RUGBY AMATEUR : les séniors de l’AS Capelaine, ces joyeux drilles qui ont fabriqué la cuillère de bois glanée en Championnat !
Bonne ambiance à l'AS Capelaine.
Rencontre avec le manager et le capitaine de l’AS Capelaine, deux figures d'un petit club de village lot-et-garonnais.

Arrêtez tout les gars, le Top 14, les fusions, le dopage… tout ça c’est du flan citron ! Prenez quelques minutes pour prendre une bonne dose de vrai rugby, le jeu authentique avec les copaings et les valeurs ©. Ce rugby des plus traditionnels où l’on se dope avec de la bière et du pâté, on peut le retrouver un peu partout dans le riche vivier de clubs amateurs et historiques du sud-ouest de la France qui se chamaillent tous les dimanches.

Aujourd’hui, on se pose à Lacapelle-Biron, petit village situé juste au Sud du Périgord, entre Bergerac, Sarlat-La-Canéda et Fumel pour les plus doués en géographie. Et comme dans beaucoup de petits villages en terres d’ovalie, la fierté locale c’est le club de rugby, ce club qui a vu grandir des générations au fil du temps !

Promu en Promotion d’Honneur la saison dernière, l’AS Capelaine a vécu une année plus compliquée à la reprise, jusqu’à glaner une peu flatteuse cuillère de bois en Championnat… Pour autant, l’ambiance n’en a jamais été affectée, et c’est bien ça l’essentiel. D’ailleurs, je n’en dis pas plus et je laisse la parole à Miloud Mokhtari, manager sportif, et Clément Setze, capitaine, qui nous racontent sans langue de bois et avec beaucoup d’humour la vie que l’on mène quand on est joueur de rugby à Lacapelle. Attention, le discours n’est pas aseptisé comme dans le CRC, vous êtes prévenus !

Salut ! Pour commencer, pouvez-vous vous présenter rapidement tous les deux et votre parcours rugbystique ?

Clément Setze : Je m’appelle Clément Setze, j’ai 26 ans, je suis joueur à Lacapelle depuis 2009 en séniors, avant ça j’y ai joué depuis tout petit. De 4 ans jusqu’à 13 ou 14 ans. Sinon je suis aussi Capitaine de Lacapelle, je joue devant en 2ème ligne ou pilier, même si je suis ailier de centre de formation (rires). Entre 14 et 18 ans, j’ai fait d’autres choses… Miloud coupe : « Jusque ce que tu prennes du poids ou jusqu’à ce qu’on manque d’avants… » (rires). Clément Setze : Bref, j’ai repris le rugby en senior 1ère année en séniors, quand Miloud est arrivé. Je suis également arbitre le samedi, un connard d’arbitre ! (rires) Et accessoirement, je suis le mec qui parle le plus du club…
Miloud coupe : « En gros s’il te saoule tu lui dis » (rires)

Miloud Mokhtari : Bonjour, moi c’est Miloud Mokhtari, 35 ans, bientôt 36… merde (rires). J’ai découvert le rugby en m’installant dans le sud-ouest à l’âge de 9 ans. J’ai commencé le rugby à Fumel, le club phare du coin. Jusqu’en junior. Puis je suis allé dans un club de série, Saint-Vite qui montait une entente avec Tournon-d’Agenais. J’y suis resté pendant 11 ans. Puis j’ai rejoint Lacapelle en 2009. Et j’y ai joué 5 ans. Depuis 3 ans, on m’a confié la tâche de manager du club, c’est-à-dire de gérer toute la vie sportive du club, et surtout des équipes séniors 1 et 2.

Maintenant place à l’équipe et au club, vous pouvez m’en dire un peu plus sur l’AS Capelaine ?

Clément Setze : Absolument, c’est un club qui a eu 50 ans la saison dernière, basé sur un petit village de 450 habitants, même 430, un truc comme ça (452 en 2014, ndlr). Mais qui draine beaucoup d’intérêt car il y a beaucoup de bénévoles impliqués dans son fonctionnement. C’est un club qui joue à bon niveau par rapport à l’échelle ! On navigue entre 1ère Série et Honneur. Ce sont des performances assez constantes finalement.

Miloud Mokhtari : C’est un club à part dans le sens ou dans le coin, on est l’un des rares clubs à ne pas défrayer les joueurs, ici les joueurs ne touchent pas un centime, et depuis 7 ou 8 ans, aucun entraineur non plus…

Clément Setze : …depuis 2007, après la finale du championnat de France perdue en Honneur.

