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Angleterre - France. Vincent Clerc : "Battre les Anglais, c'est toujours une grosse satisfaction"
L'ailier du XV de France a tout connu avec les Bleus contre l'Angleterre. Son meilleur souvenir, le match de 2011 en Coupe du monde.
L'ancien ailier du XV de France - deuxième meilleur marqueur d'essais sous le maillot Bleu - en a joué des France-Angleterre. Interview of the french Chiken.

France-Angleterre, c'est aujourd'hui. Est-ce que le Crunch est vraiment un match particulier pour un joueur de rugby tricolore ?

Ce qui le rend différent, ce match, c’est son histoire. Il y a eu de nombreuses confrontations en Coupe du monde ou dans le Tournoi des 6 Nations. Les Anglais nous ont brisé de belles aventures, l’inverse est vrai aussi. Souvent, c’est l’équipe favorite du tournoi : ça représente toujours le plus gros match de la compétition dans la tête des joueurs.

Plus jeune, il y avait déjà cette excitation quand tu regardais le Crunch à la télé ?

Il y a beaucoup de joueurs que j’appréciais. Du côté des Anglais aussi d'ailleurs. J’adorais regarder les Rory Underwood, Jeremy Guscott ou encore Will Carling. C'était beau de les regarder jouer. Je ne connaissais pas tous les joueurs anglais, je connaissais surtout les Français, mais c’était déjà un match de stars.

Ton meilleur souvenir de Crunch ?

Le quart de finale de Coupe du monde en 2011, sans aucun doute. Les Anglais nous avaient privé de quelque chose de beau en 2007, chez nous. (Les rosbifs avaient battu les Bleus en demi-finale de la Coupe du monde à Paris, est-il besoin de le rappeler). Il y avait une grosse pression car on avait aussi perdu contre eux en 2003 lors de la Coupe du monde en Australie. C’était une bonne revanche, enfin les battre en phase finale de coupe du monde.

Et le pire ?

En 2007, évidemment. C'était vraiment difficile. On tient le match, on domine mais on ne se met pas à l'abri. Jonny Wilkinson passe ses drops, on commence à douter, on commence à être tétanisé par l’enjeu. On finit par perdre alors qu’ils étaient à notre portée. Un de mes plus mauvais souvenirs.

En 2007, est-ce qu'ils vous tendent la poignée de main avec le fameux "Sorry, good game" qui enragerait un moine tibétin ?

Nous même on était en colère, mais les Anglais avaient été très respectueux. Il y avait de très grands joueurs dans cette équipe d’Angleterre, des bons mecs. Ils comprennent que quand on élimine une équipe de la Coupe du monde, sur son propre sol en plus, la peine se suffit à elle-même. Ils l’ont vécu depuis, chez eux en 2015. Même si on se branche un peu sur le terrain, il y a une dominante de respect entre nos deux équipes.

Pourquoi on ne les aime pas les Anglais ? (ce qui a été dit juste au-dessus devrait déjà suffire, soit dit en passant)

C'est une tension qui a été entretenue, historiquement. Mais c'est vrai qu'en y pensant, on les cotoie moins, y compris après les matchs. Généralement à la fin de la rencontre, il y a une bonne entente, une connivence avec les Gallois, les Ecossais ou les Irlandais après les matchs. Avec les Anglais, beaucoup moins. Il y a toujours eu moins d’affinité. C'est peut-être aussi qu'il y a moins de joueurs de la sélection anglaise qui sont venus dans notre championnat, on ne les connait pas autant. Le premier Anglais avec qui j'ai causé dans ma vie, c'est Toby Flood. Forcément, quand on joue contre eux en sélection ou en coupe d’Europe, c’est toujours des matchs tendus, à enjeu. Se dire qu’on ne les aimait pas trop, ça permettait de faire monter la motivation pendant la préparation (rires).

Ton premier Crunch c'était en 2003, le dernier en 2013. C'était laquelle la meilleure équipe anglaise que tu as jouée ?

Pour moi c’était entre 2003 et 2007 avec la génération Dallaglio, Wilkinson, Worsley, Robinson, Ben Cohen entre autres. Du 1 au 15 c’était très costaud, ça tapait fort dans tout les secteurs du jeu. C’était une grosse génération. Plus proche de nous, l'équipe qui est éliminée en Coupe du monde en 2015 est très forte. Elle se rapproche de la génération des champions du monde au niveau de la qualité du jeu, de l'effectif.

