6 Nations : l'analyse et les notes de la presse britannique après l'Angleterre - France d'anthologie
6 Nations : l'analyse de la presse étrangère d'Angleterre - France.
Le dernier Crunch est déjà historique mais comment les médias britanniques ont-ils analysé et noté cette orgie de rugby ? Revue de presse.
Ce samedi, l'Angleterre a battu le XV de France sur le score improbable de 55 à 35 au terme d'un match complètement fou. Insuffisant pour remporter le Tournoi des 6 Nations, mais les hommes de Stuart Lancaster pourront toujours se consoler d'avoir disputé l'un des plus beaux matchs de rugby de ces dernières années, voire l'un des plus beaux Crunchs de l'histoire. Trois jours plus tard, l'émotion est toujours là, mais il est temps de voir ce qu'ont pensé les médias britanniques de cette orgie de rugby dont on parlera encore pendant longtemps.

Planet Rugby : « Une victoire de folie insuffisante pour l'Angleterre »

Planet Rugby donne le ton dès le titre de son compte-rendu sur « un match complètement fou ». Les Bleus ont « fait leur part » en inscrivant cinq essais dans une rencontre loin d'être à sens unique, mais ont fini par « s'essouffler » après une période de domination, « manquant douze points au pied ». Des échecs qui ont fini par faire la différence... Quid de l'homme de match ? Si de nombreux candidats auraient pu prétendre à ce titre, c'est Ben Youngs qui en hérite pour « son meilleur match sous le maillot anglais. » Le plus bel essai ? Celui de George Ford, qui a fait (très) mal aux Tricolores. Curieusement, le titre de « villain of the match », comprenez « méchant » n'est pas décerner à Courtney Lawes mais bien à James Haskell, sanctionné d'un carton jaune pour un tacle sur Jules Plisson.

The Guardian : Un match de folie pour un Mondial de folie ?

Un match complètement fou, avec des joueurs talentueux et des gestes venus d'ailleurs. C'est avec ces termes qu'on pourrait résumer l'analyse du journal, qui met en avant le travail des ¾ anglais : « Nowell, Joseph et Burrell, sans oublier un Brown toujours agité ont changé la façon de jouer » du XV de la Rose. Effectivement, on était loin de la version « championne du monde » de l'équipe d'Angleterre avec un pack monstrueux et un buteur comme principale arme offensive. Mention spéciale, côté français, à Maxime Mermoz et son « footwork » qui a donné du fil à retordre à Jonathan Joseph. The Guardian remarque également que Ben Skeen, le TMO de la rencontre, a eu beaucoup de travail entre l'essai de Nakaitaci, le plaquage de Lawes ou le tacle d'Haskell, « qui a bien failli couper Jules Plisson en deux. » Pour conclure, le journal se demande si ce match annonce un Mondial de folie ou si « c'était un adieu avant la rigueur de la Coupe du monde » et le « jeu au pied » qui domine généralement dans cette compétition.

Daily Mail : Noa Nakaitaci dans le Top 5, le XV de France est une énigme

L'ailier d'origine fidjienne a crevé l'écran face à l'Angleterre. Décisif sur l'essai de Vincent Debaty, le Clermontois a inscrit le deuxième de l'équipe de France, manquant de justesse la sortie en ballon mort. Ce fait de jeu a fait son entrée dans le Top 5 du Daily Mail sur le 5e journée du 6 Nations. Dans un autre article du journal britannique anglé sur le « bilan » de la compétition, la France « reste un mystère ». Le média se demande où était passé le XV de France de Scott Spedding, Noa Nakaitaci et Maxime Mermoz, capable de relancer de partout, de jouer en off-load. En contrepartie, la France a encaissé sept essais « alors qu'elle avait la meilleure défense du Tournoi avant la rencontre ». Bref, une véritable « énigme ».

ESPN : la charnière anglaise à l'honneur

Si Danny Care et Owen Farrell se sont imposés depuis l'arrivée de Stuart Lancaster à la tête de la sélection anglaise, il semblerait que le duo se soit finalement – et définitivement ? - fait dépasser par la paire composée de Ben Youngs et George Ford. Les deux joueurs ont rayonné, inscrivant à eux deux... 35 points ! ESPN les met à l'honneur qualifiant leur match de « sensationnel ».

Sky Sports : « La France se bat bec et ongles »

À Twickenham, les Bleus ont montré à la fois « leur meilleur côté et leur pire », en référence à l'envie et aux offensives tricolores... mais aussi à leurs absences en défense dans un match « captivant ». Une victoire en vain, la faute à la large victoire de l'Irlande sur l’Écosse. Mais pour Sky, si les Anglais terminent une nouvelle fois à la seconde place du 6 Nations, c'est aussi parce que la France « s'est battue bec et ongles » pour inscrire cinq essais au final.

BBC : « L'Angleterre peut battre n'importe qui »

Si Stuart Lancaster s'est dit « fier » du comportement de ses joueurs, qui disputaient leur dernier match avant l'annonce de la liste pour la Coupe du monde, le constat est là : le XV de la Rose n'a plus gagné le 6 Nations depuis 2011, terminant pour la quatrième année consécutive à la 2e place. Mais pour Will Carling, « l'Angleterre peut battre n'importe qui. » Le capitaine des vice-champions du monde 1991 ne considère pas le match face à la France comme une référence, préférant celui des soldats de Sa Majesté face au Pays de Galles. Brian O'Driscoll s'est aussi confié à la BBC. Pour lui, George Ford est le facteur X de l'équipe : « Il amène de la variété. Son seul point faible, ce sont ses tirs au but sous la pression, on l'a vu face à l'Irlande. »

À noter que le match face aux Bleus a réuni 9,63 millions de téléspectateurs devant la BBC, un record pour un match du Tournoi. Le précédent datait d'il y a quatre ans pour un match opposant l'Angleterre... et la France qui avait rassemblé 9,56 millions de personnes devant la télévision.

