INTERVIEW. 6 Nations U20. Les yeux dans les Bleuets : Episode 2 avec Ibrahim Diallo et Hassane Kolingar
Hassane Kolingar et Ibrahim Diallo enchaînent les victoires avec France U20.
Hassane Kolingar et Ibrahim Diallo, les deux internationaux U20 du Racing 92, se sont confiés alors que les Bleuets abordent la préparation du match face à l'Italie.

C'est l'histoire de ''Caillou'' et ''Ibou''. Hassane Kolingar, pilier, très puissant, et Ibrahim Diallo, troisième ligne et plaqueur invétéré, se sont rencontrés il y a près de six ans. Depuis les sélections départementales minimes à l'équipe de France U20 en passant par le Racing 92, ils ferraillent ensemble et font désormais partie des fers de lance des Bleuets. Entretien, sans détours, comme ils en ont l'habitude.

Ibrahim, pourrais-tu nous présenter Hassane et Hassane nous présenter Ibrahim ? 

Ibrahim Diallo : Ça fait maintenant six ans qu'on se connaît, on s'est rencontrés en sélection départementale 95. Hassane, c'est un joueur qui est puissant avec d'énormes qualités physiques. Il est fort en mêlée. Dans la vie de tous les jours, c'est quelqu'un d'hyper déterminé, il sait ce qu'il veut, il est combatif et veut toujours être le meilleur. On le connaît pour cela au Racing. Après, c'est une personne cool, il est marrant. C'est un de mes meilleurs potes, on est toujours ensemble, comme ''chien et chat''. On s'embrouille souvent et on se quitte jamais. Je sais comment il fonctionne, quand ça va ou pas et lui aussi le sait. Quand il y a un moment de doute, on arrive à se parler, à se rassurer. Si on ne fait pas une bonne performance, il est toujours là à dire : ''allez allez bouge ton cul''. On a nos repères aussi : comme il est pilier gauche, en mêlée, je me mets derrière lui. Pendant la Marseillaise, on est toujours l'un à côté de l'autre. On se jette souvent des regards avant d'entrer sur le terrain comme avec Georges-Henri Colombe (NDLR : pilier, Racing 92) et Teddy Baubigny (NDLR : talonneur, Racing 92).

Hassane Kolingar : En dehors du terrain, Ibrahim c'est quelqu'un qui a vraiment un grand coeur. Je pense que c'est une des personnes les plus gentilles que je connaisse. Il est unique pour ça. C'est un très bon ami, il a le mot pour te remonter le moral et il dira jamais ''non'' pour toi. Il est vraiment très gentil et ne ferait pas de mal à une mouche. Sur le terrain, il découpe des types, c'est le paradoxe (rires). C'est plus la même personne, un gros gros défenseur, qui est vraiment compliqué à passer, je trouve. C'est un barbelé. En attaque, il est à l'aise avec le ballon et quand il décide de produire quelque chose, il s'y met à 100% et ça donne de beaux résultats. Il est très complet.

Est-ce que vous vous donnez un surnom ?

I.D : Hassane, on l'appelle Tyson ou aussi ''Caillou'' comme on le trouve très dur (rires). D'ailleurs, c'est souvent ''Caillou''.

H.K : Je l'appelle Ibou.

Quel a été votre parcours rugbystique respectif avant d'arriver au Racing ?

I.D : J'ai commencé en club à Sarcelles, j'étais en sixième. Avant je faisais du foot et des tournois d'écoles, avec ma classe qui m'ont permis de découvrir le rugby. Dès mon premier entraînement, à Sarcelles, j'ai accroché. J'y suis resté jusqu'en seconde puis je suis arrivé au Racing, après qu'on m'ait proposé de les rejoindre suite à un tournoi. Ça a été compliqué au début parce que j'étais en internat à Sarcelles et que je m'entraînais au Racing puis ils m'ont trouvé un autre internat avant d'intégrer le CREF de Brétigny.