Miloud Mokhtari : Pourtant on attire quelques bons joueurs, présents pour le plaisir du jeu et de l’équipe. En séniors, on a un gros contingent de joueurs issus de l’école de rugby du club, les joueurs connaissent le club, ces joueurs-là ont une place à part entière dans le groupe. La moyenne d’âge est de 22 ans, c’est un groupe vraiment jeune. Si on sait que quatre juniors montent la saison qui vient, on les considère comme quatre recrues, c’est-à-dire qu’on ne cherche pas ailleurs. On a environ 450 habitants dans le village, et on arrive pour certains évènements ponctuels à mobiliser 80 bénévoles. Et effectivement le club est constant, jamais plus bas que 1ère Série.

Clément Setze : En général, les joueurs qui arrivent ne repartent jamais. Les gens se demandent pourquoi ils ne sont pas venus plus tôt !

La saison dernière avait été faste, avec à la clé une montée en PH, vous pouvez raconter cette montée ? Elle a dû être fêtée comme il se doit ! 

Clément Setze : C’était une très bonne saison jusqu’en ½ finale de Championnat de France. En comité on perd en demie contre le Champion en titre… Mais sur notre parcours en Championnat de France, on a fait de gros déplacements jusqu’à échouer à la dernière seconde.

Miloud Mokhtari : On perd en demie face à l’ogre, le Champion. Mais le fait d’avoir fini dans le dernier carré nous a permis d’hériter du côté nord du pays ! Au-delà de ça, quand le club de Lacapelle se met en mode phases finales, c’est juste énormissime, il faut le voir pour le croire. Dans un petit village comme ça, on remplit plusieurs bus de supporters, le village est rouge et blanc, on créée des chansons… et on a l’impression de faire vivre le village ! Quand je suis arrivé on m’avait dit « tu verras si tu vis des phases finales avec Lacapelle, tu ne les oublieras jamais ». Moi je me disais ok, on verra, mais en fait c’est vraiment énorme.

Clément Setze : D’ailleurs pour l’anecdote, il nous est arrivé de perdre en finale, en demie, en huitième… mais on ne perd jamais en quart (rires). Sinon en juniors le club est 3 fois Champion de France, cette année encore il y a une très belle équipe, c’est possible que ce soit encore le cas ! La formation est vraiment bonne, donc il faut le leur rendre en les intégrant en séniors ! Les juniors ont été Champions en 2004, 2008, 2016, et c’est 80% des joueurs qui composent le club aujourd’hui.

Cette saison a été plus compliquée par contre… Après coup, vous en pensez quoi ?

Clément Setze : On a eu quelques paradoxes au niveau des résultats. On joue deux matchs de Challenge des 3 Tours en début de saisons, on bat Port-Sainte-Marie chez eux, puis Lacapelle-Marival, qu’on bat chez nous. Ce sont deux équipes qui évoluent en Honneur. Du coup on avait de bons espoirs. Puis après ça a été le paradoxe, on termine avec la cuillère de bois en championnat. On a eu une intersaison compliquée, avec seulement une recrue, même s’il y a toujours quelques personnes qui débutent, comme chaque année. Malheureusement, on a eu de bons joueurs qui sont partis sur Paris, un autre opéré, un autre qui a subi trop de KO, un autre est devenu papa… et notre ligne de ¾ a été décimée. Et finalement elle manquait de confiance et devait s’aguerrir. On a fait de très bons matchs mais il a toujours manqué un petit quelque chose, un facteur chance, un détail, des coups de sifflets à l’extérieur… pourtant tout le monde louait notre jeu. Personne ne comprenait pourquoi ça ne fonctionnait pas. Mais à l’arrivée, on n'a pas de victoire en championnat.

Miloud Mokhtari : En gros, les trois quarts de cette année, c’était la ligne de la réserve l’an dernier. Elle manquait un peu de confiance, elle devait s’aguerrir. Maintenant, c’est chose faite, donc c’est très positif. Notre 9 avait le genou en vrac, notre n’était 10 pas au top non plus, notre 15 est devenu papa… c’était compliqué à gérer. Mais le paradoxe, c’est que malgré 0 victoires en le Championnat, on a battu le record de présence aux entrainements ! Pourtant, certains bossent la semaine, à Bordeaux, à Toulouse, et on a toujours réussi à aligner deux équipes le dimanche ! Depuis huit saisons que je suis ici, jamais le club n’a déclaré forfait en réserve, jamais. Et ça c’est très positif.

