ma future vie, ça serait la France. Mais l'Afrique du Sud, si j'ai les moyens d'y retourner chaque année, je le ferai ! Car c'est un pays que j'apprécie beaucoup. J'y suis retourné en octobre avec l'équipe de France Développement pour la première fois depuis mon départ. J'étais vraiment content. Quelque part au fond de moi, je savais que j'y retournerai un jour. Mes amis d'enfance sont venus à l'aéroport pour m'accueillir, certains que je connaissais depuis l'âge de 6 ans ! Dès que j'avais un peu de temps, j'allais les voir. Ils m'ont même proposé de revenir au mois de décembre, car c'est la période où tout le monde est en vacances. J'ai donc négocié avec Massy et je suis reparti trois semaines en vacances là-bas. Ça m'a vraiment fait du bien !

En France, tu es arrivé directement à Massy ?

Oui, ma mère habite à Verrières-le-Buisson juste à côté. En Afrique du Sud, je faisais beaucoup de sport. J'ai commencé le rugby à 6 ans, mais j'ai aussi fait de l'athlétisme, du cricket, du hockey sur gazon. Malgré tout, c'est le rugby qui me plaisait le plus. Je voulais continuer à faire du sport en France donc il fallait trouver un club. Ce qui est différent de l'Afrique du Sud où tout se passe avec l'école. De plus, en France, toutes les activités se déroulent le mercredi en général à cet âge, donc il fallait faire un choix. J'ai alors décidé de continuer le rugby. J'ai fait un entraînement d'essai à Massy et ça s'est bien passé donc j'ai continué !

Tu n'as donc jamais quitté Massy, pourquoi un tel attachement à ce club ?

Quand je suis arrivé en France, je ne parlais pas un mot de Français. Donc c'est toujours compliqué de s'intégrer. Au club, on m'a tout de suite bien accueilli et je me suis rapidement fait des amis. J'ai ainsi très vite appris la langue. Aujourd'hui, j'ai encore des relations fortes avec les premières personnes que j'ai rencontrées au collège et en minimes au club. Maintenant je suis grand, donc si jamais une meilleure opportunité se présente à moi, je la saisirais. Mais pour l'instant, le destin a fait que je suis resté au club. D'autant à Massy, que ça soit en Alamercery (cadets) ou en Crabos (juniors), tu joues contre les meilleures équipes de France de toute façon. De plus, les propositions que j'ai reçues à l'époque n'étaient pas forcément meilleures que les conditions dans lesquelles j'étais à Massy. Malgré tout, je n'ai jamais joué avec l'équipe professionnelle depuis mes débuts en seniors. Désormais, depuis deux ans, ce qui me tient à cœur, c'est le 7. 

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« En équipe de France, je me sentais un peu seul »

Le maillot bleu, tu l'as déjà porté auparavant, notamment avec les -20 ans, quelle a été ta première impression quand tu as joué pour la première fois avec celui-ci sur tes épaules?

La première fois que je l'ai porté, c'était avec l'équipe de France à 7 lors d'un tournoi à Moscou en Russie. Juste avant les -20 ans. C'était assez particulier, car en équipe de France, je me sentais un peu seul. Il n'y avait personne de Massy avec moi. De plus, avec les -20 ans, mon premier match s'est déroulé en Angleterre à Exeter et on a pris 60 points. J'ai finalement fait quatre matchs de Six Nations. Ça reste malgré tout une belle expérience. 

Donc à choisir aujourd'hui : Tournoi des Six Nations ou World Series ?

Les World Series de très loin ! Après les -20, j'ai fait un tournoi de rugby à 7 avec France Développement à Moscou, et même là, j'ai pris plus de plaisir que pendant le Tournoi des Six Nations. C'est d'ailleurs après ce tournoi que je me suis rendu compte que j'aimais vraiment beaucoup le 7. À XV, je joue à l'aile, et certains matchs, c'est compliqué, je m'épuise limite plus lors de l'échauffement. À 7, en une mi-temps, tu es déjà dans le dur physiquement. 

