RUGBY AMATEUR - Orsay, champion de France de la Convivialité et du Fair-Play [Vidéo]
La Tango Army d'Orsay toujours présente !
Le Challenge Rugby Passion organisé chaque année par la FFR et à destination des clubs de Fédérale et de Top 8 féminin a désigné ses champions : le CA Orsay Rugby Club !

Vous ne connaissez sûrement pas le CA Orsay Rugby Club, mais le club de l'Essonne qui évolue aujourd'hui en poule 1 de Fédérale 2 a été élu Champion de France de la convivialité et du Fair-play ! Tout club de France aurait tendance à réclamer cette disctinction, mais en quoi consiste-t-il et pour quelles raisons le club d'Orsay a reçu ce prix ? Nous sommes allés interroger deux Orcéens : Colomban (responsable communication) et Paul (joueur emblématique du club).

Peux-tu nous présenter le club d'Orsay ?

Colomban : Orsay se trouve dans la banlieue sud de Paris, à 10 minutes de Massy en RER. On a un petit stade qui s'appelle la peupleraie, donc au milieu des peupliers. Ça fait stade à l'anglaise, les joueurs de Chartres qui se sont déplacés nous ont dit ça et effectivement, c'est une belle comparaison. Le club évolue en Fédérale 2, un bon niveau, et il y a deux ans, nous sommes arrivés en demi-finale de Fédérale 2 en terminant 2ème de poule derrière Suresnes qui est en Fédérale 1 aujourd'hui. En phases finales, on élimine tour à tour Rennes, Niort et Suresnes, ce qui était la surprise pour tout le monde même si on jouait le haut de tableau de Fédérale 2. On tombe contre l'entente Hyères-Carqueiranne, qui aujourd'hui se débrouille bien en Fédérale 1, et à 10 min de la fin on prend un essai alors qu'on menait de 4 points. Le parcours était déjà extraordinaire ! Le club a cependant décidé de refuser la montée pour plusieurs raisons. On ne se sentait pas prêt tout simplement, et à tous niveaux : financier, effectifs, etc. En 2015, on remporte également le titre de Champion de France Fédérale de rugby à 7.

Paul : Déjà, je suis joueur d'Orsay depuis l'âge de 5 ans et je n'ai jamais changé de club. Aujourd'hui, j'en ai 30... J'ai commencé à l'école de rugby avec des dirigeants qui sont encore là aujourd'hui, et qui étaient là avant moi. J'ai ensuite été de la génération qui a fait une finale IDF en cadets, et un 1/4 de finale en junior. Aujourd'hui, je suis même président de l'association des joueurs.

Souvent, les personnes qui viennent à Orsay nous disent qu'ils retrouvent un peu l'esprit d'un club de province, un club un peu village. C'est rare en Île-de-France et c'est aussi ça qui fait la particularité du club. - Colomban.

Au niveau des jeunes, il semble que vous ayez quelques difficultés ?

Colomban : Depuis longtemps, la formation est un des chevaux de batailles du président et du club. On a été parmi les premières écoles de rugby labellisées d'Île-de-France, avec des éducateurs formés et diplômés. Après, comme beaucoup de clubs en ce moment, nous avons quelques petites difficultés d'effectifs en école de rugby qui font écho à la baisse globale de licenciés en France. Nous avons eu une réunion cette semaine, et quelques problématiques sont ressorties, notamment sur les catégories Cadets/Juniors. Il faut qu'on trouve les raisons, car il n'y a pas forcément de problème d'effectifs de ce côté-là, mais est-ce un problème "motivation" ? On ne sait pas. Je me rappelle, quand je jouais en Cadets/Juniors, j'allais à tous les entraînements et si je ne venais pas, c'est que j'étais malade. 

Paul Tremsal, le président depuis presque 20 ans, a une phrase très juste : "les 3 piliers du club, c'est 1 l'école de rugby, 2 la convivialité et 3 le jeu de mouvement : ça représente bien l'esprit du club depuis 20 ans." - Colomban.

Et cette saison ?

