L'Immonde du Rugby N°34
Attention ça découpe ! L'Immonde du Rugby et Pierre Villegueux reviennent sur les matchs des Bleus contre l'Ecosse et la France... personne n'est épargné.
Pour revenir sur les deux derniers matchs du XV de France lors du Tournoi des VI Nations, l'Immonde du Rugby fait de nouveau appel au chroniqueur que même le Midol nous envie, Pierre Villegueux. Plus aigri que Pierre Salviac, plus perfide que Richard Escot et plus drôle que Mathieu Lartot, Pierrot nous livre ses impressions sur le début de l'ère PSA. Comme vous vous en doutez, il est très optimiste.

Ecosse - France

Après une entrée en matière réussie devant les pigeons du Stade de France (sur la pelouse) face à l'Italie, et un rendez-vous manqué devant les pigeons du Stade de France (dans les tribunes) contre l'Irlande, le XV de France jouait enfin son second match du Tournoi à Murrayfield il y a deux semaines. Une situation ubuesque que Guy Novès n'avait alors pas manqué de commenter : « Le rugby professionnel marche sur la tête. Si mes internationaux ne jouent jamais, comment vais-je pouvoir me plaindre des doublons ? ».

À propos de doublon, ce match contre l'Ecosse sentait bon le remake de la rencontre d'ouverture face à l'Italie : comme les ritals, les Ecossais sont en effet les champions du monde de la possession de balle. Des vrais handballeurs de l'Ovalie, qui aiment se faire des passes devant la défense pendant 60 minutes pour amuser la galerie. Des esthètes de la lose. Car comme dirait la copine d'Ovale Masqué, ce n'est pas tout d'être endurant, au bout d'un moment il faut être efficace : avec le XV du Chardon on tenait tout de même une équipe qui n'a réussi à marquer qu'un seul essai sur ses 5 derniers matchs. À noter qu'un de ces 5 adversaires était la Géorgie et que ce n'est même pas contre eux que cet unique essai a été inscrit. Ça situe le niveau.

Contre l'Equipe de France en mode Coupe du Monde, c'est à dire incapable d'enchaîner deux passes mais toujours prête à planter un essai de crevard sur un vieux contre moisi, ça sentait la nouvelle désillusion pour le Chardon. Ça n'a pas empêché Murrayfield d'être sold out pour la première fois depuis dix ans. Certaines mauvaises langues diront que la retraite internationale de Dan Parks n'y était pas pour rien .

Ainsi, comme à chaque fois à Edimbourg, nous avons eu droit à un très beau Flower of Scotland (qui est en fait à la base une vieille ballade composée par Pierre Bachelet dans les années 70, sachez-le), à foutre des frissons à Bakkies Botha lui-même. Faut pas s'étonner de ne jamais gagner un match avec un hymne pareil, un truc aussi larmoyant, c'est la lettre de Guy Moquet puissance dix.

On ne va pas s'étaler sur ce match qui aura été largement prévisible. Après le premier essai écossais de Hogg dès la 7ème minute de jeu, certains ont certes pu se rappeler de ce match perdu à Murrayfield en 2006, avec un essai de Sean Lamont au bout de 10 minutes. Mais c'était une autre époque... la preuve, cette année là le n°12 de l'équipe de France s'appelait Ludovic Valbon. Et aujourd'hui plus personne n'a la moindre idée de qui était ce mec. Wesley Fofana devrait a priori subir un meilleur destin puisqu'il a apparemment récupéré le karma de Vincent Clerc et s'est décidé à planter un essai à chaque match.

Malgré une seconde réalisation de Lee Jones pour les Scots (valide ou pas valide, j'ai envie de dire qu'on s'en branle), les Bleus ont repris le contrôle en fin de partie en faisant ce qu'ils savent faire le mieux : destroncher tout le monde en mêlée et marquer un essai sur un de leurs deux seuls ballons d'attaque du match. Beauxis est même rentré sur le terrain pour finir de nous convaincre que nous assistions à un match du XV de la Rose, en claquant un drop froid et cynique à 10 minutes de la fin.



