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La vie sans rugby : les anciens d'Orsay conté avec amour
Les supporters sont au coeur du club d'Orsay : les Tangos.
Orsay, club de Fédérale 2, nous conte l'autre coeur qui bat dans un club de rugby : ses bénévoles.

Bonnet noir et orange vissé sur la tête, affublé d’un pull-over délavé de l’OM qui a connu des jours meilleurs à l’instar du club phocéen champion d’Europe, Fred est aux premières loges. Comme à chaque match des Tangos, accompagné de ses fidèles acolytes Franck et Cricri, il encourage ses héros au plus près de la pelouse clairsemée de la Peupleraie. Ni la pluie, ni le vent, ni les kilomètres n’empêchent ces trois-là de suivre leur équipe préférée chaque week-end de Championnat. Pour eux plus que pour quiconque, les semaines vont être longues avant la reprise des matchs... Nous les avons rencontrés il y a quelques semaines à l’Aquarelle Café, leur repaire orcéen.

Un demi de bière à la main, sans doute pas le premier ni le dernier de la journée, Fred et Franck – Cricri n’a pas pu venir – se fraient un passage vers la salle haute de la brasserie où nous serons plus tranquilles. Attablés dos à la fenêtre, ils se confient. Fred commence : "Je me suis intéressé au club dès qu’ils sont montés en Fédérale 3, et depuis je n’ai jamais lâché l’affaire. Depuis trois ans, on fait tous les déplacements, les petits et les grands. On rencontre tellement de gens extraordinaires..." Pour Franck, l’aventure a démarré bien avant avec sa première licence, signée en 1970-1971 : "ça fait presque 50 ans que je suis le club. Je ne compte plus le nombre de matchs que j’ai vus, je connais quasiment tout le monde".

(Crédit photo : CA Orsay Rugby Club) 

Passion Ovale

Le rugby était loin d’être une évidence pour Fred, moins habitué aux caprices de la balle ovale qu’aux trajectoires plus rectilignes du ballon rond : "Quand j’étais môme, c’était foot à Orsay avec mon père. Depuis qu’ils ont fusionné avec Bures, ils jouent en violet. En violet ! Pour moi ça passe pas. Les couleurs du club, c’est Tango et noir, point ! Même le water-polo à Orsay ils jouent avec un bonnet orange et une bande noire. Depuis que je suis passé au rugby d’ailleurs, j’ai plus jamais remis les pieds au foot."

Le sang de ce grand supporter de l’OM devant l’Eternel ne coule plus Bleu et Blanc, mais Tango. Il avoue : "Lors de la saison 2016-2017, je n’avais pas fait le déplacement à Niort, j’ai honte de le dire maintenant... j’avais préféré regarder le déplacement de Marseille à Bordeaux. On avait pris un but à la première minute en plus. Je regrette grave. Maintenant je fais plus les mêmes choix. Pour le match à Rillieux-la-Pape cette année, ça tombait en même temps que PSG-OM. Il y a quelques années, pour rien au monde je l’aurais loupé mais maintenant Orsay c’est là." Fred pointe son cœur et ajoute en s’esclaffant : "le pire c’est que je capte pas beaucoup de choses au niveau des règles ! Le hors-jeu ça fait cinquante ans qu’on m’explique mais j’y comprends rien."

Épopées et héros

Ces années à soutenir les Tangos leur ont constitué une liste de souvenirs plus impressionnante d’un placage cathédrale d’Alexandre Navarro. Parmi les meilleurs, Franck se remémore la demi-finale de Championnat de France Réserve : "On avait battu Sainte-Foy-la-Grande du côté de Châteauroux, on s’était éclaté ! Les gars du club qui nous avaient reçu nous ont même suivi jusqu’en finale pour nous voir jouer !" Pour Fred, le premier gros souvenir c’est une double confrontation contre Nantes : "Après avoir pris le bonus défensif chez eux, on leur met une fessée 33 à 19 au retour. Invaincus en Première et Réserve, ils prennent deux fessées ! Et en première, bien comme il faut. Ils sont restés une demi-heure allongés dans l’herbe, ils savaient pas ce qui leur était arrivé !" Fred admet également avoir versé sa petite larme en fin de saison dernière après la qualification contre Meyzieu : "Vingt points de retard et une mi-temps à jouer… On les explose en deuxième et on se qualifie, c’était vraiment émouvant à la fin du match."

(Crédit photo : CA Orsay Rugby Club) 

Parmi les nombreux joueurs ayant revêtu la tunique Tango, nos deux compères ont tout de même leurs chouchous. Franck se souvient de Fontaine : "un ouvreur incroyable qui passait des drops de quarante mètres en coin comme si c’était normal. Il a joué trois ans et a arrêté, il voulait faire de la danse..." De la danse ?! Fred n’en croit pas ses yeux. Pour lui, c’est clair : "Il y en a trois qui m’ont marqué. Trois arrières : Stéphane Fournier, Mathieu le Gac et Baptiste Fleureau. Fournier, quand il récupérait la balle dans ses 22 mètres, je savais qu’il y aurait essai. Même si c’est pas lui qui marquait il faisait la différence. C’est lui qui m’a fait aimer le rugby à Orsay. Quand j’ai appris qu’il partait j’en étais malade. Quant à Baptiste, quand on perd on qu’on joue mal, c’est qu’il est blessé. Y’a pas à chier." Franck ajoute : "Il y en a quand même plein d’autres : Puech, un sacré joueur, Girardeau à la mêlée, Pouplot... Quel capitaine. Partout où on allait, c’était le premier à venir nous saluer après l’échauffement. Il venait même s’excuser quand on avait perdu ou mal joué."

La vie sans rugby

Alors même que les reports de matchs et confinements n’étaient pas d’actualité, Franck nous confie sans détour sa dépendance à son club de cœur : "Quand il n’y a pas match, on se fait un peu chier honnêtement. L’été c’est long... Heureusement il y a toujours un événement sportif comme le Tour de France ou les Jeux Olympiques. Ça meuble un peu en attendant la reprise de la Fédérale 2." Fred ajoute : "Depuis un petit paquet d’années j’ai envie de quitter Orsay pour aller en Bretagne, au bord de la mer. Mais maintenant il y a un truc qui me chiffonne, c’est que je n’aurais plus mon club de rugby. Et ça, ça me travaille. Comme je me connais, il y a des chances pour que je reste."

Tandis que le pays entre dans une période de confinement inédite, certains guetterons plus impatiemment que d’autres le retour des joutes fédérales. Des bords de l’Yvette aux vignes de Bourgogne, des montagnes jurassiennes à la banlieue lyonnaise, on n’entendra plus pendant quelque temps le fracas des plaquages et les encouragements des supporters au bord de la pelouse. Mais comptez sur Fred, Franck et Cricri : le virus du rugby à Orsay, ils ne sont pas prêts d’en guérir.

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Conté avec amour et humour. Mais chez eux, ils sauront toujours où trouver des Gif.

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