Colomban : On a récupéré quelques bons joueurs, notamment de Bobigny. L'objectif maintenant est annoncé : la montée en Fédérale 1. Et pour ça, le club s'y prépare en interne. Orsay est une petite ville de 16 000 habitants avec un géant du rugby comme Massy à 10 minutes de chez nous. Aujourd'hui, on est 4e avec un match en retard contre le dernier, et on se déplace chez les deux principaux concurrents qui sont Beauvais et Drancy. L'objectif, maintenant que Marcq-en-Barœul est intouchable, serait d'arriver 2e pour avoir un parcours plus favorable : jouer contre le 3e de la poule 2 et éviter de retomber sur Marcq-en-Barœul derrière. Ça ne va pas être évident, mais l'équipe monte en puissance malgré quelques sorties de route comme Gennevilliers ou Le Rheu.

Paul : Colomban a bien résumé la chose. Il y a eu une génération qui est montée il y a 3 ans, qui fait qu'aujourd'hui les deux équipes se portent bien. Ajouté à cela le recrutement, et vous avez un club qui vit bien. Cependant, les mecs ne viennent pas à Orsay pour l'argent. Nous avons un esprit universitaire tout de même, avec la faculté à côté. D'où des clichés sur le jeu "foufou" d'Orsay, mais qui s'est structuré en un jeu de mouvement qui est notre marque de fabrique. Le président Paul Tremsal est un président très honnête, il ne promet jamais la lune aux joueurs. En plus de ça, il est très humain et trouve des boulots aux mecs qui en ont besoin et je ne parle pas du boulot à la mairie, mais d'un travail plus valorisant. Ce n'est pas un président qui balance et qui dit aux gens de se taire, il est humain et à l'écoute de tout le monde.

En quoi consiste le Challenge Rugby Passions ?

Colomban : La Fédération Française de Rugby organise chaque année le Challenge Rugby Passion depuis quelques années à destination des clubs de Fédérales et de Top 8 Féminin. À la fin de l'année, chaque équipe de chaque poule vote pour l'équipe qui les a reçues dans les meilleures conditions en termes de convivialité et d'esprit sportif. Ensuite, un club est désigné meilleur de chaque poule, puis meilleur de son niveau fédéral, et enfin le champion. Les critères vont de l'accueil d'avant-match, le déjeuner d'avant-match, bien préparer la venue de l'équipe, les vestiaires, mais surtout l'esprit du club qu'ils vont retrouver sur le terrain comme le fair-play des spectateurs, et aussi la 3e mi-temps, évidemment...

Orsay fait un gros travail au niveau des arbitres. Je crois qu'on a 14 arbitres en formations ou déjà formés en 2018-2019. En Île-de-France, on est le club qui a le plus d'arbitres, et en France, on ne doit pas être loin. Tout un travail est fait au niveau des jeunes, et chaque année au concours des jeunes arbitres, on est bien classé. Je n'ai jamais entendu une insulte envers un arbitre, l'esprit chambreur est présent, mais jamais insultant. D'ailleurs, combien de clubs ont un onglet "Arbitres" sur leurs sites internet ? - Colomban.

Donc Orsay n'a pas pris un seul carton pour ce titre ?

Colomban : Alors je n'irai pas jusqu'à dire que nous n'avons pas pris de cartons... Sur cette partie, le prix Rugby Passion ne prend pas en compte ce qui se passe sur le terrain. Ça arrive des petits débuts d'échauffourées sur le terrain, on a aussi de beaux caractères sur le terrain. On est dans un esprit de fair-play avec assez peu de mauvais gestes, et ces mauvais gestes ne vont pas être encouragé. Ça reste du rugby bien sûr, mais dans un bon esprit.

Crédit vidéo : Vimeo Enzo Conticello

Y a-t-il des avantages à être Champion de France de la convivialité ?

Colomban : Je ne pense pas qu'il y ait des avantages financiers ou matériels. Mais par contre, il y a plusieurs avantages en externe. Par exemple, ce titre est une belle carte de visite pour recruter des partenaires. N'importe quel club de sport ou de rugby peut clamer avoir des valeurs de partage et de respect, mais le fait d'avoir un titre qui le reconnaît réellement est une chose de concrète qu'on peut afficher devant les partenaires. En interne, c'est aussi super valorisant pour les bénévoles, les joueurs, les licenciés, les supporters et les dirigeants qui tous les jours de l'année, qu'il fasse froid, qu'il vente, pleuve ou neige, sont là. Les mecs se donnent corps et âme, et que ce travail soit reconnu est une chose qui leur fait énormément plaisir.

