Stagiaire du XV de France : bonne ou mauvaise situation ?
Quand je tente un sourire bien forcé pour plaire au staff.
Lui, c'est Kévin, il est en stage d'observation avec le XV de France. Il nous raconte son aventure avec les Bleus. Attention, c'est une fiction.

Au Collège, ils nous ont demandé de trouver une entreprise pour notre stage d’observation de fin de 3e. Dans l’idée, on est censé se projeter sur notre avenir alors qu’à 14 ans tout ce qui nous importe, c’est le nombre de kills sur Fortnite. Dentiste, Kinésithérapeute, Professeur des Écoles, tous mes copains ont trouvé un lieu de stage.

Heureusement pour moi, le cousin de ma voisine est ami avec l’intendant du XV de France, du coup Bernard Laporte en personne a signé ma convention de stage. Ce que je ne savais pas, c’est que j’allais devoir les suivre à Nice et je n’ai même pas le droit d’amener ma play, super.

MON ARRIVEE A NICE

Dans le taxi qui m’emmène au centre d’entraînement, il y a un mec qui m’explique pourquoi ils sont allés à Nice et pas à Marcoussis. Il me dit que c’est pour changer d’air, casser la routine et faire connaissance dans un autre cadre. J’ai beau avoir 14 ans, mais je comprends déjà que c’est mieux de jouer au rugby sous 15 °C plutôt que de se cailler dans un endroit qui ressemble à une prison. Une fois sur place, je fais la connaissance avec le nouvel encadrement.

D’abord, il y a Fabien Galthié, apparemment il aurait joué au rugby mais je n’étais pas né. Il y a Raphaël Ibañez aussi, c’est marrant il a le même nom de famille que ma prof d’espagnol. De toute façon, tous les profs d’espagnol ont des noms en ez, pour faire plus vrai. En es vous aurez plus de chance de faire portugais. Ensuite, Laurent Labit vient se présenter. Je suis sûr que je ne suis pas le seul à rigoler quand il dit son nom. Et puis j’ai 14 ans hein. Avec lui, il y a un chauve qui me fait tout de suite moins rigoler. Il parle avec un accent, et il fait des phrases avec 2 mots maximum. « Défense. Intensité. Attaquer les ballons. » Je ne comprends rien à ce qu’il raconte. Après, on me présente 2 monsieurs, un grand frisé et un petit chauve. On surnomme le deuxième « La bûche », je ne sais pas pourquoi, mais je ne veux pas le savoir. Le dernier s’appelle Thibault Giroud. Je lui demande alors s’il possède un lien de parenté avec le footballeur. Et me voilà en train de faire des tours de terrain en Converse à 8 h du matin. Après le 12e tour, Fabien Galthié m’explique que je vais suivre les différents membres dans chaque atelier pour observer leur travail au mieux.

DEBUT DE JOURNEE

La journée commence par les retrouvailles entre le staff et les 42 joueurs, parmi eux, je ne connais que Romain N’Tamack parce que je le suis sur Instagram. Pendant la réunion, les entraîneurs parlent de muscu, cardio, jeux avec et sans ballon. Sans ballon sérieusement ? La règle principale du rugby ce n'est pas le ballon qui rebondit partout ? Fabien et Raphaël évoquent aussi le nombre de personnes dans le staff et la présence d’un nutritionniste. Je ne sais pas pourquoi, mais les mecs qui jouent piliers ont tiré la gueule. Ils parlent aussi de modernité et de compétences. À la fin, les joueurs passent me saluer, c’est sympa. Il y en a même un dont la tête tient sur ses uniques épaules, ils l’appellent Camille Chat. Et puis il y a ce joueur, Thomas. C’est son nom apparemment, mais il me demande de l’appeler « Teddy West Coast » en me checkant. Je lui dis non.

Dès le début de l’entraînement, le staff rappelle que parmi les 42 joueurs, il n’en restera que 28. Les autres retourneront jouer dans leur club le week-end suivant. C’est là que je vois un des joueurs préparer sa valise. Je demande pourquoi on me souffle: « C’est Thomas Ramos. Depuis le Japon, dès qu’il entend le mot départ, il sent que ça va être chaud pour sa pomme. Donc il est devenu prévenant. » Je reste intrigué. L’intendant installe un grand chronomètre derrière moi. Il est censé prendre le temps de travail par ateliers. Moi, je crois qu’il affiche le temps qu’il reste à ceux qui seront éliminés. Je dis éliminés parce que présenté comme ça, l’aventure ressemble plus à Koh Lanta qu’à une préparation de Tournoi.

