La réponse pleine d'amour et de sagesse des Tou'Win aux propos homophobes d'Israel Folau !
Les Tou'Win sont sur tous les fronts dans la lutte contre l'hompohobie.
Cyril Brocardo, président des Tou'Win, association et club de rugby loisirs gay friendly toulousain, répond aux propos homophobes d'Israel Flou.

"Tou’Win est une association de lutte contre l’homophobie qui oeuvre par la pratique du rugby en cassant les clichés en jouant. On souhaite montrer que dans l’équipe, on ne fait pas la différence. Le but n’est pas de dire qu’on est tous pareil, c’est pas vrai, on est différent, mais que tu ne peux pas classer les gens par leur orientation sexuelle, la couleur de peau, la religion, etc." Cyril Brocardo, président de l'association Tou'Win.

Quelle est votre actu du moment ?

Comme chaque année, on rencontre pas mal de clubs de loisirs de la région qu’on a joué dans le passé ou qu’on rencontre pour la première fois. Mais surtout, on prépare plusieurs choses. Au niveau sportif, on prépare la Coupe d’Europe des clubs gay friendly, l’Union Cup, qui va se passer à Dublin le 6/7/8 juin. Il y a 3 catégories de niveaux, et on y avait participé il y a deux ans à Madrid en remportant la compétition dans la catégorie moyenne pour se jauger. Entre guillemets, on était champion d’Europe de cette division. Cette année, on va donc s’essayer à la première division pour lutter avec d’autres clubs qui ont la même philosophie que nous, mais au niveau européen.

Au niveau associatif, le 17 mai, c’est la journée mondiale de lutte contre l’homophobie. L’année dernière, on avait fait un match contre les partenaires du Stade Toulousain à Ernest-Wallon. Cette année, on renouvelle l'expérience mais cette foi-ci sur le stade de Gironis du TAC (Toulouse Athlétique Club). Pendant cette rencontre, on avait fait signé la charte contre l’homophobie (qui avait été faite par Rama Yade et le ministère des sports) par la ville de Toulouse, et tous les clubs professionnels qu’on avait pu contacter. On espère que d’autres collectivités et clubs vont également la signer. 

On est toujours bien accueilli, on appartient à une fédération internationale qui s’appelle l’IGR (International Gay Rugby), et on est deux co-représentants pour la France, l’Espagne et le Portugal. Lors de la dernière agression sur Gareth Thomas pendant le tournoi des 6 Nations, l’IGR a demandé à la France de porter symboliquement des lacets arcs-en-ciel. 2h après, la FFR avait dit oui, et ensuite, une dizaine de pays l’ont port !. La FFR a été la première à dire oui. Ces actions symboliques sont importantes.

Toute sa vie, un homosexuel est forcé de rentrer dans un moule. Et soit les gens cassent le moule, soit ils se cassent eux-mêmes. Dans les chiffres, la première cause de suicide chez les jeunes est la découverte de leur homosexualité. Donc ça prouve encore qu’il y a un problème.

D’ailleurs, où en est cette charte ?

Nous avons contacté beaucoup de clubs professionnels, et pour l’instant, je n’ai eu aucun refus, et cette initiative a toujours été bien reçue. La plupart m’ont dit oui, et d’autres sont en cours de signature. La seule difficulté est qu’on ne peut pas faire le tour de France des clubs pour faire signer la charte, elle se fait de manière "électronique" et l’idée est de créer un évènement autour de la signature pour marquer le coup. La charte est intéressante à deux niveaux. Elle les engage moralement, il y a des articles qui demandent à faire de la prévention dans les écoles de rugby notamment. Ça leur demande, le cas échéant de prendre des sanctions pour être garant que ça ne se reproduise plus.

Elle n'est destinée qu’aux clubs professionnels ?

Non pas du tout ! C’est symbolique, et c’est un moyen d’en parler plus que ça contraint. Tous les clubs peuvent la signer s’ils le souhaitent, mais on ne peut pas devenir une sorte de "caisse d’enregistrement" des signatures. Tous les clubs qui souhaitent la signer sont les bienvenus !

Ce qui est important, c’est que des gens autour aient répondu, qu’il y a eu une réaction. Une réaction qui a été expliquée et qui veut dire, « c’est plus possible de faire des amalgames comme ça » entre des gens qui commentent des délais, des abus, et des gens qui sont consentant.  

On vous contacte car on vous connaît bien, et on sait que vous êtes une formation gay friendly qui défend des valeurs. Vous avez certainement vu les propos d'Israel Folau ?

