Je suis allé voir pour vous... RC la Saudrune VS USC Pouyastruc en 8ème de Finale de Ligue Occitanie
RC la Saudrune VS USC Pouyastruc vu de la tribune présidentielle.
Nous nous étions quittés sur du XIII, je retourne sur du XV et sans grade par-dessus le marché. Du rugby vrai pour le 6e épisode.

RETROUVAILLES A LA SAUDRUNE

Dimanche 31 mars, le printemps est arrivé sur les terres de l’ovalie. Et le printemps est synonyme de pâquerettes et de phases finales. Du moins de manière générale si tu ne t’es pas ruiné le corps lors des joutes hivernales. Je décide de me rendre à Cugnaux a.k.a le Racing Club de la Saudrune (RCS) auteur d’une belle saison avec l’ambition assumée de monter en Fédérale 3. Ils reçoivent donc en 8e de finale de la Ligue Occitanie les hauts-pyrénéens de … de l’USC Pouyastruc (USCP). Ce nom vous dit quelque chose ? C’est normal, vous avez suivi leur match à Maubourguet. C’était lors de l’épisode 4.

Pour vous présenter le tableau des phases finales made in la Ligue Occitanie, il faut savoir que le vainqueur de cette rencontre poursuivra sa route dans le tableau principal alors que les perdants seront reversés en tableau A’’ et auront 2 matchs pour rejoindre les équipes du tableau principal en championnat de France. Car en se hissant en finale de ce tableau, les portes de France s’ouvrent. Enfin pour ça, il faudra faire un double 6, si tu fais un double 1 tu retournes à la case départ. Sacré bordel.

Aujourd’hui le temps est clément, le soleil brille haut dans le ciel, je chevauche mon automobile avant d’avaler l’asphalte pour rejoindre le stade Raymond Gasc de la Saudrune. Personne ne m’accompagne contrairement aux autres fois. En effet, mon colocataire est resté à quai, encore harassé de son petit-déjeuner sous les halles du marché Victor Hugo. Vu son œil vif, c’était préférable.

RENDEZ-VOUS AU STADE RAYMOND GASC

Dès mon arrivée, je sens que ce match prend des tournures de fêtes de Mauéon Licharre, les bandas résonnent à bloc, un frisson me monte dans le dos. Je ne sais pas si c’est l’effet féria ou bien l’effet gueule de bois. A vos pronos ! Le monde s’entasse aux alentours du terrain, un parfum de phase finale flotte au-dessus de l’enceinte. Ça sent très bon. Les conditions climatiques sont favorables, mis à part le zef tourbillonnant qui risque d’influencer le jeu au pied. Un temps à voir quelques ogiiiiiiiiiiives, comme dirait Thierry Lacroix.

Je décide de me placer près de l’abreuvoir pour supporters, vous-même vous savez, c’est là où on peut soutirer des anecdotes poignantes. Par contre, première surprise, on trouve du grillage en pesage. On est dans le Roussillon ? Je ne sais pas si j’ai eu le nez fin sur le coup.

Etant arrivé à l’avance, j’attends impatiemment le début de la rencontre opposant deux équipes qui se sont déjà rencontrées en championnat. Comme quoi, cette Ligue Occitanie a l’air de bien casser la routine quand même. Les Cugnalais évolueront en noir et les Pouyastrucais en blanc. Derrière moi, je retrouve les mêmes larrons de la rencontre à Maubourguet, les Hauts-pyrénéens se montrent très hospitaliers d’ailleurs. A l’approche du début du match, les supporters des deux camps donnent de la voix pour soutenir leur équipe mais aussi pour offrir une bronca à leurs adversaires. Le ballon est dans les mains du botteur visiteur, on commence déjà à brancher les joueurs adverses, l’arbitre s’apprête à siffler.

VOUS ALLEZ CHAAAARGEEEER !

 

C’est cette phrase qui accompagnera le ballon flottant dans les airs.

DANS LE PREMIER ACTE

Les locaux prouvent d’emblée leur détermination par une grosse défense.

1e minute : Le capitaine des blancs écope d’un carton jaune. Il semblerait qu’il ait procédé à une distribution de marrons alors que ce n’est plus la saison. Chez les supporters de Pouyastruc on s’offusque en soulignant l’exemplarité de ce joueur qui « n’a jamais mis de coup de poing dans sa carrière ». Si le joueur en question cherche l’identité de son supporter je suis prêt à lui divulguer, parce que je suis une grosse balance, évidemment.

