Faut-il supprimer la catégorie Espoirs et instaurer une draft ?
Les Espoirs du Stade Rochelais.
Partager un projet de jeu au niveau national, est-ce possible ? Lançons le débat pour ce qui pourrait bien révolutionner la formation.

L’état du rugby français n’est pas au mieux et la formation des joueurs est évidemment au centre des débats. Le DTN est intervenu après le match contre l’Italie pour signaler notamment la faiblesse tactique et technique des joueurs sur un bon jeu au pied ou une grosse pression défensive adverse. Soulignant au passage l’importance d’avoir un “projet partagé avec l’ensemble des équipes qui jouent au plus haut niveau sur le territoire, pour faire que l’équipe de France soit performante”.

Didier Retière : ''Est-ce que nos joueurs se préparent toute l’année pour être les meilleurs joueurs du monde ?''

Nous allons mener une réflexion sur la possibilité de partager un projet de jeu au niveau national. Pascal Sassi, directeur de l’académie de développement de Tours (joueurs de moins de 18 ans), a poussé quelques réflexions utiles pour faire bouger les lignes. Nous nous sommes concentrés avec Pascal à la catégorie qu’il connaît le mieux, c’est à dire les U18 et les espoirs U23.

Le projet de jeu est-il partagé pour les U18 aujourd’hui ?

L’organisation de la formation des U18 a quelque peu changé cet été avec le remplacement des pôle espoirs par les académies de club. L’évolution du système n’est pas une révolution, car les académies sont toujours gérées par des profs d’EPS sous la direction de la DTN dans le but d’optimiser le physique et la technique individuelle des joueurs. Le projet de jeu est partagé à l’occasion des interpoules où les académies se rencontrent à plusieurs occasions, avec un membre de la DTN pour donner le rythme et mettre l'empreinte fédérale sur le style de jeu.

299 joueurs et 117 joueuses (23 académies) de haut niveau sont ainsi développés dans ce système aujourd’hui. Les joueurs jouent majoritairement en compétition Crabos (U18) puis Espoirs (U23) le week-end.

Arrêter le carnage en Crabos et en Espoirs ?

Les deux catégories élites pour U18 et U23 ont la particularité de brasser beaucoup de joueurs. On peut constater que nombre d'entre eux sont de très bons niveau, mais ne percent pas, et filent jouer en Fédérale. Ou pire, arrêtent. Seuls 2 à 3 joueurs par an parviennent à franchir le pas et signer un contrat pro. C’est maigre sur un groupe de 35 joueurs.

Pascal Sassi propose de stopper ces catégories pour que la FFR prennent la main définitivement sur la formation des jeunes joueurs de haut niveau : “Comment peut-on parler de haut niveau avec environ 1120 "Crabos", environ 1200 "Espoirs"? Ne serait-il pas plus judicieux de ne prendre que les meilleurs, à la charge de la FFR, de les faire matcher entre eux ? Il suffirait de les regrouper par région ou bassin (8 me parait correct). Mettre des moyens humains, matériels, médicaux, vidéos, avec un suivi scolaire et universitaire individualisé”.

Des franchises régionales pour les ligues ?

Sassi aimerait donc la création de 8 franchises régionales de jeunes (pilotées par la fédération) pour éviter de déraciner les jeunes et la désertification de certains territoires. Il connaît bien cette problématique, puisque les meilleurs joueurs de sa région sont happés par les centres de formation du Racing 92, Brive ou Clermont, même si les joueurs ont des niveaux moyens. Les clubs ont besoin de compléter les effectifs pour suivre les compétitions proposées par la Fédération. Certains responsables de la formation de clubs professionnels ont témoigné qu’ils ne seraient pas contre se débarrasser des équipes espoirs où beaucoup d’argent est dépensé pour peu de joueurs amenés à découvrir le haut niveau.

