Gaëlle Mignot, capitaine de France Féminines : ''Je vais en Angleterre pour chercher des réponses''
Gaëlle Mignot sous ses nouvelles couleurs.
Capitaine de l'équipe, Gaëlle Mignot a choisi de partir en Angleterre pour se mettre en danger et acquérir de l'expérience. Un choix personnel et professionnel.

Comment s'est présentée l'occasion d'aller en Angleterre ?

Quand j'ai vu qu'il y avait un championnat professionnel, ça m'a intrigué. Je me suis dit que c'était quelque chose de fabuleux. Après, j'ai compris que leur championnat n'était pas pro au point où nous on l'entend avec des joueuses rémunérées qui font du rugby à longueur de journée. Mais c'est ce qu'ils veulent mettre en place dans trois ans. À l'heure actuelle, on est au début du projet. Il y a un cahier des charges à respecter au niveau des structures, du staff, etc. pour parvenir à un championnat attractif et professionnel d'ici trois ans. C'est l'objectif de la fédération anglaise.RUGBY FÉMININ : la France et l'Angleterre pourraient s'associer pour la création d'une compétition inédite

Pourquoi avoir choisi le club de Richmond ?

Un partenariat entre le club de Montpellier et celui de Richmond s'est mis en place dans un but d'échange, de construction du rugby féminin, de rencontre et de passerelle entre joueuses si jamais des Anglaises veulent venir voir le championnat français. C'est dans ce cadre qu'une opportunité d'aller en Angleterre s'est présentée à moi. J'ai voulu la saisir pour ma carrière rugbystique, pour progresser dans le jeu, mais aussi professionnellement. Je suis aussi venu ici pour me former, pour entraîner et apprendre la langue. Tout ça réuni a fait que mon choix s'est porté sur ce club. 

Est-ce que tu as demandé des conseils à Louis Picamoles sur la vie en Angleterre ?

Je n'ai pas parlé directement avec Louis, mais sa femme m'a dit qu'il ne fallait pas avoir peur du climat et que les gens étaient géniaux.Toutes les personnes avec qui j'ai parlé de ce projet sont emballées.

Quand vas-tu jouer ton premier match en Angleterre ?

Je suis arrivée lundi en Angleterre. Pour le moment, je suis dans les démarches admnistratives mais j'ai aussi commencé les entraînements. C'est une semaine un peu chargée où tout est condensé. Je vais jouer dès ce week-end, mais je serai alignée en troisième ligne pour m'enlever un peu de pression vis-à-vis de la langue et des combinaisons en touche. Je vais être très vite dans le bain. 

Après 10 années passées à Montpellier, est-ce que tu avais l'impression d'avoir fait le tour ?

On peut toujours apporter à son club. C'est avec un gros pincement au cœur que je pars. Je ne suis d'ailleurs partie qu'avec des tenues de Montpellier. C'est important car c'est mon club de cœur même si je ne suis pas du tout originaire de Montpellier. C'est avec lui que j'ai connu les plus beaux moments de ma carrière. J'y ai passé 10 ans. C'est grâce aux entraîneurs que j'ai eu que j'ai pu être sélectionnée en équipe de France. À mon retour, j'aimerais retourner à Montpellier, mais je suis ouverte aux propositions.

Qu'attends-tu de cette expérience outre-Manche ?

Je pars pour le moment pendant une année pour préparer l'avenir. Pas seulement pour l'après-carrière, mais aussi pour continuer à jouer. C'était un peu un défi après la Coupe du monde. Je me suis remise dans le droit chemin en me demandant ce qu'il fallait que je fasse si j'avais envie de continuer en équipe de France, d'évoluer à haut niveau. Pour moi, la réponse c'était partir, se frotter à d'autres joueuses dans un championnat différent pour me mettre "en difficulté" via de nouvelles techniques d'entraînement. Quand on arrive dans un nouveau club, c'est comme si on repartait du début. Il faut refaire ses preuves. Je vais être en concurrence au talon avec une Néo-Zélandaise qui était remplaçante durant la Coupe du monde donc ça met un peu de piment. 

Est-que le fait d'avoir une nouvelle fois échoué à la Coupe du monde a pesé dans ton choix ?

Le retour à la réalité après une défaite en demi-finale a été difficile pour moi. J'étais allée en Irlande pour être championne du monde. On l'avait clamé haut et fort et on voulait l'être. C'était ma troisième Coupe du monde et c'est la troisième fois qu'on s'arrête en demi-finale. Pour moi, ça faisait un peu beaucoup même si ça reste du sport. Ca n'enlève rien à la qualité du jeu qu'on a produit et des joueuses qui composent l'équipe mais ce jour-là, ce n'est pas passé. Maintenant, il faut que la France arrive à franchir ce palier pour qu'on soit un jour champion du monde.RÉSUMÉ VIDÉO. Coupe du monde féminine. L'Angleterre met fin au rêve de finale de la France

Tu fais partie d'un cercle très fermé de Françaises qui sont parties en Angleterre. Est-ce que d'autres joueuses pourraient t'imiter à l'avenir ?

Certaines pourraient tenter l'aventure, mais le but est réellement de garder un super championnat en France. Mais aussi d'acquérir de l'expérience ici pour la ramener en France. Il ne faut pas que les joueuses s'exilent toutes en Angleterre, mais que le championnat soit aussi attractif. L'objectif n'est pas que je serve d'exemple et que la moitié des joueuses françaises partent en Angleterre. (Claire Canal, Caroline Suné et Seraphine Okemba ont également joué outre-Manche, ndlr.)

Faut-il selon toi s'inspirer du modèle anglais ?

Leur équipe nationale est toujours en haut de l'affiche, toujours présente au rendez-vous des grands événements. Je veux voir ce qui selon moi se fait à l'heure actuelle de mieux dans le rugby féminin. J'ai envie de savoir pourquoi. Dans ma tête, c'est un voyage d'études. Pour voir comment elles fonctionnent. Comment elles travaillent. Qu'est-ce qu'elles font de plus que nous pour que leur équipe nationale soit toujours présente au haut niveau. Ou bien est-ce qu'il y a des domaines dans lesquels elles sont en retard. J'y vais pour chercher des réponses.

Tu ne vas d'ailleurs pas seulement jouer mais aussi entraîner.

Oui, je vais suivre leur formation d'entraîneur pour découvrir leurs méthodes. Je vais travailler avec le club de Surrey dans l'optique de partager plus tard mon expérience de joueuse et de la transmettre en tant qu'entraîneur. J'ai déjà des diplômes français, mais l'objectif est d'apprendre des choses nouvelles et aussi la langue. J'ai conscience que c'est une barrière de ne pas savoir parler anglais à l'heure actuelle. Il faut s'ouvrir à une autre vision des choses et ne pas se contenter de ce qu'on fait seulement en France.

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C'est pas courant u neinterview, et encore moins d'une joueuse. Cool.

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