L'Immonde du rugby N°55
L'Immonde du Rugby revient sur la finale RCT - Castres...
L'Immonde du Rugby revient sur la finale du Top 14 entre le RCT et Castres. ATTENTION SPOILER : CASTRES CHAMPION DE FRANCE ! LOL.
Enfin une finale excitante cette année en Top 14 ! Mais si. Ne rigolez pas. Déjà, Toulon – Castres, c'est une affiche inédite. Ça nous change de l'habituelle et archi-prévisible rencontre entre Toulouse et Clermont, où l'Auvergnat tout tremblotant semble dès le départ résigné à se faire rosser par le Roi de la Jungle du Top 14. Fini les larmes d'Aurélien Rougerie, la blondasse qui chiale encore plus qu'une candidate d'un jeu de téléréalité, fini Guy Novès qui fait la gueule pendant que Poitrenaud et Médard biflent le Bouclier de Brennus dans les vestiaires, fini les déclarations mièvres comme « On va travailler, construire et revenir l'année prochaine ». Cette fois, on va voir un peu de nouveauté, de fraîcheur. Ce sera le doublé toulonnais, et la porte des Enfers qui s'ouvre sous la pelouse du Stade de France, ou le sacre du Petit Poucet castrais que personne n'avait vu venir.

Finalement, ce match avait tous les éléments d'un film hollywoodien. C'est une rencontre entre deux équipes que tout oppose, deux facettes du rugby professionnel : une ville où il n'y a que des bars à putes contre une ville où il n'y a qu'un seul bistrot PMU, le 4ème budget contre le 9ème budget, un président dont personne ne connaît le nom contre un président plus célèbre que tous ses joueurs réunis, etc. Toulon – CO, c'est presque le scénario de Rocky : le gars issu d'un milieu modeste et que personne n'attend, qui va se mesurer au gros Champion d'Europe, celui qui se la pète avec ses chaînes en or.

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Andreu, Teulet, Kockott et Dulin posent devant le bus du CO.

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Attention, Mathieu Bastareaud est en grande forme en cette fin de saison.

Cette finale s'annonçait donc prometteuse, et elle a été à la hauteur des attentes. Certes, il n'y a pas eu de beau jeu. Mais après tout c'est pas bien grave, puisque 80% des gens devant leur télé n'en avaient rien à foutre de voir des grandes envolées et des essais. Non, ils étaient là pour voir la gueule que feraient Boudjellal et Laporte, les méchants autoproclamés du film, en cas de défaite. Miraculeusement, Castres, qui n'intéresse personne en temps normal, s'est en effet trouvé plein de nouveaux supporters samedi dernier. C'est la magie des Valeurs du rugby © : ou quand la haine réunit les supporters de toute la France sous une même bannière.

Après avoir imaginé la finale il y a quelques jours (et on n'était pas tombés très loin de la réalité, finalement), revenons donc sur cette grande et belle finale, riche en intensité et en émotions.

Le Challenger :

Castres Poids : 15,5 millions d'euros selon la LNR. 150 selon Mourad Boudjellal.

Palmarès : Trois fois champion de France.

Coup spécial : Faire chier.

C'est peut-être la plus grande force du Castres Olympique : en fait, personne ne sait rien d'eux. Diffusés environ trois fois par an sur le canal 637 de Rugby +++, le CO est une équipe au style de jeu difficilement identifiable. Pas vraiment chiants (c'est pas Biarritz), pas vraiment bandants non plus (c'est pas Clermont-jusqu'en-demi-finale), Castres est probablement l'équipe la plus casse-couilles à jouer du Top 14. Elle n'a en effet pas son pareil pour faire déjouer son adversaire et pourrir son jeu. Cela dit le RCT n'ayant pas vraiment de style de jeu non plus, on peut donc imaginer que les deux équipes vont se neutraliser.

L'équipe :

Puisque personne ne regarde les matchs du CO, il est bon de présenter un peu cette équipe. Tout le monde connaît déjà Antonie Claassen, le grand blond mal coiffé qui vole le travail des bons Français (le rugby devient fou ma bonne dame, tous des mercenaires, blablabla), Marc Andreu, le meilleur ailier nain du Top 14, ou encore Brice Dulin, ce joueur étonnamment mature pour ses 14 ans. Inutile également de vous présenter Rory Kockott, un des meilleurs artilleurs du championnat de France, ou encore Christophe Samson, Romain Martial et Yannick Forestier, qui ont tous eu la chance de passer une fois sur France 2 puisqu'ils jouent en Equipe de France.