C'est une super mise en lumière de tous ces dirigeants et bénévoles du rugby qui ne rechignent pas à la tâche quels que soient les résultats ou les conditions. - Colomban 

La Tango Army y est pour beaucoup dans ce titre ?

Colomban : Tout d'abord, la Tango Army est un groupe de supporter qui s'est créé il y a 5-6 ans : Tango pour la couleur orange et Army en rappel à la Yellow Army de Clermont. Ils ne sont pas énormément mais ils sont là tous les dimanches, à domicile et à l'extérieur ! Ce sont des jeunes qui pour la plupart jouent en équipe réserve, ils ont un super esprit. Ils ont même inventé des chansons sur les joueurs de l'équipe un peu comme les chants de supporters que tu retrouves dans le foot anglais. Et bien sûr qu'ils ont beaucoup contribué à ce titre : tu arrives dans un petit stade, t'as pas 15 000 spectateurs mais tu as des chants et des banderoles. Même au cœur de l'hiver quand tu reçois l'avant-dernier de poule, tu as quand même du monde qui fait du bruit et qui soutient. 

Ce titre est donc une belle mise en lumière des bénévoles ?

Paul : Comme je disais, je n'ai connu que le club d'Orsay depuis mes débuts à 5 ans et les bénévoles sont pratiquement les mêmes. On a une belle brigade qui s'occupe de nous et des jeunes. De tous les licenciés même ! On a Jacques, je ne sais même pas son âge, mais bien avancé je pense... Il récupère tous les maillots de toutes les catégories pour les laver, René et Daniel qui sont au bar sans oublier Colette à la boutique dans sa petite cahute qui vend les quelques produits dérivés du club depuis 20 ans. Je ne sais pas si c'est pareil dans les clubs d'Île-de-France, en comparaison avec d'autres clubs comme nous qui n'ont pas de gros budgets.

Quand on n'a pas de raisons de bouger, on y reste. Et on y revient même, comme des copains qui sont aller jouer à d'autres niveaux mais qui sont revenus. - Paul.

Du coup, le mieux c'est d'éviter une 3e mi-temps à Orsay ?

Paul : Je ne peux pas tout dire... Mais généralement, les 3èmes mi-temps se passent très bien à Orsay. Et que ce soit à domicile ou à l'extérieur. Comme la plupart des clubs, nos cagolins ont une tête de sanglier pour les joueurs de la B et un renard empaillé pour l'équipe fanion. Tout ça désigné à l'applaudimètre ! Depuis quelque temps, la tradition est le retour de déplacement en bus déguisé pour tout le monde, victoire ou défaite. Ça étonne pas mal dans les clubs un peu plus sérieux qui pensent que c'est un pari. Mais chez nous, ça montre qu'on prend du plaisir sur et en dehors du terrain.

Chaque vendredi, un repas est organisé et une fois par mois il y a un repas obligatoire. Mais c'est sûr que l'évolution fait peur... Le rugby a changé du terrain aussi, c'est beaucoup plus professionnel et ça demande plus de sérieux. Je me rappelle à 18 ans, je rentrais tous les dimanches à 4h du matin. D'ailleurs, c'était déjà le lundi (rires). Mais on a tout de même l'esprit qui survit, malgré cette évolution et le niveau de Fédérale 2. Par exemple, à la soirée d'inauguration de notre nouveau club house, quelques joueurs ont eu l'idée de descendre les escaliers sur une table. Résultat ? Un trou dans le mur pour le premier jour de ce club house...

Crédit vidéo : CA Orsay Rugby Club Youtube 

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Souvenir d'un match en Orsay (fédérale 3 - 2001): pour la troisième mi temps y'avait un gars qui venait chanter comme un mini concert, superbe ambiance.
Déjà on avait bien rigolé avant le match, on avait profité que personne ne surveille la sono du stade pour mettre la cassette de la musique du dernier des mohicans.

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