Comment sont les supporters de Lacapelle-Biron ? Si ce sont de bons connaisseurs, vous avez dû vous faire engueuler par vos potes et vos parents quand vous jouiez à domicile ! 

Clément Setze : (rires) Et bien pas du tout ! Au début de la saison c’était compliqué... avec la saison dernière, on était exigeants. Mais quand j’ai eu le capitanat début 2017, le message que j’ai fait passer justement c’est que les supporters étaient hyper présents, malgré les défaites, ils étaient toujours plus nombreux, parce qu’ils voyaient qu’on se saignait, on jouait vraiment. On aurait pu fermer le jeu, mais non. Nous on voulait vraiment jouer parce qu’on aime ça, parce que les supporters poussaient toujours dernière. Tous les clubs ont des saisons galère, mais nous le minimum que l’on pouvait faire c’était de se saigner pour eux qui venaient tous les dimanches.

Miloud Mokhtari : Je vais raconter un peu l’histoire de Lacapelle. Il y a 72 ans si je ne me trompe pas, il y a eu une rafle à Lacapelle par des Allemands. Pour récupérer tous les jeunes d’au moins 18 ans et pour rechercher les juifs. C’est un village de résistants. Et ça, c’est resté, c’est dans l’ADN. Les gens sont fiers que l’on résiste, qu’on se batte, que la victoire ou la défaite soit au bout importe peu finalement. C’est vraiment l’image du village gaulois quoi, il faut se battre avec nos armes, à fond.

Clément Setze : En plus on est un peu le Clermont du coin, on est quand même sur une série de 9 finales d’affilées perdues… on en rit mais bon, on se dit que ça finira par s’inverser. Donc voilà, ici on ressent que le village est très centré sur lui-même, très associatif, et qui pousse derrière le club de rugby. Le village c’est un garage, deux restos, deux cafés, un kiné, un diététicien, un pharmacien, deux médecins généralistes, une boulangerie… tout le monde bosse dans le village et produit pour lui, c’est un village qui se démerde vraiment, tout le monde contribue. 80% des budgets du club sont reversés dans le village ! C’est pour ça qu’il y a tout cet engouement autour du club et que c’est un club à part.

Miloud Mokhtari : Exactement, par exemple un truc tout con : on pourrait sûrement acheter le strap moins cher ailleurs en faisant quelques kilomètres, mais non, on va l’acheter à la pharmacie du village. La viande, c’est pareil, si on fait un barbecue après les matchs c’est le boucher du village qui nous fournit. Le club aussi est fidèle au village et injecte environ 2000€ par mois dans les commerces locaux.

L’objectif pour la saison à venir est la remontée en PH ? 

Clément Setze : On en a pas encore vraiment parlé à vrai dire. On a quand même pris du plaisir cette année malgré tout. Faire douter de grosses équipes c’est sympa aussi. Pour l’année prochaine, on ne sait pas encore comment sera composée l’équipe, on ne sait pas comment sera constituée la poule… Après évidemment si on fait une très belle saison, on profitera. Mais l’objectif, c’est d’abord de renouer avec la victoire, d’être dans les 6 premiers pour se qualifier, et de profiter à fond des phases finales. L’an passé, à chaque match de phases finales, on a réussi à élever notre niveau de jeu ! Même si on n’arrive pas à gagner les finales ! (rires)

Miloud Mokhtari : Le président dit que l’objectif c’est de prendre et de donner du plaisir. Après oui, les phases finales réveillent le village pendant les beaux jours. Lacapelle, c’est un club de phases finales, on y est souvent ! Et franchement, se qualifier est un objectif vraiment réalisable ! Tout dépendra de l’effectif, il ne devrait pas trop bouger, il faudrait se renforcer un peu quand même, la 1ère série ne sera pas facile, loin de là. Ensuite, tout le staff va être remanié, donc il faut voir comment on va se réorganiser. L’objectif numéro 1 comme le dit Clément, c’est de renouer avec la victoire !

Parlons maintenant de cette fameuse cuillère ? Pourquoi ? Comment ? Qui ? Il y a des zones d’ombre à éclaircir ! Malgré les défaites on dirait que « le groupe vit bien » comme on dit ! 

