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DOSSIER. Allemagne. Le rugby à 7, une chance en or ?
L'Oktoberfest 7s Turnier, le plus grand événement de rugby en Allemagne.
Alors que le XV d’Allemagne est en plein développement et vise une qualification pour une Coupe du Monde, qu’en est-il du 7 outre-Rhin ?

DOSSIER. À la découverte de la Bundesliga et du rugby allemandEn Allemagne, le rugby n’est pas un sport de premier plan. Pourtant, depuis peu, le ballon ovale connaît un grand essor au pays de la bière. « La Coupe du Monde 2015 était retransmise sur Eurosport, et durant les JO de Rio on a enregistré un nouveau record d’audience pour un match de rugby : la demi-finale a été vue par plus de 4 millions de téléspectateurs, alors qu’elle avait lieu à minuit !», se réjouit Denis Frank, journaliste chez totalrugby.de. Si le rugby pratiqué est avant tout du XV, le 7 possède un avantage pour un pays à la culture rugbystique encore très jeune. « La plupart des Allemands n’a jamais vu de match de XV et pour eux c’est difficile de comprendre les mauls, les rucks, donc le rugby à 7 est plus facile à comprendre et il apparaît comme un meilleur moyen d’attirer des supporters », poursuit D. Frank.

Moins pratiqué et développé que le XV

Simple, rapide et spectaculaire, le 7 est aussi l’occasion pour les petits clubs qui n’ont pas assez de joueurs de faire de la compétition. « En Allemagne, le rugby à 7 n’est disputé que par la forme du tournoi : les championnats d’Allemagne. Il n’y a pas de saison régulière comme les Grands Prix Series, mais plutôt une compétition post-Bundesliga », explique Timo Dehn, responsable communication du RG Heidelberg. Les internationaux de 7 ne sont pas liés à la Wild Rugby Academy, contrairement aux joueurs de XV. « Ils sont tous étudiant ou sportifs-militaires de la Bundeswehr. La plupart sont des joueurs semi-professionnels », explique Fabian Heimpel, international à 7. « D’autres font partie d’un programme du Deutscher Olympischer Sportbund (Comité olympique allemand), qui les paye pour réaliser des missions et leur donne le statut de cadre olympique », continue Timo Dehn.Photo de Fabian Heimpel (à droite) Crédit: Jan Perlich

Les championnats d’Allemagne sont organisés depuis 1996 : « Les clubs qui participent viennent de 1ère, 2ème et 3ème divisions, ils sont issus de différents niveaux et cela se ressent aussi durant les tournois. Certaines équipes jouent très bien, d’autres beaucoup moins bien », poursuit-il. Cette année, 16 équipes se sont affrontées le week-end des 22 et 23 juillet. « Chaque équipe s’y prépare pendant 2 mois après la saison de XV. On n’en fait pas en club le reste de l’année », avoue Fabian Heimpel. Avec son club du RG Heidelberg, il a réalisé le triplé face au TV Pforzheim. Le Heidelberger RK complète le podium. Chez les femmes, outre les championnats d’Allemagne organisés depuis 2000, « il existe une ligue à 7  féminine » très disputée. Les 46 équipes sont réparties en 5 poules régionales. Les 2 meilleures équipes de chaque poule et les 2 meilleures 3èmes sont ensuite qualifiées pour une poule finale, dont la meilleure équipe est sacrée championne. Cette année, le SC Neuenheim s’est imposé.Crédit photo : RG Heidelberg

Objectif JO

Mais depuis peu, le rugby à 7 jouit d’un nouveau statut, celui de sport olympique. « Depuis que le rugby est un sport olympique, toutes les aides que nous recevions, qui n’étaient pas grandes, ont été arrêtées et une très grosse subvention a été destinée au rugby à 7 », avoue Klaus Blank, président de la Fédération Allemande de Rugby, dans une interview au Rugbynistère. Subventionner les disciplines olympiques n’est autre, selon lui, qu’une « norme européenne ». Mais si la Fédération ne fait pas du 7 une priorité, l’Etat semble penser le contraire : « l’équipe à XV a besoin d’ailiers et d’arrières, et les meilleurs en Allemagne jouent en équipe de 7, parce que le gouvernement le veut », explique D. Frank. L’avenir du rugby allemand passe-t-il donc par le 7 ?DOSSIER. INTERVIEW. Klaus Blank, président de la Fédération allemande de rugby : ''nous sommes encore un sport marginal''« Assurément, répond Fabien Heimpel, parce qu’avec peu de moyen, on peut se qualifier en World Series et on reçoit très rapidement un suivi et de la présence dans les médias, ce qu’on n’a pas en XV ». Les objectifs de la Fédération sont en tout cas à la hauteur des moyens à disposition. « Nous voulons nous qualifier aux World Series. Nous n’étions pas loin cette année à Hong-Kong où nous avons perdu d’un fil contre l’Espagne en finale des qualifications. L’autre objectif est de se qualifier aux Jeux Olympiques de 2020 à Tokyo », déclare le président Blank. La Nationalmannschaft s’est en effet inclinée 12 à 7 en finale du tournoi de qualification et regardera les World Series à la télévision l’an prochain.