« Mon rêve, c'est de jouer au Cap »

Comment as-tu découvert le 7 ?

J'y avais déjà joué un peu avec mon école en Afrique du Sud. En France, j'ai commencé à en faire avec les -18 ans. Mais à ce moment-là, je penchais quand même plus pour le XV. 

Désormais, tu y joues plus régulièrement...

Cette saison, j'ai fait plusieurs tournois avec l'équipe de France Développement. Sinon, j'ai commencé à l'époque avec Massy sur le tournoi d'Aulnay il y a quatre ans. On l'avait gagné et remporté 1000 euros ! C'était la toute première fois que je recevais de l'argent en jouant au rugby ! On s'est partagé ça entre nous et avec les 80-90 euros que j'ai récupérés, je me suis acheté des chaussures avec Gabriel Ngandebe (aujourd'hui à Montpellier). Ça fait toujours plaisir, surtout qu'on avait à peine 18 ans ! Ensuite, on a fait le championnat de France à Marcoussis. L'année suivante, j'ai fait Bruxelles avec les Chabs, mais je me suis blessé au premier match. J'ai également participé au 7 de Coeur avec les Galactiks, que l'on a gagné. Ça reste d'ailleurs l'un de mes meilleurs souvenirs. Désormais je suis très attaché à ce tournoi. J'ai un bracelet jaune sur mon bras droit que j'ai reçu là-bas l'année dernière lorsque j'y suis retourné avec les 7 Fantastics, et que je ne quitte jamais. Je le garde même pour les matchs et je l'avais lors du World Series également !

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Tu as également un casque, d'où te viens cette habitude ?

C'est surtout pour mon père. Il se fait beaucoup de soucis pour moi, encore plus avec ce qu'il s'est passé actuellement...J'en avais déjà un à l'époque et ça ne me dérangeait pas donc je l'ai remis pour lui faire plaisir.

On a bien parlé du côté rugby, que fais-tu à côté ?

C'est assez compliqué...(rires). Déjà, quand je suis arrivé, je ne parlais pas français donc j'ai perdu une année. Je me suis ainsi retrouvé en quatrième avec ceux qui avaient un an de moins que moi, les 98. Ensuite, j'ai fait une seconde générale, puis une première S et une terminale S. Mais à ce moment-là, j'étais déjà avec les seniors à Massy. J'ai eu beaucoup de mal à gérer les entraînements avec les pros et les cours. J'ai donc raté mon bac. L'année suivante, je ne voulais pas retourner au lycée, notamment à cause de l'âge, car j'allais avoir deux ans de plus que tout le monde. Je me suis donc mis aux cours par correspondance avec le CNED. Le problème, c'est que j'ai commencé à être sélectionné avec les -20 ans. On avait pas mal de stages et je n'ai pas réussi à travailler. Finalement, je ne me suis même pas inscrit au bac...Malgré tout, grâce à ces sélections, j'ai obtenu le statut de sportif de haut-niveau. J'étais alors vraiment déterminé à avoir mon bac ! J'ai repris le fil de mes études et je me suis inscrit en STMG pour pouvoir passer le bac sur 2 ans. Du coup, je passe la deuxième partie cette année. 

Quels sont tes prochains objectifs ?

Le bac déjà ! Ça serait vraiment un échec de ne pas l'avoir cette année. Après, sur le plan sportif, j'espère évidemment pouvoir rejouer en World Series. Car là, même si on est arrivé seulement neuvièmes, c'était déjà magique ! Ça donne vraiment envie de revivre ce genre de moments. Le Paris Sevens ça serait sympa, mais mon rêve, c'est de jouer un jour au Cap devant tous mes amis en Afrique du Sud. 

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Ah oui, la capitale de la Pologne : Moscou. Une bien jolie ville. Je savais que les polonais ne s"étaient jamais totalement défait de la gouvernance russe (malgré ce qu'on essaye de nous faire croire).

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