Le RCS obtient sa première munition sur une touche qui se soldera par une pizza de leur talonneur, ça sera donc une première mêlée. Les Pouyastrucais peuvent se dégager et le botteur envoie un gros coup de godasse. Le ballon finit sa trajectoire dans la buvette, ce qui surprendra Annie qui officie derrière le comptoir en ce jour. Première munition cette fois pour les visiteurs maintenant, mais cette dernière sera également gâchée par un parpaing envoyé, rendant la possession en mains cugnalaises. Les deux équipes ont peut-être de l’huile dans les paluches ?

Le numéro 9 noir opte pour un coup de pied dans la boîte, récupéré par le numéro 10 blanc qui caresse le cuir en nous offrant un beau coup de pied dans le dos du numéro 14 cugnalais comme un vulgaire Juan Martin Hernandez.

6e minute : L’offensive est locale après cette touche et je ne suis pas loin d’assister à un essai. Il aura suffi de 3 passes et une grosse accélération pour terminer en touche à 5m de la terre promise. Première frayeur pour l’USCP. 6 minutes de jeu et un match qui s’annonce intense. La Saudrune glane même une pénalité pour marquer les premiers points de la partie, malgré un vent contre. 3-0, 2 minutes après.Crédit photo : Facebook USC Pouyastruc

10e minute : Pouyastruc répond par beaucoup d’envie. Seulement, un en-avant volontaire de leur 3e ligne les réduira à 13. Plus que 6 et c’est du seven.

14e minute : Joli plaquage retourné de leur numéro 8 ! Mais il se verra réprimander une fois de plus par les autorités. Viril mais correct. Et le buteur local ne se fait pas prier pour ajouter 3 puntos au planchot le bougre. 6-0 désormais. Sur le coup d’envoi qui suit, les blancs remettent la main sur la balle, bien décidés à jouer le trouble-fête.

18e minute : L’USCP se lâche, leur demi d’ouverture vient chercher son ailier sur une remise inter. Ce dernier se targue d’une jolie percée, lancé comme un wagon, avant de s’empaler sur le dernier défenseur qui n’en demandait pas tant. Mais le ballon n’est pas enterré, ça joue encore.

19e minute : Moment surprenant pour les amateurs de notre sport. Les esprits s’échauffent dans les 22 mètres noirs, et l’arbitre montre le chemin du banc à 2 joueurs qui se chamaillaient ardemment. Ce qu’il faut retenir c’est que ce sont deux trois-quarts qui se font prendre. S’ils se mettent à se battre, je ne comprends plus rien à ce rugby en 2019. Cela dit, le buteur blanc peut débloquer le score de son équipe. 6-3 maintenant, et 1 à 3 au niveau des cartons. Un nouveau match dans le match. Heureusement, l’USCP revient à 14, quand l’un sort un autre revient, c’est bien foutu cette histoire.

La Saudrune campe dans le territoire adverse, mais malgré de gros assauts, les visiteurs tiennent bon et arrivent même à se dégager, malgré cela les locaux enchainent offensive sur offensive dans une défense stérile comme le biberon d’un minot. Celle-là, je ne l’avais jamais faite tiens. Les deux équipes proposent un jeu à une passe et se rentrent dans la couenne gaiement.

37e minute : La physionomie du match change et ce sont bien les pouyastrucais qui prennent le pas sur leurs rivaux mais n’arrivent pas à concrétiser. On tergiverse un peu et au terme du 548e temps de jeu, à la louche, rien ne se passe. Ça sera même une mêlée pour les noirs alors que la défense se durcit encore, comme si cela était possible.

40e minute : La mi-temps est sifflée sur le score étriqué de 6 points à 3.

LE TEMPS DES CITRONS

Point positif, j’ai déjà vu autant de points en 40 minutes que la dernière fois en 80. Point négatif, étant donné la qualité des défenses, le score peut très bien s’arrêter là sans que ça ne fasse chier personne. Petit débrief à mi-parcours : le match se joue à un poil de cul, le Racing Club de la Saudrune tape dans un mur et l’USC Pouyastruc s’arme de son courage pour faire plier leurs adversaires. Malgré tout, on envoie du jeu des deux côtés sans prendre autant de gros risques. Le score mériterait d’être plus élevé.

Pour ma part, je ne risque pas la déshydratation, car derrière moi ça monte aussi en intensité. Quelques supporters visiteurs y vont de leur analyse à chaud. De ce que j’ai retenu, il n’y avait pas assez de citrons dans les breuvages dans ce premier acte. Quelle cruauté pour Annie qui se débat tant bien que mal.

LE ROSEAU PLIE MAIS NE ROMPT PAS

La rencontre reprend après la pause citron (et cacahuètes pour d’autres), les locaux auront le bénéfice du vent cette fois. Dès les premiers temps, les visiteurs se montrent un peu maladroits et rendent trop de ballons aux locaux qui continuent de proposer un jeu de pression. Côté déblayage, c’est cossu. Il ne ferait pas bon gratter un ballon dans un ruck.