Un court échec qui pourra être effacé dès cette année : l’Allemagne participera pour la 3ème année d’affilée à ce tournoi qualificatif. « On a échoué de peu mais on a vraiment envie de transformer le troisième essai », affiche Fabian Heimpel. Preuve que les 7er-Jungs progressent et deviennent réguliers. Suffisant pour atteindre Tokyo ? « C’est encore une longue route vers les Jeux 2020, ce sera aussi difficile que pour Rio car il n’y a que 12 places. J’espère vraiment qu’ils vont élever le nombre de participants à 16 ou 24 équipes, là on aurait vraiment toutes nos chances », avoue Fabian Heimpel.VIDEO. Rugby à 7 - L'Espagne se qualifie pour la saison 2018 des Sevens World Series

Ambitions partagées par le 7 féminin, même si la situation est bien différente de celle des hommes. « Quand le programme de rugby à 7 a été lancé lors de la qualification aux Jeux de Rio, l’équipe féminine était meilleure que l’équipe masculine. Elle participait aux Grands Prix Series, mais elles n’ont pas réussi à progresser comme les hommes et ont subi beaucoup d’échecs », raconte T. Dehn. Conséquence de ces échecs : une relégation des Grands Prix Series en 2015. Une contre-performance due au calendrier trop chargé qui empêche les joueuses de se rassembler pour s’entraîner régulièrement. Heureusement, les 7er-Mädels ont de la ressource : « elles viennent de remonter en Grands Prix Series pour la saison prochaine, elles se sont classées 2ème derrière l’Ecosse », se réjouit T. Dehn. Avec cette remontée, l’investissement de la Fédération semble porter ses fruits et les deux équipes nationales paraissent en mesure de se qualifier aux Jeux olympiques.Crédit vidéo : Turo Rugby 7s

Le succès de cette politique sera perceptible lors du Oktoberfest 7s Turnier des 29 et 30 septembre prochains, présenté comme le plus grand événement de rugby en terre allemande. La DRV a réussi à rassembler quelques-unes des meilleures nations de rugby à 7 (les Fidji, l’Angleterre, la France, l’Afrique du Sud, l’Australie et l’Argentine) autour de la plus grande fête foraine du monde, à Munich. Les équipes seront en pleine préparation pour la 1ère étape du World Series qui débutera à Dubaï les 1 et 2 décembre 2017. « J’attends beaucoup de spectateurs et un bon niveau de rugby. J’espère qu’on sera capable d’embêter les grandes équipes et d’apprendre d’elles. C’est la seule façon pour une petite nation comme l’Allemagne de progresser et d’obtenir plus de présence au World Rugby », espère Fabian Heimpel. Ce sera en tout cas l’occasion pour les Allemands de concrétiser la formidable percée du ballon ovale au pays de Franz Beckenbauer.

Merci à Romain Bougourd pour cet article ! Vous pouvez vous aussi nous soumettre des textes, pour ce faire, contactez-nous !

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Ils ont tout compris, il devient evident maintenant que l'avenir du rugby c'est le VII. Plus de pays concernes, plus facile a pratiquer, plus facile a comprendre, plus spectaculaire et grace aux JO il sera tres rapidement plus mediatise aussi. Finalement il n'y a qu'un seul pays qui tarde a prendre le virage du VII et c'est nous! Et quand la bulle Top14 va eclater, on aura deja pris du retard sur des nations qui pourtant partent de tres loin et il nous restera plus grand chose. Au dernier tournoi a VII cette saison on a quand meme fini derriere l'Allemagne, la Russie, le Portugal ou l'Espagne !

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