À Cancún, il n'y a pas que le Spring Break : il y aussi le rugby avec un Français, Marius André
Marius André mêle rugby et Cancun. En toute simplicité.
Marius André, originaire de Montpellier, a passé six mois du côté de Cancun. Il nous raconte son quotidien, où le rugby n'est jamais bien vu.
Partir au Canada pour étudier l'écologie n'est pas du genre à effrayer Marius André. Au contraire. Lui qui a débuté le rugby à l'âge de onze ans du côté de Jacou, en compagnie d'Eric Escande (RCT) ou Enzo Selponi (USAP) avait « envie d'air frais ». Etudiant au sein de l'université de Montréal puis de Sherbrooke, Marius travaille actuellement au sein d’un laboratoire d’investigation, où il est en charge de la gestion de la pêche d’un requin dans le golfe du Mexique. Pourtant, Cancún ou pas, le ballon ovale n'est jamais très loin.

Comment t'es-tu retrouvé au Mexique ? Tu y avais déjà été auparavant ?

Le Mexique et moi nous avons une longue histoire d’amour comparable au Rhum et à Byron Kelleher. Ma demi-sœur est mexicaine et vit à Cancún depuis plus de dix ans, je voyage souvent pour venir la visiter au sein de la Riviera Maya ! Lorsque ma maîtrise m’a proposé de réaliser un stage au Mexique, basé sur l’étude des requins et proche de Cancún, j’ai sauté sur l’occasion ! J'y suis depuis plus de 6 mois. J’ai eu la chance d’étudier les différences culturelles qui existent entre le Canada, la France et le Mexique, ce qui m’a évité une acclimatation difficile et compliquée. Bien entendu, il est parfois difficile de faire face à des services de mauvaise qualité comme les transports ou l’accès à l’eau potable, cependant, on oublie tout cela face à l’accueil et la proximité de la population mexicaine.

Parle-nous de ton expérience à Cancún, de ta vie là-bas. On a tous cette image du Spring Break en tête... La réalité, c'est quoi ?

Je me lève, j’enfile un short, une paire de tong, des lunettes de couleurs imprimées YOLO, je bois deux shots de tequilas et je m’en vais écouter de la Techno à la plage toute la journée. Vous y avez cru hein (Rires) ? Voici le stéréotype de Cancún par excellence, mais derrière ce spectacle continu d’une jeunesse faisant la fête H24 se cache une ville abritant plus de 120 nationalités différentes, une jeunesse cherchant à donner une identité à cette ville à travers des activités culturelles ou sportives, ainsi que des problématiques d’expansion urbaines face à une demande touristique toujours plus importante. Cancún est une ville très jeune, crée il y a 40 ans, où le Spring Break permet à une majorité de Mexicains de pouvoir travailler dans différentes professions liées au tourisme. Mais attention, Cancún a une multitude de facettes bien plus intéressante que le seul Spring Break !

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Partir au Mexique ne veut pas forcément dire abandonner ta passion pour le rugby...

J’ai intégré l’équipe de Cancún Hammer-Heads (requin-marteau) après avoir échangé au sein d’un bar... pendant le Spring Break, avec un membre de l’équipe. J’ai donc assisté à un match amical opposant Cancún à Playa del Carmen. J’ai été directement surpris par l’ambiance entre les deux équipes, un mélange entre rivalité et respect un peu à l’anglaise. J’ai été de même impressionné par la résistance physique qu’avaient les joueurs pour évoluer dans des conditions dantesques avec une température avoisinant les 35 degrés au sein d’un stade composé de terres, cailloux et sables. L’équipe est composée à 30% de joueurs argentins, 50% de joueurs mexicains et 20% de joueurs d’autres nationalités. Les Argentins possèdent une aisance naturelle avec le rugby et sont dotés d’une technique impressionnante alors que les Mexicains se basent sur leur physique imposant ! Finalement, avec deux de mes compatriotes, nous mettons fièrement en valeur notre ruse ainsi que le fameux « French-Flair ».

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Et le niveau, ça donne quoi ?

Il faut savoir que le rugby mexicain se divise en deux saisons : une de XV de septembre à avril, et une de 7s de mai à juin. La période de XV divise les 30 équipes de première division en groupes luttant pour une place en quart de finale alors que le 7s est un circuit continu similaire au circuit mondial actuel. Le niveau en XV est très hétérogène, allant de Fédérale 2 pour le haut du tableau à Honneur pour le bas du classement.

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Être joueur, c'est bien, mais tu es également entraîneur, c'est ça ?

En effet, j’ai pu revêtir la double veste de joueur / entraîneur lorsque j’ai déménagé au sein de Campeche, ville du golfe du Mexique, où j’ai formé l’équipe de rugby Boas de Campeche. L’équipe est en phase de développement avec un total de quinze joueurs, féminin comme masculin. Cette expérience éducative fut très pertinente, car elle nous force à aller chercher dans des ressources différentes et nouvelles. De plus, j’ai pu recevoir de l’aide technique et administrative de la fédération mexicaine de rugby, ce qui m’a permis d’être en constant accompagnement face à cette expérience nouvelle ! Malgré mon retour imminent au Canada, Boas de Campeche continue à exister à travers d’une équipe féminine organisée et remplie de valeurs.

