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Ces 5 Springboks qui pourraient faire des misères au XV de France
Faf de Klerk est le maître à jouer des Springboks.
Ce samedi, l'Afrique du Sud défie le XV de France à Saint-Denis. Dans ses rangs se trouvent plusieurs joueurs capables de faire la différence.

Il y a quelques semaines, à plus d'une dizaine de milliers de kilomètres de Paris, les Sud-Africains nous ont envoyés un signe d'espoir. Réalisant un exploit majuscule à Wellington (34-36) au terme d'un match flamboyant, puis en étant rejoints dans les tous derniers instants au retour (30-32) après une première heure à sens unique, ils nous ont montrés, nous, français trop souvent défaitistes, que la Nouvelle-Zélande pouvait défaillir dans son jeu et s'incliner, parfois. Depuis ces deux matchs fondateurs pour la mandature Erasmus, l'interrogation modeste réside dans la capacité de cette équipe à s'exporter, sur le continent européen, dans un contexte différent de l’Hémisphère Sud, et surtout avec un groupe dont la plupart des membres se trouve en fin de saison.

L'équipe qui va affronter nos coqs (pourvu que ce ne soit pas ceux de La Fontaine !) samedi soir (21h05) va connaître quelques changements à des postes plus ou moins exposés, par rapport à la double confrontation face aux Blacks. La continuité est tout de même assurée par cinq joueurs, qui vont représenter, autant d'un point de vue individuel que concernant leur imbrication dans le collectif, un danger majeur pour les français.

Malcom Marx, une légende à écrire

Son héritage lors de son arrivée dans le squad Springboks n'était pas évident à assumer. Celui qu'on a nommé « Bismarx » a pourtant très rapidement dissipé le doute sur ces capacités à remplacer le néo-retraité Du Plessis. Désormais, il écrit en temps réel sa propre légende, et avec elle l'histoire à court et sûrement à moyen terme du rugby sud-africain. Le personnage est robuste, déterminé, intimidant. Il travaille énormément, et ses performances sur le pré sont le fruit de son labeur. Son activité défensive est particulièrement impressionnante. Il plaque, se relève, et plaque encore. Il est au grattage, parfois. Non, pardon, souvent, très souvent, et trop souvent pour les équipes adverses. Dotée d'une grande intelligence et d'une rigueur d'analyse de chaque instant, il trie les phases de plaquage où il pense pouvoir intervenir, et se replace dans la ligne dans le cas contraire. En effet, l’efficacité lui colle à la peau. Offensivement, il est moins exposé, et réalise un travail de l'ombre essentiel. Sa puissance lui permet, sans grande académie, de gagner des mètres sur les quelques ballons qu'il touche. La touche justement, s'avère être son léger talon d'Achille, avec des lancés parfois maladroits, qui plus est dans certains endroits stratégiques. Si la France veut se refaire une santé après une bonne période durant laquelle son alignement était grippé, c'est sur ce match qu'elle en a de grandes chances. Cependant, elle devra aussi tâcher à rester concentrée sur les phases de collision et ne pas s'exposer aux mains tentaculaires du talonneur adverse.

Du Toit, un replacement en question

Il pourrait être un des hommes forts du match de samedi, si sa « réadaptation » s'effectue dans les plus brefs délais. Pieter-Steph Du Toit, auteur d'un Rugby Championship étincelant, a été placé en 3e ligne durant cette compétition (excepté le premier match face à l'Argentine). Sa fraîcheur physique et technique et sa position offensive plus loin de la zone de contact ont été bénéfiques sur de nombreuses séquences. Il remontera dans la cage au Stade de France, pour remplacer Eben Etzebeth, blessé, dont l'absence impute Erasmus d'un élément essentiel du paquet d'avants. Sa réussite personnelle, au service du collectif, ne dépendra pas que de lui, mais aussi de son compère Mostert. Leur complémentarité sera scrutée, car sur le papier, elle n'est pas évidente. Si Du Toit offre des garanties sur sa capacité à varier la « cellule à trois avants » par des transmissions, chose qu'il affectionne, Mostert risque d'avoir du mal à faire oublier Etzebeth en terme de puissance. De plus, le premier cité a en quelque sorte le « monopole de la touche », étant bien plus souvent utilisé que le second. La clé pour l'équipe sud-africaine sera de trouver une stabilité dans ce secteur en évitant une dépendance exacerbée vis-à-vis de leur meilleur sauteur. Du Toit peut ainsi être une aide indispensable aux Springboks, mais seulement s'il est bien accompagné.

