Soheyl Jaoudat : ''Aux États-Unis, tout est gigantesque ; sur le terrain, ça tape vraiment fort''
Soheyl Jaoudat sous les couleurs d'Austin. Crédit photo : Norma Salinas
L'arrière Soheyl Jaoudat, 22 ans, s'est engagé avec Austin en MLR. Deuxième épisode de notre série ''sur la route de Jaoudat'' avec préparation physique dense, homme du match et Al Pacino au programme.

''International marocain, j'ai décidé de partir jouer aux États-Unis après dix ans à Clermont''

Arrivée aux USA

Je suis parti aux États-Unis le lendemain de Noël et on a atterri après quinze heures d'avion. Dès mon arrivée, j'ai eu le droit à une tempête. En fait, au Texas, il fait très beau mais actuellement il y a des vagues de froid qui viennent du Nord. Le lendemain de mon arrivée, je suis allé au club pour l'entraînement et la visite médicale. Et dès ma première séance de physique à huit heures, j'ai explosé complet (rires). J'étais malade, KO avec le décalage horaire. Des séances de musculation de deux heures pour débuter, je me suis dit que ça allait piquer... Puis j'ai pris le rythme. Pendant la préparation physique, on s'entraînait quatre fois par semaine avec un programme précis pour la journée : travail offensif, bloc de physique, travail défensif, bloc de physique puis repas et l'après-midi : skills et musculation pour les trois-quarts, musculation et conquête pour les avants.

Premiers pas

Il y a de grandes résidences à l'américaine avec piscine pour les recrues. On est douze joueurs à y être logés, répartis dans quatre appartements. Je suis avec deux frères canadiens Travis et Josh Larsen (respectivement numéro huit et deuxième-ligne) et les Français ne sont pas très loin. Le premier week-end libre, on est allé visiter Austin avec mes colocataires. En fait, on est à trente kilomètres de la ville. Tu ne peux rien faire à pied ici, tout se fait en voiture. C'est très vivant, la musique notamment a une place prédominante, dans les rues, dans les bars. Même si c'est gigantesque, c'est assez simple à vivre.

Crédit photo : Norma Salinas. 

L'intégration

Je me suis rapidement intégré au groupe. Le fait qu'il y ait cinq Français (l'entraîneur, trois joueurs et un propriétaire) aide aussi. Sur le groupe de trente joueurs, il y a sept Américains, sinon c'est surtout des Sud-américains, des Sud-africains et les Français. On reste forcément entre nous. Au niveau de l'ambiance du groupe et sur le terrain, ça se passe bien, on parle quasiment tous correctement anglais.

Programme d'une journée d'entraînement

  • 8 heures 30  : arrivée au centre d'entraînement
  • 8h30 – 9h : réveil musculaire individuel et briefing
  • 9h30 – 11h : entraînement collectif
  • 11h : repas au club
  • 12h30 : musculation pour les avants, skills pour les trois-quarts puis l'inverse avec conquête pour les avants et musculation pour les trois-quarts

Premier match face à Houston

Avant le début du championnat, on a affronté Houston. C'était ma première opposition réelle depuis ma blessure. À l'entraînement, on avait fait du contact mais c'est différent et Alain (Hyardet) m'avait allégé les séances comme il savait que j'avais été blessé. J'ai pensé à ma fracture du crâne, bien sûr. Surtout que je n'avais pas encore fait de contact total jusqu'à rentrer ''dans la gueule des mecs''. Maintenant, ça va mieux, je fais abstraction. Au match amical, j'étais remplaçant et je suis entré pour trente-cinq minutes à l'arrière. Ce qui m'a étonné, c'est que ça tapait vraiment très très fort. C'est solide sur la densité physique. On gagne 14-10. Les internationaux fidjiens à VII, Kolinisau et Vici, étaient titulaires avec Houston. Je pense que Vici, à l'aile, est un des meilleurs joueurs de la Ligue. Il faut quatre joueurs pour l'arrêter, Micka (Romera) l'a pris quatre fois dans le buffet (rires) en deuxième rideau mais il l'a plaqué.

Début du championnat 

On commence la compétition par cinq matchs à domicile comme certaines équipes (Toronto, New-York, Glendale...) ne peuvent pas accueillir de matchs en janvier et en février à cause des conditions climatiques. On doit avoir l'un des plus beaux stades du championnat avec 13 000 places. Les vestiaires, c'est l'Amérique : cuisine, bain froid, tout est préparé au détail près. Quand on entre sur le terrain, c'est vraiment le show (rires) avec feux d'artifices, fumées et hymne. Même quand il y a des points marqués, il y a un feu d'artifice. On sent forcément que c'est les débuts de la Ligue en terme d'engouement, ça va venir peu à peu.

