RUGBY AMATEUR. Les grosses évolutions des certificats médicaux qui pourraient faire chuter le nombre de licenciés
RUGBY : Le nombre de licenciés chez les amateurs va-t-il baisser ?
Les examens pour obtenir un certificat médical sont un passage obligatoire pour jouer au rugby et obtenir sa licence. Mais ils évoluent suite à un arrêté du 24 juillet 2017.

C’est un arrêté passé presque inaperçu lors de sa sortie, qui pourrait bien changer la face du rugby amateur. Et impacter directement son nombre de pratiquants… Son but ? Redéfinir les examens à passer pour obtenir les certificats médicaux de non-contre-indication à la pratique des disciplines sportives à contraintes particulières. Parmi ces disciplines ? La plongée subaquatique, l’alpinisme au-dessus de 2500m d’altitude… mais aussi le rugby.

Les médecins dénoncent une complexification et l’augmentation du coût des examens. Mais qu’en est-il vraiment de cette évolution ? Le docteur Richard Talbot, de la Fédération des Médecins de France, répond à nos questions.

Quels sont les examens requis pour le rugby ? 

Pour le rugby à XIII, il n’y a rien de spécial. Il fait partie des sports à contraintes spéciales qui nécessitent un examen tous les ans, contrairement au foot ou à la gym, mais le décret précise qu’il faut faire particulièrement attention à l’examen des membres inférieurs et de l’appareil locomoteur. Ce qui est un peu surprenant, car on surveille toujours l’appareil locomoteur des sportifs. Et d’un point de vue médical, je ne vois pas trop la différence entre le XIII, le XV et le VI.

Justement, quid de l’évolution de l’examen pour le XV et le VI ?

Il y a désormais l’obligation d’un électrocardiogramme pour tout joueur à partir de 12 ans, tous les trois ans jusqu’à 25 ans, puis tous les cinq ans ensuite, ce qui n’est pas le cas actuellement. L’ECG n’a jamais été obligatoire, c’est d’ailleurs un examen extrêmement sujet à controverse puisqu’il y a des études qui diraient que ça diminue le risque de mort subite, et augmente le risque de découverte de pathologies qui - entre guillemets - n’en sont pas. Et donc d’interdire le sport à des gens qui n’en ont pas besoin. Il y a même des gens qui disent qu’on aurait plus de morts chez les gens détectés que les autres.

Le Collège National des Généralistes Enseignants ne préconise pas l’ECG systématique s’il n’y a pas de signes. La société de cardiologie du sport, elle, le préconise. Mais on se demande un petit peu : pourquoi les rugbymen et pas les autres sportifs ? De façon générale, il y a pleins de choses qui paraissent surprenantes dans ce décret et en particulier le fait de le pondre le 15 août (date de la parution dans le Journal officiel, ndlr), juste avant la rentrée et sans aucune consultation avec les médecins. Il nous est vraiment tombé sur le coin de la figure.

Si les médecins ne sont pas en cause, qui est responsable de cette évolution ?

Le ministère de la santé et le ministère des sports, donc madame Buzyn et madame Flessel. La seule référence médicale dans ce décret, c’est la référence à la Société Française de Médecine de l’Exercice et du Sport, que pas grand monde ne connaît. On se demande vraiment d’où sort ce décret. Je ne sais pas si la FFR a été contactée avant, mais quand elle va voir ses chiffres de licenciés diminuer de façon drastique, elle sera peut-être contre !

Concrètement, comment ça va se passer ? Si un joueur souhaite se faire tamponner sa licence, il sera désormais dans l’obligation de passer un électrocardiogramme ?

Oui, une fois tous les trois ans. Et si votre médecin n’a pas le matériel pour faire un électrocardiogramme, il va falloir en trouver un. Notamment au moment du rush de la rentrée, pour les certificats médicaux. Les médecins qui n’ont pas d’ECG ne signeront pas les licences, donc les joueurs ne pourront pas jouer et je ne sais pas ce qui va se passer pour les matchs de début de saison…

Cet arrêté date du 24 juillet. On est d’accord qu’il ne rentrera en vigueur que l’année prochaine, pour la saison 2018/2019 ? Les certificats médicaux pour la saison qui s’apprête à débuter ont déjà été fournis, certaines licences sont déjà tamponnées…

Ici (le Dr. Talbot pratique près du Mont-Saint-Michel, ndlr), je signe peu de licences pour le rugby, mais effectivement, depuis le mois de juillet, j’en ai déjà signé plusieurs pour la saison de football qui va débuter. Celles qui sont déjà signées, a priori, sont valables.

Mis à part l’ECG, y a-t-il d’autres examens à passer ?

Ça concerne surtout les joueurs de plus de 40 ans. Il faut passer un test d’effort qui coûte 77€. Un angio IRM, c’est 130€. Même prix pour l’IRM cervical, sans oublier le bilan glucido-lipidique, qui est à 30€. Tout ça, non remboursé. L’ECG - qui coûte 14,26€ - n’est pas remboursé non plus. Aucun examen pour une licence n’est normalement remboursable. Même une consultation n’est pas remboursable, c’est écrit en toutes lettres dans le règlement de la sécurité sociale.

Au-delà du prix, cette évolution ne va-t-elle pas entraîner un problème de logistique en début de saison ?

Nous sommes en présence d’un arrêté ministériel, on ne peut pas passer outre. Si vous essayez de passer outre, c’est exactement la même chose que de passer au rouge à un feu rouge. De toute façon, en tant que syndicat, nous engageons nos adhérents à respecter la réglementation, même si on peut penser que c’est idiot de mettre un feu rouge au milieu d’une autoroute.

Il faudrait que la FFR prenne contact avec le ministère pour demander si ces examens sont vraiment utiles. Sur quoi se basent-ils ? Quand vous faîtes un électrocardiogramme, vous tombez forcément sur des anomalies, pas forcément enquiquinantes. Si c’est le cas, j’envoie au cardiologue. Mais ici, les délais pour voir un cardiologue, c’est quatre mois.

Pour prendre un autre exemple, dans le texte du décret, il n’y a strictement rien qui nous dit à partir de quand - pour les joueurs de 40 ans et plus - le taux de cholestérol est anormal. Je parie que 98% des joueurs de rugby du sud-ouest âgés de plus de 40 ans ont un taux anormal. Mais il n’y pas de contre-indication. On va leur interdire à tous ? Pareil pour l’IRM Cervical : à partir de 20 ans, tout le monde a de l’arthrose cervical. Alors à 40 ans, on va forcément trouver des anomalies chez les premières lignes. On va leur dire de ne plus jouer ? On nous dit de faire des examens, mais pas ce qu’il faut en faire ensuite.

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un bilan biologique glucido-lipidique une fois par an après 50 ans !
Eh bien après 33 ans de 3eme mi-temps il va pas être brillant le machin.
L'heure de la retraite a vraiment sonnée.

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