France – Irlande

Les Irlandais ont beau être en crise, ils ont encore la télé et ont savamment examiné le match des Bleus. De toute façon, ils n'avaient probablement que ça à faire (Quoi d'autre ? Jouer la Celtic League ? Soyons sérieux). Ils ont donc compris que la meilleure solution face à la France c'était de leur laisser le ballon, en sachant pertinemment qu'ils ne sauraient pas quoi en faire. Ça n'a pas raté : avec 60% de possession, un 100% en touche et en mêlée, seulement 7 plaquages manqués (soit le total du seul Rougerie contre l'Ecosse) et 4 pénalités concédées contre 12 pour les verts, les Bleus ont trouvé le moyen de ne pas l'emporter. Des statistiques qui prouvent ce qu'on pensait déjà pendant l'ère Lièvremont : l'Equipe de France est une excellente équipe, mais pas de rugby. Ou alors, de rugby à 8. En attendant que cette discipline soit homologuée par l'IRB (vivement la finale de Coupe du Monde contre la Géorgie) on va donc devoir se contenter d'empêcher les Gallois de réaliser le Grand Chelem. Gâcher la vie d'une petite principauté merdique à l'ouest de l'Angleterre : ce que le rugby français a fait de mieux depuis 10 ans.

Pour revenir sur la rencontre face au XV du Trèfle, peu de choses à en dire. Les Bleus ont montré comme souvent qu'ils étaient incapables de s'adapter à l'adversaire en ne cherchant jamais de solution pour contrer la défense inversée irlandaise. Par exemple, en jouant par dessus au pied. On dit ça juste comme ça pour François Trinh-Duc, au cas où il se rappellerait qu'il joue bien ouvreur et pas centre. Pire, ils se sont même précipités dans la gueule du loup à l'image de cet essai de Bowe sur une passe de Rougerie plus prévisible que les rebondissements d'un épisode de l'inspecteur Barnaby. On peut d'ailleurs craindre une montée du racisme anti-blond puisque sur le second essai c'est le formidable Szarzewski qui perd le ballon. Sur un contre bien joué, Bowe s'échappe le long de la ligne de touche et tape par dessus Poitrenaud pour marquer son 24ème essai en vert. À noter que si Julien Malzieu avait tenté la même action, il aurait probablement tué un ramasseur de balles.

Au retour des vestiaires, les Français peuvent enfin ressentir ce léger sentiment de honte sans quoi ils ne sont bons à rien, et revenir sur le terrain bien meilleurs. Bien meilleurs, ça ne veut pas dire qu'ils ont enchaîné les passes, joué avec plus de profondeur et dans le bon timing. Non, faut pas déconner non plus. Par contre, ils se sont montrés plus agressifs et ont finalement pu asphyxier cette équipe d'Irlande qui n'aura pas eu une seule occasion de marquer. La mêlée a fait le boulot comme à son habitude (ce qui ne serait pas inquiétant si la première ligne n'avait pas 42 ans de moyenne d'âge) et Parra a enquillé.

Enfin, le traditionnel essai de pute n'a pas été marqué par Trinh-Duc (sa spéciale) mais c'est néanmoins lui qui récupère un ballon qui traîne et lance Fofana vers l'en-but. Les Bleus auraient sans doute pu aller chercher la victoire. Sauf que les Irlandais, malins, préféraient faire des fautes à 60m des poteaux et attendre que les Français se débarrassent du ballon. Ça n'a pas manqué avec de nombreuses chandelles intelligentes de Trinh-Duc, qui visiblement n'était pas au courant que Rob Kearney possédait la même détente verticale de Kobe Bryant.

PSA a bien tenté le tout pour le tout en fin de match en faisant entrer ce joueur de football américain (vous savez, celui qui ne sert qu'aux coups de pied) qu'est Lionel Beauxis. Raté : sur sa première tentative de drop, Yoyo a buté le phoque qui s'était installé sous la banquise du Stade de France il y a deux semaines. Sur la seconde, il s'est fait contrer. Le lémurien sous LSD rate donc l'opportunité de devenir le nouveau sujet de branlette du journalisme français (« Beauxis, le match ouinneur », « Le Wilko français », « Le nouveau Lamaison », « Beauxis, c'est le pied ! ») qui se rabattra donc sur Yoann Maestro et Wesley Fofana, les deux seuls joueurs à peu près enthousiasmants depuis le début de la compétition avec Julien Malzieu. Quels sont les points communs de ces trois joueurs, d'ailleurs ? Ah oui : ils ne sont pas persuadés d'avoir gagné la Coupe du Monde en octobre dernier, eux.



