La belle aventure de Monsieur Macaron en Nouvelle-Zélande, entre ballon ovale et pâtisserie
Boris Bouhraoua avec Benjamin Pallais, alias Monsieur Macaron.
Le Rugbynistère des Affaires Etrangères s'envole au pays de long nuage blanc à la rencontre de Benjamin, alias Monsieur Macaron.
Passé par l'école de rugby d'Orsay (Île de France - Fédérale 2) jusqu'à atteindre l'équipe première à 23 ans, lors de la saison 2009-2010, Benjamin Pallais a réalisé le rêve de nombreux rugbymen : partir à l'autre bout du monde et jouer au ballon en Nouvelle-Zélande. Il nous raconte son parcours et son aventure, où le monde de l'ovale se retrouve mêlée à celui de la pâtisserie.

Salut Benjamin ! La question paraît basique, mais raconte-nous comment tu t'es retrouvé au pays du long nuage blanc...

Comme beaucoup d'amateurs de beau rugby, la Nouvelle-Zélande représente le mythe du rugby : les All Blacks, des joueurs de légende comme Jonah Lomu... mais aussi un pays aux antipodes de la France, une culture maorie, un dépaysement complet de la région parisienne. En 2007-2008, avec un visa pour les vacances, je voulais seulement améliorer mon anglais, mais ce voyage aura changé ma vie. Par la suite, je n'avais qu'une idée en tête : y revenir et y rester.

Après réflexion, rien de mieux qu'apprendre un savoir-faire français avec l'obtention d'un CAP Boulangerie et d'un CAP Pâtisserie. J'ai joué avec l'équipe première de mon club de toujours - Orsay - et la boucle était bouclée : je suis parti en 2011, juste avant la Coupe du monde, en pensant aux opportunités professionnelles que ça pouvait créer. J'ai obtenu plusieurs visas de travail sur la province d'Hawkes Bay, sur la cote littorale est de l'île du Nord, avant d'obtenir ma résidence néo-zélandaise en 2015.

Et le rugby dans tout ça ?

J'ai participé à la saison 2012 avec les Tech de Napier, connus pour avoir sorti le fantasque Zac Guildford et plusieurs joueurs pour les Magpies (l'équipe d'Hawkes Bay évoluant en Mitre 10 CUP, ndlr). Je me sentais au top de mon rugby, mais je n'ai pas accroché un seul match en équipe première (rires). La saison a quand même été super positive avec le titre de la province d'Hawkes Bay gagnée avec la reserve de Tech.

La différence entre le rugby néo-Z et le rugby tricolore est-elle si importante ?

Ce que je retiens, c'est un rugby porté sur l'attaque, n'ayant pas de système de relégation à ce niveau. Les mêlées et les touches sont très peu travaillées en semaine à l'entraînement. Il n'y a pas d'opposition entre l'équipe 1 et la réserve : tout est porté sur la condition physique, les phases d'attaque et les skills. Après, il faut s'imaginer que toutes les écoles primaires ont des mini-terrains de rugby et qu'il est très fréquent de voir les écoliers avec un ballon de rugby sur le chemin de l'école. Du coup, du pilier de 120 kilos à l'arrière, tout le monde est capable de faire un off-load, une passe sautée, une chistera...

Et niveau 3e mi-temps, ça se passait comment ?

Pour l'aspect festivité autour du rugby, je trouve qu'on n'a rien à leur envier. Les chants, l'ambiance et la gastronomie sont des aspects qui me manquent de la France. C'est pour ça qu'à n'importe quel niveau, un joueur de rugby NZ se régale à jouer en France... Cette année rugbystique m'a fait comprendre que je n'étais pas un grand joueur de rugby mais elle restera très positive sur mon intégration sociale. Depuis, j'ai arrêté et je me suis consacré à mon plan professionel avec la creation de Monsieur Macaron. J'ai plus de chance de devenir populaire avec une carrière à la Christophe Michalak, qu'avec celle de Frederick Michalak !