Personnellement, je n’ai vu ces propos que quand les sanctions sont tombées. Donc j’ai eu une réaction par rapport aux sanctions, notamment de l’Australie qui a dit "maintenant ça suffit". J’ai trouvé que finalement, ce qui est très positif par rapport au passé, ce genre de propos ne sont plus tolérés, y compris par les fédérations. Quelque part, ce genre de propos deviennent quelque chose de pas normal et c’est très bien. Pour un jeune, je trouve ça extrêmement violent que quelqu’un qui pourrait être leur modèle puisse avoir ce genre de propos en mettant les homosexuels sur le même plan que les violeurs. D’un côté, il y a un abus et de l’autre quelque chose de consenti.

Ce qu’il a dit dépasse le cadre de l’insulte, il y a un côté presque menaçant qui ouvre la porte à des comportements violents envers les homosexuels. Ces propos sont souvent liés à la bible, mais elle ne parle jamais d’homosexualité. Le concept d’homosexualité n’existait pas, et on est en train de calquer quelque chose qui existe aujourd’hui alors qu’il y a 2000 ans, deux hommes ou femmes qui couchaient ensemble n’était pas de l’homosexualité à proprement parler. On ne reconnaissait pas l’homosexualité, donc on n’était pas contre quelque chose qu’on ne considérait pas comme existant. Puis on prend des textes qui ont 2000 ans en faisant une interprétation moderne, et en plus, on les interprète comme ça nous arrange. Il y a plein de bons sens dans les textes religieux, mais les prendre au pied de la lettre peut devenir dangereux.

Les Tou'Win luttent également dans les rucks. Crédit photo : Facebook Tou'Win Rugby.

Est-ce que c'est un sujet dont vous avez parlé entre vous ?

On n’a pas eu le temps, mais lors de ses derniers dérapages, on en avait discuté. Les gens ne comprennent pas qu’en 2019 on en soit encore là, mais surtout, c’est pourquoi ces gens-là se sentent menacés par quelque chose qui concerne leur voisin ? En quoi ça les regarde ? Il y a une chose gênante dans ces propos, et contradictoire, c’est qu’il se permet pour un chrétien de dire ce que Dieu pense. 

Est-ce que vous ressentez cette homophobie latente ?

Il y a à la fois une acceptation plus globale, et en même temps, une libération de la parole qui font que les attaques sont de plus en plus violentes. Les avancées sociales ne sont jamais acquises contrairement à ce que l’on pense. Il y aura toujours une part de la population qui remettra en question, et il faut faire attention à ça. De manière globale, on pense que c’est acquis, mais ce n’est pas vrai. 

Est-ce que sanctionner Folau est une solution ?

Ça dépend pour qui est la sanction. Est-ce qu’elle est appliquée pour que l’individu ne recommence pas, où est-ce qu’elle est appliquée pour montrer aux autres qu’il ne faut pas le faire ? Si elle n’est pas accompagnée d’une explication, elle ne sert à rien ! Si on sanctionne Folau, il va pouvoir se dire "j’ai le droit de dire ce que je veux", mais non. Du moment qu’on va toucher l’intégrité de l’autre, ce n’est pas de la liberté d’expression. Et cet argument, je l’entends souvent : "J’ai le droit d’être contre l’homosexualité !" Ça ne veut rien dire, un homosexuel n’est pas pour ou contre l’homosexualité. L’homosexualité existe, et elle n’est pas plus ou moins valable que l’hétérosexualité. Si on montre aux jeunes que ces propos sont punis jusqu’à sanction, il ne va probablement pas le faire. Je pense que l’éducation est aussi importante. On le voit quand les enfants parlent des gens, ils font une différence de couleur ou de sexe, mais sans aucun jugement. Plus tard, ils vont se poser des questions et c’est là qu’il faut intervenir, à la transition entre les deux. 

Sur le terrain on est tous des joueurs, à la réception, on est des humains. Et c’est cette part du rugby qui permet d’effacer toutes les différences. 

Comment œuvrez vous pour l'ouverture des esprits dans/par le rugby ?