45e minute : Après un jeu au pied long des pyrénéens, le trio arrière local enfile l’habit de lumière. Accélération, sautée, décalage, remise inter, c'est seven. Quelque temps plus tard, l’arbitre siffle une fois de plus et ça sera 3 points supplémentaires dans la besace cugnalaise, 9 à 3. Les Cugnalais se montrent cartésiens en début du second acte.

NB : L’esprit cartésien c’est l’esprit méthodique du philosophe Descartes. Je n’ai pas appris ça en philo, je dormais. Je tiens ça d’un entraîneur de rugby. De rugby, vous avez bien lu. Comme quoi, tout arrive.

Crédit photo : Facebook USC Pouyastruc 

On sent bien que les organismes sont malmenés. Peau rouge et langue tirée sont les caractéristiques d’au moins la moitié de l’effectif présent sur la pelouse. Il faut dire que ça s’envoie quelque chose dans le râble, pas de répit pour les braves. A côté de moi, les techniciens au béret y vont de leur analyse. « Il faut les prendre devaaaaaaant ! » J’acquiesce intérieurement, je n’ai jamais vraiment aimé les grosses envolées tout compte fait. Le french flair c’est pour les faibles.

Les techniciens sont entendus, à l’heure actuelle la plus grande série de passes en un même temps de jeu s’élève à 3. Les ailiers jouent en tongs, ça suffit. Le ballon atterrit devant mes pieds après un coup de pied « saucisse », l’occasion pour les supporters d’adresser quelques politesses et amabilités à l’arbitre. Pendant ce temps, les noirs commencent à se plaquer entre eux pour le fun. Ou bien pour imiter le fameux duo français Huget/Fickou. Sur un malentendu ça peut passer.

49e minute : Ah tiens, un ailier touche enfin un ballon durant le quart d’heure toulousain ! Et ce même ballon finit à dame. Enfin c’est surtout l’ailier qui le tenait qui y termine après un bien beau mouvement. 14 à 3 désormais. « C’EST PAS FINIIIIIII » hurle-t-on sur les talanquères. Enfin derrière le grillage.

53e minute : Les visiteurs ne lâchent riiieeeng, même pas des miettes, comme dirait Didier Deschamps. Les locaux se contentent de faire le dos rond et de contrôler. Pour la 134e fois de la partie, mon voisin prononce le mot « HORS-JEU ! » avec véhémence tout près de mon oreille. On s’allume encore sur le terrain, Pouyastruc obtient une pénalité. Malheureusement, la pénalité est manquée de peu.

Dans les tribunes, les supporters locaux sont enthousiastes. Par contre, ils ne semblent connaitre qu'une seule chanson indiquant que le lieu où nous nous trouvons se nomme La Saudrune. Ce point informatif est un peu répétitif. En plus, je savais déjà où j’étais hein. Sur le pré, l’indiscipline est noire mais pas de carton à l’horizon. 25 minutes à jouer et 11 points d’écart toujours. Les locaux sont patients et en sont récompensés par une pénalité, leur permettant de retourner dans les 22 mètres adverses.

Vous aurez remarqué que je ne note pas toujours la minuterie. Tout simplement parce que je suis très sollicité par mes voisins qui me livrent toujours leurs analyses très pointues. J’en profite pour faire remarquer que la différence physique est notable entre des joueurs pyrénéens élevés sous la mère et des cugnalais élevés sous la fonte même si tous ne possèdent pas un summer body. Ah tiens, l’USCP se dépêtre une 12e fois d’une offensive de La Saudrune ! Les chiffres c’est un peu mon dada.

60e minute : Les joueurs de Cugnaux se montrent gourmands, le numéro 12 croque un 3 contre 2 d’école de rugby. En suivant, son numéro 15, probablement vexé de ne pas avoir touché le ballon, ira toucher le museau d’un adversaire. J’en profite pour proposer un point fashion en louant le joli dégradé du numéro 9 noir, qui pourrait faire pâlir les moins bien dotés capillairement parlant.

Bref, pendant qu’on parle chiffon, sur le terrain on se cause à grands coups dans le râble. Et on se chamaille encore, une fois n’est pas coutume. L’arbitre de touche essaie de montrer sa présence, il brandit de manière bien visible son joli drapeau, mais son copain du centre n’en tient pas rigueur. Ce qui est un tout petit peu ingrat de sa part. Vous l’aurez compris après ces quelques lignes, j’ai un peu décroché de l’essentiel, ce pourquoi j’étais venu. Le match. On y retourne.