Justement, raconte-nous comment s'est développée cette dernière.

S'il y a une chose que la France n'a pas à envier à la Nouvelle Zelande, c'est sa richesse gastronomique. Là-bas, le taux d'obésité est très important, et l'un des plats les plus populaire est le Fish & Chips. Si Jean Pierre Koffe était là, il nous dirait: "c'est de la m** !". Avec la création de Monsieur Macaron, on a pu promouvoir une autre vision du baking par la viennoiserie et les macarons, pour toutes les classes sociales et tous les âges.

C'est un certain Boris Bouhraoua qui t'a aidé dans ce projet...

Si j'ai arrêté le rugby, j'ai continué de venir au bord des terrains le samedi après-midi, et ça m'a permis de venir le rencontrer après avoir repéré son nom dans la presse locale : il jouait aux Marists de Napier, l'équipe rivale de la ville. Je travaillais comme pâtissier dans un café, à 50 mètres où Boris était serveur dans le coeur de Napier. Nos collocations étaient à 800 mètres, et il s'est naturellement intégré à notre groupe de jeunes Francais. En plus, on a toujours besoin d'un joueur de belote !


Il m'a souvent donné un coup de main au marché d'Hastings, où je tenais un stand de macarons tous les dimanches. De fil en aiguille, j'ai commencé à ramener des croissants à mon voisinage, dans ma rue, puis pour tout le quartier... On passait nos après-midis à mettre des flyers dans les boîtes aux lettres sous le soleil chaud de l'hiver 2016. J'étais en charge de la production et de la cuisson, quand Boris était le livreur. Le phénomène a rapidement pris de l'ampleur, aidé par le bouche à oreille. Notre slogan, "We are not the best, but we try to give our best every morning" : nous ne sommes pas les meilleurs, mais on donne le meilleur chaque matin.

Et ce qu'il y a de plus fou, c'est que vous avez eu l'honneur d'être représenté lors d'un match des All Blacks !

C'est le French Flair ! Notre banderole a été affichée lors de plusieurs évenements sportifs, comme lors d'un Nouvelle-Zélande - Argentine (Rugby Championship 2014, ndlr) délocalisé à Napier. Les All Blacks étaient en ville, dans nos cafés de l'époque ! Il y a également eu le tournoi de Wellington 7s, où Boris a pu nous faire rencontrer l'équipe de France par l'intermédiare de son frère Terry.

La suite, c'est quoi pour vous ?

Toute belle aventure a une fin ! Boris rentre en France pour reprendre dans son club de Bobigny (Fédérale 1) tout en étant éducateur. De mon côté, je suis en France après trois années sans rentrer au pays, et je rêve de devenir l'attaché néo-Z du futur président de la LNR pour lui dire comment s'inspirer du rugby kiwi (Rires) ! Plus sérieusement, pourquoi pas recevoir de nouveaux joueurs français sur Hawkes Bay comme Lespinas ou Charroin, retrouver un artiste francais pour perpétuer les valeurs laissées par Boris sur Hawkes Bay et améliorer l'éthique culinaire de la NZ.

Les Kiwis sont beaucoup plus modestes et humbles, mais il manque parfois de la folie supportrice du rugby francais. Et comme toute relation d'amour, j'ai envie de donner davantage aux habitants. Vous pouvez nous retrouver sur Facebook et on offre une tournée de croissants à tous les lecteurs du Rugbynistere qui passeront nous voir !
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  • Kadova
    31045 points
  • il y a 7 ans

"Par la suite, je n'avais qu'une idée en tête : y revenir et y rester."
Comme je le comprend ! Partie 3 semaines en 2011 pour la CdM, je n'a vais aucune envie de rentrer...et j'ai bien l'intention de trouver le moyen d'y retourner. Je n'ai qu'une envie, revenir visiter le pays en voiture...

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