Kolisi, une influence majeure

Il est passé, en quelque temps seulement, d'une caution politique à un personnage emblématique indispensable à son équipe. Siya Kolisi fait preuve, en tant que capitaine, d'une autorité naturelle, que ce soit avec ses coéquipiers ou avec le corps arbitral, qualité indissociable de la réussite d'un leader. La force charismatique qu'il dégage passe par son "body language", ses prises de paroles efficientes, et surtout son abatage sur le terrain. Jamais épuisé, il semble pourtant en surrégime sur chaque action, capable de plaquer, gratter, courir, passer, le tout avec une précision étonnante sur l'ensemble de la partie. Son utilisation balle en main est rare, mais s'avère parfois décisive, comme lors du second match face aux Blacks, où il est lancé main-main par Pollard à l'entrée des 22 mètres, sa course tranchante créant un espace. Il fait ensuite preuve d'une grande lucidité pour servir De Allende qui s'en va planter un bel essai aux pieds des poteaux. Il gravite régulièrement autour du numéro 10 et cette zone sera donc à vérifier, surtout quand le jeu se trouvera proche des lignes.

De Klerk, la clé du match

Faf de Klerk, avec ses cheveux blonds et ses yeux bleus, a quelque chose d'adorable, mais aussi de foncièrement agaçant. Ce qui peut expliquer, difficilement tout de même, cet énervement envers le demi de mêlée réside dans le fait qu'il possède un culot surdimensionné, faisant justement la force de cette équipe. Contre les All Blacks, il rend deux copies monstrueuses, parce qu'il n'a pas peur de choisir la confrontation directe avec A. Smith (mieux, il la demande !). Son profil est assez atypique, et ressemble peu ou prou à celui d'Antoine Dupont, en moins puncheur et plus technique. Sa qualité de passe, alternant entre une « flat-pass » fantastique et une transmission dans le dos, rend dangereuse chaque sortie de ruck, surtout dans des zones proches des points de marque. Ses aptitudes physiques se relèvent en défense, et son placement de « libéro inversé » sur les sorties de camp adverses peuvent surprendre, venant rapidement chasser le botteur. Il sort peu des schémas de son équipe, comme par exemple la nécessité de sortir rapidement (un ou deux temps de jeu maximum) de son camp par le pied, souvent de pression. Son pied, il l'utilise régulièrement, et a remis au goût du jour les coups de pied par-dessus la défense, derrière les mêlées spontanées, jusqu'alors démodés. Finalement, De Klerk incarne parfaitement la philosophie de jeu d'Erasmus à lui seul : trouver un équilibre entre la rigueur de l'occupation et l'alliage frontalité-vitesse du jeu offensif, passant par l'efficience de la transition avant-trois-quart.

Le Roux, l'indécision comme canal d'attaque

Dans la ligne de trois-quart sud-africaine, il sera le joueur, avec l'ailier Dyantye, le plus à surveiller. Car Willy Le Roux est un pur magicien. Râleur au possible, cette attitude n'a heureusement que peu d'impact sur ses performances individuelles. Il est incessamment intercalé dans la ligne d'attaque et ses propositions de jeu sont tranchantes et intelligentes. Proche de la ligne, il est quasiment toujours décisif, grâce à sa prise d'information rapide et ses passes sautées d'une grande qualité de précision. Sur certaines séquences, il se substitue à Pollard, créant ainsi une indécision bénéfique. Va-t-il faire jouer après lui ? Va-t-il attaquer la ligne ? Cette incertitude fait que Le Roux devient rapidement maître du terrain et du jeu offensif, dès qu'on lui offre le cuir. Défensivement, s'il n'est pas un excellent plaqueur, il possède tout de même un bon timing, régulier, sur les ballons hauts. La clé côté français sera de canaliser son apport offensif par des montées agressives, et ne pas hésiter à le tester une fois une brèche trouvée dans ce solide front sud-africain.

Merci à Pablo Castillo pour cet article ! Vous pouvez vous aussi nous soumettre des textes, pour ce faire, contactez-nous !

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Sympa de voir du détail dans ton article Pablo, merci 🙂

Sur l'absence d'Etzebeth qui a sans doute pesé, il ne faut discréditer Mostert qui est un travailleur de l'ombre lui aussi et qui a il me semble fait du très bon boulot en touche, comme à son habitude. Il y aura également Lood présent pour les matches suivants - prouvant bien qu'il y a du stock en 2ème ligne sudaf. Ce qui est moins le cas chez les Bleus, élément à déplorer sans aucun doute.

J'aime beaucoup tes mots choisis pour Kolisi, c'est bien résumé. Enfin sur l'Arrière, il serait intéressant de comparer les stats de Willie avec celles de Folau, Smith et autres. Pas sûr qu'il ait autant d'impact.

Bon match des Bleus malgré l'oubli de Thomas et bonne fin de match des Boks qui vont se la chercher. 🙂

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