INTERVIEW. En créant le RCU Lyonnais, l'université Jean Moulin Lyon 3 veut se mesurer au monde amateur
Le logo du RCU Lyonnais en impose.
Forte de six titres nationaux universitaires en dix ans, la section masculine de l'université Jean Moulin Lyon 3 a décidé de se lancer un nouveau défi : créer un club et se mesurer au monde amateur.

Entretien avec Xavier Zotokas, un des dirigeants de cette nouvelle entité sportive, le RCU Lyonnais.

Bonjour Xavier, avant toute chose, qu'est-ce que le RCU Lyonnais ?

Le Rugby Club Universitaire du Lyonnais correspond à un projet né dans un déplacement au retour d'un match universitaire. L'ossature de l'équipe est composée de l'ensemble des joueurs de l'équipe universitaire Ovale U (troisième division universitaire) ainsi que de certains membres de l'équipe de Nationale 2 (deuxième division universitaire) de l'université Jean Moulin Lyon 3. Bien entendu, des joueurs qui n'appartiennent pas à l'université nous ont rejoints et sont les bienvenus. Si nous disposons d'une identité forte, nous entendons la partager, à travers ce projet de club de rugby, avec qui le souhaite afin de nous enrichir sportivement mais aussi humainement.

Qu'est-ce qui fait que le RCU Lyonnais est un club pas comme les autres ?

Notre trésorier adjoint est un agent SNCF. Il s'y connaît super bien en cocktail (référence au cocktail de 6 millions d'euros de la SNCF après l’ouverture de leurs deux nouvelles lignes). Chaque fin de match est ponctuée par la remise du zizi d'or, trophée rendu au joueur s'étant distingué en bien et surtout en mal. Notre meilleur marqueur d'essai l'année de notre titre est un avant, Jacques Saison, ce qui, pour une équipe universitaire est très rare étant donné que les mêlées sont simulées et que le jeu est porté vers les lignes arrières en général. Notre ouvreur et notre talonneur sont interchangeables. Ils l'ont d'ailleurs fait pendant la finale gagnée (notre talon fait environ 75 kilos pour 1m75). Nous avons fêté notre titre l'année dernière dans un car wash.Crédit vidéoGautier Abram

Comment un tel projet est-il né ?

L'équipe première de l'Université rentrait de Nîmes où nous avions remporté une belle victoire contre la faculté de Toulon (43-5 entre Lyon 3 équipe 1 et l'Université Toulon-Var), certains joueurs discutaient alors de leur avenir sportif avec l'entraîneur de l'équipe universitaire, Jean-Henry Tubert. Au fil de la discussion, il est apparu qu'un grand nombre de garçons présents depuis plusieurs années ne seraient plus étudiants la rentrée suivante. Immédiatement, s'est posée la question de trouver une solution pour continuer de partager avec eux notre passion commune qu'est le rugby. Je vais être franc, nous avions bu quelques pichets avant de monter dans le car. Les propos ont fusé et l'idée de monter un club entre nous et pour nous s'est dégagée et a enthousiasmé tout le monde. Bien sûr, après quelques minutes, les difficultés inhérentes à un tel projet nous ont sauté aux yeux et nous l'avons abandonné.

Pour finalement ressortir du placard apparemment.

Effectivement, nous avions eu cette discussion en avril/mars, nous n'en parlions plus et puis un soir, je reçois un coup de fil d'un copain : « on a discuté avec les anciens et JH (Jean-Henry Tubert, ndlr), on va monter ce club, t'en es ? ». Je n'ai pas hésité une seconde, l'aventure était lancée. D'ailleurs, rares sont ceux qui ont hésité, trouver un effectif ne constitue pas l'obstacle principal à surmonter pour nous.

Quelle est la plus importante difficulté que vous rencontrez ?