Clément Setze : Elle a été fabriquée de toutes pièces ! Par le joueur pivot de ce groupe sénior, c’est le fils du président, le 10, le buteur, le grand frère de l’équipe. Il ne manque pas de bonnes idées (rires). On trouve toujours moyen de rire de toute situation. D’ailleurs il n’en est pas à son coup d’essai, ce n’est pas la première fois qu’un objet est fabriqué en rapport avec le terrain. Le joueur en question est charpentier, et il a fait ça dans le secret avant le dernier match, peut-être que seuls quelques-uns étaient au courant. On a bien ri en rentrant dans le vestiaire. En plus il aime bien ce genre de trucs, du coup il faut rendre à César ce qui appartient à César : c’est Loïc Marchoux ! On a tous signé la cuillère, on a tous contribué à l’avoir (rires). Mais c’est son idée, il avait tout prévu, le marqueur et tout… Comme je disais, ce n’est pas un coup d’essai ! Il y a deux saisons, on a gagné le Championnat Périgord Agenais de rugby à VII, qui nous a d’ailleurs permis d’aller à Marcoussis !... et le Comité n’avait pas prévu de bouclier ! On était assez frustrés. Du coup en rentrant au village, il a foncé à l’atelier, il a récupéré un vieux bouclier et on a construit notre propre bouclier (rires). On est montés à Marcoussis avec ! On l’a trimballé tout le weekend. L’année dernière pareil, premier tour du Championnat de France, on tombe contre Riom-ès-Montagnes, Champion d’Auvergne. On pensait vraiment souffrir, et au final on a gagné 40-0 ou quelque chose comme ça. Du coup en rentrant on s’est fabriqué un bouclier de Champion d’Auvergne (rires). Dans les vestiaires après chaque victoire on chantait « Champions d’Auvergne ! ». Et après chaque tour, on regardait qui on avait battu et on rigolait là-dessus, on aurait pu être champions de beaucoup de choses. (rires)

Miloud Mokhtari : Loïc c’est le BG du club, il a tout pour lui, c’est énervant (rires). D’ailleurs pour l’anecdote c’est un des rares joueurs en France qui a joué en l’espace de 8 jours deux finales de Championnat de France ! D’abord une première en junior, puis une autre en étant surclassé avec les séniors la semaine suivante !

Clément Setze : Deuxième finale malheureusement perdue. Mais voilà, c’est l’enfant du club, il aurait pu jouer en Fédérale 2 parce qu’il est bon. Il a été champion de France en juniors. Il vit en face du club, à 30m. Dans le groupe sénior c’est vraiment un personnage à part, même s’il n’aime pas se mettre en avant ! Quand il est sur le terrain, il rassure tout le monde.

Miloud Mokhtari : C’est le baromètre du club, quand il va bien, on sait que toute l’équipe va bien, dans le cas contraire les joueurs sont plus en dedans.

D’ailleurs, qu’est-ce que vous en avez fait de la cuillère ? 

Clément Setze : Alors, on a joué avec, on a fait du beerpong dessus toute la soirée… Après je sais plus trop, mais je pense qu’elle va être accrochée au club house, à côté de nos trophées de vice-champions (rires). Elle nous permettra de nous souvenir des moments galère, en termes de résultat. En ce moment je pense qu’elle est chez Loïc, enfin je suppose !

Miloud Mokhtari : J’étais bourré je m’en rappelle plus ! (rires)

Chaque équipe à des petits rituels « à la con », à l’AS Capelaine c’est quoi ? 

Clément Setze : Je ne crois pas qu’on ait de rituels… Cette année, il y un match qu’on aurait beaucoup aimé gagné. Notre recrue de la saison était capitaine. Après le match, on a parlé sérieusement, et le joueur en question nous demande « bah il nous faut un cri de guerre, on en a pas ? ». Un autre joueur se lève et s’emballe « Ouais ouais !... Bah euh non en fait on en a pas » (rires). Du coup je pense qu’on n’a pas vraiment de rituel. On a quand même un spécialiste du striptease sur le bar !

Sinon je prends mon temps moi, je suis toujours le dernier à sortir du vestiaire. Je n’ai JAMAIS vu ni un entrainement ou un match ou je ne suis pas reparti avec des affaires. Les mecs oublient leurs sacs, c’est incroyable ! Ou leurs godasses, leurs godasses quoi !

Miloud Mokhtari : Avant les matchs pas vraiment. Par contre après, notre talonneur, Romain, joue au DJ avec la grosse enceinte dans le vestiaire. Notre 3ème ligne centre chante systématiquement « j’me lave le sexe au martini » …

Clément Setze : On le saoule pour qu’il la chante, mais en général le whisky s’en charge pour nous.