Il est par contre utile de parler un peu de ces soldats de l'ombre qui font le succès de cette équipe. Parmi eux, Karena Wihongi, un pilier néo-zélandais à qui l'on n'osera jamais dire qu'il a vraiment un prénom de gonzesse puisqu'il fait quand même 130 kilos. De l'autre côté de la mêlée, on retrouve le tout aussi solide Tonguien Saimone Taumoepeau, un joueur qui cirait le banc du RCT à l'époque où cette équipe osait encore aligner des stars du calibre de David Banquet et Ramiro Pez. Petite anecdote CJP : très pieux, figurez-vous © qu'il refuse de jouer le dimanche. Du coup c'était un peu con de le recruter alors que ton club joue en ProD2, mais bon, Mourad était encore jeune et crédule en ce temps là. Au talon, on retrouve Brice Mach, un talonneur très Valeurs, de retour à un très bon niveau après avoir chopé un cancer de la thyroïde à 24 ans. En seconde ligne, un vieux de la vieille, le rugueux Uruguyan Rodrigo Capo Ortega - ce qui au passage, ferait un super nom pour un dictateur. En troisième ligne, on parle très peu de Yannick Caballero. Et pour cause, c'est un peu le mec qu'on ne voit jamais sur le terrain, à part quand il chope des ballons en touche : on le surnomme donc souvent le Bouilhou castrais. Ibrahim Diarra avait lui été affublé du sobriquet de « Dusautoir de Sapiac », du temps de sa période montalbanaise, principalement parce qu'il est noir et qu'il plaque beaucoup -oui, les gens manquent d'imagination.


On peut donc aussi dire que Romain Cabannes est le Matt Giteau français, puisque après tout il joue centre et porte lui aussi un casque. A ses côtés, Seremai Bai, le seul Fidjien au monde à courir le 100m en plus de 20 secondes : puni, il passera toute sa carrière au poste de centre et sera condamné à ne jamais marquer d'essais. Enfin le poste de demi d'ouverture est occupé par Rémi Talès, qui vient de décrocher sa première sélection en Equipe de France à 29 ans. Déjà excellent avec la Rochelle, il a passé un cap cette saison puisqu'il a été nommé capitaine, de son propre aveu « parce qu'il y avait personne d'autre ». Un peu comme Ovale Masqué à la Boucherie Ovalie, finalement.

Le grand méchant :

Toulon Poids : 21,84 millions selon la LNR. 250 millions cachés sur des comptes aux Iles Caïmans selon Guy Novès.

Palmarès : Trois fois champion de France, une fois Champion d'Europe.

Coup spécial : Faire chier, aussi.

Comme les fantômes dans Ghostbusters, les méchants Toulonnais se nourrissent à l'énergie négative. Plus ils sont haïs et méprisés par l'Ovalie, puis ils deviennent forts, un peu à l'image de Delon Armitage qui n'a jamais été aussi bon que depuis qu'il se fait siffler dans tous les stades de France. Sachez donc qu'à chaque commentaire à base de « gnagna mercenaires argent Boudjellal Laporte Valeurs du rugby », Mathieu Bastareaud gagne un kilo de muscle supplémentaire. Après avoir scandalisé le monde du rugby en assassinant les gentils Clermontois-que-tout-le-monde-aime en finale de H-Cup, les Toulonnais sont donc bien décidés à faire chier le monde jusqu'au bout et à signer un doublé historique.

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Oh la belle prise !

L'équipe :

Inutile de présenter l'équipe du RCT, c'est celle qu'on a tous fait sur Playstation en se disant « Ah putain, elle aurait de la gueule si elle existait ! ». Mourad Boudjellal, lui, préfère la vraie vie aux jeux vidéo.

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Des gladiateurs, des meufs à poil et des chevaux : il n'est pas président de la Ligue, mais les Valeurs du Guazzinisme subsistent malgré tout.

