La fabuleuse mésaventure de 3 arbitres français qui ne verront jamais la Géorgie
Jonathan Gasnier (à gauche) et Vincent Blasco (à droite) entourent Wayne Barnes
Pour son premier match international en séniors, Vincent Blasco se montre prudent et embarque de Toulouse le jeudi vers 16h pour rejoindre Tbilissi....
Jean-Luc Rebollal, arbitre de Top 14 depuis de nombreuses années, était convoqué par la FIRA-AER pour diriger la rencontre entre la Géorgie et le Portugal. Une rencontre comptant pour le Tournoi des VI Nations B et qualificative pour la prochaine Coupe du Monde. L'arbitre ariégeois devait être assisté de Vincent Blasco et Frédérick Dedieu mais patatra... première déconvenue. Jean-Luc Rebollal se blesse et ne peut officier, il est donc remplacé par Vincent Blasco, arbitre en Pro D2, qui embarque dans ses valises un certain Jonathan Gasnier pour faire la touche. Ce dernier est bien connu du Rugbynistère pour avoir déjà rédigé quelques articles pour le site (dont celui-ci en direct de Nouvelle-Zélande) et aussi pour être le cousin de Mark Gasnier... oui l'ancien (fantôme treiziste) du Stade Français.

Pour son premier match international en séniors, Vincent Blasco se montre prudent et embarque de Toulouse le jeudi vers 16h pour rejoindre Tbilissi, la capitale géorgienne, via Munich. Le début d'un grand fiasco qu'il nous raconte :

La fabuleuse mésaventure de 3 arbitres français qui ne verront jamais la Géorgie
Pas d'avantage Monsieur Blasco, vous êtes pénalisés.

Jeudi 17h00

Le vol Toulouse-Munich est détourné sur Stuttgart : tempête de neige. Vincent : « Le pilote annonce, avec une voix de dépressif sous prozac, que nous sommes déroutés sur Stuttgart. On nous annonce qu’il n'y aura aucun problème puisque des agents de la Lufthansa sont là à l’aéroport pour nous accueillir. Finalement on reste 20 minutes dans l’aéroport de Stuttgart à discuter avec la dame pipi en Anglais… Mais le problème, c'est qu'elle parlait Allemand… »

Jeudi 21h00

Direction l’hôtel où Jonathan Gasnier déniche un vol pour Tbilissi via Istanbul. Vincent : « Ok finalement la standardiste, souriante comme un pilier avant une entrée en mêlée, nous met en relation avec le bon service et on trouve un vol via Istanbul avec la Turkish Airlines, avec comme icône Lionel Messi, et 3 arbitres français en transition. »

Vendredi 1h00 du matin

Vincent : « La Lufthansa nous rappelle et nous informe qu’ils nous rebookent sur le Munich-Tbilissi du soir à 21h20… Arrivée 4H du matin heure locale, jour du match à Tbilissi. On ne déconne pas avec la préparation d’avant-match dans l’arbitrage. Notre correspondant géorgien appelle alors Frédérick Dedieu, qui était le seul à avoir le portable allumé. Il nous cherchait partout dans la capitale géorgienne. Même dans les lieux peu fréquentables ;) ».

La fabuleuse mésaventure de 3 arbitres français qui ne verront jamais la Géorgie
Vous pouvez rentrer vos drapeaux de touche Monsieur Gasnier

Vendredi 16h30

Vincent :  « Vol pour Munich : 35 min pour faire 220km. Pour l’instant tout va bien, l’enthousiasme est à son comble… On est chauds mais il reste 4h à tuer dans l’aéroport… Après 6 allers-retours à la boutique souvenir de l’aéroport proposant de magnifiques chopes de bière à la déco rétro d’un autre millénaire et après 18 cafés, je craque. J’achète un jeu de carte avec les plus beaux monuments allemands, une manière de baigner dans cette belle culture. Après quatre parties de belote à trois, on approche du repas. »

Vendredi 21h00 : Le sprint dans l'aéroport

« Changement de porte avec l'inscription "10.00" à côté de notre vol. Jonathan, éternel optimiste, pense que c’est 10 minutes de retard ». S'ensuit un sprint magnifique où Vincent blasco montre l'étendue de sa préparation physique puisqu'il sème ses poursuivants pour atteindre la bonne porte avant tout le monde. « Confirmation de vol le lendemain à 10.00, arrivée 17h heure locale à Tbilissi ». Le monde s’effondre pour notre trio arbitral qui rêvait d’embrasser Mamuka sur ses terres ».

Le président de la Fédération européenne contacte alors les arbitres et leur indique qu'il va tenter de faire déplacer la rencontre à 20h. Il leur demande donc de se tenir prêts pour prendre le vol le lendemain.

Vincent : « On trouve le service client avec une engueulade avec Prof Tournesol reconverti en agent de la Lufthansa. Puis on nous demande de trouver un taxi payé par la Lufth… On a fait à peu près toutes les back rooms de l’aéroport pour trouver un taxi… Finalement on trouve un chauffeur rouge comme un pilier de 3ème MT, qui baragouine 3 mots en Polonais et qui roule à 140km/h sur la neige. Le tout, en envoyant un sms et en mangeant des bonbons Haribo de fabrication allemande ».

La fabuleuse mésaventure de 3 arbitres français qui ne verront jamais la Géorgie
Retour en Ariège pour M.Dedieu

Samedi à 7h00

Vincent : « Réveil à 7h, motivé pour le rêve de notre vie : un match international devant 20000 personnes… A 9h, la sentence tombe : le match sera arbitré par un Géorgien car la télévision ne peut pas décaler la rencontre. On passe une heure au comptoir de la lufth à trouver un vol retour pour Toulouse, rentrer voir France-Galles et une déculottée… ».

La pilule est dure à avaler... Mais les trois arbitres ont heureusement su garder une très bonne ambiance au sein du groupe. Frédérick Dedieu avait le cœur lourd en rentrant à Toulouse : « Sentiment de frustration et de pas de chance, en deux ans pour des  touches en FIRA, j'ai eu plusieurs problèmes d'avion. Suis-je un chat noir ? ». La neige inspirait d'avantage Vincent blasco : « J'ai l'impression d'avoir commandé un super cadeau de Noël et quelqu'un décide de me le retirer alors que je suis en train de le déballer ». Mais si Jonathan Gasnier est un optimiste pur jus, Fred Dedieu parvient à positiver : « J'ai énormément progressé à la belote ce week-end ».

Les mots de la fin reviennent à Jonathan Gasnier car il le mérite bien... il a quand même été désigné vainqueur de la belote : « 49h de voyage, dont 4 dans un avion, 12h dans un hôtel, et le reste dans dans des aéroports ou nous avons mangé, allemand, francais, chinois, bio, et nos ongles... Cette mésaventure m'aura au moins permis d'ouvrir les yeux sur la nécessité d'un sac à roulettes. 10 km dans les aéroports ont eu raison de mes biceps ».

Bref ils auraient dû faire un match international

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@Kadova : C'est moi qui ai pris la photo de Wayne Barnes, il avait 28 ans je crois 😉

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