La Réunion : plongez au cœur de l'Etang Salé Rugby Club, sacré champion de l'Océan Indien
L'Etang Salé Rugby Club est champion !
Le Rugbynistère des Affaires étrangères s'envole pour La Réunion, et prend des nouvelles d'un club récemment titré.

Mickael Tsang-Lun-Chiang, 31 ans, est né à St-Pierre, au sud de la Réunion. Chef d’entreprise - il gère une petite animalerie - il nous raconte sa passion de l'Ovalie, qui l'a mené à remporter le Top 6 Océan Indien.

Comment as-tu découvert le rugby ?

J’ai commencé le rugby en 1999 à 12 ans – je ne connaissais pas du tout ce sport – et c’est l’instituteur de ma petite sœur qui m’avait repéré, et qui m’avait proposé de tenter l’expérience (je mesure 1m87 pour 115kg et en ce temps, je faisais déjà mon quintal). J’ai tout de suite accroché, moi qui, à l’époque, avait essayé pas mal de sports sans réelle attirance. J’ai donc commencé en Minimes 1ère année (les bonnes vieilles catégories) et avec le recul, je regrette beaucoup de ne pas être passé par l’école de rugby (personne dans ma famille ne connaissait ou pratiquait ce sport).

Au début, ce n’étais pas facile car je n’étais pas très sportif mais avec le temps et les matchs accumulés, c’est devenu très vite ma passion, ma drogue. A cette époque, le club nous a permis de voyager, deux fois en Métropole où nous avons pu faire de belles rencontres !

Quelle est la situation générale du rugby sur l’île de la Réunion ?

Sur l’île, on compte pas moins de treize clubs, pour 2000 licenciés. Les équipes seniors sont divisées en deux catégories comme en métropole : Honneur et Promotion Honneur. Sachant que certains clubs n’ont pas de section senior, et que certains clubs ont une équipe 1 (Honneur) et une équipe 2 (Promotion Honneur). Les matchs de championnat sont donc souvent répétitifs, et on se connait tous. Par exemple, en Honneur pour le championnat, seulement cinq clubs sont représentés et six le sont pour la Promotion Honneur. Championnat répétitif, et donc qui ne tire pas forcement les équipes vers le haut. Cela n’a pas empêché la sélection de la Réunion à 7 de finir championne de France Territorial à Albi en 2017 ! (Chapeau les gars !)

Parle-nous un peu de ton club de l'Etang Salé, présente-le nous !

L’Etang Salé Rugby Club (ESRC) se situe dans le sud ouest de l’île. C’est un petit club de 240 licenciés représentés dans toutes les catégories. C’est un club dynamique avec de bons résultats, nos différentes catégories sont souvent bien situées au classement. D’ailleurs, nos cadets et juniors sont en finales ce week-end. Notre équipe séniors n’a jamais été sacrée champion honneur depuis notre montée dans cette division, il y a quelques années.

On a été plusieurs fois en finale, la victoire nous échappe à chaque fois (3 fois en finale – 3 défaites). C’est sans rappeler une certaine équipe métropolitaine dont je ne citerai pas le nom mais juste les initiales (A.S.M).

Parlons de votre saison, et cette victoire en Top 6 Océan Indien.

Ce TOP 6 remplace l’ancienne version où le champion de la Réunion rencontrait le champion malgache. Cette version améliorée a été mise en place cette année (1ère édition) pour développer le rugby dans la zone Océan Indien, en permettant aux équipes des différentes îles de s’affronter. S’y sont donc rencontrés :

  • Le champion de MADAGASCAR, l’équipe du FTM (Manjakaray)
  • Le vice champion de MADAGASCAR, l’équipe du Cosfa (force armée malgache)
  • Le champion de l’île Maurice, les BLUES de Curepipe
  • La sélection de l’île de Mayotte
  • Le champion de la Réunion , l’équipe de St Paul
  • Son dauphin, l’Etang Salé Rugby Club

Le tout, divisé en deux poules avec match aller/retour :

Poule 1 :

  • Le champion de MADAGASCAR, l’équipe du FTM (Manjakaray)
  • L’Etang Salé Rugby Club
  • Le champion de l’île Maurice, les BLUES de Curepipe

Poule 2 :

  • Le vice champion de MADAGASCAR, l’équipe du Cosfa (force armée malgache)
  • La sélection de l’ile de Mayotte
  • Le champion de la Réunion, l’équipe de St Paul

Le tournoi a commencé pour nous le 24 avril, et nous recevions les Blues, chez nous, sur notre pelouse du stade du Centenaire. Victoire 43 à 3. La semaine suivante, nous prenions l’avion pour Tananarive, la capitale malgache. Et dans le célèbre stade Mahamasina où les gazelles du FTM nous attendaient de pieds fermes, soutenus par plus de 10 000 supporters. Pour beaucoup d’entre nous, c’était la première fois que nous évoluons devant autant de spectateurs. Frissons et émotions garantis lors de la Marseillaise, et surtout à la fin du match lorsque nous égalisons à la dernière minute (20-20) et que notre buteur rate la transformation de la gagne. Malgré un match intense où tout le monde nous voyait perdant, nous y avons arraché un nul qui valait une victoire, qui valait de l’or à nos yeux.

Quinze jours plus tard, début des matchs retour avec un déplacement sur les terres mauriciennes, à Curepipe. Notre match allait être différent du premier nous soutenait le coach, chez eux ce ne serait pas pareil. Et malgré le vent, la pluie et la boue, nous restions solidaires et sortions victorieux de ce match (28–0). Le dernier match retour contre le FTM, chez nous, était synonyme de demi-finale : vu l’infime écart de point entre les deux équipes au classement, le vainqueur irait en finale.

Et c’est au stade Olympique de St Paul - où le rugby réunionnais ne s’était pas exprimé depuis des décennies - que nous avons affronté les Malgaches. C’est après un match virile et digne d’une vraie demi-finale, et avec la plus petite des différences que nous accédions à la grande finale sur le score de 14 à 13. Nous y retrouvions la semaine suivante (le 28 avril) les forces armées malgaches (Cosfa) pour en découdre. Une des équipes que nous n’avions jusqu'à présent pas rencontrée, et dont nous nous méfions (ils avaient battu notre champion réunionnais 34-21 la semaine précédente). Le match à peine commencé, un de nos joueurs recevait un carton rouge (!) – défendre à 15 contre les Malgaches, ce n’est pas chose aisée, mais à 14… Mais ça s'est bien passé, un vent de solidarité et de courage soufflait et nous portait jusqu'à la victoire, un match à quasi sens unique s’en suivit (45 à 6). Nous étions champions de cette première édition du TOP 6 !

A quoi ressemble une 3ème mi-temps typique après un match à La Réunion ?

Les 3ème mi-temps sont - comme on peut s’y attendre - très festives : sandwiches, bières et surtout les copains, les supporters et supportrices. Le tout, souvent accompagnés de bonne grillades sous nos cieux tropicaux ! La franche camaraderie et la chaleur donnent des soirées qui se terminent souvent en chansons pour certains et en discothèque pour les autres ! 

Je tiens à remercier les médias qui font parler de notre sports si peu connu dans notre petite île !

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Oté marmail la Reynion lé là !

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