Miloud Mokhtari : Depuis quelques années, une fois par an, à Noël, on se réunit pour le repas, un repas disons… amélioré ! Chaque joueur doit entrer avec une bouteille à la main.

Clément Setze : Sinon il ne peut pas rentrer dans la salle…

Miloud Mokhtari : Et un joueur tiré au sort reçoit un cadeau offert par un autre membre du club également tiré au sort. Il y deux contraintes, que le budget soit de 20€ max, et que le cadeau soit en rapport avec la personnalité, ou une anecdote sur le joueur…

Clément Setze : C’est souvent un très très bon moment (rires).

Miloud Mokhtari : Il y a deux ans, j’ai offert une chèvre a un éleveur de chèvres ! Une chèvre enceinte, mais pas de la même race. Du coup il a dû s’en occuper à part de son troupeau. (rires)

Clément Setze : Cette année deux joueurs ont « viré » les présidents et fait semblant de reprendre la présidence, c’était un show absolument mémorable. Un grand moment de rire !

Effectivement ça a l’air de sacrément déconner ! C’est le moment de balancer, vous avez quelques anecdotes croustillantes en stock ? 

Clément Setze : Oui, une avec les joueurs de la réserve non retenus pour un match de phases finales. Je dis réserve, mais on est vraiment un groupe.

Miloud Mokhtari : Seuls trois joueurs n’ont pas joué en 1ère cette année.

Clément Setze : Rien n’est fermé, le mec qui mérite de jouer joue, vraiment. Bref, les joueurs non retenus sont tous arrivés déguisés comme des travelos, c’était dégueu (rires)… sans avoir dormi après une énorme soirée, ils n’étaient pas frais ! Mais ils ont gueulé tout le match, et de là est né le club des ultras de Lacapelle ! Et le match d’après rebelote, fumigène et tout, à la fin du match on ne voyait plus vraiment le stade.

En suivant au bar, ils nous ont créé la charte des ultras, à 3h du mat’ complètement beurrés, avec un président, un bureau et tout, ils ont posé ça sur papier, ça n’avait ni queue ni tête mais on a énormément ri pendant ces phases finales. Leur crédo était de ne pas dormir entre le samedi et le dimanche… je te laisse imaginer ce que ça donnait dans les bus, sachant que ça finissait à chaque fois à 6h du mat’ chez un joueur ou un supporter.

J’en ai une autre, c’était une demie de Championnat de France, la seule fois des phases finales où on est partis du coté de Clermont, la veille exceptionnellement ! Et on s’était inscrits pour le VII, mais on ne pouvait pas le jouer avec cette demie ! Donc les mecs non retenus ont accepté d’aller jouer le VII, et venir nous voir le lendemain pour la demie. Ça, ça fait vraiment partie de la politique du club. Si on est engagés, on y va ! Et un soir de ce weekend-là, on voulait jouer à la pétanque après le resto le samedi soir. Sauf que le parking était en pente pour écouler les eaux… du coup on a du trouvé une solution. Et j’ai aperçu un rond-point bien plat parfait pour jouer à la pétanque jusqu’à 1h du mat’ la veille de la demie. C’était un grand moment, les gens ne comprenaient pas ce qu’ils voyaient. (rires)

On a aussi un de nos co-président, Laurent Saint Béat, qui est médecin, et il a été médecin de l’EDF U18. Aujourd’hui il est en charge de l’EDF U20.

Miloud Mokhtari : On rentrait d’un match vers Poitiers, on venait de se qualifier. On s’arrête cinq minutes sur une aire de repos pour boire un coup et faire un petit pipi. Sauf que là on voit arriver un bus. Là-dedans il y avait l’équipe réserve de Lormont. Et en un instant c’est parti en vrille, on a picolé avec Lormont, partagé les bières, c’était vraiment très bonne ambiance ! Franchement il n’y a que dans le rugby que ça peut arriver ça, on s’est retrouvés bras dessus bras dessous, c’est parti en paquito et tout…

La pause qui devait durer cinq minutes a duré trois quarts d’heure. Les deux présidents ont eu vraiment du mal à nous remettre dans les bus ! (rires) Et puis c’était la rencontre d’un petit club de village avec un club plus costaud quoi. Notre 9 un peu grassouillet à côté de leur grand ailier black hyper gaulé, c’était vraiment marrant.

Clément Setze : C’était fabuleux, les gens s’arrêtaient sur l’aire de repos, un dimanche aprèm, ils ne comprenaient pas ce qui se passait !

