VIDÉO. Top 14 : Pourquoi le titre du Castres Olympique fait-il la fierté de tout un territoire ?
12 000 personnes ont fêté le titre du Castres olympique.
Top 14
  • 21 Matchs joués
  • 10 Victoires
  • 9 Classement
  • 522 Points marqués
  • 523 Points encaissés
La victoire du CO dans ce qui s'apparente à la revanche des sans-grades, le fait d'armes des prolétaires du rugby, dans la ville natale de Jaurès, est une page qui restera dans le livre d'or du Brennus !

Le Castres Olympique, qui vient de réaliser un exploit sportif digne des plus belles joutes rugbystiques, est devenu la fierté d'une ville, d'un département, d'un territoire ! Un des Petits Poucets du championnat (11e budget du Top 14) est venu damer le pion brillamment au mastodonte hexagonal du rugby et son président mécène : le Montpellier de Mohed Altrad. Le club ciel et blanc, outsider déclaré et assumé, n'a pas fait un hold-up comme le pressentait beaucoup, mais bel et bien un braquage à la castraise, où chaque homme était le rouage d'un ensemble mis en musique par un Christophe Urios digne d'Arsène Lupin ! Car la partition collective et mentale qu'ont joué les Castrais fut digne d'un blockbuster américain tant le coup fut préparé avec minutie, et avec ce supplément d'âme qui permet de soulever n'importe quelle montagne, même le Mont Brennus. En clair, si Steven Soderbergh cherche des idées pour sa série de films à succès « Ocean's », il devrait se rapprocher d'Urios et de ses gladiateurs bleus, pour sortir « Ocean's XV » : qui glanerait haut la main la palme d'or du coup de cœur du jury !

Le CO : De Lavaur à Gaillac, en passant par Albi, Bernac ou Marssac fut le coeur du Tarn

Car cette équipe, qui s'est invitée un brin à l'arraché dans les phases finales, a su par son état d'esprit, ses valeurs et ce côté d'irréductibles Gaulois d'une petite ville de la province tarnaise, susciter le soutien dans les rucks de tout un territoire, et de l'ensemble de l'ovalie. Retour sur cette finale et la fête qui s'en suivit, avec ses acteurs, ses anonymes, et ses participants un brin plus illustres qui ont vibré au grès de cette folle chevauchée rugbystique des sud-Tarnais qui ont exalté les foules bien au-delà des portes de leur ville ! Car le Castres Olympique, de Lavaur à Gaillac, en passant par Albi, Bernac ou Marssac fut le coeur du Tarn pendant 48h, voire trois semaines.

VIDÉO. Insolite : les policiers de Castres chambrent leurs collègues de Montpellier après la finale de Top 14La conjonction du statut d'outsider, la soif de vaincre de ce groupe, et ce parcours qui les a fait croiser les deux capitales d'Occitanie (Toulouse et Montpellier) entrecoupé d'un club francilien (Racing 92), symbolisme de centralisme et de puissance hégémonique : furent un des ferments de l'adhésion et du capital sympathie dont a bénéficié, le club du président Revol, tout au long de ce périple que beaucoup leur promettaient semé d'embûches. Nombreux se demandaient si cette équipe qui jouait à 120 % de ses moyens ne venait pas - à chaque point de passage - d'arriver au sommet de son Art et d'énergie laissé sur le pré. Le peuple tarnais s'est pris d'affection pour cette équipe qui a su réenchanter la foi à un territoire, ne vivant que par l'ovalie, mais dont la ferveur fut souvent douchée par les résultats souvent en forme de désillusion de leur club de coeur (Albi, Graulhet, Carmaux, Gaillac...). Même l'ancien rival tarnais de top 14, le Sporting club Albigeois y est allé de son message de soutien.

« La Sous prefecture est en train de manger la megalopole régionale ! »

Même les joueuses de l'ASPTT Albi et leurs dirigeants s'étaient réunis ensemble pour suivre leurs cousins du ballon ovale, à l'issue d'un tournoi de fin d'année où la convivialité fut vite accompagné d'une concentration accrue une fois l'écran géant mis en route au alentour de 20h ! Au royaume du ballon rond, on avait aussi d'yeux que pour le Castres Olympique tant les valeurs de combativité, d'abnégation et ce coté Petit Poucet parlent à ceux qui étaient jusqu'au week-end dernier, le plus petit budget de D1 Féminine. 

