Un Français, Adrien Prévosto, s'éclate au pays des All Blacks et analyse le modèle rugbystique néo-Z
Adrien Prévosto : l'aventure d'un Français expatrié en Nouvelle-Zélande.
En stage depuis mi-avril du côté de la Nouvelle-Zélande, Adrien tente de comprendre pourquoi le modèle rugbystique local rencontre autant de succès.
À 23 ans, Adrien Prévosto vit un rêve. Depuis mi-avril, cet étudiant en Master Marketing Stratégique vit en Nouvelle-Zélande et travaille au sein de la Tasman Rugby Union pour l'équipe des Tasman Makos, vice-championne en titre de l'ITM Cup. Ce pilier, joueur de Peyrehorade en Fédérale 3, n'était donc pas présent lors des phases finales du championnat de France ayant mis un sacré coup aux Valeurs © mais « la Nouvelle-Zélande était un rêve de gosse, et c’était la bonne occasion de partir. » Celui qui souhaite travailler dans le sportswear à la fin de ses études revient sur son aventure et nous raconte les différences entre les modèles rugbystiques français et néo-zélandais.

Comment t'es-tu retrouvé en Nouvelle-Zélande, et concrètement, que fais-tu là-bas ?

Dans le cadre de mon master à l’INSEEC Bordeaux, je dois effectuer un stage à l’étranger pour valider mon année. J’ai essuyé pas mal de réponses négatives de clubs de Super XV qui finissaient leur saison, mais l’ITM Cup était plus adaptée, car la saison commence en août. La Tasman Rugby Union était intéressée par mon profil : elle avait déjà eu un stagiaire français que j’ai pu contacter et qui m’a dit de foncer. Ça a donc été positif et je suis arrivé mi-avril, avant de repartir en France en septembre pour ma rentrée en M2.

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Concernant mon stage, j’assiste le manager commercial sur des projets divers. Par exemple, nous sommes en train de développer des formules d’abonnement pour la saison d’ITM Cup ou encore des packs « supporter » pour les fans des Tasman Makos. Suite à la rénovation du stade de Christchurch, j’ai eu la chance d’aider à l’organisation du match CrusadersHurricanes, à Nelson où j'ai pu prendre une photo avec Richie McCaw... ne m'accusez pas de traîtrise ! Sinon, l’acclimatation s'est très bien passée puisque avant même d’arriver j’avais déjà un stage, un club de rugby dans lequel jouer et un endroit où dormir. Les gens sont très abordables et très amicaux, et si tu leur dis que tu joues au rugby, c’est encore plus important que d'avoir ton passeport (rires).

Justement, comment ça se passe sur le pré ? Peut-on comparer le niveau auquel tu évolues avec la Fédérale 3 que tu connais ?

Je joue pour le club des Marist de Nelson. Je suis arrivé avec une blessure au genou et je suis contraint d’arrêter de jouer d’ici mon retour en France, mais j’ai quand même pu faire six matchs avec mon équipe, sur les dix de la saison. Quant au niveau, difficile à définir tant on ne joue pas le même rugby. La division où mon club évolue est la première du comité, mais il y a un énorme écart de niveau entre le leader du championnat et les derniers qui prennent quatre-vingt points tous les week-ends (rires). S'il fallait vraiment comparer, je dirais que le niveau s’apparente à de la F2 pour les meilleurs équipes, et à de la Promotion Honneur pour les pires. Mais tout dépend des comités : la région d'Auckland, où mon camarade de l’INSEEC joue, est beaucoup plus relevée.

Un Français, Adrien Prévosto, s'éclate au pays des All Blacks et analyse le modèle rugbystique néo-Z

Anecdote amusante, le premier jour à Nelson, mon manager m’a amené au bar partenaire des Marist. Et il me dit : « j’ai une surprises pour toi, voici deux gars jouant avec nous qui sont nouveaux ». Je ne comprenais pas trop donc je me mets à discuter et pendant deux minutes on a échangé dans un anglais plus qu’approximatif avant de nous rendre compte que nous étions tous Français (rires). Ils viennent de Givors, du coup nous sommes trois, un record pour le club.

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Venons-en aux différences existantes entre les modèles néo-Z et tricolore. J'imagine que depuis que tu vis là-bas tu as pu en observer quelques-unes.