Quitte à tomber dans le cliché, l'obstacle numéro 1 est administratif, talonné de près par l'aspect financier du projet. Si nos nombreux juristes en herbe sont parvenus sans trop de soucis à se défaire de la création de l'association, la tâche s'avère nettement moins aisée en ce qui concerne l'obtention d'un terrain pour les rencontres sportives. En effet, pour accueillir un match de rugby, un terrain doit répondre à de nombreuses normes. Une fois ce paramètre pris en compte, le peu d'infrastructures disponibles complique énormément notre affaire. D'autant plus que l'homologation d'un terrain de rugby coûte cher... Pour autant, nous bénéficions des conseils avisés et bienveillants de plusieurs membres du comité du lyonnais (Daniel Dézé, président du comité de rugby du lyonnais, et René VAUDANT, secrétaire général du comité de rugby du lyonnais) qui avancent à nos côtés. Par ailleurs, nous tenons des pistes sérieuses tendant à se concrétiser dans les plus brefs délais.

Vous évoquiez aussi des difficultés de financement.

Oui, à l'instar de nombreux clubs de rugby bien plus anciens et plus connus que le nôtre, boucler un budget relève du parcours du combattant. Si certains partenaires se sont montrés très enthousiastes, la plupart des sociétés que nous contactons s'avèrent réticentes. Pourtant, les sommes versées pour nous financer sont des impôts des sociétés partenaires. Le retour sur investissement peut même se faire en bière. Il s'agit d'un beau projet, du point de vue sportif et humain évidemment mais pas seulement : nous avons vocation à grandir et à faire parler de nous. D'autant plus que nous sommes aussi beaux que les mecs du Stade Français mais disposons d'un cursus universitaire nettement plus imposant !

Comment envisagez-vous la saison à venir ?

Avec appétit. Ce n'est un secret pour personne, le rugby est un sport de combat qui n'a lieu d'être qu'à trois conditions : la camaraderie, la loyauté et le sérieux. Pour nous, ce projet ne peut fonctionner qu'en donnant le meilleur de nous-mêmes, le plaisir vient des résultats et comme tout le monde, nous aimons nous faire plaisir. Toutefois, nous arrivons sur la pointe des pieds : nous allons rencontrer des équipes senior qui connaissent mieux le rugby que nous, qui ne nous feront aucun cadeau. Le plus important sera de montrer que nous sommes assez sérieux pour réaliser une saison de bout en bout. Au final, je pense que la pression ne repose pas tant sur le groupe, mais plutôt sur notre entraîneur, Jean-Henry Tubert (manager du CSBJ), qui a tout à prouver à ce niveau et qui manque de repères...On se réserve d’ailleurs le droit de changer de staff en cas de mauvais résultats en début de saison.

Quels objectifs pour le moyen, voire le long terme ?

Pour le moment, l’association est d’ores et déjà créée et l’affiliation en cours d’étude. Il ne faut pas s'emballer et se démener pour que le RCU Lyonnais existe la saison prochaine avant d'envisager les dix prochaines années. Toutefois, vous devinez bien que si nous créons cette entité et si nous investissons autant d'énergie, c'est dans l'optique de perdurer, de monter quelques divisions.

Dès l’année prochaine, nous souhaiterions créer notre école de rugby ou nous entendre avec celles existantes dans le lyonnais pour partager avec les plus jeunes les valeurs qui nous ont tous si fortement liés les uns aux autres... Mais cet objectif-là s'avère encore bien lointain pour nous et j'espère avoir l'occasion de l'aborder à nouveau avec vos lecteurs dans quelques années, une fois que le RCU Lyonnais dominera au moins le monde fédéral et sera aux portes du monde professionnel (éclats de rire).

Pour les soutenir, c'est par ici.

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Peut-être devriez-vous vous rapprocher du RCSathonayCamp créé l'an dernier (ils ont le terrain mais manquent de jeunesse et pattes, notamment derriêre), l'ambiance y est vraiment, vraiment sympa et JHT connaît qqs mecs (ex-Rillieux) qui les rejoignent cette année...
Sinon X-Rousse Rugby affilié à FFR depuis 2 ans est sur un processus inverse ! S'appuient sur une EDR bien structurée mais pas d'équipe Sénior et pas de terrain homologué...
Enfin, étant entraineur sur le secteur, je connais qqs jeunes mecs qui pourraient adhérer à ce projet...
Bonne chance à vous...

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