H.K : J'ai commencé le rugby à quinze ans à Soisy-sur-Montmorency dans le 95. J'y ai fait une saison au cours de laquelle j'ai été sélectionné avec l'équipe départementale du Val-d'Oise, c'est là que j'ai rencontré Ibou. J'ai été repéré pour faire les tests à Lakanal (Pôle Espoir de Paris) mais je n'ai pas été retenu et en même temps, j'ai été recruté pour rejoindre le Racing 92, l'année suivante. Je suis allé au CREF de Brétigny puis j'ai intégré le Racing.Crédit photo : Coralie Cœur R92

Quel regard portez-vous sur le championnat en cours avec les Espoirs du Racing (cinquième de la poule 1 après treize matchs) ? Ibrahim, comment s'est passé ton retour de blessure, en décembre ?

I.D : On perd nos quatre premiers matchs, donc on a eu des débuts très compliqués. En plus, voir ça de l'extérieur, pour moi ça a été difficile (NDLR : Ibrahim a été opéré de l'épaule), ça me démangeait d'être avec eux. Je les ai vu se mobiliser. Comme, au départ, c'était un nouveau groupe avec beaucoup de nouveaux joueurs, on manquait d'automatismes. Ensuite, on a fait une grosse remontée (cinq victoires consécutives entre octobre et décembre), on a un groupe plutôt solide. Désormais, on est une équipe qui roule bien avec de très bons joueurs qui s'entraînent fréquemment avec les pros. Sur le plan personnel, j'ai fait quatre matchs depuis que j'ai repris, ça a été compliqué au début puis j'ai retrouvé mes marques. On sait ce qu'on vaut et qu'on peut faire de grandes choses avec notre groupe.

H.K :  En début de saison, ça a été très très compliqué. On a affronté directement les grosses équipes du championnat. L'effectif avait complètement changé avec beaucoup de premières années. On a fait beaucoup de réunions, on s'est regardé avant de regarder l'adversaire. Puis, on a enchaîne les victoires jusqu'à une défaite à La Rochelle (NDLR : 41-22, 10e journée). Ça été très dur mentalement, au début, parce que sur le plan individuel on sentait qu'on n'apportait pas à l'équipe et grâce aux victoires, le déclic est arrivé et la saison a été lancée.

Ibrahim, avec ton retour de blessure assez récent, est-ce que tu t'attendais à être dans le groupe pour le six nations U2O ?

I.D : Pas du tout. J'ai eu la chance d'être pris pour le stage de Doha (NDLR : fin décembre-début janvier, Hassane y était aussi). Lorsque j'étais blessé, j'ai beaucoup parlé avec le manager des U20 quand il venait voir nos matchs au Racing. Il me rassurait, il me disait de travailler. Quand j'ai été appelé, j'étais hyper content. À Doha, on a découvert le nouveau projet avec les nouveaux entraîneurs et je m'y suis mis directement. À moi de rendre la confiance qu'ils m'ont donnée.Crédit photo : Coralie Cœur R92

Le tournoi a débuté avec deux victoires, c'est satisfaisant ?

I.D : C'est très satisfaisant d'avoir gagné ces deux matchs. On a rendu de bonnes prestations, notamment en première mi-temps mais on a des trous qu'il faut qu'on gère. Un match c'est 80 minutes et on doit travailler sur ça. Il reste encore du boulot mais là on est bien et il faut continuer comme ça.

H.K : Collectivement, oui. Après on connaît le groupe, on a de très belles qualités. On a une très grosse cohésion et on espère pouvoir continuer sur ces victoires. Individuellement, je suis assez satisfait même si je pense que je peux apporter plus à l'équipe. Je donne tout en ce sens.

Prochaine étape avec la réception de l'Italie, vendredi 23 février, quels vont être les mots d'ordre ?

