Hôtellerie, restauration, fusion basque, Féria des Cimes : que deviens-tu, Pascal Ondarts ?
Pascal Ondarts, légende du rugby français et du Biarritz Olympique.
Du 24 au 26 mars prochain, le station des Sybelles accueille la Féria des Cimes... à 2400 mètres d'altitude ! Rencontre avec le légendaire Pascal Ondarts, l'un des ambassadeurs de l'événement.

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Bonjour Pascal, que devenez-vous depuis l’arrêt de votre carrière ?

Je possède quatre hôtels et deux restaurants, à Biarritz et Bayonne. Je me lève le matin de bonne heure, je me couche très tard et c’est la même chose depuis vingt-huit ans ! On est ouverts 7j/7 et 24h/24. Quand on est dans l’hôtellerie, on est obligés de veiller sur nos clients. Rester sans rien faire, ce n’est pas dans mes gènes. J’ai également une boîte d’événementiel où on organise des banquets et des séminaires.

Côté rugby, j’imagine que vous continuez à suivre l’actualité du rugby et celle du Biarritz Olympique. Un mot sur la saison du BOPB, qui est 5e de Pro D2 avec pas mal de jeunes français ?

L’équipe de Biarritz s’est remise en question, après avoir passé dix années extraordinaires avec des résultats conséquents (trois fois championne de France ; finaliste de la coupe d’Europe), mais aujourd’hui on parle d’abord argent avant de parler sport. Aujourd’hui, notre mécène (Serge Kampf, ndlr) n’est plus des nôtres, et il a fallu descendre d’un cran, mais on a Nicolas Brusque qui est un ancien joueur et qui a repris la présidence. Il a eu le courage de reprendre un club qui était sur le déclin.

Le recrutement se fait à long terme dans la mesure où on a un bon centre de formation et les résultats ne sont pas mauvais.

Le BOPB peut retrouver le Top 14 ?

Sincèrement, je pense que pour le moment, on n’est pas tout à fait prêt, par rapport aux finances. Il faut donner un petit plus de crédit à l’équipe. Et puis, peut-être que l’année prochaine, on pourrait éventuellement postuler pour monter à l’échelon supérieur.

Cette semaine, la fusion du Racing 92 et du Stade Français fait beaucoup parler. Vous en pensez quoi ?

Le Stade Français et le Racing, ce sont deux clubs mythiques, qui ont connu des moments compliqués. Mais imaginez vous un peu comment ça se passe, ça fait mal au coeur. On aime beaucoup le rugby, c’est une famille qui est extraordinaire, un sport qui mérite beaucoup de respect. Pas plus tard que l’année dernière, le champion de France, c’était le Racing. L’année d’avant, c’était le Stade Français. Aujourd’hui, c’est les finances, encore les finances… ça va être toujours les finances ! Sincèrement, je n’y crois pas trop. Le terrain est trop fragile. Il y a des mécènes qui viennent, qui achètent. Avant que le rugby ne devienne le foot, il y a quand même quelques années qui vont s’écouler.

Vous étiez favorables à la fusion entre Biarritz et l’Aviron Bayonnais ?

Ah, mais complètement ! J’ai joué quatorze ans avec le Comité Côte Basque Landes, on avait une machine de guerre. Il y avait quatre joueurs du Biarritz Olympique, deux ou trois de l’Aviron, il y en avait de Dax, de Mont-de-Marsan, Hagetmau, Saint-Jean-de-Luz. J’ai joué contre l’Afrique du Sud, la Nouvelle-Zélande. On les a battu ! On a un petit village de 45 000 habitants à Bayonne, et un autre de 29 000 habitants à Biarritz… Les deux stades sont à trois kilomètres l’un de l’autre ! Il ne faut pas écouter les vieux supporters, pour qui on a beaucoup de respect. Mais c’est fini ça, tout a changé. Si on veut avoir des résultats, il faut remettre en question le rugby en général.

Quid du nombre d’étrangers dans le championnat français ?