Les coqs

Clément Poitrenaud : Maxime Médard ayant terminé sa saison avant même de l'avoir commencée, Clément a pu effectuer son 27ème come-back en Equipe de France. Dans un bon jour, Barbatrous a été solide sous les ballons hauts et a initié quelques belles relances, il s'est également proposé dans la ligne deux-trois fois histoire de montrer à Rougerie comment on prend un intervalle. En fait le problème avec Poitrenaud, c'est que tout le monde sait que sur le papier c'est lui le meilleur, mais qu'en pratique ça se vérifie rarement plus de deux matchs de suite. On espère donc qu'il aura enfin atteint la maturité, ou au pire que son sélectionneur sera moins lunatique que les deux précédents.

Julien Malzieu : Averell a eu deux ballons en deux matchs : contre l'Ecosse, il raffûte Hogg et envoie Médard à l'essai. Contre l'Irlande, il a réalisé la meilleure avancée française, sauf que c'était le long de la ligne de touche à la 80ème minute.

Aurélien Rougerie : Il avait été le maillon faible des Bleus pendant le Mondial, jusqu'à la finale où il avait fait le match de sa vie. Contre l'Italie, il avait également été très bon et on l'a alors affublé de ce surnom maudit : papa des lignes arrières. Ça n'a pas raté, comme Dominici ou Jauzion avant lui, Roro s'est surtout transformé en pépé des lignes arrières : plaquages manqués à la pelle, mauvaises passes, surnombres négligés. Mais le pire est à venir : s'il continue comme ça, Florian Fritz va être rappelé.

Wesley Fofana : Plutôt bon contre l'Ecosse avec de bons plaquages, des interventions tranchantes et un essai. Un peu moins contre l'Irlande où la défense irlandaise (à moins que ce ne soient les passes de son ouvreur) l'ont Marty-risé. Marque quand même son essai syndical. Son profil collerait peut être plus pour jouer N°13, un peu à la Conrad Smith (avec Trinh-Duc en 12 ?)

Vincent Clerc : Le jour où Vincent Clerc n'aura pas réussi à mettre un essai aux Irlandais est donc arrivé. Pour un tel affront, Dan Parks aurait arrêté sa carrière internationale sur le champ.

François Trinh-Duc : Comme dirait mon camarade toulonnais de la Boucherie Ovalie Pilou, il est plus à l'aise pour ouvrir les portes de concession automobiles que pour trouver les touches. La spéciale Trinh-Duc, vous connaissez ? Porter la balle sur un ou deux pas, réfléchir à quoi faire, ne pas trouver, puis finalement balancer un espèce d'obus vrillé à votre second centre et l'envoyer à une mort certaine. FTD semble toujours aussi unidimensionnel et incapable de s'adapter à l'adversaire (ou même à ses coéquipiers quand ils ne sont pas montpelliérains). On finit par se dire que Morgan Parra en 10 c'était pas une idée si débile.

Morgan Parra : Quand tu es demi de mêlée et que tu affrontes une équipe irlandaise, tu sais que ce n'est pas sur ce match que ton rythme cardiaque risque de s'élever. Pas aidé non plus par des Français pas franchement efficaces au déblayage, il a peu eu l'occasion de dynamiser mais a bien buté.

Imanol Harinordoquy : En forme (Biarritz) olympique : mauvais au poste de flanker contre l'Ecosse, un peu plus à son avantage en N°8 contre les Irlandais mais encore loin de son meilleur niveau. Si j'étais Nyanga ou Ouedraogo, j'irais kidnapper Lulu au Pays Basque.

Thierry Dusautoir : Thierry Dusautoir c'est un peu comme Jean Dujardin, on aimerait bien en dire du mal pour se la jouer un peu et faire les rebelles, mais on est forcés d'admettre que c'est un peu la classe internationale.

Julien Bonnaire : Rien que l'idée qu'il ne lui reste plus que deux matchs à jouer en Bleu me donne envie de poser une bombe à Marcoussis.

Yoann Maestri : Actif dans le jeu, dans les rucks, bon en touche, Maestri semble également avoir oublié qu'il fut formé à Toulon puisqu'il n'a fait aucune faute stupide cette fois-ci. Guy Novès est réellement un génie.