Finale Top 14 - MHR vs Castres : quels ont été les meilleurs joueurs de la finale ?Pour preuve, Francis, un des dirigeants historiques du club, abonné assidu du sporting club albigeois, qui a traversé la salle en courant à chaque pénalité d'Urdapilleta ou a chaque roublardise de Rory Kockott en scandant : « La sous-préfecture est en train de manger la mégalopole régionale » ! À l'issue du dernier essai, plein de bravoure et symbolique de toute la saison castraise, qui fut faite de nombres d'embûches : toute la salle a exulté ! Après avoir trinqué à la victoire de Christophe Urios et ses hommes, dont le management (et son fameux collège des capitaines) était porté en étendard par Romain un jeune employé pluri-actif du club. Au même moment à Gaillac et Albi tout le monde n'avait d'yeux que pour Antoine Tichit et Geoffrey Palis formé au club, tandis que les 3055 âmes de Marssac avaient le béguin pour le commandante Capo Ortega, marié à la fille d'un élu local. À chaque ville, à chaque village, à chaque hameau son chouchou, preuve de l'ancrage des joueurs et de ce club au plus profond du territoire.

Aux alentours de 23 heures, le Bouclier de Brennus était remis aux Castrais, qui touchaient du doigt ce morceau de bois, si convoité, si durement arraché aux puissants de l'ovalie en tribune officielle. Où on voyait le rugby tarnais représenté dans toute sa diversité : Bernard Laporte president de la FFR (originaire de Gaillac), Alexandre Martinez trésorier de la FFR (ancien Président de l'ASV Lavaur) et Jean Jacques Castanet (ancien Président du Sporting Club Albigeois) qui etreignait longuement son ancien poulain Afupisa Taumoepeau (qui au passage jouait son dernier match sous les couleurs ciels et blanches). 

RESUME VIDEO. Top 14 - Castres soulève le Brennus après un match parfaitMême les politiques de tout bord confondu, le temps d'une soirée, faisaient l'union sacrée, autour du ballon ovale, avec pêle-mêle : Christophe Ramond (président du Département), Phillipe Folliot et Phillipe Bonnecarère (parlementaires locaux) ainsi que bien sûr le premier magistrat de Castres, Pascal Bugis. Samedi soir, le CO était un élément rassembleur et le Tarn était vecteur de réussite, de valeurs qu'on croyait perdues pour certaines (solidarité, don de soi, combativité) puis ressuscitées par une bande de copains, transcendée par un guide charismatique. Pour une fois, le Tarn du nord au sud du département ne faisait qu'un seul homme. 

A Bernac, Village de 188 ouailles : toutes les communes environantes sont venues faire un maul devant la grande lucarne

Après avoir vu les joueurs du CO brandir avec fierté le bouclier, il était tant d'aller dignement faire la troisième mi-temps dans un petit village de 188 ouailles. Qui a fait d'une tradition intangible la finale du Top 14 en la projetant tous les ans sur écran géant lors de la bodéga annuelle, véritable épicentre du rugby terroir comme on l'aime. Dans ce petit village qui se traverse en cinq minutes à pied et en une poignée de secondes motorisée, la finale du championnat de France est l'occasion de voir toutes les communes environnantes venir faire un maul devant la grande lucarne qui projette les joutes que se livrent les forçats de l'ovalie. Mais comme en 2013, quand le Castres Olympique est de la partie et décroche le Graal au bout, la fête n'en est que plus enivrée et joyeuse. Alors que l'écran géant diffusait l'après-match, les supporters quasi tous au cœur bleu, sourire en bandoulière, dissertaient la « Mousse » à la main, sur l'exploit du soir. 

La finale du Top 14 Montpellier vs Castres vue par les réseaux sociauxChacun y aller de sa diatribe, comme Didier ancien licencié du SCA, et qui ne porte habituellement pas le CO dans son cœur, et se laissant aller à un : « Ce soir, c'est le Tarn qui a gagné, c'est le rugby des champs qui à croquer le rugby des villes ». Tout en affirmant qu'aller le lendemain fêter les joueurs de retour à Castres serait un pas qu'il ne franchirait pas. Mais d'autres, par l'ardeur de la fête et les voluptes de la bière qui coulaient à flots, démontraient de façon plus exubérante leur joie en glissant sur des tables savonnées au préalable, et alignées à la file, tel des otaries sur la banquise. Aux environs de 3h du matin, alors que les pichets tombaient comme la grêle un soir d'orage, les chants paillards et ou rugbystiques s'envolaient dans le ciel tarnais. Malgré l'heure avancée, beaucoup avait du mal à se quitter de peur que ce moment s'arrête, par envie de vivre pleinement cette victoire que tout le monde voulaient s'attribuer un peu. Même l'édile du village, au four et au moulin durant toute la soirée, au vu de ses cernes, avait donné de sa personne et n'avait pas du être en reste dans la célébration du sacre castrais.Crédit vidéoLoïc Colombié

