« Rugby à charges », l'enquête qui dévoile les dessous du dopage en France
« Rugby à charges », l'enquête qui dévoile les dessous du dopage en France.
Rugby à charges, l'enquête du journaliste sportif Pierre Ballester qui dévoile les dessous du dopage organisé en France durant de très nombreuses années.
Voilà qui devrait relancer le débat sur le dopage dans le rugby en France. Après l'ancien international Laurent Bénézech, qui avait tenté de « briser l'omerta » entourant la prise de produits illégaux dans le rugby français via son livre « Rugby, où sont tes valeurs ? », voilà qu'un autre ouvrage à paraître début mars va cette fois-ci révéler les dessous d'un dopage organisé aussi bien dans les clubs qu'en équipe de France. « Rugby à charges. L'enquête choc » est l'œuvre du journaliste sportif Pierre Ballester, également auteur de « La France du rugby » en 2006, mais surtout de « L.A. Confidentiel », le livre qui a fait la lumière sur le dopage du cycliste américain Lance Armstrong. Cette fois-ci, ce spécialiste des enquêtes approfondies a décidé d'aller fouiller et fouiner dans le monde secret du ballon ovale. Ce qui en ressort n'est pas très beau pour ce sport et ses fameuses valeurs.

Grâce à des interlocuteurs qui ont baigné dans le rugby durant de très nombreuses années, à l'instar de Jacques Mombet, médecin du SU Agen de 1960 à 1975, puis celui du XV de France pendant vingt ans, aujourd'hui membre actif du comité d'experts de l'Agence française de lutte contre le dopage, il avance que le dopage est une pratique courante dans le rugby, et ce, depuis des décennies. « Les amphétamines ont toujours existé dans le rugby et ailleurs. Dans les années 1970, des équipes entières en prenaient, d'autres non », confie ce dernier, tout en évoquant un sport d'un autre temps où il n'y avait « pas d'agence antidopage, pas de prévention ». Mombet de se remémorer « un match de championnat, entre Fleurance et Marmande [où] les joueurs avaient tous la bave aux lèvres, ils se mettaient des marrons même entre équipiers ! ». Les inconnus n'étaient cependant pas les seuls concernés.

Les internationaux chargés comme les autres ?

Les internationaux « étaient libres d'en prendre ou pas. ». Les avants y avaient le plus souvent recours. Les stars de l’époque, Blanco, Sella, Berbizier, ne faisaient pas partie de ceux qui en prenaient, « ou alors, c'était très exceptionnel. » Avant un match clé par exemple. Jacques Mombet d’illustrer ses propos avec la série de matchs entre le XV de France et les All Blacks en 1986. Après un match perdu à Toulouse (défaite 7-19, ndlr) les Bleus avaient les avaient dominés une semaine plus tard (16-3, ndlr). Un retournement de situation qui avait poussé les Néo-Zélandais à prévenir l’instance du rugby mondial (anciennement IRB, aujourd’hui World Rugby). Laquelle en avait référé au « ministère des Sports, lequel a mis au courant la fédération ». Autant dire que tout le monde était au courant. « Tout le monde le savait depuis longtemps, » et notamment Albert Ferrasse, alors président de la FFR, et les médecins comme Jean Pène, accusé par Mombet, avec il a travaillé au sein de l’équipe de France entre 75 et 95, de donner des amphétamines aux joueurs. « Oui, il était au courant. Mais il faisait entièrement confiance à Pène, avec qui il était très ami. Et puis la confiance, ça voulait dire aussi fermer les yeux. »

Cet article est en deux parties

Après cela, les amphétamines ont été interdites, mais avec l'ère du professionnalisme, d'autres produits sont arrivés sur le marché et avec eux, de nouvelles pratiques visant à faire passer le dopage pour un traitement médical avec les fameuses AUT (autorisations d'usage à des fins thérapeutiques), et son ancêtre, les ordonnances motivées. Jacques Mombet évoque ainsi la célèbre déculottée prise par les Tricolores au Parc des Princes (52-10) face à l'Afrique du Sud en 1997, et le comportement du médecin des Springboks qui avait fourni « une grosse dizaine » d'ordonnances motivées après avoir entendu parler de contrôles antidopage.

Pour un oui, pour un non, les médecins des clubs professionnels prescrivaient des injections de "corticos" en veux-tu, en voilà ! C'était affolant ! Je crois qu'ils étaient dépassés par les événements, qu'ils étaient sous le joug d'un staff ou d'un président très... très pressant. Du dopage, il y en a toujours eu et il y en aura toujours. D'après ce que je sais, les médecins constituent un frein et des joueurs se tournent alors vers des "préparations" individualisées. Mais, globalement, le rugby ne peut plus y échapper désormais. Pour moi, les joueurs ne sont ni victimes ni coupables, mais des victimes consentantes ».

La recherche avance, le dopage aussi

Corticoïdes, Ventoline, créatine, stéroïdes anabolisants, à chaque époque son produit, ses pratiques. Aujourd'hui, ce sont les compléments alimentaires, et notamment les pots de poudre si chers aux yeux des joueurs de l'hémisphère sud au début des années 2000 et que l'on retrouve désormais dans tous les placards des joueurs pros, qui font l’objet de toutes les attentions. « Nous savons aujourd'hui que la musculation associée à l'alimentation protéinée ne suffit pas à expliquer ces prises de masse actuelles. » « Les suppléments nutritionnels sont partout, les bons, les moins bons, les inutiles, les mauvais, les pires qui soient » note l'auteur du livre.

Désormais, ce sont les clubs qui sont en charge de la régulation des compléments alimentaires. Les contrôles antidopage sont plus poussés, parfois inopinés. Certains joueurs doivent se géolocaliser via le système ADAMS, qui n'est encore pas parfait. Grâce à tout ça, « on s'est fait une idée plus précise de qui est adepte de quoi. Notre interlocuteur sait quel club est le "spécialiste des anabos", quel autre "de l'hormone de croissance", ou que celui-ci "croque encore beaucoup de corticos". » Mais c'est encore loin d'être suffisant pour éradiquer le dopage dans le rugby. Laurent Bénézech comme les différents intervenants sont sûrs d’une chose, il va arriver un moment où la vérité va éclater au grand jour.

Retrouvez d'autres extraits dans l'article original sur le site de L'Express.

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  • Gret
    589 points
  • il y a 9 ans

Cela se remarque surtout quand un jeune est détecté par un grand club.
En -15 j'ai été détecté avec un ami par un grand club du top 14, à la suite de cela lui est partis et moi je suis resté dans mon petit club.
2ans après,la star est venus nous faire un petit coucou avec des 30kg de plus.
Certes c'était un gringalet avant de partir, mais on savait tous qu'il avait une petit potion magique distribué lors des enrainements

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