Candidat à la FFR, Alain Doucet veut délocaliser les matchs du 6 Nations
Le projet du Grand Stade inquiète le candidat Alain Doucet. Crédit photo : @AlainDoucetFFR
L'ancien secrétaire général de la FFR et candidat à la présidence de la Fédération, Alain Doucet remet en cause le projet du Grand Stade.

Contrairement à Bernard Laporte, sur le pont depuis 2015, Alain Doucet débutera sa tournée des comités au mois de septembre. Les deux hommes partagent cependant une idée commune, celle que le Grand Stade ne doit pas voir le jour. Suite au rapport de la Cour des comptes concernant les risques du projet de la FFR, Alain Doucet se dit inquiet. Pour lui, le rugby français a déjà tout ce qu'il faut sous la main.
La FFR en danger selon le rapport confidientiel de la Cour des comptes sur le Grand Stade

Un Grand Stade, mais pour quoi faire ?

Il se pose plusieurs questions quant à la finalité d'un tel projet. "L'objectif avoué par Pierre Camou est de gagner plus d'argent pour le rugby amateur dans 30 ou 40 ans en prenant Twickenham comme exemple. Mon équipe mène actuellement une enquête pour savoir si les clubs anglais les plus modestes vivent vraiment mieux que les clubs français. Je sais aussi qu'il y a aussi la possibilité d'engranger un peu plus d'argent pour engager des internationaux sous contrat fédéral à plein temps." Il n'est à ce titre pas convaincu qu'avoir une équipe de France à temps plein au CNR changera la donne. 

Doucet de prendre l'exemple de France 7 qui s'y est entraînée pendant quatre ans et qui n'a pas été championne olympique pour autant.
 "Ils ont tenu brillamment leur place avec cœur et courage, mais ce n'est pas le fait d'avoir travaillé tous les jours à Marcoussis qui les a rendu meilleurs. Je ne pense pas que mettre Bastareaud, Guirado ou Maestri à temps plein en fera des meilleurs joueurs de rugby. C'est un autre débat que le Grand Stade, mais est-ce qu'assumer les salaires de ces gens et les laisser à Marcoussis toute l'année doit justifier sa construction ?"

En ce qui concerne cette dernière, il est moins catégorique. "Connaissant les talents de banquier de mes amis Pierre Camou et Christian Garnier (trésorier général de la FFR, ndlr), je pense qu'ils ont peut-être fait un montage financier intéressant. Et c'est justement pour ça que je suis inquiet. S'ils arrivent à le construire, comment est-ce qu'on va l'exploiter derrière ?"

Trop de stades, pas assez d'événements

Il estime que l'exploitation va poser de nombreux problèmes alors que les grandes manifestations aptes à remplir un stade de 80 000 personnes ne se sont pas légion en région parisienne voire même dans l'Hexagone. Alain Doucet de rappeler qu'en dehors des matchs de rugby et de deux rencontre de football programées à l'automne au Stade de France, "il n'y a rien en ce moment. Quand on voit que l'Arena de Bercy, où il y a des événements toutes les semaines, a annoncé un déficit de 8 millions d'euros, c'est inquiétant." La concurrence prochaine du Stade du Racing ne devrait pas arranger les choses.

L'ancien secrétaire général de la FFR d'ajouter que le Grand Stade est en dehors du circuit proposé par Paris 2024. Si la France est désignée pour organiser les JO, le tournoi olympique de rugby à 7 aura très certainement lieu à Jean-Bouin, où se tient désormais l'étape française du circuit mondial. "Je doute fort que les infrastructures du Grand Stade soient prioritaires compte tenu de la conjoncture actuelle par rapport à l'aménagement qu'il faudra faire dans le nord de Paris en prévision des Jeux."

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Des alternatives existent

S'il ne remet pas en cause les motivations premières de la FFR, à savoir explorer d'autres options face à la convention "drastique" passée avec le consortium en charge de l'enceinte de Saint-Denis, il considère que la solution trouvée n'est pas la bonne. "Qu'on le veuille ou non, ce grand stade existe déjà dans le patrimoine français, c'est le Stade de France." A la FFR de renégocier la convention à l'horizon 2025 pour que chacun y trouve son compte. "Je préfère louer qu'être propriétaire", lance Alain Doucet. Le Stade de France mais pas seulement. "Rien dans les règlements n'oblige à faire tous les matchs du XV de France à Paris alors qu'un France - Italie n'affiche pas complet. Si on le joue à Marseille ou à Lyon, on s'en portera beaucoup mieux par rapport au public italien.

Alain Doucet de rappeler que les matchs face aux Wallabies ou à la Nouvelle-Zélande délocalisés au Vélodrome ont toujours été un succès populaire
Il pourrait d'ailleurs en être de même pour un France - Écosse joué à Lille, avec un toit fermé par mauvais temps et une location sans doute moins importante. "On fera bien 60 000 personnes alors qu'on a du mal à le faire à Paris." Il attend d'ailleurs avec impatience les chiffres de France - Australie programmé en novembre huit jours avant la réception des All Blacks. "Je doute qu'on puisse faire 80 000 places. Le taux de remplissage est en baisse. Il y a un manque d'attrait pour des matchs organisés toujours au même endroit. Construire un Grand Stade à 80 000 places serait une erreur stratégique dans le rugby français. C'est la raison de mon divorce avec Pierre Camou."

Mettre le projet en stand-by

Ce qui le refroidit aussi, c'est l'échec des "débentures", ces obligations mises à la vente par la FFR en vue de sa demande de prêt. "On devait en vendre 5 000, on en a vendu 35...dont 22 à des comités territoriaux donc on peut dire que c'est pratiquement de l'autofinancement." Au final, seules 13 personnes "extérieures" ont acheté des débentures. Ce qui fait se demander à Alain Doucet si les prévisions des économistes de la fédé n'étaient pas "quelque part optimistes voire erronées."

A l'origine, l'inauguration du Grand Stade était prévue pour novembre 2017 avec la venue des All Blacks. Si Pierre Camou vient de signer le contrat constructeur, l'avenir est incertain puisque ce dernier n'est pas sûr de mener le projet jusqu'à son terme en raison des élections programmées au 3 décembre. Aussi, Alain Doucet aimerait que le projet soit mis en stand by en attendant les élections "car autant que je sache, ni Pierre Salviac ni Bernard Laporte ni moi ne voulons de ce stade. Ce serait d'une grande honnêteté morale qu'il ne se passe rien pendant trois mois. Si le 3 décembre Pierre Camou l'emporte, cela voudra dire que le rugby français souhaite son Grand Stade mais s'il choisit un des trois autres, le dossier s'arrêtera. Ce serait plus démocratique et respectueux des tendances qui se font entendre."

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  • AKA
    69950 points
  • il y a 7 ans

J' ai raté un épisode, depuis quand A Doucet n' est plus Secrétaire général de la FFR?

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