Roméo Ponge Prince (Mâcon) : zoom sur un parcours de combattant pour devenir rugbyman professionnel
Désormais professionnel, Roméo Ponge Prince n'a pas eu un parcours facile.
Formé au Red Star, passé par le Racing 92, le jeune 3ème-ligne symbolise la difficulté pour devenir rugbyman professionnel.

À quoi tient une carrière de rugbyman ? Celle de Roméo Ponge Prince vient de prendre un tournant : à 22 ans, le Francilien a signé son premier contrat professionnel avec Mâcon, en Fédérale 1. Mais du Red Star à la Bourgogne, en passant par le Racing 92, Orsay, Brive ou Angoulême, Ponge Prince symbolise le parcours du combattant des jeunes rugbymen qui aspirent à vivre de leur passion. Beaucoup d'appelés, peu d'élus... Alors, à quoi tient une carrière ? Son père, Bruno, nous raconte une anecdote : 

Jusqu'à ses 13 ans, il a joué au foot, au basket, fait de la natation, de l'athlétisme, de l'équitation. Il me fait alors part de son envie de faire du cyclisme. Pourquoi pas ? Mais j'étais perplexe : il était en léger surpoids, et ne présentait pas les caractéristiques physiques d'un futur cycliste. En outre, l'équipement était cher. Je lui ai proposé le rugby, mais il a refusé... Durant l'été, lors d'un barbecue en compagnie de sa mère et d'amis de celle-ci, il discute avec un adulte au corps sculpté et lui demande : « Que faire pour avoir des tablettes de chocolat à la place des abdos ? » Le gars lui répond : « Trois ans de rugby... » Il accepte d'essayer !

C'est au Red Star, à 200 mètres de chez lui, que Roméo teste le ballon ovale. Et ça marche : dès sa première année, il est retenu en équipe départementale du 93. Même pas un an de rugby, et l'envie d'être pro commence à émerger. Bruno, son papa, poursuit : "depuis qu'ils sont petits j'ai rabâché le même discours à mes enfants. Le sport c'est super, on s'y fait des copains, on apprend à se battre, se forger un moral. C'est beau, et peu importe le résultat. Le plaisir avant tout. Devenir pro nécessite plusieurs ingrédients : avoir une forme de talent, de l'envie, de la volonté et du travail, beaucoup, beaucoup de travail. N'empêche, je lui réponds : « C'est un peu tôt pour savoir si tu en as les capacités, mais, si tu les as, tu peux y parvenir en travaillant. Mais surtout, pas d'alcool, pas de clopes, pas de drogues. Et ensuite, si on veut, on peut ! »

Etudes, UNSS, et Racing 

Scolarisé aux Abbesses depuis toujours, Roméo intègre le collège Georges Braque, où il devient vice-champion de France UNSS au sein d'une équipe qui a notamment vu passer Wesley Fofana, Félix Le Bourhis, Jacques Boussuge, Stephen Parez ou encore Vincent Rattez. L'année suivante, direction le Racing, préféré au Stade Français, où le stade d'entraînement n'est qu'à dix minutes. Pas de pôle Lakanal, mais le sport-études rugby du lycée Galilée de Gennevilliers, dans le 92. Le 2ème-ligne connaît ses premières sélections en Île-de-France à XV, et à 7. Une discipline qu'il ne quittera plus et dans laquelle il performe chaque été...

Passé en Alamercery avec les Ciels et Blancs, son parcours semble tracé mais Pierre Berbizier, alors manager général du club, met en garde contre les rêves de réussite au plus haut niveau : « au maximum, trois ou quatre d'entre vous deviendront professionnels, dont peut-être un ou deux au Racing. »

Les jeunes Racingmen de la génération 1995 championne de France Crabos devenus professionnels : Louis Dupichot, Boris Palu (Racing), Mathieu Voisin (Brive), Vincent Lasmarrigues (Oyonnax), Roméo Ponge Prince, Hugo Malyon et Benjamin Robin (AS Mâcon Rugby), Thomas Dubourdeau et William Vaccaril (Aurillac), Loïc Godener (Grenoble), Camille Chat (Racing), Kévin Bly (Vannes, France 7), Damien Añon (Carcassonne).

