Ces dernières années, les règles du rugby ont été remodelées pour favoriser le spectacle et surtout renforcer la sécurité des joueurs. Certaines ont été acceptées sans sourciller. Mais d'autres continuent de faire débat. Parmi ces évolutions : l’interdiction des « escortes » sous les ballons hauts — ces coéquipiers placés devant le réceptionneur pour 'protéger' le sauteur. D'aucuns diront pour 'gêner' l’adversaire.
Interviewé par Midi Olympique, le centre de l’UBB et du XV de France Nicolas Depoortère confie : "Le rugby change tous les ans. C’est fou, quand on y pense… La règle qui m’interpelle le plus est celle relative aux escortes (les joueurs censés protéger le récupérateur, sous les ballons hauts, N.D.L.R.)."
"Aujourd’hui, les soutiens sont interdits, ce qui conduit à des duels purs entre le sauteur et les défenseurs."
Celui qui sera titulaire au centre ce samedi face aux Fidji d'ajouter : "Parfois, je trouve ça un peu dangereux : les deux joueurs vont au ballon, s’élèvent et si l’un d’entre eux a un peu de retard, il y a vite une bascule. Il est même arrivé qu’il y ait des K.-O. sur ce genre d’actions. Moi, je préférais l’époque où on protégeait le sauteur."
Un conflit entre sécurité et équité ?
Que penser de cette règle ? Notre arbitre maison Dédé Puiledébut rappelle : "Les 3 principes de l’arbitrage sont : sécurité, équité et continuité du jeu". Il ajoute : "On voit bien que ce débat met en conflit deux principes : la sécurité et l’équité…". Pour rappel, cette modification s'est inscrit dans une volonté de « nettoyer » la zone devant le réceptionneur afin de permettre un « contest équitable ».
"La suppression des escortes a totalement bouleversé l’équation des ballons hauts."
La nouvelle équation des ballons hauts
Techniquement, la suppression des escortes a totalement bouleversé l’équation des ballons hauts. Jusqu’ici, le réceptionneur pouvait compter sur un ou plusieurs coéquipiers protecteurs qui pouvaient servir d’écran pour gêner le « chasseur » adverse. A condition de rester dans la légalité et ne pas changer d'axe de course en se replaçant. Désormais, ils doivent s'écarter et cette aide n’existe plus : le duel devient frontal, aérien, sans filtre.
- Le réceptionneur est seul, exposé à un adversaire lancé.
- Le soutien doit partir de derrière, ce qui retarde la mise en protection après atterrissage.
- Le nombre de ballons contestés ou « libres » augmente, créant plus d’incertitude et de turnovers potentiels.
Une révolution tactique et technique
Sur le terrain, cela oblige les joueurs à revoir toute leur technique : saut plus explosif, lecture de trajectoire plus fine, gestion de l’atterrissage sous pression, préparation au contact immédiat. Comme le souligne Depoortère, un petit retard de saut peut provoquer une bascule dangereuse — et sans escorte pour 'amortir', le risque est réel.
"Tactiquement, ce changement redonne une importance capitale au jeu au pied."
Tactiquement, ce changement redonne une importance capitale au jeu au pied. La chandelle redevient une arme : si le réceptionneur est plus vulnérable, le botteur peut l’exploiter pour créer du désordre, accélérer le tempo et forcer des erreurs. On l'a bien vu lors du quart de finale de la coupe du monde entre la France et l'Afrique du Sud.
Un impact sur le jeu et les joueurs
Lors de sa mise en place, cette règle a obligé les sélections comme les clubs à travailler davantage les duels purs, avec une sélection de profils capables de gagner des batailles verticales. Les lancements après réception évoluent eux aussi car le soutien peut avoir du retard. Pour les joueurs : les qualités requises changent. Ailiers, arrière et même centres doivent maîtriser le “saut + contact” sans filet. Le danger étant perçu comme plus grand, les joueurs doivent renforcer technique et timing.
Au quotidien, les séances de jeu aérien deviennent plus ciblées sur la maîtrise du duel et la gestion de l’atterrissage. L’impact sur le plan tactique est majeur : davantage de chandelles, davantage d’incertitude, davantage de zones de combat à gérer.
Une évolution qui redéfinit le jeu
Pour les arbitres, la règle clarifie la zone devant le réceptionneur et simplifie la lecture : pas d’escorte, donc pas d’écran. L’objectif est l’équité du contest. Mais comme le note Dédé Puiledébut, cette évolution place en tension deux principes fondamentaux : sécurité et équité. Plus d’incertitude dans les airs, davantage de duels spectaculaires, de ballons lâchés, de relances improvisées… mais aussi un risque accru de chocs en l’air, sujet sensible depuis plusieurs saisons. La fin des escortes change la nature même du jeu à la retombée des chandelles. Un rugby plus ouvert, plus imprévisible… mais aussi plus exposé.

Jak3192
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89982 pointsSpectacle ?🤔
Sécurité ? 🤔
Fais ton choix mon gars 🤗
Niveau median,
aucune protection possible tout en protégeant les joueurs ?🤔
Amis à Laporte
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172272 pointsLaporte, s'il avait été élu président de world rugby, aurait fait voté l'interdiction des ballons hauts au grand bonheur du XV de France.
lebonbernieCGunther
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59974 pointsC'est plutôt bien expliqué mais pourquoi prendre en exemple le 1/4 de CDM alors qu'à l'époque, les escortes étaient encore autorisées?
Jak3192
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89982 pointsBien vu 🤭