Le rugby grandit au pays du football avec l'aide d'un Français, Kévin Chevalier
Le rugby grandit au Brésil avec l'aide d'un Français, Kévin Chevalier. / Fotojump/CBRu
Kévin Chevalier n'a jamais joué au rugby en club, mais cela ne l'empêche pas de vivre et de penser rugby. Au Brésil, il fait tout pour développer ce sport.
Kévin Chevalier n'a jamais joué au rugby en club, mais cela ne l'empêche pas de vivre et de penser ovalie. Grâce à ses études de marketing sportif et surtout par envie, il travaille désormais au Brésil pour la Fédération brésilienne de rugby. À un an des JO de Rio où le rugby à 7 sera sport olympique, il s'emploie à promouvoir le ballon ovale.

Pourquoi avoir choisi de partir au Brésil ?

Avant de m'y installer, j'ai effectué plusieurs voyages entre 2009 et 2012. J'ai rapidement accroché à la culture de ce pays. J’ai travaillé pour les clubs de Narbonne et Bobigny au niveau du marketing et du commercial et j’avais le sentiment de tourner un peu en rond. J'ai donc commencé à apprendre le portugais, je me disais que ça pouvait être intéressant pour ma formation en vue des Jeux de 2016. Puis en 2012, j'ai décidé de partir de manière plus définitive au Brésil pour trouver un boulot, mais avec seulement un sac à dos. Ça n'a pas été simple. Pendant un an, j’ai dû faire des allers-retours en France pour résoudre mes problèmes de visa.

Le rugby grandit au pays du football avec l'aide d'un Français, Kévin Chevalier

J'ai fini par trouver quelque chose à Sao Paulo au sein d'un site internet dans le domaine du sport. J'ai commencé à envoyer beaucoup de mails à la fédé mais ça a mis du temps à se décanter. Puis en mai 2014, j'ai finalement eu un entretien avec le directeur de la Fédération qui a débouché sur un emploi en juillet dernier. Je me suis tout d'abord occupé de la recherche de sponsors, et depuis peu du marketing. J'ai ainsi été responsable marketing lors du tournoi de rugby à 7 féminin organisé à São Paulo en février. Maintenant, on est tourné vers les JO avec pour objectif de développer l'image du rugby au Brésil.

Justement, comment est perçu le ballon ovale au pays du ballon rond ?

Jusqu'en 2010, le rugby en Amérique du Sud était très amateur, en dehors de l'Argentine. Puis des anciens joueurs ainsi que des professionnels ayant réussi dans les affaires se sont regroupés avec l'objectif de développer le rugby grâce à leurs nombreuses connexions. Depuis, la fédération de rugby est passée deuxième derrière celle de football en termes de nombre de sponsors. Cela a permis de recruter. Il y a également eu un partenariat avec les Crusaders (franchise néo-zélandaise de Super Rugby). Aujourd'hui, tout est fait de manière très professionnelle, parfois plus que dans certains clubs en France. C'est étonnant pour un sport qui n'est pas encore très populaire.

Les Brésiliens confondent en effet le rugby avec le football américain à cause de leur proximité avec les USA. Il faut dire aussi que les sports américains sont énormément diffusés à la télé. C'est pour ça qu'on essaye vraiment de mettre en avant notre différence. À l'heure actuelle, les trois disciplines reines sont le football puis le volley et le MMA (Mixed Martial Art). On travaille pour se faire une place. On espère que le rugby sera le deuxième sport au Brésil d'ici à 2030 au niveau des licenciés. C'est un pays à fort potentiel avec 200 millions d'habitants.

La suite en page 2Par quoi est-ce que cela va-t-il passer ?

Il faut avant tout faire parler du rugby. On a un an et demi avant les JO pour faire du bruit. Ça passe aussi par des résultats. Actuellement, les filles sont situées à la 9e place au classement mondial à 7. Elles ont notamment remporté la finale de la Bowl à Dubaï en battant l'Afrique du Sud. À domicile et à Atlanta, on a réussi à accrocher la 8ème place en étant corrigés deux fois par la France. Le fossé est encore important avec des nations comme la France, l'Angleterre ou les USA. Notre but est de commencer à accrocher des équipes comme celles-là. C'est pourquoi elles ne font plus que ça maintenant. Elles travaillent depuis trois ans avec le Néo-Zélandais Chris Neill, qui était chez les Crusaders. Et depuis 2012, elles sont professionnelles.

Le rugby grandit au pays du football avec l'aide d'un Français, Kévin Chevalier
Crédit photo : Fotojump/CBRu

Et chez les hommes ?

Chez les hommes à 7, le gouffre est encore plus grand même si depuis 2014, on a 22 joueurs pros. Ils n'ont pas des salaires de footballeurs, mais ils veulent vivre leur rêve. Ils ont été invités à Dubaï et à Las Vegas mais ils n'ont pas réussi à gagner un match. Ils ont quand même accroché le Portugal et la France. On est en avance par rapport à ce qu'on avait planifié. À Hong-Kong, il faudra faire mieux pour se qualifier pour les prochaines étapes du circuit. Aux JO, l’objectif sera de faire bonne figure car la différence est encore plus grande que chez les femmes.

Quels sont vos projets pour développer le rugby ?

On est en bons termes avec Word Rugby. Ils nous ont aidés à organiser l'étape féminine de rugby à 7 et on espère en faire de même chez les hommes dans un futur proche. On travaille également sur le beach rugby. Nous avons notamment organisé une étape en décembre qui a rencontré un beau succès et qui a été diffusée à la télé. Ça a donné une belle image de ce sport. Fin 2015, l'évènement sera encore plus important.

Le rugby grandit au pays du football avec l'aide d'un Français, Kévin Chevalier
Crédit photo : Fotojump/CBRu

On a commencé à travailler au niveau des jeunes et dans les écoles. Les 60 meilleurs sont répartis dans deux académies. On espère d'ailleurs se qualifier pour la Coupe du monde à XV en 2023. Il faut aussi aider les clubs à se professionnaliser, à s'organiser, à chercher des sponsors. Tout est encore très amateur à ce niveau. Mais pour développer le rugby, il faut aider les clubs. On arrivera à rien sinon. À l'heure actuelle, le niveau du championnat est similaire à celui de la Fédérale 2.
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Un régal ces petites découvertes ! Merci!

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