60e minute et des poussières : Les gars de La Saudrune continuent de pousser Pouyastruc dans ses derniers retranchements, les obligeant à se débarrasser du ballon, mis sous pression. Le numéro 10 du RCS récupère le cuir et dans l’euphorie générale va taper un drop, toutefois contré par une taupe qui sortait prendre l’air, renvoi aux 22.

68e minute : L’USCP se voit réduit à 14 pour la 4e fois du match, le numéro 8 lui aussi va prendre l’air sur le banc pendant 10 minutes. La cause ? Ses crampons semblaient sales. Pendant ce temps, le buteur noir est toujours en réussite, un poteau rentrant affichera un 17 à 3 au planchot. Ce n’est pas de bon augure à 10 minutes de la fin.

La domination est locale, les blancs sont arc-boutés en défense et se démènent pour ne pas concéder un essai qui mettrait fin à leurs espoirs de victoire.

73e minute : A l’image de ce ballon porté bien défendu à la 73e minute, les noirs sont repoussés, ça s’écroule et tout à coup ça s’agite. Derrière mon grillage, je ne vois que dalle à ce qu’il se passe, j’aperçois juste l’arbitre convoquer un des joueurs de La Saudrune pour lui montrer son plus beau carton rouge. Il semblerait qu'un des joueurs ait sorti sa pince à bulot. Moscato style. Ce scoring vient réduire l’écart à 2 cartons à 4. Un jaune et un rouge d’un côté, 3 jaunes et un blanc de l’autre. C’est à se demander si quelqu’un a joué en effectif traditionnel aujourd’hui.

Les trompettistes y vont de plus belle dans les travées de Raymond Gasc, ça sent la bringue pour les locaux. Il faut dire que 14 points d’écart à 7 minutes de la fin, on peut se prêter à la béatitude. Par contre sur le terrain, j’ose le dire, on assiste à un jeu décousu. On ne voit plus aucune envolée, le jeu ressemble à un combat entre une moissonneuse et un semi-remorque. C’est assez réducteur vous concéderez. L’arbitre perd le peu de salive restante à siffler pénalité sur pénalité. Mais l’USCP met un point d’honneur à tenter de planter une banderille sur son adversaire.

82e minute : Ultime munition aux pieds de l’en-but. 2 joueurs décident de se câliner, prouvant bien que l’amour est encore présent dans ce bas monde. Lovez-vous les mecs, vous l’avez mérité. Dans la stupeur générale, les visiteurs marquent et réduisent l’écart, 17 à 8. Un peu tardivement, l’affaire parait entendue, mais la consigne est donnée par le coach. Lâchez les chevaux ! Pas le temps, c’est la fin du match sur un écart de 9 points. La victoire est cugnalaise.

LA FIN

La rencontre fut d’une grosse intensité avec un jeu qui allait de resserré à très très resserré, la seule éclaircie est venue de la part de La Saudrune. Même si les Pouyastrucais auraient pu changer le cours du match dans le premier acte. Le score ne reflète pas la physionomie de la partie, les Hauts-pyrénéens ont été vaillants mais maladroits et un peu trop indisciplinés pour l’emporter. Les Toulousains se sont montrés plus pragmatiques repoussant sans cesse les offensives adverses pour se hisser en quart de finale. Alors que ça sera la Cup pour les visiteurs.

En gros : du jeu de bourricots, des en-avants, des pénalités, un essai et quelques chamailleries. Un match de phases finales quoi. Dans la 3e mi-temps, ce sont les clameurs pouyastrucaises qui se faisaient entendre. De bien belles envolées lyriques qui parlaient tantôt de cerises et tantôt d’un berger. Je crois que ceux-là n’avaient aucun lien de parenté. Bons perdants, certains se languissaient déjà du prochain déplacement en bus. Probablement pour voir du pays, quoi d’autre ?

La décla :

Le meilleur a gagné, mis à part les 10 premières minutes où on prend 3 cartons jaunes, le match était un peu dit. Mais en gros le meilleur a gagné, on respecte et j’espère qu’on pourra se qualifier pour les championnats de France… Mais ils étaient souvent hors-jeu quand même ! (rires)

par Patrick B, lucide et qui aurait bien sa place dans le Late Rugby Club si vous voulez mon avis.

La stat :

  1. Le pourcentage de tournées du patron face à la consommation globale. C’est très peu.

Le geste :

« Je vais vous prendre une bourriche ». Un geste simple pour vous mais qui procure une sensation de bonheur pour le dirigeant qui vend ses tickets, qu’il pleuve ou qu’il vente.

Vous devez être connecté pour pouvoir participer aux commentaires

Ben vi, le rugby existe encore...

Derniers articles

News
News
News
News
News
News
News
News
News
News
News