Pascal Papé : Un match qui nous a permis de constater que Pascal était plus roux encore que Paul O'Connell. Visiblement il le vit bien car il a encore réalisé un bon match, dans la lignée de ses dernières performances. Sauf qu'avec les Bleus, il ne marque pas encore d'essais d'ailier.

Dimitri Szarzewski : Toutes les deux semaines, notre Carlo Bruno national nous fait son habituel speech du « Je suis un compétiteur, je ne suis pas là pour être numéro 2 ». Et comme à chaque fois qu'il a l'occasion de s'imposer comme titulaire, il foire complètement son match. Lancers douteux, plaquages ratés, charges inefficaces, son seul point fort par rapport à Guirado finalement, ça reste son physique. Un peu mieux contre l'Irlande mais s'il continue comme ça, il sera surtout bon à faire des concours de sosie de Cloclo avec Rougerie.

Jean-Baptiste Poux & Nicolas Mas : Comme d'habitude, aucune raison de parler d'eux tant que la mêlée est bonne. RAS donc.



Les remplaçants

Julien Dupuy semble avoir endossé le rôle de Jean-Marc Doussain du Tournoi : il n'a le droit d'entrer en jeu qu'à partir de la 79ème minute. Une belle marque de confiance de la part de PSA. Debaty a fait une belle rentrée en réussissant 6 plaquages et en jouant 5 ballons : c'est plus que Poux en deux saisons. Picamoles : le tractopelle toulousain met toujours du temps à démarrer, pas terrible en impact player donc. Servat : voir Bonnaire. Beauxis : rentre pour une seule chose, en rate deux.



Les Irlandais

Un 8 de devant bien casse-couilles, qui a tout de même été dominé en mêlée et c'est plus surprenant, en touche. Derrière, pas grand chose à dire à part que Bowe et Kearney ont été bons, comme d'habitude quoi. On notera aussi que l'entraîneur adjoint de Declan Kidney est l'Australien Les Kiss, ce qui fait vachement rockstar et qui est sacrément classe comme nom. « Bonjour, Les Kiss ».



L'homme du match : David Attoub

Sérieux, appliqué, le sens du collectif, ne rechigne jamais à la tâche. Sa plus belle action à la 63ème minute, lorsque Pascal Papé hurle « De l'eau ! » : n'a eu besoin que d'une poignée de seconde pour fouler le terrain et abreuver son seconde ligne.



La photo

La fourchette de Stephen Ferris sur Paul O'Connell. Prendra-t-il 172 semaines de suspension pour avoir osé attenter aux yeux du Grand Rouquin Blanc ? (Merci à @CduSport sur Twitter pour le cliché)


L'Immonde du Rugby N°34





La vidéo

Mathieu Lartot a parfois des goûts douteux en matière de blague, mais il a de bonnes lectures sur internet :




Le scoop de la journée

Maxime Mermoz aurait signé un contrat pour l'Australie à la 51ème minute du match. On note aussi que sa concurrence avec Wesley Fofana semble porter atteinte à sa santé mentale... voir sur Twitter.

L'Immonde du Rugby N°34




Les déclarations

« Ouin Ouin Ouin Ouin Ouin » Ouin-Ouin, sélectionneur de l'Equipe de France à la mi-temps et après le match. Ah, on me fait signe que c'est sa voix normale...

« 10 plaquages ? Je sais pas comment j'ai fait pour rater mon match à ce point. » Thierry Dusautoir.

« J'AI ! » Vincent Clerc

« LOL ! » Tommy Bowe

« Hey regardez, j'ai battu mon record à Angry Birds ! » Julien Dupuy

« J'ai envie de mourir » Yoann Maestri aux micro de France 2 après avoir reçu son talent d'Or

« J'ai pas joué depuis tellement longtemps que je me demande si on m'a pas encore suspendu » David Attoub



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  • CedricH
    15270 points
  • il y a 12 ans

"Beauxis : rentre pour une seule chose, en rate deux."
Magnifique 😀

Sinon, je suis surpris qu'on félicite Parra pour son efficacité au pied: il me semble qu'il en a loupé trois, quand même (de mémoire)... et quand on fait match nul... :/

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