Le match :

Quand deux équipes douées pour faire déjouer leurs adversaires se rencontrent, le premier qui joue a déjà perdu. Sûr de sa force, le RCT a donc débuté le match « avec des intentions » et en envoyant du jeu. Enfin, en essayant plutôt. Si les Varois posent vite la main sur le ballon dès le début du match, leurs offensives restent plus ou moins stéréotypées, à base de « je donne la balle à Bastareaud et j'attends de voir combien de survivants il reste après son passage ». Mais la télé existe aussi dans le Gers (note aux lecteurs : j'ai pris en compte vos remarques, ok, Castres n'est pas en Aveyron) et les joueurs du CO s'y étaient préparés: ils se mettent donc à 7 pour le plaquer, ce qui limite son efficacité. On constate également assez vite que Jonny Wilkinson n'est pas dans une super forme puisque l'ouvreur anglais envoie une magnifique passe dans les chaussures de Rudi Wulf sur un ballon d'attaque intéressant. Les mauvaises langues diront que de toute façon Wilkinson n'est jamais très en forme avec les mains, mais on n'a pas le droit de dire du mal de Jonny (jurisprudence Thierry Dusautoir). Les Rouge et Noir finissent tout de même par ouvrir le score grâce à la botte du Demi-Dieu Bouddhiste, qui ratera quand même deux pénalités et un drop peu judicieux de 45m en coin au cours de cette première période. Les Castrais n'ont pas beaucoup de ballons : dès qu'ils l'ont, ils s'en débarrassent. Dulin n'y arrange rien puisqu'il n'a apparemment pas compris qu'il avait le droit de mettre la balle directement en touche sur pénalité.



Malgré cela, le CO réussit quand même à répliquer avec une percée de Bai, avant que Giteau n'entame son numéro cirque Pinder en commettant un très bel en-avant à 5m de son en-but. Kockott profite de ce passage délicat pour égaliser. Le demi de mêlée sudaf réussit également à gratter un ballon important dans un ruck aux alentours de la demi-heure de jeu, interrompant un temps fort toulonnais. Rappelons qu'après avoir vécu deux années à Castres, Kockott veut absolument trouver un moyen de s'échapper de cette ville (on raconte même qu'il se serait fait tatouer l'itinéraire Mappy pour rejoindre Toulouse sur son dos), ce qui explique sans doute pourquoi il tente absolument de se mettre en valeur. Il réussit définitivement son coup à quelques secondes de la mi-temps : suite à un en-avant de Michalak, Claassen résiste au plaquage de Rossouw en sortie de mêlée. Kockott feinte alors la passe pour Talès, positionné pour taper le drop dans l'axe. Grâce à un léger écran de Diarra sur Botha, Rory se fait la malle et termine entre les poteaux. Le CO aura touché 4 ballons pour 1 essai : les Toulonnais doivent se sentir bien cons (ou bien Clermontois, au choix).

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Rory Kockott prie le Dieu Bouscatel de dégaîner ses 300 000 euros.

10-3 à la mi-temps, au micro de Canal +, Eric Bayle tremble déjà à l'idée que Toulon ne puisse réaliser le doublé dont il n'arrête pas de parler depuis 3 semaines. Malheureusement pour lui le RCT débute bien mal la seconde période en enchaînant 4 en-avants en 10 minutes, une performance digne du Grand Stade Toulousain. Michalak n'est pas dans le bon tempo, Wilko s'entête à attaquer la ligne, Giteau est transparent... seul Alain Delon Armitage réussit à tirer son épingle du jeu avec une belle percée, qui va déboucher sur un gros temps fort toulonnais qui pousse le CO à la faute. Masoe joue vite la pénalité, puis Bastareaud s'écroule à 1m de la ligne après une grosse charge. Nouvelle pénalité, finalement tentée et transformée par Wilko. Le CO se décide enfin à jouer un peu plus : après un bel enchaînement petit côté, Diarra s'échappe dans les 22m et oublie de jouer un deux contre un, comme pour prouver qu'on avait bien raison de le comparer à Dusautoir. Nouvelles occasions quelques minutes plus tard avec une passe au pied de Cabannes un peu trop longue sur l'aile d'Andreu, puis encore sur une valise de Kockott qui s'échappe le long de la ligne. Masoe sent que son ancienne équipe est en train de prendre le dessus, et décide donc de leur offrir un essai en tentant une passe après-contact impossible à la Sonny Bill devant son en-but. Mais Tillous-Borde sauve son équipe in extremis en empêchant Talès d'aplatir.

