PRO D2 - SC Albi : la fin de leur monde (Episode 2)
Le second épisode, de notre feuilleton sur la longue dégringolade, du Sporting Club Albigeois.
Suite de notre feuilleton sur la descente du Sporting Club Albigeois, qui va retrouver la Fédérale 1 l'an prochain.

Pro D2 - SC ALbi : La fin de leur Monde (Episode 1)

La fin d’une ère, la fin d’un monde

Vexé, empli d’un sentiment d’injustice, le groupe se souda autour d’un objectif commun et fédérateur. Celui de réaliser un exploit jamais accompli : remonter aussi sec en Top 14 et réparer l’affront de la DNACG… Toujours avec le brin de chance qui caractérise les équipes bénites des dieux du rugby, le SCA gagne au forceps sa finale d’accession en Top 14. Ecrivant par la même, une nouvelle page de la belle histoire de l’ovalie française.

Mais une fois la remontée en poche, la saison suivante (2009-2010) ne fut pas un long fleuve tranquille. Usé, l’emblématique coach des abeilles albigeoises, Eric Béchu, n’arriva pas à galvaniser ses hommes, ayant fait le tour d’un club qui commençait à stagnerEt c’est tout logiquement que le Sporting descendit, que le mythique entraîneur d’Albi partit sous d’autres cieux et qu’eut lieu, la première diaspora de joueurs (Pagès, Manca, Clément, Guicherd…). En définitive, la fin d’une ère, la fin d’un monde.

Combler les trous au détriment du sportif

Cette nouvelle rétrogradation voit l’arrivée du sorcier Henry Broncan pour donner un nouvel élan, qui, malgré un budget en baisse, fait accéder le Sporting en finale de barrage ! La finale tourne mal et se solde par une défaite rageante face à Bordeaux-Bégles, privant les Albigeois d’un horizon plus radieux. Déjà secoué par les relégations successives, les partenaires et les investisseurs se délitèrent peu à peu : une partie de bras de fer eut lieu entre plusieurs corps d’influences au sein du club, amenant la démission du président, Bernard Archilla.

Pour le remplacer, beaucoup de noms mais peu de vrais candidats, la faute à un passif financier conséquent. Adoubé par une mairie ayant pignon sur rue dans les alcôves du « château » (surnom du siège social du club), un ancien joueur du club arriva finalement avec pour objectif d’épurer les finances exsangues du club : Jean-Jacques Castanet.  On s’échine, pendant les premières années de son mandat, à combler les trous au détriment du sportif. Les effets se font ressentir inexorablement sur les résultats. On attire de nouveaux investisseurs : Kappa, Gilbert, Serge Blanco. Cette vision entrepreneuriale de la gestion d’une SASP va porter ses fruits, le club devenant petit à petit le 7 ème budget de Pro D2. Problème : la gestion humaine se dégrade et les méthodes peu orthodoxes, comme les promesses en l’air de la direction se multiplient. Le climat est étouffant, Henry Broncan s’en va et la direction joue un coup de poker en confiant un groupe jeune à Ugo Mola, qui sort d’un échec cuisant chez les voisins du CO. La fin d’un monde, celui des derniers vestiges du rugby amateur !

Un fonctionnement clanique et oligarchique, un projet de club obsolète

Le coup de poker fait sauter la banque. Cette saison est comme ces étoiles qui brillent de mille feux avant de s’éteindre : un trompe l’oeil. Exaltés par un projet de jeu offensif et spectaculaire, les Albigeois décrochent une demi-finale de barrage à la surprise générale. C'est la face immergée de l’iceberg : le Sporting est devenu un club où les intérêts conflictuels sont devenus monnaie courante, à défaut d'un projet de club structurant sur la durée ! Exemple ? Le départ d'Ugo Mola au Stade Toulousain dans un transfert dont les scabreuses modalités font encore jaser. Le coach bénéficiait d'une clause de départ de 80 000 euros, que le SCA et le Stade Toulousain ont bizarrement transformé en un match amical de pré-saison. Un match rapportant 35 000 euros de billeterie, faisant dire aux fans du club que les 45 000 euros manquant seraient un petit arrangement entre amis...

Le XV des joueurs passés sous le maillot du SC AlbiMauricio Reggiardo prend la relève. L’année fut des plus catastrophique, l’entraîneur argentin faisant sentir très rapidement, au président Castanet et à son conseil d’administration, les divergences et reproches légitimes que ressentent souvent les différents staffs passés dans le club. Soit, un fonctionnement clanique et oligarchique, ainsi qu’un projet de club obsolète. Sur sa dynamique de la saison précédente avec une entame tonitruante, le SCA finit finalement à une pénible 10ème place de la Pro D2. A huit journées de la fin, dans une conférence de presse « lunaire », pour citer La Dépêche du midi, le coach argentin, le président Castanet et le capitaine Julien Raynaud - le tout sous le regard attentif de l’adjoint au maire d’Albi, Michel Franques, venu en auditeur libre (sic) - annoncent un divorce avec tort partagé, cachant en fait une ambiance déjà exécrable et un flou artistique déjà fort prégnant au SCA. La fin d’un monde, celui de l’arbre qui cachait… le désert !

Les germes d’un contexte putride

Cette saison, ce volcan en longue gestation explosa, laissant apparaitre les stigmates d’un passé tumultueux, et les traces d’un flétrissement ayant fait son œuvre. Dès l’avant-saison, la direction se mit en quête d’un nouveau staff, avec une préférence du président Castanet, pour le duo Nadau/Bacca. Le conseil d’administration propose une nouvelle solution : la venue d’un duo composé de Serge Milhas et Xavier Péméja. Seulement, certains réseaux biscornus se mettent en branle. La mairie, dont le rôle dans ce club dépasse souvent le cadre de ses prérogatives, entre dans le bal et tente de sauver, le soldat Bacca ! Imbroglio, esclandre, incompréhension et surtout claquage de porte de Xavier Péméja, effrayé par un club dont la réalité bordélique est pire que sa réputation.