Miloud Mokhtari : Cette année vers la fin de la saison entre joueurs et entraineurs, on se faisait des crasses (rires). Le groupe vivait bien malgré les défaites (rires). Ça a commencé avec un coach, Jean Luc, qui a cloué des sacs sur les bancs. Notre 9 a répondu en mettant des colliers de serrage sur les fermetures des sacs. Du coup j’ai réagi, j’ai réussi à trouver ses clés de bagnole et j’y ai glissé pendant une nuit des crevettes dans la caisse, et le lendemain ça puait, mais ça puait… du coup il m’a mis des anchois dans les chaussettes. Les mecs se sont mis de la crème chauffante dans les gels douche, du coup ils étaient écarlates (rires). Un autre a mis du bleu de méthylène dans les bouteilles de pinard… Voilà donc cette bonne ambiance surpasse les mauvais résultats.

Clément Setze : Ils ont aussi rempli ma caisse de papier, en mettant du colorant sur mes poignées… Mais oui, pour l’ambiance c’est top, en plus jusqu’à la fin même si la 1ère était foutue, la réserve pouvait encore se qualifier ! Donc la 1ère a été « sacrifiée » en envoyant des feuilles de matchs à 16 ou 17 joueurs pour renforcer la B et lui donner toutes les chances de se qualifier. Et a contrario, pour le dernier match, la B n’avait plus de chances, du coup on a mis le paquet sur la A pour essayer de gagner un match ! Il y a vraiment un groupe soudé plus que deux équipes, depuis plusieurs saisons !

Quelque chose que vous voudriez ajouter, un petit mot, un remerciement, une vanne ?

Clément Setze : Ouais moi si je dois conclure, je dirais que c’est un club où il fait bon vivre, où tout le monde est accueilli, que ce soit un sportif ou un non sportif, que ce soit un joueur ou un bénévole, les femmes, les enfants aussi, ils représentent plus de 50% du club ! C’est un tout qui fait que Lacapelle est un club où il fait bon vivre. Dans ce village, les gens ont tous le cœur sur la main, ils se donnent sans compter et c’est comme ça que fonctionne le club et le village. Moi je vis sur Agen, j’ai une heure de route pour aller au rugby, j’ai des sollicitations vers Agen, mais c’est inconcevable de quitter mon club. Pourtant chaque saison, j’ai ces sollicitations et les mêmes personnes essaient de me faire changer d’avis... Moi je ne me vois pas quitter le club, sauf s’il disparaît ou si je ne m’entends plus avec les gens, mais ce n’est pas près d’arriver ! Par rapport aux résultats, personne ne quitte le navire. Sauf bien sûr en cas de sollicitation en Fed2 ou Fed1, mais dans ce cas c’est pour se tester à haut niveau.

Miloud Mokhtari : Moi pendant huit ans je n’ai côtoyé que des gens bien, des personnes exceptionnelles. J’ai été très très vite intégré, et je ne trouve même pas les mots parce que c’est beaucoup d’émotions ! Je ne retiens pas une seule personne de manière négative ! J’aime tous ces gars, j’ai joué avec des personnes extraordinaires. C’est vraiment un club de gentils garçons. En me mettant un peu en retrait pour raisons familiales l’an prochain, je sais ce que je vais perdre, je ne retiens que de bons moments ! Ce qui compte à Lacapelle autour du rugby, c’est le bien-être et la convivialité. Ce sont les composantes du bonheur, un club et un village. Je ne suis pas certain qu’il existe pareil village dans le coin ! Malgré les mauvais résultats, l’ambiance est toujours au beau fixe.

NOTE : Clément invite tous ceux qui ont aimé l’article à venir découvrir Lacapelle à deux occasions. « Tous les ans, le 8 mai, un gros tournoi jeunes est organisé sur notre terrain, de grosses pointures comme le BOPB viennent. C’est un RDV incontournable, les jeunes en gardent des souvenirs mémorables. Et il y a la Carbonnière : le premier samedi du mois d’août, c’est la Bodega du village, une véritable tradition où les joueurs s’occupent de tout avec les bénévoles du club. On y invite beaucoup d’artistes locaux, et en général l’apothéose est la soirée du dimanche soir à laquelle les joueurs participent et se lâchent ! De toute façon, tout le monde est accueilli à Lacapelle avec sourire et bonheur. ».

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  • Ranor
    35222 points
  • il y a 6 ans

Le Rugby dans la joie et la bonne humeur, tout ce que j'aime!

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