Dans tous les clubs, si vous faîtes l’inventaire de tous les étrangers qu’il y a… On est le seul pays au monde à en avoir autant ! J’ai joué plusieurs années en équipe de France. Quand on partait jouer en Afrique du Sud, en Nouvelle-Zélande ou en Australie, on ne croisait pas un joueur français ! Aujourd’hui, ce sont des professionnels, ils viennent jouer à Biarritz, à Bayonne, à Toulouse, au Racing. Ils sont au travail. S’ils jouent, tant mieux. Mais s’ils ne jouent pas, ils sont payés pareil ! La valeur d’un maillot, c’est quelque chose de très important. Nous, à l’époque, on était payés à la prime. J’ai fait deux Coupes du monde, il nous avait donné l’équivalent de 800€. On a été finalistes, quand même ! Je serais prêt à repartir pour la même chose. Mais c’est fini tout ça. On avait un maillot, on l’a saigné ce maillot.

Je n’ai rien contre les étrangers, mais imaginez le Sud-Africain qui arrive, le Fidjien, le Samoan. Ils s’en foutent ! En plus chez nous, aujourd’hui il fait 24°. C’est magnifique, on n’a pas besoin de s’emmerder. (Rires) Au bout d’un moment, la Fédé doit mettre des choses en place. Même en équipe de France, on a naturalisé des joueurs. On a besoin d’aller chercher des joueurs en Afrique du Sud, alors qu’on est 66 millions d’habitants ? Ce n’est pas possible. On est la poubelle de tous les pays du monde. Il faut qu’on soit fier de notre pays. On n’a pas besoin d’aller chercher des joueurs. Imaginez le gâchis…

Sincèrement, je trouve davantage de plaisir à aller voir des petits clubs. Je suis allé voir un match dimanche dernier (Larressore - AS Bayonne, F3), c’était les uns contre les autres parce qu’il pleuvait des cordes, c’était un champ de maïs. Ils se sont régalés. Après, ils se sont retrouvés au club house à boire des canons, ça m’a rajeuni de quelques années en arrière. Il faut qu’on revienne à ça. On a essayé d’être professionnel, mais si on veut l’être, il faut l’être partout.

Donc pour vous, faire la grève comme le font les joueurs du Stade Français, ce n’est pas normal.

Je suis tout à fait contre ! Certains se rebiffent, mais ils ont déjà signé dans un autre club (Bonneval, Lakafia, Slimani, Doumayrou et Sinzelle ont signé à Toulon, Clermont et La Rochelle depuis plusieurs mois, ndlr) ! Ils sont professionnels, il faut qu’ils l’acceptent. Ils sont là pour travailler. L’amour du club… Ils ont déjà signé ailleurs ! J’ai bien compris que Savare en avait marre de mettre la main à la poche. Les mecs qui aiment tellement le club : ce qu’ils font, c’est qu’ils s’arrachent les c*****, ils jouent, ils gagnent, et ils le reprennent !

J’ai fait la deuxième Coupe du monde. Il y avait certains contestataires quand on nous a donné la composition de l’équipe. Daniel Dubroca (le sélectionneur en 1991) était parti voir le président Ferrasse en lui disant “voilà, j’ai un petit souci. Les joueurs veulent boycotter le match, car ils veulent savoir les primes qu’ils vont toucher.” Le président lui avait dit : “écoute, tu sais ce que tu vas faire ? Pour demain matin, 9h, tu me convoques vingt-quatre joueurs, et tu les fous tous dehors. Au Stade Français, ils ont de la chance de ne pas avoir un président comme ça ! Les mecs prennent 30 000, 40 000€… J’ai rien contre, mais ils sont là pour bosser. Je me répète, mais les mecs qui n'ont connu que ce club, ils ont signé déjà ailleurs ! L’amour du club, ça a changé.

Dans l’actualité, on évoque aussi beaucoup dans le rugby français, les contrats Fédéraux qui sont censés aider le XV de France. Pour vous, c’est une bonne idée ?