Quant au soldat Bacca, sauvé in extremis tant par la mairie dont il est notoirement proche que par quelques supporters brandissant des pancartes « je suis Bacca », il reste dans un club devenu sa seconde famille ! Exit Nadau, Péméja, mais bonjour le duo Bacca/Bérot, encadré par... Serge Milhas, devenu le poste de manager normalement dévolu à son ami Xavier Péméja ! Ah valeur de l’ovalie, quand tu nous tiens

Pour agrémenter le tout, la direction et le nouveau staff ne trouvent pas plus utile de faire le grand ménage : selon eux, les échecs de la saison passée sont obligatoirement à mettre sur le dos des joueurs. Il est donc décidé de se séparer de 50% de l’effectif, dont des joueurs cadres tels Chateauraynaud, Calas, Hough ou Laffoy. Echaudé par tant de turpitudes, Malik Hamadache fait jouer sa clause Top 14 vers la Section Paloise, non sans mal pour récupérer son dû en droit d’image... tout en se faisant insulter par un partenaire ! Ah le SCA, sa convivialité, ses valeurs familiales… Ne s’arrêtant pas en si bon chemin, le conseil d’administration du club se brouilla avec les bénévoles, qui furent exclus des buvettes qu’ils animaient avec brio et passion. Ils durent se muter en club des supporters en désespoir de cause, chassés comme des malpropres ! La fin du petit monde joyeux et convivial des supporters-bénévoles albigeois !

Un abcès couvant au club

Après ces prémisses hasardeux et un recrutement à l’emporte-pièce, la saison débute très péniblement. Au mois de novembre, le point de non-retour est déjà atteint et les joueurs n’en peuvent plus de l’autoritaire Serge Milhas. Le conseil d’administration laisse la situation pourrir ! Par couardise ? Par esprit suicidaire ? Par incompétence ? Qui sait, peut-être bien, un peu des trois ! La trêve des confiseurs n’arrange rien, et n’aplanit aucun problème. L’inaction des dirigeants ne permet que de développer et d’alimenter un abcès couvant au club, qui va devenir bientôt purulent et ne va pas tarder à éclater au visage des administrateurs et du staff ! La fin d’un monde, celui des non-dits !

La SCIC, le « projet SCA17 » de Vincent Clément

Au mois de janvier, un ovni apparait dans l’horizon du Sporting Club Albigeois, « le projet SCA17 », porté par d’anciens joueurs du club, dont Sébastien Pagès, Sanoussi Diarra et … l’emblématique capitaine des années fastes, Vincent Clément ! Ce projet de club est assez novateur, voulant fédérer les corps réunis du Sporting (collectivité, partenaire, SASP, ASSO, et supporter) dans une même entité, la SCIC (Société Coopérative d’Intérêt Collectif). Le but ? Structurer et développer de façon pérenne le SCA ! Ce projet est un brin révolutionnaire. Il ébranle l’ordre établi albigeois, car ses auteurs y intègrent des notions de RSE (Responsabilité Sociétale des Entreprises). Ils osent même le crime de lèse-majesté : s’inspirer de ce qui se fait chez l’ennemi juré du ballon rond, comme le « manager à l’anglaise » ou le système de « socios » emprunté aux deux géants du foot espagnol, le Barça et le Real Madrid, permettant aux supporters d’être de vraies parties prenantes du club. Mais les grands industriels et la municipalité, qui tiennent ce club d’une main de fer, ne voient pas cette contribution d’un bon œil, certains y voyant la volonté de Vincent Clément de se placer, quand d’autres, avec dédain, traitent ce projet de « Tarte à la crème ». Le conseil d’administration du club l'enterre avec condescendance !

PRO D2 : le SC Albi est en grand danger... mais que fait le Conseil d'Administration du club ?La direction préfère un projet d’entreprise, où les partenaires - passés de 102 adhérents à plus de 300 - et les avis de non-redressement sont brandis en étendard d’une bonne gestion ! Certains des administrateurs se répandent même dans la ville d’Albi pour stipuler qu’avec une telle forme juridique, la SCIC, est tout bonnement impossible, sous cette forme juridique en France. Or, l'entité telle que le SCIC est recommandée par le ministère des sports, pour tout club résidant dans une ville n’étant pas une métropole régionale et ne disposant pas d’un tissu économique assez large. Le Sporting Club Albiegeois serait-il une mégalopole ? 

Les investisseurs avisés, eux, se moquent bien des formes juridiques, mais regardent avec attention les dynamiques et résultats sportifs, tout autant que l’existence ou non, d’un projet de club fédérateur et structurant... Ce projet bousculant les codes, les dirigeants et notables albigeois, l’ont un peu pris pour la fin de leur monde…

A suivre...

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  • Jak3192
    75616 points
  • il y a 6 ans

Ça c'est de l'article !!!
Quel merdier à Albi !
Bon,
1. vivement la suite de la saga de cette descente aux enfers
Saga qui permet de percevoir ce qui peut se passer dans une petite ville ou un sport est un des support social principal et dans lequel les questions d’intérêts personnels passent devant l’intérêt commun
2. curieux (et en attente) de lire une réponse de ... "l'autre camp"...
Viendra-t-elle ?
3. j'ai peut être sauté une ligne, mais,
Loic Colombié, c'est qui dans ce club ?
Merci à Loic d'apporter un éclairage (bizarre, triste, et dégouté) sur l'évolution de son club

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