Lionel Girardi : ''Ce que fait le Stade Toulousain est très prometteur'' [Partie 1]
Romain Ntamack est le parfait exemple du renouveau de la formation toulousaine.
Lionel Girardi, spécialiste de la formation, a répondu à quelques questions au sujet des propos d'Émile Ntamack sur la formation toulousaine dans L'Équipe.

Lionel Girardi a créé une petite boîte Rugby Pro Training via un site internet il y a maintenant 10 ans. Il propose des documents, outils ou vidéos liés à la formation du joueur afin d’aider les éducateurs et les entraîneurs. Au fil de ses expériences terrains et des problématiques qu'il a pu rencontrer, que cela soit en école de rugby, au niveau des catégories jeunes ou bien en senior, il a su enrichir ce site. Il est revenu pour nous sur les propos d'Émile Ntamack dans le journal L'Équipe.

Émile Ntamack parle de développement du joueur plutôt que de sa capacité immédiate à faire gagner des matchs, qu'en pensez-vous ?

En rugby, vous avez principalement deux options qui s’offrent à vous pour entraîner : celle qui consiste à détecter les points forts de vos joueurs pour les exploiter et gagner vos matchs, et celle qui consiste à proposer des contenus d’entraînements pour développer les ressources de vos joueurs sans forcément penser à gagner vos matchs. Il est clair que la logique sportive est de développer le joueur dans les catégories jeunes et de l’exploiter dans la catégorie senior. Cependant il faut parler de «dominante», ce n’est pas que l’une ou que l’autre ! Un senior peut être formé et un jeune peut être exploité, c’est le dosage qui compte suivant l’âge du joueur. Petite remarque, contrairement à ceux que beaucoup pensent : bien former les jeunes vous fait gagner des matchs, mais peut être pas un championnat qui peut se jouer sur des aspects stratégiques en phases finales

Il semble qu'Émile ait mis le doigt sur la formation des clubs professionnels. Mais ce n'est qu'une infime partie de la formation française ? 

C’est effectivement une infime partie, mais c’est le réservoir de l’équipe de France donc elle est très importante vu les résultats de notre vitrine ! Émile Ntamack a lancé un vrai pavé dans la mare dans son article ! De plus, il faut savoir que globalement il n’y a pas de rémunération destinée aux éducateurs ou aux entraîneurs jeunes dans les clubs amateurs, les seuls «professionnels» chez les jeunes se trouvent dans les clubs pros et il est alors inadmissible de lire un tel constat lorsqu’on sait que des entraîneurs ou des éducateurs sont censés être rémunérés pour former des jeunes !

Cette vision d'une formation basée sur le développement personnel plutôt que sur le physique, n'est-elle pas au détriment du niveau international ? 

Je reprécise bien les termes. Émile Ntamack parle de morphotypes, il est clair qu’il vaut mieux se baser sur le développement du joueur plutôt que de s’appuyer sur des morphotypes qui pour la majorité vont se faire rattraper sur leur taille et leur poids en catégorie crabos. Par contre, l’aspect ressources physiques telle l’explosivité, la vitesse ou encore l’endurance sont à développer autant que la technique.

Les deux premiers du Top 14, Clermont et Toulouse ont pourtant deux profils différents (recrutement, jeunes, etc). Les deux méthodes semblent réussir aujourd'hui ? 

Je pense avant tout que les forces des ces clubs sont assez communes : leur budget, un staff et un effectif stable sur du long terme. Des valeurs fortes : stabilité, continuité, sérénité. 

Quid des All Blacks qui semblent avoir trouvé des joueurs physiques, techniques et joueurs de ballons ? 

Les All Blacks ne trouvent pas, ils forment et pour les moins formés, ils ont au moins la notion de répétition et du travail que cela exige Qu’ils aient des morphotypes ou des «gringalets», ils les forment notamment sur la technique... Et tout se passe dans leurs écoles de rugby entre 8 et 13 ans avec leurs fameux skills ! Reprenons le cas de la passe, sans être précis dans les chiffres donnons un exemple quantitatif : un Néo-Zélandais sur un entraînement va faire 60 passes, là où un français va en faire 20. Sur 6 ans, à hauteur de 2 séances par semaine sur 30 semaines par saison, on obtient 21600 passes pour le Néo-Zélandais contre 7200 passes pour le Français. Lorsque vous arrivez dans un club pro ou en filière fédérale, vous êtes encore dans l’apprentissage de la passe dans un cas, et dans l’autre vous passez dans l’optimisation de la passe adaptée à la vitesse de jeu...

L'article de L'Équipe et du Stade est une opération communication ou une réelle envie de changer les choses et un message aux autres clubs ? 

La première des choses à souligner, c’est la franchise d’Emile Ntamack. Je n’aurais jamais pensé qu’un Directeur Sportif d’un club pro pourrait écrire cela, car si vous décortiquez bien ses propos, il vous explique que la formation dans les clubs pro est une vraie arnaque puisque quasi-inexistante ! Personnellement, j’approuve, c’est un «combat» que je mène depuis quelques années.

Maintenant, ces propos sortent au moment où l’équipe fanion fonctionne bien, avec des jeunes, alors à savoir s’il veut réellement changer les choses ou si c’est une opération de communication... Je dirais les deux.

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De manière générale, j’aime beaucoup les articles et le matériel créé par Lionel Girardi

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