Géorgie : la belle histoire du Tricolore Yohan Chamoulaud, devenu pro au pays des Lelos
Yohan Chamoulaud avec Batumi.
Entretien avec le Français Yohan Chamoulaud, qui évolue au sein de l'équipe géorgienne de Batumi.
Ce n'est un secret pour personne : les étrangers sont nombreux dans nos championnats. Top 14, Pro D2, et même les divisions fédérales... Les clubs préfèrent miser sur un ailier fidjien ou un 2e-ligne sud-africain plutôt que sur un jeune talent français. Pourtant, il peut arriver qu'un Tricolore emprunte le chemin inverse. Et tente l'aventure à l'étranger. C'est le cas de Yohan Chamoulaud, qui évolue à Batumi, en Géorgie. Rencontre.

Salut Yohan ! Tout d'abord, est-ce que tu peux te présenter à nos internautes ?

J'ai 22 ans, je viens d'Angoulême. J'évolue au poste de demi de mêlée ou à l'ouverture et j'ai commencé le rugby à l'âge de 4 ans à Soyaux, en Charente. Je ne pouvais pas faire les matchs, mais comme mon père était du club, je pouvais commencer à m'entraîner sans souci. À l'âge de 12 ans, nous avons déménagé à Cognac. J'ai ensuite continué l'école de rugby là-bas, jusqu'à mes 17 ans. J'y ai passé mes meilleures années de rugby, nous étions une génération très familiale et on y était bien, j'ai mis du temps à m'en détacher et à partir. Puis j'ai été contacté par Brive et Dax, et j'ai choisi les Landes. Au bout d'un an, j'ai voulu tenter une expérience à l'étranger. C'est à ce moment là que s'est présenté ce projet en Georgie, à Batumi.  

Justement, pourquoi la Géorgie ? Comment t'es-tu retrouvé là-bas ?

Mon beau-père est Géorgien, il a participé à la première Coupe du monde pour les Lelos. A travers ses histoires, il m'a toujours donné envie de découvrir son pays. Alors quand l'occasion s'est présentée, je n'ai pas hésité. Le contact s'est fait via un ami de mon beau-père, lui aussi rugbyman. Batumi m'explique son projet, et on m'explique alors qu'ils sont en première division, qu'ils ont un projet sur cinq ans.... Ca m'a tout de suite plu. Je signe alors mon premier contrat pro là-bas en juin 2013.

Pas trop dur de s'acclimater ?

J'avais 18 ans. Me retrouver en Géorgie n'était pas facile dans un premier temps. Je ne parlais pas la langue, la nourriture est totalement différente, et la façon de vivre aussi. Mais les joueurs et la famille de mon beau-père m'ont super bien accueilli. Je me suis très vite senti chez moi ici.

Que pourrais-tu dire sur le niveau du rugby géorgien par rapport à ce que tu as connu en France

C’est un championnat très physique. Il y a dix équipes, et six d’entres elles jouent le titre. Tous les matchs sont importants. Souvent, l’équipe qui craque physiquement perd le match. Sincèrement, c’est très intéressant d’évoluer ici, car en France on peut se cacher. Ici c’est impossible. Si un joueur triche, l’équipe en paye le prix aussitôt. Je ne pense pas qu’une mêlée de Fédérale 1 tiendrait une mi-temps contre une mêlée de ce championnat.

Après, tactiquement, derrière, ça reste faible mais les défenses sur l’homme sont très dures. Ça reste difficilement comparable par rapport à la France, mais je pense que les grosses équipes de ce championnat pourraient se loger facilement entre Fédérale 1 et Pro D2, dû à l’intensité physique des matchs. Ça tape dur, et les contacts sont souvent très violents. Si tu ne t’y files pas à 200%, même contre l’équipe la plus faible, tu ne passes pas. En France, c’est plus du jeu à la baballe. Ce qui et sans doute plus joli à voir mais beaucoup moins intensif….    

Quelle est la place du rugby en Géorgie ? Par exemple, il y a du monde dans les stades ?

En fait, ça dépend des équipes. Tous les clubs de première division ont des nouveaux stades, financés par la Fédération. Ils font entre 2500 et 5000 places. Disons qu'ils sont à moitié pleins dans le pire des cas, et pleins pour les gros matchs. La finale se joue dans un stade de 27 000 places. Tous les matchs sont diffusés. Trois en streaming live, deux en live à la télé. Ici, le rugby est le deuxième sport derrière le foot. Mais les personnes commencent à beaucoup s'y intéresser au vu de la progression de la sélection nationale. Les Lelos progressent énormément et c'est ce qui fera devenir encore plus populaire le rugby ici. Tout passe par les résultats de la sélection.

Si tu as quelques anecdotes sur ton aventure géorgienne, c'est le moment de te lâcher !

On fêtait une victoire, et un jeune de 18 ans était avec nous. Il n'avait encore jamais connu de fille... Alors on l'a arrêté dans un endroit où il pourrait connaître sa première fille facilement. On a tous donné un peu d'argent et il y a été. Quinze minutes plus tard, il est revenu en expliquant qu'il était tombé sur un transsexuel. Il ne nous a rien dit de plus... mais j'ose espérer que cette soirée-la, il n'avait toujours pas connu sa première fois !

La suite, c'est quoi pour toi ?

Je ne sais pas encore. C'est ma dernière année de contrat ici. J'espère finir sur un titre. J'ai deux contacts en France dans des clubs de la poule élite, en Fédérale 1. J'aimerais aussi commencer à passer mes diplômes petit à petit pour entraîner après ma carrière. Mais pour l'instant, je suis focalisé sur ma saison ici, et sur ce titre qui nous échappe depuis 3 saisons.
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je lui souhaite de ne pas avoir la même coupe de cheveux que son père

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