VIDEO. 6 Nations. XV de France - Irlande : les mêlées des Bleus analysées
6 Nations. XV de France - Irlande : les mêlées des Bleus analysées.
Découvrez l'analyse vidéo des mêlées de XV de France - Irlande dans le Tournoi 6 Nations par notre consultant Nicolas Crubilé d'Ovalie performance.
Nous avons demandé à notre consultant Nicolas Crubilé (Ovalie performance) d’observer le comportement de la mêlée française face à l’Irlande dans le 6 Nations. Une semaine après ce match, il nous livre son analyse dans ce secteur et se projette sur le match de vendredi soir face au Pays de Galles.VIDEO. 6 Nations. XV de France - Irlande : les mêlées des Bleus analyséesVIDEO. 6 Nations. XV de France - Italie : les mêlées des Bleus analyséesLe match contre l’Italie avait déjà vu 18 mêlées ordonnées par Mr Doyle, contre l’Irlande il y en a eu encore 30 (en comptant les mêlées refaites) avec 11 mêlées entre la 65e et la fin de match. Pour avoir des éléments de comparaison : la 1re journée du tournoi Galles-Irlande c’est 13 mêlées, soit une de plus que pour la finale de Coupe du monde Nouvelle-Australie. Les causes sont multiples, mais les chiffres sont aussi là pour nous rappeler que ces deux premiers matchs ne se sont pas joués sur le rythme du très haut niveau international.

On a beaucoup parlé du roulement effectué par LE STAFF du XV de France en 1re ligne et on va voir sur cette première vidéo qu’au niveau de la mêlée, ces modifications ont demandé des adaptations techniques :

  1. La largeur de la prise d’appuis du talonneur (pas visible sur cette vidéo mais essentiel). Même si les mensurations diffusées ne sont pas tout à fait exactes, l’encombrement de Slimani (1m78-110 kg) - Ben Arous (1m83-109 kg) est différent de celui d’Atonio (1m96-145 kg)- Poirot (1m81-100 kg)…
  2. La liaison de Guirado sur Atonio (visible sur les images de la « REFCAM » 11'-11'05 ) est plus haute sur l’épaule pour garder la possibilité de serrage et surtout ne pas trop ouvrir (= affaiblir) l’épaule droite du talonneur dont nous allons voir l’importance un peu plus tard.
  3. Maestri est obligé d’adapter son placement. En cause, là encore, la différence de taille entre Guirado (1m86) et Atonio (visible sur le plan vu d’en haut à partir de la 11e06).

TROIS DÉTAILS, DANS CE SECTEUR…CE N’EST PLUS UN DÉTAIL…

Analysons le déroulement de cette mêlée qui va durer 12 secondes et coûter la 2e pénalité du match aux Français :

  • 11'06 : gros impact + 1re reprise d’appuis du pack irlandais sur le côté avant l’introduction. Leur objectif dans un 1er temps est stratégique : orienter cette mêlée vers la gauche pour enfermer Lauret et Chouly dans le côté fermé et faciliter une attaque sur toute la largeur du terrain.
  • 11'10 : comme toutes les introductions du niveau international, elle n’est pas équitable et donc…pénalisable.
  • Ralenti - 11'48 - 11'52 : on a déjà vu dans un précédent article la difficulté de subir une reprise d’appuis sur le côté (ce sont les Irlandais qui sont à l’initiative de la rotation). Maestri glisse, Atonio se retrouve en travers et le gaucher irlandais raccourcit sa liaison pour le reprendre. Simultanément, le talonneur vert (Best) se délie en venant attaquer cette épaule droite de Guirado : il coupe la mêlée en deux. L’arbitre signale avantage.
  • 11'53 : l’axe droit irlandais reste compact et fournit un gros effort.
  • 11'54 : le ballon est jouable, mais les Irlandais ont changé d’option : ils vont chercher la pénalité.

Sur la 2e vidéo, nous sommes toujours en première mi-temps.

Best et White (2 et 3 vert) viennent mettre une énorme pression sur Guirado en frappant fort dès l’impact. À nouveau, Best revient attaquer cette liaison Guirado-Atonio mais il pousse en montant, en même temps White reprend sa liaison sur Ben Arous et vient le "chasser" vers l’extérieur. Comme la mêlée précédente, le talonneur vert lâche son gaucher. Jaco Peyper est vigilant, pénalité immédiate… logique.

La suite en page 2

Même si l’entrée en jeu de Slimani et Ben Arous a permis à la France d’être très conquérante dans ce secteur de jeu. Comme nous allons le voir sur cette 3e vidéo ci-dessous, des solutions avaient déjà été trouvées à la mi-temps.