Mais imaginez-vous, ça va s’ajouter aux problèmes qu’ont les clubs ! Comment vous allez payer un joueur qui va jouer pour l’équipe de France pendant six mois ? Il vaudra mieux jouer avec l’équipe de France qu’avec son club… S’ils veulent payer, ils n’ont qu’à monter un club et ils gèrent l’équipe de France. Je ne suis pas dans le fonctionnement, mais ça va être très compliqué à mettre en place. Sincèrement, je n’y crois pas.

Parlons de la Féria des Cimes, dont vous êtes ambassadeurs. Qu’est-ce qui vous a séduit dans ce projet ?

J’y crois davantage à ce projet (Rires). Vous n’aurez pas de problème, et il y aura le Grand Chelem ! Apparemment, on a une bonne équipe, on est solides devant ! Alex Moulin, qui est un ami de Sylvain Marconnent, m’a vite convaincu. Les meilleurs affaires, vous les faîtes autour d’une table. Le sport, je le conçois comme ça. Dans le rugby, il y a le combat, le match, la victoire et la fête. Au Pays Basque, on chante chaque fois qu’on a gagné. J’ai 42 sélections et 35 victoires, alors j’ai souvent chanté (Rires). C’est l’ambiance qui m’a séduit. Tout ce qui se passe autour d’un sport qu’on a aimé, avec des gens qui ont pratiqué ce sport et l’ambiance que ça draine autour… On est toujours présents.

Aux Sybelles, on parle de défis avec Vincent Clerc, David Skrela…  On va pouvoir vous retrouver dans une discipline ?

On laisse ça à la génération derrière nous (Rires). On verra bien, mais on va vite s’adapter !  

On rappelle que la Féria aura lieu à 2400 mètres d’altitude. Pas trop compliqué ?

Avec les Socios du Biarritz Olympique, on a été en Argentine. Je suis rentré la semaine dernière. On a été à 4170 mètres d’altitude ! On est des vainqueurs nous, il n’y a rien qui nous dérange (Rires).

Vous qui êtes un pur Basque, quelle est la recette d’une féria réussie ?

La bonne ambiance. On boit des bons canons, y a pas de cocaïne. C’est la convivialité, y a pas de secret ! Ça fait quarante ans que je suis dans le métier de l’hôtellerie et de la restauration, vingt-huit ans à mon compte. Et on est contents quand les clients reviennent et qu’ils sont satisfaits.

Vous avez une anecdote marquante sur l’une des Férias à laquelle vous avez participé ?

J’étais à l’origine des Férias de Biarritz. On faisait l’été, au bord de la mer, et l’hiver en plein centre-ville. Vous ne pouvez pas vous imaginer l’ambiance qu’on avait ! Les premières années, c’est vrai qu’on perdait plus d’argent qu’on en gagnait, mais avec la convivialité qu’on a créé, ça a duré vingt ans. C’est devenu tellement populaire qu’ils ont fini par les annuler : il y avait trop de monde !

Enfin, une dernière petite anecdote à nous raconter, sur votre carrière ?

En 2011, elle était déjà terminée. Pour la Coupe du monde, nous sommes partis en Nouvelle-Zélande avec Jean-Pierre Garuet, et on avait été impressionnés. La dernière fois qu’on était allés là-bas, c’était en 1990, vingt ans auparavant. Et bien, que ce soit à Wellington ou à Auckland, tout le monde nous reconnaissait. C’est pas beau ça ? Ces valeurs, on les achète pas. On cultive, et on maintient cette ambiance. C’est magnifique. Alors des projets comme la Féria des Cimes, bien entendu, on adhère de suite.

Retrouvez les informations sur la Féria des Cimes ici.

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  • Pianto
    54599 points
  • il y a 7 ans

ouais.

Il y a de belles choses et de la grosse daube dans cette interview.

A l'instar de sa carrière, quoi... 35 victoires en 42 sélections, c'est énorme, c'était une magnifique génération. Il faut aussi signaler que quand il jouait, il représentait 1/3 des pénalités pour brutalité toutes équipes confondues à lui seul. Il avait deux qualités, pousser les mêlées et mettre des coups de poings.

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