Bonus : les notes du Guardian

En France, les notes de L'Equipe sont souvent scrutées les lendemains de match, comme le sont les étoiles décernées par le Midol. Mais en Angleterre aussi, on note aussi les joueurs ! Pour le Crunch, la meilleure note (9/10) a été décernée à Ben Youngs, sans surprise. Viennent ensuite, avec un 8/10, le duo anglais George Ford / Courtney Lawes et le duo tricolore Thierry Dusautoir « qui plaque tout ce qui bouge » / Guilhem Guirado « qui se construit une réputation sur la scène internationale ». Les moins bien notés ? Côté français, c'est Jules Plisson qui est mis à l'amende avec un 4/10, la faute à « sa distribution - au pied et à la main – trop irrégulière. » Le demi d'ouverture du Stade Français a reçu la même note que James Haskell, « qui n'a cessé de décliner depuis sa performance magistrale face au Pays de Galles ».

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J'en conviens 🙂 J'en conviens d'autant plus et mieux que ta dernière intervention rend grâce à ces formidables trois quarts qui ont fait naitre mon goût pour le rugby anglais au début des années 2000. Excuse mon emportement, mais je lis tellement de caricatures du jeu anglais qui prolongent de trop leur identité des années 80 et 90 jusque dans les années 2000, alors que ces dernières marquent à mon sens et avec brillance les prémices du jeu ouvert de cette nouvelle ère. Peut-être avaient-ils le tort d'être trop forts devant pour que l'on apprécie à sa juste valeur les talents qui derrière affolèrent les adversaires et les statistiques si chères au rugby moderne. Trop de rancoeur épidermique envers l'ennemi héréditaire passe sous silence les intentions offensives et les pourtant innombrables phases de rugby tonitruant qui les animait déjà et les faisait mettre 50 pions à tout le monde au tournoi, fatalement pas à la seule faveur de ses guerriers de devant 🙂
Je pense que d'une manière générale trop de supporters français n'ont certainement suivi les Anglais que contre les bleus, lesquels vivaient de leur côté peut-être sans le savoir les prémices de leur rugby d'aujourd'hui. Plus de talent, possible, mais déjà de moins en moins de velléités d'écarter le ballon et de plus en plus de partir au raz ou droit devant pour faire des tas et repartir de plus belle. On n'est pas passé de Sella à Bastareaud ou Fofana du jour au lendemain, mais Jauzion est passé par là, puis Rougerie, avec suffisamment de fluidité quant à eux pour que la filiation ne soit pas évidente à tous avec les coffres à ballon qui oeuvrent au centre aujourd'hui. Et Clerc en fin de ligne ou en filou pour masquer ce virage et maintenir l'illusion du french flair.
Les Robinson, Cohen, Lewsey pour le citer qu'eux m'ont non seulement fait lever de mon tabouret comme l'avait fait Blanco ou quelques autres dans ma jeunesse, mais ont aussi marqué certains des essais capitaux sans lesquels le XV de la rose n'aurait pu brandir la coupe, in extremis, quelque peu en fin de cycle. Wilkinson, pour son plus grand malheur, a stigmatisé à lui seul l'épopée All White (si, si, c'est bien comme qu'on les a surnommés à l'époque🙂 Robinson a marqué, parfois à la conclusion de belles actions collectives, parfois de son seul fait, quelques uns de ses 30 essais en des moments cruciaux, en finale 2003, en demi serrée contre nous en 2007, Cohen a su enrhumer la moitié de l'équipe Néo Z pour les battre en tournée, Wilkinson en personne est allé à dame, n'usant de son pied que pour un petit par dessus repris par lui-même juste avant d'entrer sous les poteaux All Blacks et certains de leurs essais ont vu la moitié du XV anglais se passer le ballon depuis leur en but pour battre le trio sudiste 12 fois en autant de confrontations entre les années 2000 et 2003, parfois sur des scores assez surprenants.
J'avoue goûter encore plus leur animation actuelle, quoique plus "foutraque" - tellement foutraque qu'elle devrait susciter un engouement fraternel de par chez nous au lieu de cette défiance aussi culturelle qu'incompréhensible - amis les 48 points mis aux bleus à Twickenham avaient déjà un fort avant goût du crunch 2015, et n'étaient pas dû à l'époque à la course à l'échalote average de la dernière journée en date, la bande à Woodward ayant déjà assuré leur victoire. Le danger est peut-être moins identifiable avec les Joseph, Watson, Nowell, Burrell, Twelvetrees les absents Tuilagi qu'à l'époque surtout de la paire Robinson-Cohen, mais en seraient-ils là si leurs prédécesseurs n'avaient ouvert la voie à un rugby plus enlevé? Les Anglais ont même connu une phase très irrégulière entre temps qui a vu bien mal payées de belles intentions de jeu intimées par les Strettle, Tait, Flood et déjà Youngs (pour mémoire une mi-temps à 29 points et 4 essais, mais trop de naïveté et de tendreté devant pour les convertir en succès au long cours). Pendant ce temps-là, nous autres continuions à restreindre ce qui avait fait si longtemps les singularité et réputation de notre rugby.
Bon, je suis un peu long, qu'on excuse mes longues phrases, je ne sais pas écrire avec de courtes séquences, peut-être mon goût pour le jeu au large 🙂
Je voue une passion au rugby, pas toujours en phase avec celle de la plupart de mes compatriotes, mais j'assume et revendique ma dose de bonne et de mauvaise foi et mon compte de bêtise 🙂
Merci encore d'avoir répondu à la substance de mon commentaire plutôt qu'à sa forme!
Cdlt

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