Par le rugby ! C’est un sport qui met en valeur tous les gabarits. Un mec fin et rapide va autant être important qu’un mec costaud ou un pilier. On a besoin de personnes différentes, et c’est justement cette différence qui est intéressante : on a besoin des gens qui ne sont pas comme nous. C’est un sport de "combat", si on se donne à fond, les personnes en face te respecte. Ça nous fait réfléchir, même si on est un club gay friendly, on a des hétérosexuels qui jouent aussi et tout le monde a des clichés et des préjugés sur l’autre. Ça fait du bien à tout le monde et je les vois changer au fil des discussions, modifier leur discours, leur comportement. Surtout, au rugby, on a cet espace d’échanges qu’on n'a pas forcément dans d’autres sports, etc.

Gagner n’est pas le plus important. Le plus important, c’est de gagner en ne se reniant pas. 

Est-ce que vous voyez un changement (positif ou négatif) dans le rugby ? Hors rugby ?

Je pense aux propos de Nathalie Boy de la Tour, la présidente de la LFP, qui parlait de "folklore" autour des chants homophobes dans les stades. Quelque part, ces propos veulent dire que ce n’est pas si grave parce que les gens ne pensent pas qu’ils insultent les homosexuels. Ces propos sont dangereux. Au rugby, tu n’entends pas ces insultes et il n’y a pas d’histoires de sport populaire. Dans les stades de rugby, il y a un respect de l’adversaire. Bien évidemment, au début, les gens se sentent menacer quand ils jouent contre nous, ils pensent qu’on veut les draguer ou autre. Mais est-ce qu’on a l’idée et l’envie de vouloir draguer sur le terrain ? (Rires) Je leur dis souvent qu’ils se passent probablement moins de choses sous la douche chez les Tou’Win que dans un club classique où les mecs se mettent la main aux fesses. D’ailleurs, chez nous, ceux qui le font souvent, ce sont les hétéros ! (Rires) Ce dont je suis fier, c’est que des liens d’amitié se sont forgés dans le club entre des gens qui ne se seraient pas rencontrer dans la vie de tous les jours. Souvent, des joueurs s’invitent au restaurant et l’un amène sa copine et l’autre son copain.

Si vous deviez répondre à Folau, que lui diriez-vous ?

Je lui demanderais d’abord pourquoi il parle de ça ? S’il est autant gêné des homosexuels, pourquoi il se met à en parler ? En quoi ça impacte sa vie ? C’est quand même pas un sujet qui te traverse l’esprit toutes les 3 minutes. Est-ce que moi ça m’impacte qu’il soit hétérosexuel ? Mais je ne suis pas sûr qu’il faille forcément lui répondre, il faut qu’il réalise qu’en tenant ce genre de propos il peut blesser des gens et en particulier des jeunes.

Je ne dirais pas qu’on lui montrerait ce que c’est du rugby vu son niveau, mais qu’il vienne faire un entraînement chez nous ! (rires) »

Que diriez-vous si un club de Top 14 le signait ?

C’est très difficile, je peux pas non plus dire qu’il doit être sanctionné à vie. C’est juste de savoir, est-ce qu’un club veut que son image soit associée à une personne comme ça. C’est la seule question à se poser. S’ils estiment que ses qualités rugbystiques sont plus importantes que l’image qu’il donne, alors qu’il le signe. Mais on sera vigilant, en particulier si le club a signé la charte… (rires) Mais je trouverais ça un peu dommageable. Je ne suis pas certains qu’un club de Top 14 le signe, porter un maillot c’est aussi porter un message. 

Merci les Tou'Win, je vous laisse le mot de la fin, quelque chose à ajouter ?

Je voudrais rester positif en disant que l’avantage de ce genre de choses, c’est que ça fait réagir, de plus en plus et dans le bon sens. Ça fait réagir les officiels, mais aussi les gens. Autour de moi, les gens disent que ce n'est pas normal ces propos, il y a quelques années ce n’était pas pareil. Et même un grand joueur indispensable, on est capable de dire que les valeurs sont plus importantes que les résultats. C’est une vraie évolution. Imaginons que l’Australie gagne la prochaine Coupe du Monde, c’est bien, mais est-ce que ça valait le coup de rendre malheureux des personnes et des jeunes ?

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Folau, Vunipola, et tous les teubés qui se permettent d'appeler au dies irae sur les personnes qui ont une sexualité différente de la leur doivent être sanctionnés, comme les lois sur l'incitation à la violence ou les appels au bûcher le permettent... Confondre, volontairement ou pas, la liberté de parole et celle d'expression, montre bien le niveau des défenseurs de ces gros cons...
À noter que la blacklist de Jésus ressuscité n'était pas exhaustive, même si le focus a été fait sur les LGBTI, sans doute en raison de la récidive...

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