I.D : Il va falloir enchaîner. Les Italiens ont une très bonne équipe. Les années précédentes, on ne les a jamais battus dans notre génération. C'est une grosse partie qui nous attend à Gueugnon. Ils sont très joueurs et il faudra rester calme.

H.K : C'est un match piège. On n'a jamais gagné contre eux avec une défaite chez eux et un nul, à domicile, à Strasbourg. C'est peut-être la dernière fois qu'on va les jouer chez les jeunes, et c'est l'occasion de finir par une victoire contre eux. C'est une équipe très rugueuse.RESUME VIDEO. 6 Nations U20. La France atomise l'Ecosse en inscrivant 9 essais

Quelles sont les principales forces du groupe bleuet ?

I.D : On a un gros groupe, on se côtoie depuis deux, trois ans en stage, en match. Il y a une bonne entente, une bonne atmosphère. Sur le plan du terrain, il y a vraiment de bons joueurs, des leaders qui tirent tout le monde vers le haut.

H.K :  Défensivement, je ressens qu'on est bon là-dessus, on est à l'aise. On sait comment embêter l'équipe adverse. À part ça, cette équipe-là, elle a le French Flair, on peut marquer un essai du bout du monde avec les trois-quarts que l'on a. Pour la suite, il faut que l'on soit conscient que la seule équipe qui peut nous faire perdre c'est nous-même, être constant. Même si on ne joue pas toute l'année ensemble, c'est une joie de se retrouver, on a créé des liens. Par exemple avec Daniel Brennan (NDLR : pilier, Stade toulousain), on s'appelle pendant la semaine. Ce n'est pas que des potes de sélection, ce sont devenus des amis en dehors du terrain et du maillot.

Une anecdote de ce début de tournoi à raconter ?

I.D : On a organisé une soirée de spectacles pour les surclassés et les premières sélections. Ils avaient toute une journée pour se préparer et pouvaient se présenter, seul, en duo, en trio. La représentation c'était vraiment marrant, certains ont chanté, d'autres dansé, fait des sketchs. Il y avait un jury avec Ugo Boniface (pilier), Daniel Brennan (pilier), Arthur Coville (demi de mêlée) et Maxime Marty (ailier) qui délivraient des notes. À la fin du vote, c'est Arthur Vincent (centre) et Thomas Lavault (deuxième-ligne) qui ont été nominés. Ils ont dû porter leurs chaussures de costumes et blazers toute la journée pendant le voyage en Ecosse (rires). Ils avaient mal aux pieds toute la journée. C'était très drôle à voir, notamment à l'aéroport.

H.K : C'est hors tournoi. C'est pendant le stage de Doha, il y a plusieurs joueurs qui ont acheté les vêtements traditionnels de là-bas (NDLR : kéffié, djellaba). Iban Etcheverry (ailier) s'était trompé sur un billet et le manager lui a dit ''si tu te trompes, tu portes la tenue à tous les déplacements''. Il a dû la porter, c'était le seul habillé comme ça à l'aéroport (rires), on était tous avec la tenue bleu, blanc, rouge.

Quels vont être vos objectifs dans les mois à venir ?

I. D :  Au niveau du club, ça va être de faire un match avec les pros en Top 14 ou Coupe d'Europe, en espérant que ça arrive. Bien sûr, la Coupe du Monde aussi, on l'a tous dans un coin de la tête. En France, devant son public, ça peut être énorme.

H.K : Intégrer une équipe professionnelle et pouvoir ''matcher'' avec eux. Ce serait un aboutissement de pouvoir jouer en pro et de faire des matchs avec la première du Racing 92. Sur le long terme, intégrer le XV de France. Pour tous les jeunes passionnés de rugby, c'est une ambition. Pour moi, c'est un but ultime. Au niveau de la Coupe du Monde U20, comme je le répète tout le temps avec mes coéquipiers, on écrit notre livre ensemble, ça va vraiment être important.

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Puissent-ils en grandissant cet esprit collectif et cette humilité qui manquent tant à leurs ainés!

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