J1 (27 janvier), Austin – Houston : 20-21. On perd sur la dernière action au terme d'un match brouillon, Houston passe vingt-et-un points au pied. J'étais remplaçant et je ne suis pas entré. Les conditions météorologiques n'ont pas facilité le jeu.

J2 (2 février), Austin – Utah : 9-17. On jouait le vendredi et le staff annonce en début de semaine la composition d'équipe. Donc j'ai rapidement su que j'étais titulaire à l'arrière. Personnellement, je suis très content de mon match. J'ai respecté les consignes avec des chandelles qui ont amené des points en première période puis j'ai eu l'occasion d'attaquer les espaces ensuite, j'ai pu faire des relances. Collectivement, c'était compliqué, on est trop imprécis, pas assez rigoureux, notamment en conquête. On avait aussi quelques joueurs partis en sélection pour participer à l'ARC : Josh Larsen avec le Canada, Juan Echeverria, Rodrigo Silva et Andès Vilaseca avec l'Uruguay (NDLR : l'ARC soit l'Americas Rugby Champiosnhip, tournoi rassemblant l'Argentine XV, le Brésil, le Canada, le Chili, les USA et l'Uruguay). Personnellement, je me sentais très bien sur le terrain à part les crampes à la 70e, ça ne m'étais jamais arrivé (rires). Content, en plus, d'avoir été élu homme du match. Comment ça se passe ? En fait sur ce plan-là, il y a deux choses distinctes. D'abord, après le match, les deux équipes se retrouvent pour la troisième mi-temps. Et les deux capitaines doivent désigner le meilleur joueur adverse. Dans ce cas là, tu bois une bière, tu as un cadeau... Et il y a aussi les supporters qui votent.

J3 (8 février), Austin – Toronto : 19-23. Jusqu'au mercredi avant la rencontre (jouée le vendredi), je devais débuter à l'arrière. Mais un ailier s'est blessé et j'ai décalé sur l'aile. C'est un international uruguayen arrivé dans la semaine qui a commencé. Sur le plan individuel, c'était assez mitigé. Je prends un carton jaune à la onzième minute, ça devait être une des premières fois. C'était assez incompréhensible d'ailleurs, un de nos piliers plonge dans un ruck, leur 10 recupère et fait une sautée ; j'intercepte et l'arbitre dit que je suis hors-jeu, qu'un deuxième-ligne l'était aussi donc il me sort pour fautes répétées. On gagnait d'un point et on perd encore dans les derniers instants, cette fois sur un contre. On passe à rien, c'est dommage. Mais on ne propose pas suffisament de jeu. Il faut qu'on trouve des solutions pour plus alterner pour enfin gagner un match en championnat.

''C'est l'Amérique''

J'ai noté quelques différences avec la France. Déjà, ici, les types sont vraiment expressifs. Ils se sautent souvent dans les bras, ça regarde des vidéos de motivation dans le vestiaire avec du Al Pacino en fond. En France, on n'est pas vraiment comme ça. Bien sûr, la culture rugby n'est vraiment pas la même. La plupart des Américains viennent d'autres sports, qu'ils ont pratiqués avant. Et en muscu, c'est vraiment des ''animaux'', c'est impressionnant.

Les Frenchies

Jaoudat, Romera, Guillimin et Courcoul.
Mickaël Romera, Soheyl Jaoudat, Timothée Guillimin et Simon Courcoul. 

Il y a donc trois autres joueurs français dans l'effectif. D'abord, il y a Timothée Guillimin qui joue ouvreur. C'est le taulier ici. Il est surnommé ''IceMan'' parce qu'il bute bien et qu'il a passé des pénalités importantes pour Austin dans des moments critiques. Avant d'arriver aux USA, il avait notamment joué en Espoirs à Montpellier puis à Agen. C'est lui qui est là depuis le plus longtemps. Ensuite, le pilier Simon Courcoul (NDLR : notamment passé par Narbonne et Grasse) est arrivé l'année dernière mais il a commencé à jouer cette saison. C'est quelqu'un d'assez solitaire qui aime bien regarder ses séries. Sur le terrain, il est fort en mêlée, solide et assez mobile. Enfin le demi de mêlée Mickaël Romera. Il était entré à l'aile en Challenge avec Oyonnax (rires) mais c'est un vrai numéro neuf aussi passé par Montpellier. Dans le style de Danny Care je dirais même. Il envoie du jeu de partout, met beaucoup de rythme. Et en défense, c'est un ''chien''.

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