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François Hollande est vraiment un Président normal : comme nous il se fait chier pendant les matchs, et attend l'intervention d'Isabelle Ithurburu à la mi-temps.

Les Toulonnais s'en sortent bien et réussissent même à revenir à un point après pénalité de Wilko, qui avait connu un nouveau raté quelques minutes plus tôt. Mais les Castrais se défendent bien en pourrissant les ballons dans les rucks et en contrant l'alignement du Erceté. Les Castrais défendent bien tout court d'ailleurs : les Toulonnais ne passent pas en bourrinant, et quand ils essayent de jouer au large ils se font éjecter sur la piste d'athlétisme du SDF. Le drop tant attendu de Wilko ne viendra pas. Après un nouveau ballon perdu en touche, c'est même Talès qui va finir par en planter un après un énième ballon en touche perdu par les Toulonnais. Puis il récidive quelques minutes plus tard après un énième départ au ras de Kockott. 17-9 et Talès devient le nouveau sauveur attitré de l'Equipe de France, ce qui lui assure donc de se faire siffler par le public du Stade de France dans 6 mois dès qu'il loupera un match. Castres résiste en fin de match grâce à deux nouveaux ballons perdus par l'alignement du RCT, et un autre gratté à 5m de la ligne sur l'offensive de la dernière chance du Erceté. Le CO récupère même une dernière pénalité, que Kockott transforme 19-9, Guy Novès exulte devant sa télé. Delon Armitage trouvera quand même le temps de faire chier le public du Stade de France une dernière fois en allant planter un essai, mais c'est trop tard : Castres est champion de France. Comme quoi tout est possible, on n'est pas à l'abri de voir Richard Gasquet gagner Rolland Garros maintenant.

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Discrètement, Marc Andreu réalise le fantasme d'une bonne partie du public en envoyant une belle mandale à Delon.

Les Forces du mal :

En dehors de Mathieu Bastareaud et Delon Armitage, les arrières toulonnais ont été plutôt mauvais, à l'image du trio Michou – Wilko – Giteau peu inspiré. Devant, c'était un peu mieux, avec notamment un Fernandez-Lobbe comme toujours très actif, notamment sous les ballons hauts. Sheridan a aussi fait le job en mêlée et dans le jeu. Malgré un bon début de match, Botha a eu moins d'impact que d'habitude, comme Masoe qui a eu du mal à avancer. C'est triste à dire mais le RCT aurait peut-être dû jouer un peu moins de ballons. L'absence d'un Steffon Armitage a également pesé dans le jeu au sol.

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RCT inside : le plan de jeu de Bernard Laporte et le déambulateur de Rocky Elsom révélés.

Les Gentils dont on ne parlera plus dans 6 mois :

Gros match défensif de Rémi Talès, auteur de 21 plaquages, soit autant que Jérôme Porical depuis le début de sa carrière. Il a également inscrit les deux drops décisifs, ce qui fait de lui une star et devrait permettre au Midol de faire beaucoup de jeux de mots pourris sur son nom pendant la tournée d'été. Rory Kockott a pourri la vie de son ancien coéquipier aux Sharks dans les rucks, a bien animé le jeu, a bien buté et a marqué un bel essai de pute : en fait, il a fait tout ce que Morgan Parra n'a pas réussi à faire contre Toulon en finale de H-Cup. Oui, c'est gratuit, mais ça fait toujours plaisir. Diarra, Samson et Claassen ont également été très bons en défense, Caballero dominateur en touche, la première ligne solide, bref, une belle victoire collective.

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L'arbitre vidéo a bien pensé à ranger ses bouteilles de pinard avant de se faire filmer par Canal.

L'homme du match : Pierre-Gilles Lakafia qui réalise le doublé après avoir été sacré champion de France l'année dernière avec Toulouse. Le tout en ayant joué 3 matchs en deux ans. Sorte d'anti-Pierre Mignoni, le porte bonheur Pierre-Gilles est en fin de contrat cet été, il sera sûrement le joueur le plus convoité du marché.

Conclusion :

Miss Monde est une fille facile, Miss France un peu moins.

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la blague d'intro sur andreu est terrible

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