Place Pierre Fabre : les champions de France accueillis par une nuée de drapeaux et d'aplaudissements

Le lendemain, c'est le corps fourbu et les paupières lourdes que tous les amoureux du rugby tarnais se déplacèrent direction la sous-préfecture,pour communier avec les héros de Saint-Denis. Sur la place Pierre Fabre, il y avait ceux qui arrivaient tout juste du Stade de France après des heures de bus et ceux dont on aurait dit qu'ils avaient juste enjambé deux rues pour transhumer de la place Jean Jaurès où était diffusé le match la vielle jusqu'à la place portant le nom du mécène historique du club (qui eu droit à une vibrante minute de silence). La place noire de monde (12 000 personnes) attendait avec impatience la procession bleue des joueurs, qui sur leur char, mirent presque deux heures pour parcourir les six kilomètres séparant le lieu de rendez-vous de l'aéroport. Même le siège social du petit frère, l'Aviron Castrais était à pied d'œuvre pour abreuver les milliers d'aficionados impatients de voir leurs idoles ! 

Top 14 - Les 5 points à retenir de la finale entre Montpellier et CastresClaude, supporter du CO depuis 67 ans, lui, était aux anges : « C'est magnifique, c'est choses, on y pense pas trop en début de saison mais c'est arrivée et on a été derrière eux, on a été prèsents... Nous, on ne joue pas avec l'argent, on joue avec la tête... Eux, ils sont restés avec leurs sous et nous, on gagne » et il n'a d'yeux que pour « Cocote » comme on l'appelle au pays et Urdapilleta qui pour lui ont éclipsé, « le champion du monde Pienaard ». Arrivée sur la place Pierre Fabre, sous l'air des yeux d'Emilie, chanson devenue littéralement virale dans la sous-préfecture tarnaise et hymne du vestiaire du CO intronisé par Anthony Jelonch, les champions de France furent accueillis par une nuée de drapeaux et d'applaudissements. Le président Revol, les joueurs cadres (Babillot, Capo Ortega) prirent le micro pour partager leurs joies avec le peuple bleu et blanc. Mais il en est un qui eut sa double ration d'acclamation : c'est le timonier Urios et instantanément après une brève prise de parole, toute la chambrée se mit a scander en cœur « Urios au CO » tant les supporters n'ont qu'une peur de se faire chiper leur magicien. Claude notre supporter de plus de six décennies, n'en pensé pas moins : « Ah Urios, c'est un homme du pays, il est fin, c'est un malin ».

Et ce bouclier brandit tel un talisman fut l'attraction de toute une ville, chacun voulant le toucher ou faire son selfie pour mieux se conforter dans l'idée qu'il était bel et bien castrais pour une année. Ludovic Radosavljevic, alors qu'il faisait profiter aux supporters du bout de bois le plus célèbre de France, est revenu sur cet épilogue aussi merveilleux qu'improbable : « J'ai pas connu la joie de 2013, mais j'ai connu d'autres joies ailleurs (Clermont). C'est vrai qu'on a eu un parcours atypique, on est allé se le chercher surtout sur la fin de saison. On a eu un trou cet hiver mais la force de l'équipe c'était le collectif, on a su se sortir les doigts du c.... On est allé chercher cette qualif, et après il nous restait plus que trois matchs à gagner ». Quand on parle au demi de mêlée castrais du supplément d'âme de cette équipe, il répond spontanément : « On travaille bien ensemble, on est une bande de copains et on aime bien vivre ensemble, c'est un groupe fait pour jouer au rugby... » . Il n'oublie pas au passage Christophe Urios et les supporters : « Christophe, il a son franc-parler, et il sait sortir les mots qu'il faut au moment qu'il faut  C'est exceptionnel ce que les gens de Castres font pour le rugby, c'est incroyable, c'est magique ! » Et de conclure quand on lui demande si David à croquer Goliath : « Dans le rugby comme quoi... rien n'est écrit ! »

Crédit vidéo : Loïc Colombié 

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Quid du 6e qui devient champion de France ? Non reflet d'un championnat qui a malmené des joueurs et des staffs pendant plusieurs mois et qui ne récompense pas le plus méritant sur la saison. Avec un autre fonctionnement l'ASM serait peut être plus que 2 fois champion, le MHR aurait obtenu un titre qu'ils convoitent tant et la Rochelle aurait donné un meilleur destin à son épopée de l'an dernier. Beauté du rugby pour l'un, incompréhension de beaucoup d'autres notamment non issus de l'ovalie.

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