Après la défaite des -20 ans en demi-finale du Mondial, nous discutions avec mon manager et je lui ai dit que j’étais vraiment choqué par la différence de niveau. Les baby Blacks étaient tellement au dessus... La Nouvelle Zélande est un petit pays de 4 millions d’habitants avec le rugby comme sport n°1. La situation est vraiment différente en France. Mon analyse repose essentiellement sur mes expériences vécues, comme celle de la formation. Ici, les joueurs sont formés au berceau ! La Rugby Union fait des interventions gratuites dans les écoles toutes les semaines. On apprend aux enfants à faire des passes, à tenir un ballon, à courir de manière ludique. Les comités organisent aussi des tournois inter-écoles (flag, touch) assez régulièrement, le niveau est hallucinant. Il existe également des sections rugby au sein des collèges qui sont très importantes. Ce sont des rampes de lancement pour les joueurs. Les jeunes font de la musculation et s’entraînent régulièrement. Tous les collèges ont leur équipe et durant chaque match, tout le monde s’arrête de travailler et vient voir l’équipe.
Un Français, Adrien Prévosto, s'éclate au pays des All Blacks et analyse le modèle rugbystique néo-ZVIDEO. Les étudiants du King's College défient ceux de l'Auckland Grammar pour un haka de folie
Les meilleurs joueurs peuvent être recrutés et appartenir à des Académies, comme celle des Crusaders. Ils sont suivis et jouent en club le week-end. Ce système ressemble aux pôles espoirs que nous avons en France. Ces derniers sont complets mais malheureusement, les comités français devraient intervenir différemment dans les écoles, en créant des sections rugby.

Quid de l'organisation et du système néo-Z en lui-même ?

Les Tasman Makos sont l’équipe du comité, qui s’apparente à une sélection. Elle est professionnelle. À la fin de la saison régionale, les meilleurs de tous les clubs joueront pour la sélection. Certains joueurs de Super XV qui finissent leur saison seront aussi disponibles pour l’ITM Cup. Par exemple, c’est comme si dans le Pays Basque, la sélection était l’équipe pro et qu’elle était constituée de joueurs de Nafarroa, Peyrehorade, Bayonne... Cette équipe jouerait après la saison amateur, et elle rencontrerait d'autres sélections. Ce qui me choque énormément, c’est le fait de voir des joueurs d’ITM Cup voir de Super Rugby face à d'autres beaucoup moins entraînés. Enfin, les saisons sont très courtes, d'avril à juillet.

Et le style de jeu ? On a cette image du rugby néo-zélandais beaucoup moins haché que le rugby tricolore.

Il ressemble à celui qu'on peut voir en Espoirs. Ça court énormément et il y a très peu de temps mort. Le pied est très peu utilisé et les avants doivent jouer comme des ¾. Mes entraînements ressemblent à des mises en places du vendredi soir en France. Les touches, les mêlées les rucks et les mauls sont presque secondaires dans ce jeu. Ça change de la F3 ! Il y a plus de phases de jeu préparées en avance donc tu n’as pas le droit de traîner. Il faut être tout le temps à tel ou tel endroit.

L’état d’esprit est vraiment différent, personne ne se tape la tête dans les vestiaires avant les matchs comme j’ai pu le voir en France. Pas de Synthol, tout le monde est beaucoup plus décontracté. Malgré des attentats au niveau des plaquages, il est assez rare de voir des accrochages, les joueurs se relèvent et continuent de jouer. Le rugby reste un jeu et ils se donnent à fond pour s’amuser et gagner. On est loin du devoir de gagner à domicile et de la pression d’avant match de France.

En conclusion, j'imagine que tu as sûrement quelques anecdotes à raconter sur les habitudes du rugby néo-zélandais ?

Les voyages en bus sont beaucoup plus rares. Ils donnent lieu à des « bus trip » qui sont assez arrosés. Pour les nouveaux, un rituel commun est de manger une cuillère à café de cumin. Le tout sur un air de « Alouette » ! Oui, ils chantent à la manière de Marie Madeleine et les pieds de cochon ! (rires). Les vestiaires sont beaucoup moins sérieux et il n’est pas rare d’avoir de la musique 30 minutes avant le début de la rencontre. Les après-matchs sont assez intéressants car tout le monde doit mettre les chemises du club. Les capitaines doivent à chaque fois faire un discours mais c’est très long à chaque fois, surtout avant de manger (rires) !

On souhaite une belle fin d'aventure à Adrien, en espérant que ses projets professionnels aboutissent !
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@Ramiman

Tu as pu trouver, comme te l'a indiqué @Boucherugby ? 🙂

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