Une draft pour les meilleurs joueurs

Vous l’aurez compris, les meilleurs jeunes français seraient formés par la FFR : il faut donc gérer la marche vers le rugby de haut niveau. Pascal Sassi a imaginé une draft (style NBA) pour permettre aux clubs de Top 14 et Pro D2 de recruter les profils de joueurs majeurs (+ 18 ans). La draft pourrait concerner la France entière, ou bien la région où est formé le joueur.

Les questions : 

  • avec qui les meilleurs jeunes des 8 régions joueraient le week-end ? Les 8 équipes matchent entre elles.
  • les clubs pros n'auraient donc plus d'équipes de jeunes ? Plus de Crabos, ni d'Espoirs
  • à quel âge les meilleurs jeunes partiraient dans les 8 Régions ? Les meilleurs filent en entrant en 2nde (Crabos). Les académies s'occuperaient du projet école + jeu
  • si un joueur n'est pas encore identifié à l'âge de 15 ans avant "d'exploser" un peu plus tard en Teulière ou Alamercery, peut-il rejoindre les académies à partir de la 2ème ou 3ème année ? Oui. Mais dans n'importe quel système, des joueurs passent à travers les filtres.
  • à quel âge les joueurs seraient-ils draftés ? 18 ans. Avec la possibilité de drafter un joueur plus âgé selon son potentiel.



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Je trouve très bien, une fois n'est pas coutume, que les problématiques de la Formation soient envisagées sous un angle sensiblement différent de la ritournelle habituelle.
Généralement, quand on parle Formation, les choses se discutent soit sous l'angle financier ( ce qui veut tout et rien dire...franchement, si combien-mm une petite ligne budgétaire supplémentaire était octroyée aux EDR est-on bien assuré que c'est ça qui révolutionnerait la pratique ?) soit sous l'angle de la compétence, de la formation initiale de l'éducateur bénévole du petit club à la base de la pyramide (à imaginer qu'au fin fond de l'ile du sud en N-Z, ou au fin fond du Connacht, il n'y a que des W. Gatland, des E.Jones !) et c'est à peu prêt tout...
Franchement, dans un cas comme dans l'autre est tellement faible que j'ai du mal à croire que le salut de notre sport en passerait prioritairement par ça !
Qui ose croire que les moyens dégagés via la dernière renégociation avec LNR et qui correspondent tout au plus à un jeu de Chasubles + une dizaine de Ballons pour chaque Club serait le socle d'une révolution de la pratique en France ?
Qui ose croire que le déploiement d'une poignée de CTR par Ligue (se pose aujourd'hui le pblm du financement du truc... Mais bon, admettons..) qui, divisé par le nombre de Clubs et de catégories correspondent tout au plus à 1,5 interventions/an par catégorie dans le meilleur des scénarios serait le socle d'une révolution de la pratique en France ?
C'est un discours éminemment politique que de focaliser nos problématiques sur ces 2 exclusifs aspects ! Une poignée de vœux (le plus souvent pieux), une pincée d'annonces grandiloquentes, un zest de faux-semblants, de temps en temps histoires de calmer les esprits quelques €uros généreusement distribués et hop, le tour est joué !
Pendant qu'on cause de ça, on cause surtout pas du reste...
Et surtout pas à l'essentiel qui tient du structurel, de l'organisation générale de la pratique....
On fait une ou deux pirouettes à l'occasion pour donner le change du type renommer Pôles en académies (ça sonne moderne) tout en y maintenant les mms hommes avec la mm manière d'appréhender les choses, du type déplacer géographiquement les centres de décisions qui en réalité restent aux ordres, bref, tout donne l'illusion du changement mais en réalité rien ne change..
Pour une fois, grâce au présent article, les choses sont examinées sous un angle différent. Si je ne suis pas d'accord avec toutes les solutions apportées, je le suis sur les constats et c'est un sacré pas en avant que de voir les choses telles qu'elles sont, sans concession ni querelle de chapelle. Ho, bien sûr, ça remet en question voire en cause un certain nombre de dogmes, de mauvaises habitudes mais aussi de petits avantages. Mais si on veut véritablement de ce côté de la montagne qu'il s'agit de s'attaquer...

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