En 2012/2013, il n'est pas retenu au Centre de Formation mais entre au lycée privé du Racing Métro 92, en première STMG. Mais en Crabos première année, il ne joue pas... et doit faire ses preuves en Phliponneau, où il finit par convaincre ses entraîneurs, sans que l'équipe ne parvienne à se qualifier pour les championnats de France. Des phases finales qui souriront au club francilien la saison suivante, puisque la génération 1995 est sacrée championne de France. Ponge Prince sera remplaçant en finale contre le FC Auch de Dupont et Jelonch, la faute à une blessure au début des play-offs.

Les premiers coups durs... et le départ

Toujours pas pensionnaire du Centre de Formation, le jeune joueur - devenu flanker - intègre l'effectif des Espoirs. Mais à la reprise de l'entraînement, les entraîneurs lui signifient qu'ils ne comptent pas vraiment sur lui. "La claque, explique son père. Nous sommes en juillet, nous n'avons aucune expérience de la recherche de club, et Roméo s'est inscrit en faculté à l'UFR Paris-Sud Orsay, en Staps. Nous sommes coincés et avons grave les boules sur ce mode de fonctionnement du club." Le Racingman jouera finalement six matches avec les Espoirs en championnat, mais pas les phases finales, où la génération dorée du Racing est de nouveau sacrée en Élite 1. La même saison, il file en tutorat avec Orsay (Fédérale 2) mais joue peu, ne pouvant s'entraîner avec l'équipe première. Seul rayon de soleil : un titre de vice-champion de France universitaire Élite 2.

Vient alors l'heure du départ, à l'aube de la saison 2015/2016. Principal critère de recherche ? Pouvoir s'entraîner avec les pros.. Albi est intéressé, l'essai est concluant : mais quinze jours plus tard, le club fait marche arrière, faute de moyens financiers. Rebelote avec Montauban. Massy se propose, mais ce sera finalement Brive. Flanker ou n°8, il joue tous les matchs, mais ne s'entraîne jamais avec les pros. C'est de nouveau le départ !

La Pro D2 avec le SA XV, et la chance manquée du 7s

En 2016, le SAXV monte en Pro D2 et doit constituer une équipe Espoirs. Il joue, mais toujours pas chez les pros. C'est à l'été suivant qu'il goûte enfin au Pro D2 (315 minutes et six matchs cette saison). En parallèle, Ponge Prince continue de taquiner l'ovale... à 7. Pour le premier Championnat de France Sevens réservé aux Espoirs des clubs professionnels, il obtient même le trophée de MVP. Retenu dans la foulée avec France VII Développement et au Pôle France à VII, il manque les stages de décembre pour préparer les tournois de Singapour, puis Dubaï. En cause ? Le staff de l'équipe pro du SAXV le retient, preuve qu'il est difficile de jongler entre les deux disciplines.

Les absents ont toujours tort : France VII développement gagne le tournoi de Singapour, et se classe bien à Dubaï. Un groupe est né, la porte lui a été fermée au nez. Finalement non-conservé par le SA XV, Ponge Prince se voit offrir une opportunité : signer professionnel avec Mâcon, qui se présente avec une proposition ferme. De quoi devancer Cognac Saint-Jean d'Angely et Bourg-en-Bresse. Le rêve est enfin accessible, mais tous n'ont pas eu cette chance.

Les jeunes Racingmen de la génération 1995 championne de France Crabos qui ne sont pas devenus professionnels : Max Blanc (Stade Français, Albi, recherche club), Lucas Beaudreuil (France B U20, Strasbourg, recherche club), Florentin Meunier (Nuits Saint-Georges), Valentin Cuoq (Houilles-Carrière), Archibald Le Flanchec (Courbevoie), Mel Canac (Saint-Denis), Gaston Nonda (?), Steve Laroche (arrêt), Dimitri Zafalon (?), Cheikou Danfaka (Beauvais), Brice Moreau (Bobigny)

Avec les Scavengers 7s, association de rugby à 7

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Euh...La liste des "non-devenus Pro" me semble pour le moins réduite...En additionnant avec les "Devenus" on arrive à 23 joueurs...J'ai du mal à croire qu'une saison en Crabos de surcroît clôturée par un titre se fasse à 23...

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