L’ENTRAINEMENT

Pendant que tout le monde chausse les crampons et s’affaire sur le terrain, Raphaël Ibañez vient me voir et me demande si je maîtrise l’informatique. Étonné par sa demande, je lui réponds que oui parce que j’ai validé mon B2i en 4e. « Tu voudrais bien m’aider à faire un Powerpoint ? C’est pour que les journalistes comprennent pourquoi les mecs courent comme des dératés. Et tu mettras bien « standards internationaux » en gras. Mais pas en Comic sans MS, ça fait ringard. »

Après un long travail de 15 minutes, je me dirige vers l’atelier touche. Mené par Karim Ghezzal, entraîneur dans ce domaine, probablement parce que c’est lui le plus grand des entraîneurs. Je rappelle que je n’y connais rien au rugby, mais je ne crois pas non plus que cela se joue avec un gros ballon de 5/10kg. Ni avec des élastiques, c’est chiant pour se déplacer, moi, je ne le supporterais pas. Je change donc pour voir le travail mené par William Servat, la fameuse bûche, qui s’occupe de la mêlée. La mêlée, c’est 8 mecs qui se serrent et qui rentrent, visiblement, la tête la première dans ce qu’ils appellent « un joug » en hurlant des « Oaarrghs », pour montrer qu’ils forcent. Tout en poussant, on leur demande de compter jusqu’à 5, probablement parce qu’on veut être sûr que tous ces chocs n’impactent pas leur quotient intellectuel. Mais bon compter de 1 à 5, c’est niveau école maternelle quand même

Je décide d’aller observer ceux qu’on appelle « les trois-quarts ». Ils doivent être plus intelligents parce qu’eux, ils ont le droit d’utiliser le ballon de rugby. Parmi eux, je vois un mec qui court partout avec le ballon sous le bras, ses coéquipiers lui crient dessus « TOTO, TOTO, TOTO ! ». Pendant l’opposition, Vincent Rattez, un des ailiers reçoit un ballon haut mais commet ce qu’ils appellent « un en-avant ». Pour détendre l’atmosphère, je tente un truc : « Bah, on peut dire que c’est Rattez ! » Ça ne marche pas. Les joueurs me fusillent du regard. Teddy Thomas me répond « LOL ! ». Fabien Galthié note un truc dans son calepin avec un smiley et murmure à lui-même « Je vais l’envoyer à Matthieu celle-là. » Je me fais petit et je vais voir le pas cousin d’Olivier Giroud.

« IL FAUT QUE VOUS RETENIEZ UN TRUC, QUAND VOUS AVEZ LE BALLON VOUS COUREZ, QUAND VOUS N’AVEZ PAS LE BALLON VOUS COUREZ AUSSI ! PUIS RECUP’ 5 MINUTES ET VOUS RECOUREZ. QUAND VOUS MANGEZ VOUS LE FAITES EN COURANT ! » Ce qui fait beaucoup de courses, je me dis dans ma tête. Il me hurle tout de suite dessus en me demandant de faire 100 burpees. Il lit dans les pensées ou quoi ? Il est fou ce mec !.

J’espère que le monsieur anglais est plus sympa, je vais le voir encore transpirant. Il me demande : « Intensité ? Défense ? Attaquer les ballons ? » Je ne comprends toujours pas, mais il est plus calme. Dans cet atelier, on parle de rucks, de plaquages à deux et de boudins. Je ne comprends pas ce que la dernière chose fait là, mais soit. Shaun, il parle beaucoup moins que Thibault mais il respire très fort avec son nez. Et alors, que je reprenais mon souffle allongé sur un des boudins après les burpees de l'autre barjot, j'ai entendu crier : « CONTRE-RUCK ! » et il s'est jeté sur moi. J'ai fini sur le cul 10 mètres plus loin.

COLLATION, RECUP’ ET MUSCUUUU.

Je crois que les mecs sortent de cette matinée un peu cramés et moi aussi à cause du préparateur physique dont on ne peut prononcer le nom. Direction la cantine, j’essaie de faire rire les grands en disant : « Je passe au 1er service, je suis inscrit à la chorale ! » D’habitude, elle passe. Mais pas avec Romain Taofifenua, qui ne rigole pas à l’heure de la bouffe. Au menu, poulet et pâtes, le repas du sportif. Je m’installe à la table des maigres pour avoir l’occasion de me resservir. « Je ne sais pas vous, mais moi, j’ai les crocs ! » dis-je. François Cros qui passait par là me met une « nuquette », ou une claque sur la nuque pour les érudits. Fabien Galthié ressort le même calepin que ce matin et grommelle « Les crocs. Très très bon. Hop envoyé ! » La collation se passe sans encombre jusqu’à l’arrivée du dessert où Thibault Giroud nous a enlevé nos chaises pour faire 100 squats en mangeant notre yaourt. Résultat, j’en ai renversé sur mon chino, j’ai le seum !

Après manger, chacun vaque à ses occupations. Sieste, Netflix ou Belote pour les uns et pour les autres ça sera tournoi sur la PS4. Je les dérouille tous, ils comprennent qui est le patron ici, Paul Willemse me prononce même des mots dans une autre langue qui ont l’air très hostiles. Tout se passe bien jusqu’à ce qu’aux alentours de 16 heures et après 2 h de répit seulement, le préparateur physique gueule : « ALLEZ TOUS A LA MUSCU LES FEIGNASSES ET AMENEZ LE GAMIN AVEC VOUS ! » C’est donc parti pour une séance de musculation pour en finir cette journée bien remplie.

Pour ma part, je termine cette journée de stage dans un placard du centre d’entraînement, en prenant soin de ne pas claquer des dents afin que Thibault Giroud ne retrouve pas ma trace. Je dois faire une semaine c’est ça ? Je ne tiendrai pas un jour de plus ! 

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Tout bonnement excellent 😂

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