Serge Besten/Wilkinson, Carling/Saint-André, il y a toujours eu des matchs dans le match avec les Anglais. Ton alter-égo, ça a été pendant un moment Chris Ashton. Avec Owen Farrell, ils sont plutôt pénibles. Comment as-tu vécu cette opposition ?

C’est vrai qu'il y a toujours des duels dans le match où on se regarde, on est fixé à son vis-à-vis. On se connait pas (avec Ashton N.D.L.R) mais on était souvent face à face. C'est un gros compétiteur. On sent qu’il prend du plaisir à marquer des essais, mais aussi beaucoup à le montrer (rires). Donc il y avait cette volonté de prendre le dessus sur lui. C'est vrai qu'on n'aime pas trop, les Français, quand il y a de l'arrogance. Après, c'est peut-être juste de la joie, mais comme chez nous on est pas trop démonstratif, j'avais à coeur de l'empêcher de marquer pour l'empêcher de célébrer. Avant Ashton, c’était Ben Cohen, pas trop mal aussi.

Avec la professionnalisation du rugby, certains commentateurs disent que le Crunch a perdu de sa saveur, qu'il n'y a plus cette animosité sur le terrain ? C'est devenu un match comme un autre ?

Par rapport à quelques années, c’est moins violent. Il n'y avait pas encore toutes les caméras, les ralentis à l’époque. Il y avait certaines choses qui se passaient sur le terrain, un peu plus violentes, un peu plus vicieuses, qui rendaient les rencontres plus tendues. Avec le temps, ça s’aborde différement. Le vécu des joueurs anglais et le vécu des joueurs français est différent. La nouvelle génération n'a peut-être pas la culture de ces rencontres des années 80 et 90. Elles n'ont peut-être pas vu ou vécu cette animosité que nous avons ressenti plus jeunes, parfois en tant que spectateur, et qu’on a retransmis sur le terrain. Au fil des années, le match est abordé différemment. Mais la compétition est aussi importante et l’envie de battre les Anglais toujours intact.

Battre les Anglais, toujours le pied alors (Marc, si tu m'entends...) ?

Ca fait partie des meilleurs nations du rugby, quand on les bat, c’est toujours une très grosse satisfaction. Surtout que tout joueur français a connu au moins une fois une grosse frustration ou une grosse défaite face à l'Angleterre. C’est l’histoire personnelle qui parle. A'men'donné (sic), les Anglais nous ont tous brisé un rêve.

Quel regard tu portes sur ce tournoi qui arrive et l'équipe d'Angleterre ?

C’est très difficile de sortir un vainqueur à l’avance, c'est assez homogène. Les Anglais sont invaincus l’année dernière, si on les bat, ça sera une grosse perf. Ils sont sur une grosse dynamique. Je pense que c’est bien de les prendre en début de Tournoi, sans réfléchir ou calculer. De notre côté, il y a une confiance qui s'est installée avec la tournée de novembre où, même si le résultat est pas passé loin, nous avons un peu retrouvé notre jeu. On va trouver deux équipes bien dans leurs rugby, qui sortent de la coupe d’Europe donc bien en cannes. Ca va être un gros match.

Qu’est ce que tu penses du vivier français au poste d'ailier. Avec Virimi Vakatawa, Noa Nakaitaci ou encore un jeune comme Gabriel Lacroix ?

Il y a une très bonne concurrence et c'est très bien. Yoann Huget revient très fort. Virimi enchaine les bonnes performances en Equipe de France. Noa Nakaitaci fait un début de saison canon. De l'autre côté il y a des jeunes qui poussent comme Gabriel Lacroix, Louis Dupichot, ou encore Arthur Bonneval. Ce sont des gabarits différents, mais qui se révèlent en Top 14 et c'est très bien. Sur le poste en Bleu, Noa et Virimi ont marqué des points en novembre et sont indiscutables pour l’instant, mais c’est vrai que Yoann revient très fort. Il a retrouvé son niveau d'avant blessure sur les derniers matchs. C’est très bien qu’il y ait de l’émulation et de la concurrence à ce poste en équipe de France, c’est ça qui fait avancer un groupe. Il faut que les joueurs soient en concurrence pour garder le même rendement, malgré les blessures. On peut le voir avec la blessure de Wesley Fofana par exemple. La concurrence saine au poste d’ailier va faire monter le niveau de l'équipe de France.

Merci à Lucas Mediavilla pour cet article ! Vous pouvez vous aussi nous soumettre des textes, pour ce faire, contactez-nous !

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Même si il est moins en vu ( blessure ou pas), ce joueur est une légende du rubgy tricolore dans la tradition des ailiers au 'petit' gabarit.

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