À Cancún, il n'y a pas que le Spring Break : il y aussi le rugby avec un Français, Marius André

Quel style de jeu pratique-t-on au Mexique ? Et quel place le rugby occupe-t-il là-bas en règle général ? J'imagine que les médias ne doivent pas trop se presser.

Le jeu mexicain varie beaucoup selon les régions et entre le XV et le 7s. Il est ainsi possible de voir se confronter l’équipe de Cancún, basé sur des fondamentaux de conquête et de défi physique face à l’équipe de Black Thunder (basée à Mexico ; championne en titre) avec un jeu beaucoup plus ouvert soutenu par des arrières rapides et explosifs. De manière générale, le 7s est la rampe de développement du rugby au Mexique, avec un jeu basé sur l’évitement et la vitesse. Cependant, la morphologie mexicaine du sud du Mexique, composée de corps trapus et robustes, génère de nombreux défis physiques au sein des compétitions !

Au delà du type de jeu, il est important d’insister sur les valeurs que véhicule le rugby au sein de ce pays. Le Mexique est devenu le premier pays en obésité infantile dépassant les États-Unis, en raison d’une alimentation riche en matière grasse et d’un manque d’intérêt pour la pratique de sports collectifs autre que le football. Le rugby, véhiculant des valeurs telles que le respect, la solidarité ou le compromis, est une véritable transformation pour de nombreux nouveaux adhérents mexicains. J’ai pu organiser une clinique rugbystique regroupant plus de 50 joueurs de 8 équipes différentes durant deux journées intenses, mélangeant cours théoriques et entraînements pratiques. Cet événement m’a permis de me rendre compte que les équipes mexicaines se basent sur les valeurs du rugby pour leur développement, un exemple à suivre pour de nombreuses équipes françaises !

Selon toi, pourquoi ce sport possède-t-il un potentiel intéressant au Mexique ? A contrario, qu'est-ce qui - aujourd'hui - l'empêche de se développer ?

Le Mexique possède une sélection à XV et à 7 au sein desquelles elle gagne de plus en plus de terrain à l’échelle internationale. Elle a ainsi terminé deuxième au sein des jeux de l’Amérique centrale et du sud en perdant face à la Colombie (41-0) et a pu se comparer au plus grand lors de jeux panaméricains 2015 face à des équipes comme l’Argentine, le Canada ou les États-Unis. L’équipe féminine n’est pas en reste avec une participation au sein tournoi de Dublin 7s face à des équipes de calibres internationales. Finalement, ce développement est récompensé depuis deux ans par la victoire de la sélection nationale U19 au sein du tournoi international de Nacra 7s.

Mais le plus grand développement se trouve actuellement au sein de l’augmentation des équipes et des joueurs à niveau national. En effet, tout comme son compatriote américain, le rugby au Mexique connaît une explosion impressionnante avec un passage de 3000 à 15 000 joueurs en seulement 4 ans, évoluant dans plus de 30 équipes de premières division, 25 de seconde division et plus de 87 de développement. Cette explosion est soutenue par un tournoi de Sevens international, organisé à Cancún chaque année. En juin, ont participé plus de 28 équipes toutes catégories confondues, comme la sélection nationale, le Costa Rica ou la sélection de développement. C’est finalement au sein de ce tournoi que j’ai eu la chance d’affronter des joueurs comme Perry Baker, international américain.

À Cancún, il n'y a pas que le Spring Break : il y aussi le rugby avec un Français, Marius André

Le futur, tu le vois comment pour le rugby mexicain ?

Le rugby mexicain a un très bel avenir devant lui, considérant l’augmentation de 400% en 4 ans du nombre de joueurs, tout comme l’importance donnée à l’intégration des valeurs de ce sport. De plus, l’expatriation de nombreux joueurs internationaux permet une collaboration saine et un développement interculturel pertinent pour le rugby mexicain !

Et à titre personnel ?

Je vais d'abord terminer mes études et participer au championnat universitaire québécois au sein de l’équipe des Vert et Or de Sherbrooke ! Mon prochain grand projet en 2016 est d’organiser une clinique internationale d’une semaine transmise par l’équipe des Verts et Or de l’Université de Sherbrooke et distribuée aux équipes en développement du golfe du Mexique. Des cours théoriques ainsi que des activités pratiques seront transmis alors que du matériel d’entraînement sera donné aux équipes participantes. Cet événement sera conclu par la participation de l’équipe au sein du Cancún Sevens International de 2016. J’invite d’ailleurs l’ensemble des lecteurs intéressés par le Cancún Sevens à me contacter pour une possible participation !

Je vous laisse sur ces informations, j’ai un Spring Break, combo tong-lunettes-short à fleur qui m’attend (rires). Come on, vous n’y avez quand même pas cru ?
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Ils sont déjà équipés en Bières au Mexique, les 3eme mi-temps doivent être à la hauteur!

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