La mêlée va durer 11 secondes, elle sera très stable et les attitudes sont remarquables :

  • comme on peut le voir à la 43’28 : grâce à un impact maitrisé, la première reprise d’appuis se fait en avançant, ce qui va permettre aux 2 grands piliers français de s’allonger.
  • même si on peut regretter que l’épaule de Maestri ait glissé dans le dos de Guirado (= ne peut plus soutenir celui-ci), les 2 deuxièmes lignes ainsi que Camara et Lauret restent concernées par la mêlée (= en poussé) jusqu'à ce que Bézy évacue le ballon.
  • les piliers français, justement, ne sont plus dans la lutte individuelle, ils transmettent vraiment la force de leur bloc (2ème ligne-3ème ligne).
  • si on isole le comportement de Atonio, on peut voir que son bassin est parfaitement dans l’axe mais surtout que contrairement à la première mi-temps c’est lui avec son épaule gauche qui va faire peser sa masse sur l’épaule gauche de Best.

Le ballon sort proprement. Malheureusement, Plisson tapera directement en ballon mort. On est à la 44e minute et les 2 piliers français sont remplacés.

Enfin sur l’essai de Médard, on va voir encore une fois qu’EN MÊLÉE PARFOIS ON FAIT CE QU’ON VEUT…MAIS SOUVENT ON FAIT CE QU’ON PEUT…

Tout d’abord, l’historique de cette mêlée : on est sur un énorme temps fort français et la première mêlée est à la 65’eminute (suite à 1 essai refusé à Chouly). Quatre minutes et 6 mêlées plus tard alors que Jaco Peyper aurait déjà pu accorder un essai de pénalité, et que Guirado, sûr de sa force, redemande la mêlée : la France marque.



À noter qu’après la sortie de Maestri, c’est Flanquart qui pousse à droite. L’impact français est bon, l’accumulation des mêlées a mis le pack irlandais sous pression donc les deux 3es lignes ailes restent en poussée derrière leurs piliers. Mais sur le talonnage, le ballon n’empreinte pas le bon canal : il passe entre Jedrasiack et Lauret (qui s’est décalé pour bloquer le demi de mêlée irlandais) sans être contrôlé. Machenaud, attentif, ramasse le ballon et va venir fixer le 1er défenseur, qui dans cette zone devrait être O’Donnell (20 vert). Celui-ci étant fixé par la mêlée, c’est Madigan qui vient bloquer le 9 français ; de fait il tourne ses épaules et rompt l’alignement défensif.

Médard a parfaitement lu la situation : il change sa course avant de recevoir le ballon et vient se proposer à l’intérieur du 2e défenseur, ce couloir aurait du être défendu par Madigan. Après avoir franchi, il résiste au retour de O’Donnel, qui défend en poursuite, en fuyant sa trajectoire et en plaçant son ballon à l’opposé de celui-ci pour le sécuriser. Essai.

Si on cherche à illustrer le FRENCH FLAIR, pour moi cet essai le symbolise bien : une parfaite adaptation à la situation en lecture de jeu, dans la zone de stress et dans un moment clé du match.

Pour finir, ses deux premiers matchs nous donnent déjà quelques informations sur ce paquet d’avants français :

  • Un capitaine devenu légitime et qui est porté par ses responsabilités.
  • Trois secondes lignes complémentaires sur 80 minutes, avec notamment la possibilité d’utiliser Flanquart à droite.
  • Quatre piliers avec des profils différents, qui vont permettre à Yannick Bru d’échafauder des stratégies différentes en fonction des oppositions et des scénarios de match.

Maintenant, comme nous l’avons vu en introduction, sur quel rythme va se jouer ce prochain match ? Les filières énergétiques sollicitées sont différentes que vous fassiez 10 mêlées en un quart d’heure ou que vous en fassiez 10 en quatre-vingt minutes entrecoupé de sprints, de plaquages, de déblayages, de duels, de passes…

Offensivement, le système de jeu Gallois est basé un peu comme au tennis sur des "longs rallye de possession" qui balayent toute la largeur du terrain en alternant le jeu pénétrant direct avec des cellules de 2 ou 3 joueurs autour de leurs gros porteurs et des passes longues pour aller rapidement attaquer le couloir des 15m. Leur 1er ligne Evans-Baldwin-Lee (qui a des caractéristiques particulières) a beaucoup fait souffrir l’Irlande sur la première journée, et a alterné un peu de bon et beaucoup de moins bon contre une mêlée écossaise surprenante. Les Irlandais et les Écossais ont réussi par moment à déstabiliser cette équipe mais jamais assez pour remporter le match.

Quoi qu’il se passe vendredi soir, ce jeune groupe français en construction va continuer son apprentissage en affrontant l’équipe de l’hémisphère nord la plus rodée au niveau international dans une atmosphère…particulière.

Vous pouvez contacter Nicolas aux adresses suivantes : sur la Page Facebook Ovalie Performance ou nicolas.crubile at gmail.com.

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  • Pumat
    2784 points
  • il y a 8 ans

Oh ! Moi je croyais que personne n'y comprenait rien aux mêlées, et que les arbitres pénalisait une fois sur deux.

Nan plus sérieusement, c'est juste trop intéressant pour quelqu'un comme moi qui n'a jamais été en vrai dans une mêlée (je me ferais casser en deux).

En tout cas j'en veux d'autres. Ah, et une vidéo sur les rucks aussi. Y'a vraiment des fois où je comprends rien. 😆

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